Nevers rue des Ardilliers

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Rue des Ardilliers et Porte de Paris

RUE DES ARDILLIERS à NEVERS  

  • Autrefois le mot Ardillier s'employait pour désigner un lieu rempli de ronces et d'épines. On trouvait jadis dans la seigneurie

de Semelins (paroisse de Billy-Chevannes) le bois des Ardilliers.
M. de Soultrait, dans son Dictionnaire géographique, dit que Guillelmus et Johannes de Ardilleriis vivaient en 1283 et que leur famille donna ce nom à la porte des Ardilliers.

Il est bon de ne pas oublier qu'en morvandeau le mot ardille signifie argile. Près de Luzy se trouvent les Ardillys, où il y eut une fabrique de tuiles. Les potiers se servant aussi d'argile, on pourrait peut-être faire un rapprochement.

Il paraît certain que les maîtres de la Compagnie des arquebusiers avaient la permission d'établir un jeu d'arquebuse pour y exercer ceux qui faisaient profession des armes et qu'à Nevers, depuis les temps les plus anciens jusqu'en 1622 les exercices de tirs des arquebusiers eurent  lieu dans les fossés voisins de la porte des Artilliers.

Cette porte des Ardilliers était une lourde charge pour les  habitants de Varennes, qui l'avaient refaite en 1404 et qui devaient la réparer chaque fois qu'elle en avait besoin. La tour qui se trouvait à côté fut bâtie en 1400. Neuf ans plus tard, les échevins firent mettre une serrure neuve pour fermer la chaîne qui  était en travers de la rue de la Porte des Ardilliers.
En 1414,Thévenin de Nevers dirige les maçons qui travaillent à la  tour du mur des Ardilliers.
En 1430,la ville construit un boulevard de bois dans les fossés près des Ardilliers.
En 1734, le duc de Nivernais permit la démolition des portes de Loire, du Pont Cizeau et des Ardilliers, à la condition que ses armes  seraient apposées aux ouvrages que l'on ferait.
La porte des Ardilliers fut remplacée, en 1746, par l'arc de triomphe élevé en  souvenir de la victoire de Fontenoy et désigné sous le nom de Porte de Paris.

De toute ancienneté la route de Paris passait par la Porte du Croux. Cette direction fut abandonnée pour celle de la Porte de la Barre qui fut délaissée, en août 1577, pour celle des Ardilliers. En 1606 la route fut tracée par Pougues, Vernuche et le faubourg de la Chaussée, puis elle fut ramenée à la Porte des Ardilliers, qui prit définitivement le nom de Porte de Paris. La rue elle-même fut souvent désignée par le nom de rue de la Porte-de-Paris.
Après l'assassinat de Lepelletier de Saint-Fargeau, le 20 janvier 1793, par le garde du corps Pâris qui voulait venger la mort du roi sur l'un de ses juges, la porte de Paris fut quelque temps appelée Porte Lepelletier. Peu après on plaça sur la porte un panneau portant cette inscription : La nature, la raison, les moeurs, la liberté sont les divinités de ce pays.
L'arc de triomphe était autrefois décoré de trophées d'armes sculptés, dont il ne reste plus de traces  (détruits en1794). Voltaire, alors historiographe du roi, fut chargé de produire les vers gravés sur cet arc de triomphe. Sur le couronnement, du côté de la route de Paris, on lisait :

Au grand homme modeste, au plus doux des vainqueurs,
Au père de l'Etat, au maître de nos coeurs.

et du côté de la ville :
A ce grand monument qu'éleva  l'abondance,
Reconnaissez Nevers et jugez de la France.

Ces vers ont disparu depuis la restauration effectuée en 1836.

Sur les parois on grava, d'un côté, une inscription de fondation  en latin, de l'autre des vers de Voltaire.
Près de la Porte de Paris au n° 19, on trouve un passage qui fait communiquer la rue des Ardilliers au n° 70 de la rue de la Préfecture.
Il paraît que dans la maison où mourut le Chancelier Jean Le Clerc on  voyait encore en 1835 son buste et celui de sa femme. Cette maison appartint à M. de la Ferté. Elle fut ensuite occupée par l'imprimerie du Journal de la Nièvre, puis un commerçant en gros l'appropria à ses convenances.
Les maisons qui attenaient à la Porte de Paris ont été démolies pour assurer le passage des piétons.
On trouvait jadis dans la rue des Ardilliers l' Hôtel de l'Image qui avait, suspendue à une potence en fer, une enseigne représentant la Vierge avec l'enfant Jésus sur le  bras gauche. Près de cet hôtel se trouvait la petite maison d'un facétieux bottier, nommé Simonnot, qui avait fait peindre une grande enseigne au milieu de laquelle on voyait une oie et sur l'un des côtés le maître bottier présentant une paire de bottes à un client qui s'avançait pour saisir l'oie. Au-dessous ces mots expliquaient le rébus : Prenez vos bottes et laissez la monnoie.
 


Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1924/T26