Yves Limouzin témoignages

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Vendredi 18 novembre 2011.

Yves Limouzin est appelé sous les drapeaux le 3 janvier 1960 au 13e bataillon de Chasseurs Alpins. Il effectue ses classes à Chambéry, puis il passe quatre mois au 6e B.C.A. à Grenoble. Il suit un stage de radiographiste (transmissions par morse) ; il sera plus tard radiophoniste.

Avec cinq autres chasseurs alpins, coiffés de leur légendaire tarte, il arrive à Alger le 9 juillet 1960. Tous les six, ils ont pour mission de rejoindre le village de Béni Amrane, à l'entrée des gorges de Palestro. Il s'y rendent en train, ne descendent pas à la bonne station mais à Palestro ; de là un camion les ramène à Béni Amrane, où est stationnée une compagnie du 151e Régiment d'Infanterie, leur nouvelle affectation. Ils sont dispersés. Yves Limouzin est radiophoniste à la C.C.A.S. et chauffeur des officiers jusqu'au mois d'avril 1961.

Le 151e surveille les gorges de Palestro et les djebels proches. Il faut régulièrement patrouiller, réparer les lignes électriques et téléphoniques sabotées et ravitailler les postes de montagne ; le plus exposé de ces postes se trouve sur le mont Tigrémoun, à 1028 mètres d'altitude. Un jour, il faut aller en jeep chercher dans ce poste une femme sur le point d'accoucher, et la descendre jusqu'à Ménerville. La plupart des convois sont escortés par des half-tracks.

Le 21 avril 1961, veille du putsch des généraux, Yves Limouzin est à Alger, au Gouvernement Général, où il a conduit un adjudant venu en mission. De retour à Béni Amrane, il est de permanence radio et toute la nuit le P.C. des transmissions de Palestro communique des informations alarmantes. Aucun des officiers du régiment ne s'est rallié aux généraux rebelles ; dans la nuit, plusieurs convois de chars et de camions passent sur la route, ils transportent des hommes des Régiments Etrangers de Parachutistes qui foncent sur Alger. La petite garnison de Béni Amrane est en alerte : elle doit défendre le poste contre toute menace éventuelle venant de ces unités.

Après l'échec du putsch, une grande partie du 151e R.I. est évacuée à El Biar, dans la banlieue d'Alger. Les services de transmissions sont installés dans une grande villa appartenant à des colons. Ils ont pour mission de traquer les généraux et officiers félons en fuite.

Dix jours plus tard, Yves Limouzin part en France pour une permission de trois semaines. A son retour de permission, il est envoyé à Tizi-Ouzou. Sa compagnie est maintenant installée au village de Souk-el-Had. Elle est chargée du maintien de l'ordre dans la zone montagneuse entre Tizi-Ouzou et Tigzirt. Lors d'une embuscade, un lieutenant est tué d'une balle en plein front. Le reflet de la lumière dans ses lunettes a servi de point de mire pour un rebelle embusqué.

La 151e R.I. reste dans ce secteur jusqu'au 25 mars 1962. Le cessez-le-feu a été signé, le camp est démonté, les archives brûlées en partie, le drapeau amené, tout le matériel est évacué vers Alger, dans le quartier de Belcourt. Pendant deux mois, les soldats ne sortent guère de leur caserne, sinon pour effectuer des patrouilles dans les étages des immeubles voisins : la ville est en proie au plus grand désordre, l'O.A.S. multiplie les attentats tandis que l'A.L.N. se déploie progressivement ; les soldats français entendent les explosions, voient parfois passer des balles traçantes...

Le 16 avril 1962, c'est le retour en France. Embarquement à Alger sur le vieux bâtiment El Mansour qui, après une traversée très mouvementée, accoste le 17 à Port-Vendres au lieu de Marseille.

Notes et références

Notes


References