« Ramponneau Jean » : différence entre les versions

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Les Nivernais et les Parisiens perdent cette année 1804 un "empereur de la bonne chère et des plaisirs" : Jean Ramponneau.  
Les Nivernais et les Parisiens perdent cette année 1804 un "empereur de la bonne chère et des plaisirs" : Jean Ramponneau.  


Ramponneau naquit au mois d'octobre 1725 à [[Vignol]], proche de [[Monceaux le Comte]], et non à Argenteuil comme le dit Voltaire. Ce n'est pas un de ces héros figurans dans les fastes de l'histoire pour avoir fait perdre la vie à des milliers d'hommes, ou qui ont créé ou détruit des empires, ni un de ces vastes génies qui ont reculé les bornes de la science est des arts ; ce fut un bon vivant d'un caractère jovial, et dont les propos burlesques ont amusé la cour et la ville. Il était fils d'un laboureur, quitta la maison paternelle dès l'âge de 15 ans, s'en fut à Paris chez une tante qui demeurait à la Courtille, qui le plaça charretier chez son voisin nommé Cochois, maître plâtrier. Ramponneau devint aussi fermier d'une plâtrière, épousa ensuite une cabaretière et se mit à la tête de la maison. Sa gaîté, un bénéfice qu'il savait modérer à propos, peut-être un peu de crédit, attirèrent la foule chez lui. Sa fortune s'accrut ; on trouva dans sa maison tout ce qu'on pouvait désirer de meilleur ; pour satisfaire l'appétit il excita la curiosité en ornant ses appartemens de pantins qui devinrent très à la mode ; donna des bals et des fêtes bien ordonnés : on ne parla plus que de lui ; il fut loué, chanté, toutes les modes et le refrain de toutes les chansons prirent son nom, chacun cherchait à l'immortaliser. Voici ce qu'en dit Voltaire : « En 1760 il vendait de très-mauvais vin à bon marché : la canaille y courait en foule. Cette affluence extraordinaire excita la curiosité des oisifs de la bonne compagnie ; Ramponneau devint célèbre ; il avait la complaisance de se laisser voir chez lui aux grandes dames et aux grands seigneurs que la curiosité y attirait. Gaudon, entrepreneur de spectacle, imagina qu'il ferait fortune s'il pouvait montrer Ramponneau sur son théâtre : le marché se conclut ; mais Ramponneau s'apercevant qu'il lui était désavantageux, frefusa de tenir son engagement. Ce procès produisit quelques facéties, ne fut point jugé et Ramponeau fut oublié... » quoiqu'il en soit, Ramponneau se retira avec 10000 livres de rente viagère. En l'an 7, il revint à [[Vignol]] chez un de ses frères, dans l'intention d'y finir ses jours ; il n'y put rester, s'en retourna à Paris et mourut en l'an 9.
Ramponneau naquit au mois d'octobre 1725 à [[Vignol]], proche de [[Monceaux le Comte]], et non à Argenteuil comme le dit Voltaire. Ce n'est pas un de ces héros figurans dans les fastes de l'histoire pour avoir fait perdre la vie à des milliers d'hommes, ou qui ont créé ou détruit des empires, ni un de ces vastes génies qui ont reculé les bornes de la science est des arts ; ce fut un bon vivant d'un caractère jovial, et dont les propos burlesques ont amusé la cour et la ville. Il était fils d'un laboureur, quitta la maison paternelle dès l'âge de 15 ans, s'en fut à Paris chez une tante qui demeurait à la Courtille, qui le plaça charretier chez son voisin nommé Cochois, maître plâtrier. Ramponneau devint aussi fermier d'une plâtrière, épousa ensuite une cabaretière et se mit à la tête de la maison. Sa gaîté, un bénéfice qu'il savait modérer à propos, peut-être un peu de crédit, attirèrent la foule chez lui. Sa fortune s'accrut ; on trouva dans sa maison tout ce qu'on pouvait désirer de meilleur ; pour satisfaire l'appétit il excita la curiosité en ornant ses appartemens de pantins qui devinrent très à la mode ; donna des bals et des fêtes bien ordonnés : on ne parla plus que de lui ; il fut loué, chanté, toutes les modes et le refrain de toutes les chansons prirent son nom, chacun cherchait à l'immortaliser. Voici ce qu'en dit Voltaire : « En 1760 il vendait de très-mauvais vin à bon marché : la canaille y courait en foule. Cette affluence extraordinaire excita la curiosité des oisifs de la bonne compagnie ; Ramponneau devint célèbre ; il avait la complaisance de se laisser voir chez lui aux grandes dames et aux grands seigneurs que la curiosité y attirait. Gaudon, entrepreneur de spectacle, imagina qu'il ferait fortune s'il pouvait montrer Ramponneau sur son théâtre : le marché se conclut ; mais Ramponneau s'apercevant qu'il lui était désavantageux, refusa de tenir son engagement. Ce procès produisit quelques facéties, ne fut point jugé et Ramponeau fut oublié... » quoiqu'il en soit, Ramponneau se retira avec 10000 livres de rente viagère. En l'an 7, il revint à [[Vignol]] chez un de ses frères, dans l'intention d'y finir ses jours ; il n'y put rester, s'en retourna à Paris et mourut en l'an 9.


*Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, An XII, 1804, pp. 105-106
*Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, An XII, 1804, pp. 105-106
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Le cabaretier Ramponneau a laissé son nom à la postérité pour plusieurs usages. Quand on est ivre, on est ramponneau. La mode à la Ramponneau a fait fureur : vêtements, bonnets, tabatières à la Ramponneau, en forme de tonneau, couteau très long, selon l'Encyclopédie méthodique des Arts et Métiers (1790), ou petit couteau selon le Larousse du XIXe siècle (1875)... marteau de tapissier (1895). Le jouet que nous connaissons comme le culbuto s'appelait ramponneau. On le mettait en chansons, en gravures, dans les almanachs. Le ramponneau était aussi un jeu de quilles.  
Le cabaretier Ramponneau a laissé son nom à la postérité pour plusieurs usages. Quand on est ivre, on est ramponneau. La mode à la Ramponneau a fait fureur : vêtements, bonnets, tabatières à la Ramponneau, en forme de tonneau, couteau très long, selon l'Encyclopédie méthodique des Arts et Métiers (1790), ou petit couteau selon le Larousse du XIXe siècle (1875)... marteau de tapissier (1895). Le jouet que nous connaissons comme le culbuto s'appelait ramponneau. On le mettait en chansons, en gravures, dans les almanachs. Le ramponneau était aussi un jeu de quilles.  


[[Utilisateur:Praynal|Praynal]] ([[Discussion utilisateur:Praynal|discussion]]) 28 novembre 2020 à 10:09 (CET)
*Publié le 28 novembre 2020 à 10:09 (CET)


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[[Catégorie:Nivernais célèbres]]
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Version du 28 novembre 2020 à 10:10

Les Nivernais et les Parisiens perdent cette année 1804 un "empereur de la bonne chère et des plaisirs" : Jean Ramponneau.

Ramponneau naquit au mois d'octobre 1725 à Vignol, proche de Monceaux le Comte, et non à Argenteuil comme le dit Voltaire. Ce n'est pas un de ces héros figurans dans les fastes de l'histoire pour avoir fait perdre la vie à des milliers d'hommes, ou qui ont créé ou détruit des empires, ni un de ces vastes génies qui ont reculé les bornes de la science est des arts ; ce fut un bon vivant d'un caractère jovial, et dont les propos burlesques ont amusé la cour et la ville. Il était fils d'un laboureur, quitta la maison paternelle dès l'âge de 15 ans, s'en fut à Paris chez une tante qui demeurait à la Courtille, qui le plaça charretier chez son voisin nommé Cochois, maître plâtrier. Ramponneau devint aussi fermier d'une plâtrière, épousa ensuite une cabaretière et se mit à la tête de la maison. Sa gaîté, un bénéfice qu'il savait modérer à propos, peut-être un peu de crédit, attirèrent la foule chez lui. Sa fortune s'accrut ; on trouva dans sa maison tout ce qu'on pouvait désirer de meilleur ; pour satisfaire l'appétit il excita la curiosité en ornant ses appartemens de pantins qui devinrent très à la mode ; donna des bals et des fêtes bien ordonnés : on ne parla plus que de lui ; il fut loué, chanté, toutes les modes et le refrain de toutes les chansons prirent son nom, chacun cherchait à l'immortaliser. Voici ce qu'en dit Voltaire : « En 1760 il vendait de très-mauvais vin à bon marché : la canaille y courait en foule. Cette affluence extraordinaire excita la curiosité des oisifs de la bonne compagnie ; Ramponneau devint célèbre ; il avait la complaisance de se laisser voir chez lui aux grandes dames et aux grands seigneurs que la curiosité y attirait. Gaudon, entrepreneur de spectacle, imagina qu'il ferait fortune s'il pouvait montrer Ramponneau sur son théâtre : le marché se conclut ; mais Ramponneau s'apercevant qu'il lui était désavantageux, refusa de tenir son engagement. Ce procès produisit quelques facéties, ne fut point jugé et Ramponeau fut oublié... » quoiqu'il en soit, Ramponneau se retira avec 10000 livres de rente viagère. En l'an 7, il revint à Vignol chez un de ses frères, dans l'intention d'y finir ses jours ; il n'y put rester, s'en retourna à Paris et mourut en l'an 9.

  • Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, An XII, 1804, pp. 105-106

Voltaire a écrit un plaidoyer burlesque pour défendre Ramponneau contre son adversaire Gaudon. En réalité, ce texte est dirigé contre Jean-Jacques Rousseau, adversaire de la comédie. Le cabaretier Ramponneau a laissé son nom à la postérité pour plusieurs usages. Quand on est ivre, on est ramponneau. La mode à la Ramponneau a fait fureur : vêtements, bonnets, tabatières à la Ramponneau, en forme de tonneau, couteau très long, selon l'Encyclopédie méthodique des Arts et Métiers (1790), ou petit couteau selon le Larousse du XIXe siècle (1875)... marteau de tapissier (1895). Le jouet que nous connaissons comme le culbuto s'appelait ramponneau. On le mettait en chansons, en gravures, dans les almanachs. Le ramponneau était aussi un jeu de quilles.

  • Publié le 28 novembre 2020 à 10:09 (CET)