Usine Céramique de Decize

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Le démarrage de l'activité

Vers 1830, une tuilerie fonctionne au lieu-dit Bel-Air (faubourg Saint Privé). Elle exploite les carrières d'argile situées dans la falaise de Brain.

En 1898, Joseph Boigues la reprend et l'agrandit. Les premiers produits sont des tuiles et des briques.

En 1904, apparaissent les premiers carreaux rouges de Decize, pressés en poudre sèche. L'usine céramique se développera pendant la Première Guerre Mondiale.

Joseph Boigues

Elle produit son courant électrique dès 1909 et elle alimente à partir de l'année suivante la Société d'Eclairage par l'Electricité de Decize et Saint Léger des Vignes (dont Joseph Boigues est l'un des principaux actionnaires).

Pendant la Première guerre mondiale

L'armée a besoin de canons, d'obus, de fusils, d'armes de toutes sortes. Des officiers du génie et de l'artillerie ont été envoyés dans tous les départements de l'arrière, afin d'inventorier avec les élus locaux et les industriels toutes les ressources à exploiter. Les usines susceptibles de participer à la fabrication d'armes et de munitions sont mobilisées et mises sous contrôle de l'armée en septembre 1915. A Decize, deux entreprises sont concernées dont l'usine de céramique.

A Brain, Joseph Boigues installe un atelier de mécanique destiné à la fabrication d'obus et de pièces de canons. Les fournitures de guerre consacrent le développement de l'usine de Brain.

Pour remplacer la ligne de chemin de fer Moulins-Decize-Saint-Saulge annulée, Joseph Boigues obtient l'installation d'une ligne de chemin de fer à voie étroite entre son usine, la gare PLM de Decize et le quai des Vignots au port de Saint Thibault. Deux autres lignes relient l'usine à la carrière de Brain et à celle de Corcelles. .

Cette opération facilitait l'approvisionnement en terre pour la production de briques, tuiles et carreaux. Le train à vapeur remplacera avantageusement les lourdes locomobiles utilisées auparavant.

L'entrée de l'usine

Derrière l'abattoir est établi un garage avec aiguillage. En échange d'une modeste redevance versée à la ville et au Canal du Nivernais, Joseph Boigues contrôle désormais l'acheminement efficace de tous les produits qui sortiront de son usine (Registre des Délibérations Municipales de Decize, 25 juin 1916).

L'usine Boigues obtient le droit d'employer une main-d'oeuvre féminine en février 1917.

Pour augmenter le rendement et la qualité de ces entreprises stratégiques, il convient d'assurer de bons salaires au personnel. En avril 1915, le Sénat vote un salaire minimum pour certaines catégories de salariés.

Deux ans plus tard dans les Usines travaillant pour la Défense, les salaires sont les suivants : -manoeuvres hommes : 0,55 F/h , femmes : 0,30 à 0,35 F/h -ouvriers qualifiés (toupilleurs, fraiseurs, chaudronniers) : 0,80 F/h. (La Tribune Républicaine, 28-2-1917).

Avant guerre, la plupart des salaires industriels se situaient entre 0,30 F et 0,55 F par heure, pour 10 heures de travail par jour.


Joseph Boigues est une personnalité importante à Decize dans la première moitié du 20e siècle. Il est conseiller municipal. Patron paternaliste et chrétien, il crée dans son usine une caisse mutuelle de santé et de retraite, il organise chaque année une fête de l’usine à laquelle sont conviés les employés et leurs familles, il organise des séances de cinéma dès 1911 (avant l’ouverture d’un cinéma permanent à Decize), il construit des logements ouvriers, il finance plusieurs oeuvres sociales (l'orphelinat Le Chez Nous, les Cheveux Blancs...)

Le train à vapeur de l'usine

Les wagons sont tractés par une locomotive Decauville 031T (acquise en 1916) et par une locomotive Schneider (achetée aux Mines de La Machine en 1939). Pendant une vingtaine d’années, le tacot de la céramique transporte chaque jour environ 150 tonnes dans chaque sens.

Les plus anciens Decizois ont vu circuler, entre l'usine céramique, la gare et le canal du Nivernais, un petit train à vapeur. D'autres se souviennent des rails étroits qui longeaient l'avenue de Verdun, se faufilant derrière l'ancien abattoir, empruntant ensuite la levée de l'Aron (quai de l'Europe), puis traversaient le pont d'Aron et celui du canal du Nivernais pour aller à la gare ou au bassin de Saint-Thibault. Là, les péniches déchargeaient la terre nécessaire à la production de l'usine dans les wagonnets du petit train. Les gamins, à bicyclette, s'accrochaient aux wagons, se faisant remorquer avenue de Verdun.

Pendant et après la Seconde guerre mondiale

Arrive la Seconde guerre mondiale : la production fléchit, puis les camions assurent les transports. En 1952, le tacot ne transporte plus qu’une charge quotidienne de 30 tonnes. Il est supprimé, les rails sont enlevés. Les voies qui mènent vers la carrière et les dépôts servent encore quelque temps ; les derniers wagonnets rouillent sous un hangar jusqu’en 1985 ; l’une des motrices a été conservée au musée de la vapeur de Pithiviers, une autre dans l’ancienne gare de Liernais-la-Guette (Côte d’Or).

Pendant la guerre l'Usine Céramique a connu des difficultés ; elle a dû se séparer d'une partie de son personnel et elle a été menacée de fermeture complète. En 1942, Joseph Boigues s'est associé avec Henry Ménard, P.D.G. de la Compagnie Mosaïque Céramique de Maubeuge.


Au lendemain de la guerre, l'usine repart, elle bénéficie de la reconstruction et de la modernisation du pays. Elle est "outillée pour faire gros... pour produire plus", selon ses directeurs. La production de 1947 dépasse celle de 1939 de plus de 50%, les carreaux unis et porphyrés de grès cérame sont d'excellente qualité. L'effectif du personnel est de 272 ouvriers.

Suite en cours de rédaction

Vue au début du 21ème siècle - Photo Jean Louis Sauffroy


Praynal (discussion) 5 septembre 2019 à 10:17 (CEST)