Condition ouvriere Imphy

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Le logement social à ses balbutiements (1830)

Une caserne ouvrière

Si, à Imphy comme à Fourchambault, on cherche à faire du travailleur un ouvrier-paysan cultivant son champ et sa chenevriere, il faut noter, à l'actif de la société, la construction de "casernes" abritant quelque soixante-dix familles.

Des métiers dangereux

Deux graves accidents sont arrivés le 12 et le 23 mai 1855. Le premier, Charles Bourzillat, âgé de dix ans, fils naturel d’ Eugenie  Bourzillat, tombant sur le four à chaux de l’usine a été asphyxié. Le second, jean Briffaud, âgé de 16 ans, fils de Pierre Briffaud et de Margueritte Bouvier, a été écrasé à l’usine par une roue ; et cela par imprudence l’un et l’autre.

Le mois d’avril 1864 comptera parmi les plus néfaste de l’usine. Ce fut d’abord le jeune Nicolas Palaroy, victimes de son imprudence. Occupé à la machine à vapeur dite "de 120", il fut atteint par le balancier au moment ou il s abaissait. Le malheureux jeune homme fut foudroyé. On était encore sous l’impression de cette triste mort quand il se produisit au Bessemer un événement soudain jusque-là  sans précèdent et qui jeta dans le deuil la population entière. Vers midi, au moment ou l’on opérait le mélange de deux fontes avant le coulage, une explosion formidable se fit entendre et une partie du liquide en fusion jaillit en tous sens dans la fonderie, atteignant plusieurs ouvriers. L’un d'eux, le nommé Algray fut carbonisé sur le champ. Le nommé Tourtiaux, couvert de brûlures, succomba à ses blessures 36 heures après l’événement, plusieurs ouvriers furent plus ou moins grièvement atteints, surtout les nommés Martin et Bardin.

Salaires et protection sociale

Dans une enquête effectuée à l’occasion de l’exposition universelle de 1878, on note que l’année précédente, l’effectif était de 660 ouvriers et 24 employés. Le salaire moyen de l’ensemble des ouvriers, femmes, garçons et filles, de 4.40 francs (francs or bien entendu) avec,  pour les hommes, un éventail allant de 2 à 15 francs. Pour exemple, un chef lamineur recevait en moyenne, 8.50 francs par jour. La semaine de travail était de six journées de dix à douze heures, mais elle était parfois réduite à cinq ou même quatre jours pour éviter le chômage lorsque les commandes se raréfiaient. La caisse de secours fonctionnait. En 1877, les dépenses avaient été de 28.614 francs. Un certain nombre d’ouvriers étaient logés par la Société dans des immeubles à habitations multiples construits par l’usine et dont le loyer se montait de 4 à 7 francs par mois. Les assurances et les caisses de retraite n’avaient pas de succès parmi le personnel, mais l’esprit d’épargne était extrêmement développé. Les sommes déposées à la caisse de l’usine moyennant un intérêt de 5% par an atteignaient 476.363 francs, répartis entre 182 déposants avec un maximum de 10.000 francs par personne. Des terrains étaient vendus au personnel, qui pouvait ainsi devenir propriétaire d’une maison ou d’un jardin .Il y avait, en 1877, 84 personnes ayant ainsi accédé à la propriété.

Une vision paternaliste

Ernest de Toytot trace l'esquisse de la monographie d'un ouvrier d'Imphy. Après avoir décrit la situation agricole et commerciale du pays, il envisage les divers côtés de la vie de l'ouvrier, ses habitudes intellectuelles, le caractère de sa race, les traditions qui se sont maintenues ou sont tombées en désuétude dans les familles; les habitudes de santé et d'hygiène locales, le vêtement, le logement, l'alimentation, le crédit, les fêtes et les divertissements. Puis il fait l'histoire de l'ouvrier à l'usine d'Imphy, étudie le salaire, les divers régimes du travail, les institutions enfin destinées à assurer son bien-être, sa moralité, des ressources et une épargne pour la maladie et la vieillesse. C'est au maintien des habitudes rurales unies aux travaux de l'usine, qu'il faut attribuer l'attachement de l'ouvrier d'Imphy au-sol natal, sa stabilité et sa condition relativement heureuse. (La réforme sociale -1886 - Bulletin de la société d'économie sociale)

La pétition de 1895

Transcription du texte adressé au préfet, l'original est en document joint et téléchargeable ici Fichier:Petition ouvriers 1895.pdf

Imphy, le 8 juillet 1895

Monsieur le Préfet,

Nous soussignés, ouvriers des aciéries d'Imphy, avons l'honneur d'attirer votre bienveillante attention sur les conséquences fâcheuses que pourraient avoir pour nous l'application des articles 8 et 9 du décret du 10 mars 1894 relatif à l'hygiène et à la sécurité des travailleurs. En vertu de ce décret et sur les observations de Monsieur l'Inspecteur du travail, la direction des usines s'est vue forcer à faire évacuer les ateliers pendant les interruptions de travail pour les repas, et nous sommes contraints aujourd'hui soit à prendre nos repas en plein air, exposés à toutes les intempéries, soit à aller nous entasser dans des salles d'auberge où nous payons un abri sur notre salaire.

Nous appelons votre attention, Monsieur le Préfet, sur les deux points suivants : D'abord, ainsi que vous le savez, la commune d'Imphy est très étendue et une grand partie d'entre nous n'habite pas la forge, et ont leur logement aux Commes, au Grand Vernay, aux Essarts parce qu'ils ont trouvé dans ces bourgs des loyers à meilleur marché. Quelques uns d'entre nous même habitent Sauvigny, Saint Eloi et Saint Ouen. Il est donc absolument impossible d'aller prendre nos déjeuners chez nous, et nous avons profité avec plaisir de l'autorisation qui nous était donnée jusqu'ici de prendre nos repas dans les ateliers même. En outre, nous tenons à insister sur les conditions particulières dans lesquelles se trouvent toutes les halles de l'usine. La plupart des ateliers restent ouverts d'une façon continue pendant le travail, l'aérage est donc largement distribué et dans aucun de ces ateliers il n'existe d'odeurs ou gaz insalubres en suspension dans l'air.

Nous espérons donc, Monsieur le Préfet, que vous voudrez bien prendre en considération la demande que nous venons de vous soumettre et que vous voudrez bien intervenir auprès de Monsieur l'Inspecteur du Travail pour que l'usine d'Imphy qui par sa situation et son genre de travail se trouve dans des conditions absolues de salubrité, ne soit pas assimilée aux petits ateliers des villes et aux établissements industriels insalubres qui, selon nous, sont seuls visés par la loi du 12 juin 1893 et le décret du 10 mars 1894.

Confiants dans l'accueil favorable que vous ferez à notre démarche, nous vous prions, Monsieur le Préfet, de recevoir l'assurance de notre profond respect.