« Histoires courtes et anecdotes sur Decize » : différence entre les versions

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*Le grand seigneur au-dessus de la morale est une réalité sous l’Ancien Régime. Le Dom Juan de Molière, celui de Mozart, Giacomo Casanova, le marquis de Sade ont eu des émules jusque chez les petits nobliaux du Nivernais. En 1692, Antoine Sallonyer est seigneur de Faye ; il est issu d’une famille illustre qui a donné plusieurs échevins à Decize et plusieurs officiers judiciaires. Il se permet de rendre sa justice lui-même et ce d’une étrange façon.<br> Charlotte Rossignol, femme du marchand Philippe Rousseau, vit séparée de son mari. Elle doit de l’argent à maître Sallonyer. Celui-ci décide alors de se rembourser ''en nature''. La débitrice est appétissante, elle est seule au logis. Dans la nuit du 11 au 12 mars, Antoine Sallonyer, assisté de trois compères, Jean Langlois, Henry et Chambon, entre en force chez Charlotte Rossignol. Les ''envahisseurs'' commencent par « ''dilapider des vivres'' », autrement dit, ils vident quelques bouteilles et dévorent jambons et pâtés. Le ventre plein, Antoine Sallonyer passe à une autre distraction : il dit à la dame Rossignol « ''dans des termes vilains qu’il vouloit coucher avec elle et faisoit des postures plus séantes à des laquais qu’à un homme de condition''. »<br> Devant le refus de Charlotte Rossignol, Sallonyer et ses amis « ''passèrent le reste dudict jour et toute la nuict venant à boire, chanter et faire mille insolences''… ''Après avoir bien beu, se couchèrent dans les licts de la maison… luy comme le maistre coucha dans le lict de ladicte Rossignol… dans lequel il a faict les dernières ordures''. »<br><br> Pierre Volut, ''Decize en Loire assise'', ch. XV.<br> En savoir plus sur ''Histoires de Decize'' http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/
*Le grand seigneur au-dessus de la morale est une réalité sous l’Ancien Régime. Le Dom Juan de Molière, celui de Mozart, Giacomo Casanova, le marquis de Sade ont eu des émules jusque chez les petits nobliaux du Nivernais. En 1692, Antoine Sallonyer est seigneur de Faye ; il est issu d’une famille illustre qui a donné plusieurs échevins à Decize et plusieurs officiers judiciaires. Il se permet de rendre sa justice lui-même et ce d’une étrange façon.<br> Charlotte Rossignol, femme du marchand Philippe Rousseau, vit séparée de son mari. Elle doit de l’argent à maître Sallonyer. Celui-ci décide alors de se rembourser ''en nature''. La débitrice est appétissante, elle est seule au logis. Dans la nuit du 11 au 12 mars, Antoine Sallonyer, assisté de trois compères, Jean Langlois, Henry et Chambon, entre en force chez Charlotte Rossignol. Les ''envahisseurs'' commencent par « ''dilapider des vivres'' », autrement dit, ils vident quelques bouteilles et dévorent jambons et pâtés. Le ventre plein, Antoine Sallonyer passe à une autre distraction : il dit à la dame Rossignol « ''dans des termes vilains qu’il vouloit coucher avec elle et faisoit des postures plus séantes à des laquais qu’à un homme de condition''. »<br> Devant le refus de Charlotte Rossignol, Sallonyer et ses amis « ''passèrent le reste dudict jour et toute la nuict venant à boire, chanter et faire mille insolences''… ''Après avoir bien beu, se couchèrent dans les licts de la maison… luy comme le maistre coucha dans le lict de ladicte Rossignol… dans lequel il a faict les dernières ordures''. »<br><br> Pierre Volut, ''Decize en Loire assise'', ch. XV.<br> En savoir plus sur ''Histoires de Decize'' http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/
<center>'''MARIEN PAULARD ET SES DEUX EPOUSES (1846)'''</center>.
*« ''Marien Paulard est un jeune homme de vingt-quatre ans, au teint rose, à la figure réjouie, qui paraît prendre avec beaucoup de philosophie sa position d'accusé. Il y a deux ans, c'est-à-dire alors qu'il en avait vingt-deux, il rechercha une fille de Sougy, qui en comptait plus de trente, qui avait de plus un enfant et un amant, et qui ne demanda pas mieux que de le prendre pour mari. L'enfant mourut, l'amant resta, et le mariage s'accomplit. On ne sait pas ce que dura la lune de miel ; mais cinq mois à peine s'étaient écoulés depuis le jour où un oui fatal les avait joints d'un lien indissoluble, que tous deux s'en déliaient amiablement, partageaient leur mobilier et s'en allaient vivre chacun de son côté, la femme dans les environs de Decize, le mari à Sermoise.<br> Deux années s'écoulèrent dans un mutuel célibat'' » (L'Echo de la Nièvre ; compte-rendu de l'audience de la Cour d'Assises du 17 août 1846)<br> Marien Paulard s'éprend alors d'une veuve de 34 ans, « ''que la nature n'a favorisée ni des dons de la fortune, ni des agréments du visage, qui possède pour tous biens deux enfants en bas-âge'' ». Les deux amoureux se marient en avril 1846. En mai, les autorités judiciaires apprennent l'existence d'une première Madame Paulard ; or le Code Napoléon et l'Eglise catholique proscrivent la polygamie. Le bigame Paulard reconnaît sa faute.<br> Le procès se déroule en présence des deux épouses de Marien Paulard, que le journaliste de ''L'Echo de la Nièvre'' trouve « ''laides toutes les deux et toutes deux vieilles, elles ne justifient guère l'ardeur matrimoniale de l'accusé''' » Un accusé qui est condamné à deux ans d'emprisonnement.<br><br> Pierre Volut, ''Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque'', p. 79.<br> En savoir plus sur Histoires de Decize http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/

