Usines Morvan

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LES USINES MORVAN

Vue de l'usine électrique
Autre vue de l'usine électrique
  • Louis Gallois, Président Fondateur de la Société MORVAN est né le 8 octobre 1897 à Château-Chinon de parents morvandiaux. Il passe son enfance au moulin paternel, le moulin d'Yonne, situé sur la commune de Château-Chinon Campagne. Il commence ses études à l'institution Saint-Romain à Château-Chinon et les poursuit à Saint-Gilles à Moulins-sur-Allier. La disparition prématurée de son père Lazare, le contraint à revenir au moulin pour aider sa mère, Adèle, qui ne peut en assurer seule l'exploitation.
    Mobilisé à 18 ans au 8e régiment du génie, démobilisé en septembre 1919, il tente de réaliser une idée qu'il avait en tête depuis longtemps : domestiquer l'Yonne dans la région.
  • En 1921, aidé par sa mère, il reprend, réaménage et ré-équipe l'usine hydroélectrique construite en 1897 par la ville de Château-Chinon pour alimenter la ville en eau. En 1922 et en 1923, il construit le barrage et l'usine électrique de la Pierre Glissotte. Avec une production annuelle de 2.500.000 Kwh les deux usines représentent 1/1500e de la consommation française de l'époque, ce qui était non négligeable.
  • Très attaché au développement du Morvan, Louis Gallois s'investit dans la mise en valeur d'une veine de marbre blanc située au Puits-en-Morvan. Il créée de vastes bâtiments, acquiert un matériel moderne pour que l'exploitation se fasse à l'échelon industriel. La moitié du sol de la basilique de Lisieux est réalisée avec ce matériau. Des centaines de tonnes de « Granitos du Morvan » seront également extraits de la carrière jusqu'à épuisement du filon.
En-tête Ets Thévenin
  • Pour mener à bien le développement de ces exploitations, Louis Gallois fonde en 1928 la Société Hydro-Électrique et Industrielle du Morvan (SHEIM) et s'agrandit en acquérant la « prison » pour y installer un atelier de pantoufles. Il cherche à utiliser le courant qu'il produit et s'engage dans la fabrication d'articles en caoutchouc, production gourmande en électricité. Le moulin d'Yonne, à l'origine moulin à farine, est équipé pour fabriquer de la poudrette de caoutchouc obtenue à partir des déchets de pneumatiques. Il présentera ses produits lors d'une exposition au Grand Palais à Paris en 1927.
  • La Société des Établissements Thévenin qui fabrique des meubles et dont l'activité n'est pas rentable, est absorbée par la Société Morvan en 1941. Ce site sera reconverti en une usine de fabrication de semelles en caoutchouc.
  • Dès 1938 l'usine commence la production des masques à gaz destinés à l'armée française. Louis Gallois invente la presse à injection qui servira au moulage des masques et pour laquelle il prend des brevets. Il peut ainsi répondre à la demande d'approvisionnement de l'armée.
    Toujours très à l'écoute de l'avancée technologique des pièces moulées en caoutchouc, la Société Morvan produit tout ce qui a trait aux talons de chaussures, semelles et ressemelage. Une publicité est largement diffusée sur différents supports tels que gommes, crayons, tapis de jeux, buvards. À cette production s'ajoutent des tennis, des baskets et des chaussures de brousse. Grâce au développement de la technique de l'injection, la Société Morvan devient une des premières industries européennes de caoutchouc à produire ses semelles par injection.
  • L'usine est répartie sur trois principaux sites :
le site du moulin d'Yonne qui fabrique semelles, talons, plaques et diverses pièces techniques,
le site de la « prison » qui sert de stockage aux pièces détachées pour le ressemelage et de cantine pour le personnel,
le site des Éts Thévenin qui fabrique les articles chaussants et diverses pièces techniques tels que les masques à gaz, les soufflets, les joints moulés.
  • La Société Morvan fut l'une des premières en France à développer des matériaux sous forme de granulés en caoutchouc thermoplastique sous la marque Morvanflex. Ce caoutchouc entrait aussi bien dans la fabrication des gommes que dans celle des articles pour la chaussure, ou encore dans celle de pièces très spécifiques destinées aux laboratoires pharmaceutiques. En 1972, la Société produit plus de 2000 tonnes de granulés.
  • Dans les années 1950, la Société emploie quelques 600 personnes. Ce sont, pour 80 % d'entre elles, des Château-Chinonais. Les autres sont réparties sur les communes et hameaux environnants. Cette industrie a beaucoup aidé à maintenir nombre de familles dans la région du Morvan.
  • Louis Gallois qui avait le sens de l'humain, développa des œuvres sociales au sein de l'usine : la cantine, les jardins ouvriers, les arbres de Noël et distribuait tous les ans diplômes et médailles du travail pour 10, 20 ou 30 ans de services. Il créa également l'Amicale des employés et une société de secours mutuel.
  • Quelques 20.000 clients composaient la clientèle de l'usine. C'était des fabricants de chaussures pour les produits de semelage, des cordonniers pour la réparation, des détaillants pour les articles chaussants. L'Intendance, l'Armement, la Marine nationale, le Commissariat de l'Air, l'Assistance publique figuraient parmi les plus importants.
  • Louis Gallois fut aidé dans toutes ces réalisations par sa sœur Jeanne, par Marcel Baudron époux de Jeanne, par Louis son neveu et par Bernard et Jean-Paul ses fils.
  • Le désengagement de l'État et la concurrence venue des pays à faibles salaires ont eu raison de la Société Morvan. Elle dépose son bilan en 1979.
    Une nouvelle société sera créée en 1980 : la Société Nouvelle des Établissements Morvan (SNEM). L'effectif ne dépassera pas 80 personnes. La fabrication est orientée vers les semelles et talons en caoutchouc mais également vers des composés à base de caoutchouc thermoplastique livrés sous forme de granulés. Cette activité prendra fin en 1991.
    Nouveau tournant en 1984-1985, la Société passe aux mains d'un caoutchoutier installé en région parisienne. Elle prend le nom de Compagnie Morvan.
    Elle deviendra la Compagnie Caoutchouc et Thermoplastiques du Nivernais (CCTN) en 1985 sous la houlette d'un nouveau repreneur.
    Dernier tournant en 1989, la Société conserve uniquement la partie caoutchouc et prend le nom de Morvan Caoutchouc International (MCI).
    Le coup de grâce intervient en 2002, il y aura arrêt de toute activité.
  • Louis Gallois mourut en 1978, une rue de Château-Chinon porte son nom.


Source : Vents du Morvan sur une proposition d'Hélène Guillon adhérente GenNièvre


Martine NOËL Novembre 2013