« Raoul Toscan écrits » : différence entre les versions

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Documents communiqués par Alain Corté petit fils d'Isidore Corté médecin et [[La Charité sur Loire maires|<u>maire de La Charité-sur-Loire</u>]] de 1896 à 1919.<br> Mis en page par [[Utilisateur:Mnoel|Martine NOËL]] ([[Discussion utilisateur:Mnoel|discussion]]) 31 décembre 2018 à 14:41 (CET)
Documents communiqués par Alain Corté petit fils d'Isidore Corté médecin et [[La Charité sur Loire maires|<u>maire de La Charité-sur-Loire</u>]] de 1896 à 1919.<br> Mis en page par [[Utilisateur:Mnoel|Martine NOËL]] ([[Discussion utilisateur:Mnoel|discussion]]) 31 décembre 2018 à 14:41 (CET)


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[[Catégorie:Chroniques]]
[[Catégorie:Chroniques]]

Version actuelle datée du 3 avril 2019 à 20:08

La Halle aux grains actuelle et construite à l'emplacement de l'ancienne

Les Tablettes du lundi(1) (sans date)

La Halle aux Blés de La Charité
  • La Charité-sur-Loire, « ville d'Histoire et centre de villégiatures » comme indique avec justesse son cachet postal, va édifier prochainement une salle de fêtes. Cela lui en coûtera un demi-million. L'opportunité de cette création n'a pas lieu d'être discutée ici et nous n'en aurions point parlé si la ville de La Charité n'avait choisi pour ce nouvel édifice l'emplacement même de sa vieille halle aux blé qui, en conséquence, sera mise à terre.
    On a le plus grand tort à La Charité de considérer avec mépris cette halle. Si elle est laide extérieurement c'est parce que, depuis un temps relativement court, on s'est appliqué à l'enlaidir et à fausser son caractère. Peu à peu on en est venu à la trouver indésirable et c'est ainsi qu'on la recouverte d'affiches, que sa ruelle contiguë est une sentine, que son intérieur est un bric à brac et qu'on parle aujourd'hui de la tuer.
    Avisez-vous, à relativement peu de frais, de la rétablir comme elle était autrefois c'est-à-dire de substituer à la tuile de Montchanin la vieille petite tuile, de restaurer son campanile central qui contenait la cloche du marché, d'ouvrir ses côtés que l'on a arbitrairement murés, et, du même temps, vous ajouterez, à une cité déjà riche, un monument qui par son caractère serait unique en Nivernais et justifierait l'attention accrue que l'on accorde à « la ville d'Histoire ».
    Une très grande injustice se fait montre à l'égard des restes du passé. On protège maintenant assez largement les « riches » (les églises, les chapelles, les châteaux, les beaux débris sculptés) mais on ne fait pas cas des humbles, des petits qui, cependant, content la vie sociale de nos ancêtres, leurs travaux, leurs peines, leurs joies si simples. C'est ainsi que l'on ne peut obtenir la protection des « monuments historiques » pour les antiques boutiques, les greniers à sel, les moulins à vent et les halles aux blés. Ces témoins de la peine des hommes ont-ils donc moins de valeur que ceux de leur opulence ? J'estime au contraire qu'ils écrivent la chronique la plus vivante qui soit : celle des dures réalités auxquelles nos pères se sont heurtés et que ceux-ci adoucissent lentement au cours des âges par leur ingéniosité, leur patience, leur confiance en un meilleur-être.
    Même enlaidie par les hommes de maintenant la Halle aux blés de La Charité nous frappe par l'ampleur de ses lignes. Dans ce vieux quartier des vignerons, que protège toujours la croix de St Vincent, elle nous dit l'importance que le marché des grains avait jadis dans la cité des bons pères. Sait-on seulement l'histoire de cet édifice que tous les guides signalent comme un des plus curieux de la cité ?
    Entrez par la grande porte qui s'ouvre sous un cintre écussonné naguère aux armes du Prieur Jean de la Magdeleine. Vous êtes saisi par le spectacle de « la forêt de poutres » aussi belle, aussi puissante que celle d'une cathédrale. Les piliers qui la soutiennent portent encore les écussons corporatistes. C'est une pure merveille. Tout ce bois est venu des Bertranges, forêt qui était bien des moines et que le prieur de la Magdeleine mit à contribution, pour réédifier la charpente de cette halle indispensable dont la précédente avait été incendiée « le jour de la Fête Dieu de l'an 1503 ». En 1524 un nouveau sinistre ravageait ce quartier, 169 maisons furent brûlées et l'église Saint Jacques fut épargnée miraculeusement.
    Jean de la Magdeleine, qui fut le grand bâtisseur, le grand embellisseur de La Charité, s'installa dans cette ville en 1518 et y mourut le 17 avril 1537. C'est dans ce laps de temps que, entre autres vastes réalisations, il réédifia la Halle aux Blés. Ce poutrage, cet édifice date donc du premier quart du 16e siècle.
    Malgré les vicissitudes d'une histoire unique que La Charité écrivit avec des larmes et du sang, les halles de Jean de la Magdeleine furent sauvegardées. Il n'appartient pas aux hommes d'aujourd'hui de les détruire.
    Elles furent sauvegardées parce que La Charité, ville d'affaires, savait leur importance. L'assemblée générale des habitants, le 10 août 1723, s'était insurgée contre une réparation qui devait interrompre la circulation sur le pont de Loire. Et, pour justifier sa protestation, elle disait : « Il se tient à La Charité un des plus gros marchés de la province. Elle ne reçoit ses denrées que du Berry. C'est le passage des marchands approvisionnant les troupes des bœufs de La Marche, de l'Auvergne et du Limousin. C'est le plus grand marché aux grains ».
    Sans doute le marché aux grains ne se fait plus sous l'antique poutrage de Jean de la Magdeleine, mais la halle de La Charité évoque, sur près de cinq cents ans, l'histoire glorieuse des transactions, l'histoire du commerce de notre ville.
    Au surplus la salle des fêtes en question peut être beaucoup mieux installée ailleurs que dans ce quartier restreint et sans issue. La salle des fêtes, qui aura forcément un caractère moderne, doit être édifiée face à l'escale d'hydravions dans le bas du Parc Adam qui appartient à la ville. Et ce pourra être ainsi le casino du « centre de villégiatures ».
    D'ailleurs nous sommes tranquilles. Il y a dans la municipalité charitoise trop d'esprits distingués et tous, sans exception, passionnés du prestigieux passé de la cité insigne, pour qu'ils abandonnent au pic du démolisseur la halle de Jean de la Magdeleine. Si, sous l'empire de je ne sais quelles considérations, cette destruction était autorisée, ce serait là un acte de vandalisme sans nom qui déshonorerait en l'appauvrissant ce cadre historique de La Charité-sur-Loire dont nous sommes, en Nivernais, tous, justement si fiers.