Version du 12 juin 2012 à 12:13

Le PERE, LA FILLE ET L'AMANT (L'Echo de la Nièvre, 9 février 1846).
  • La femme Moreau, de Saint-Léger-des-Vignes, a un amant, le sieur Bertillot. La liaison est presque de notoriété publique et dure depuis trois ou quatre ans. Seul le mari trompé n'en sait rien...
    Quand Moreau apprend enfin la conduite de sa femme, il lui fait une scène violente, puis il se résigne...
    Moreau et son beau-père, Michel Semé, ont d'autres soucis ; ils font de mauvaises affaires ; ils ont des dettes. C'est alors qu'ils songent à faire chanter l'amant.
    Louise Moreau donne rendez-vous à Bertillot le 30 octobre 1845 à huit heures du soir dans son magasin. Alors que les deux amants sont galamment occupés, Michel Semé et Moreau apparaissent subitement, armés d'une hache et d'une pelle de fer. Sous cette double menace, Bertillot est obligé de signer huit billets de mille francs chacun à l'ordre de Semé.
    Bertillot est libéré. Il porte plainte auprès du juge de paix de Decize, puis à Nevers.
    Le 8 novembre 1845, il fait passer dans l' Echo de la Nièvre une annonce rédigée en ces termes : Le Sr Bertillot Aîné, négociant et entrepreneur de transports par eau à La Charbonnière près Decize avise ses fournisseurs que seuls sont valables les billets signés par lui.
    Les enquêteurs ont peu d'indices : Semé s'est bien gardé d'aller faire réaliser ses billets. Il les a cachés et nie farouchement, les époux Moreau le soutiennent. C'est Bertillot qui est maintenant accusé de chantage.
    Mais Semé et ses complices ont négligé un tout petit détail. Dans un calepin appartenant à Michel Semé, les gendarmes trouvent plusieurs feuilles déchirées, et ils lisent sur l'une d'elles : "illot aîné". Bertillot reconnaît son écriture. Michel Semé ne peut plus prétendre qu'il ne faisait pas d'affaires avec Bertillot et il avoue qu'il avait fait écrire à sa victime : J'ai fait huit billets à Moreau. Signé Bertillot Aîné.
    Michel Semé est condamné à deux ans de prison. Les époux Moreau sont acquittés. Et Bertillot devra oublier les charmes de sa maîtresse.

    Pierre Volut, Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque, p. 78.
    En savoir plus sur Histoires de Decize http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/
MAITRE SALLONYER A UNE CONDUITE INDIGNE
  • Le grand seigneur au-dessus de la morale est une réalité sous l’Ancien Régime. Le Dom Juan de Molière, celui de Mozart, Giacomo Casanova, le marquis de Sade ont eu des émules jusque chez les petits nobliaux du Nivernais. En 1692, Antoine Sallonyer est seigneur de Faye ; il est issu d’une famille illustre qui a donné plusieurs échevins à Decize et plusieurs officiers judiciaires. Il se permet de rendre sa justice lui-même et ce d’une étrange façon.
    Charlotte Rossignol, femme du marchand Philippe Rousseau, vit séparée de son mari. Elle doit de l’argent à maître Sallonyer. Celui-ci décide alors de se rembourser en nature. La débitrice est appétissante, elle est seule au logis. Dans la nuit du 11 au 12 mars, Antoine Sallonyer, assisté de trois compères, Jean Langlois, Henry et Chambon, entre en force chez Charlotte Rossignol. Les envahisseurs commencent par « dilapider des vivres », autrement dit, ils vident quelques bouteilles et dévorent jambons et pâtés. Le ventre plein, Antoine Sallonyer passe à une autre distraction : il dit à la dame Rossignol « dans des termes vilains qu’il vouloit coucher avec elle et faisoit des postures plus séantes à des laquais qu’à un homme de condition. »
    Devant le refus de Charlotte Rossignol, Sallonyer et ses amis « passèrent le reste dudict jour et toute la nuict venant à boire, chanter et faire mille insolencesAprès avoir bien beu, se couchèrent dans les licts de la maison… luy comme le maistre coucha dans le lict de ladicte Rossignol… dans lequel il a faict les dernières ordures. »

    Pierre Volut, Decize en Loire assise, ch. XV.
    En savoir plus sur Histoires de Decize http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/
MARIEN PAULARD ET SES DEUX EPOUSES (1846)

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  • « Marien Paulard est un jeune homme de vingt-quatre ans, au teint rose, à la figure réjouie, qui paraît prendre avec beaucoup de philosophie sa position d'accusé. Il y a deux ans, c'est-à-dire alors qu'il en avait vingt-deux, il rechercha une fille de Sougy, qui en comptait plus de trente, qui avait de plus un enfant et un amant, et qui ne demanda pas mieux que de le prendre pour mari. L'enfant mourut, l'amant resta, et le mariage s'accomplit. On ne sait pas ce que dura la lune de miel ; mais cinq mois à peine s'étaient écoulés depuis le jour où un oui fatal les avait joints d'un lien indissoluble, que tous deux s'en déliaient amiablement, partageaient leur mobilier et s'en allaient vivre chacun de son côté, la femme dans les environs de Decize, le mari à Sermoise.
    Deux années s'écoulèrent dans un mutuel célibat
     » (L'Echo de la Nièvre ; compte-rendu de l'audience de la Cour d'Assises du 17 août 1846)
    Marien Paulard s'éprend alors d'une veuve de 34 ans, « que la nature n'a favorisée ni des dons de la fortune, ni des agréments du visage, qui possède pour tous biens deux enfants en bas-âge ». Les deux amoureux se marient en avril 1846. En mai, les autorités judiciaires apprennent l'existence d'une première Madame Paulard ; or le Code Napoléon et l'Eglise catholique proscrivent la polygamie. Le bigame Paulard reconnaît sa faute.
    Le procès se déroule en présence des deux épouses de Marien Paulard, que le journaliste de L'Echo de la Nièvre trouve « laides toutes les deux et toutes deux vieilles, elles ne justifient guère l'ardeur matrimoniale de l'accusé' » Un accusé qui est condamné à deux ans d'emprisonnement.

    Pierre Volut, Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque, p. 79.
    En savoir plus sur Histoires de Decize http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/