Courrier reçu de Fanchy, daté du 24 septembre 1927

Mon cher ami,
Voici, sur ma naissance et sur mon origine nivernaise, les renseignements que vous désiriez. Je suis né le 30 avril 1866 à Cours-les-Barres, commune du Cher riveraine de Loire, et qui faisait partie de l'ancien Nivernais. Mon père et ma mère, Amognons pur sang, de Saint-Benin d'Azy, après plus de 50 ans d'absence, ont voulu donner là leur dernier sommeil et vous savez à quel point je suis resté féru de ce merveilleux coin de terre.
Je vous enverrai volontiers, ces jours-ci, les titres de quelques pièces du Rimoir ou postérieures au Rimoir, sur lesquelles se portent mes préférences.
Encore merci pour votre si fidèle amitié et toujours, de tout cœur, avec vous.

Courrier reçu de Pierre Chambon, daté du 15 octobre 1935

Mon cher ami,
Merci infiniment pour votre excellent article sur Au pas d'nos bœufs, dans Paris Centre du 7 que le Papa Fanchy m'a transmis.
Je suis particulièrement touché de la façon dont vous parlez de mes dessins ; je sens que vous avez ressenti en feuilletant le bouquin un peu de ce plaisir que j'eus en les faisant !
Hubert Fillay m'écrit qu'il vous tiendrait pour mort, n'étaient les journaux où il trouve à lire du Raoul Toscan bien vivant !
Merci encore, et croyez à toute mon amitié reconnaissante.

J'y songe : Inscrivez-moi comme souscripteur à votre second volume !


(1) Les Tablettes du lundi paraissaient dans Paris Centre chaque lundi.

Documents communiqués par Alain Corté petit fils d'Isidore Corté médecin et maire de La Charité-sur-Loire de 1896 à 1919.
Mis en page par Martine NOËL (discussion) 31 décembre 2018 à 14:41 (CET)