« Révolution à Monceaux le Comte » : différence entre les versions

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==Le [[Monceaux le Comte curés|curé de Monceaux le Comte]] raconte l'été 1789==  
==Le [[Monceaux le Comte curés|curé de Monceaux le Comte]] raconte l'été 1789==  
Le vingt neuf juillet est arrivé un événement tel que dans aucun siècle, aucune nation il n'en n'est arrivé de pareil, et qui sera à jamais mémorable dans toutes les histoires. le 12 on découvrit à paris la conspiration formée pour détruire cette capitale, faire périr les députés de la nation, renverser le trône français et réduire à l'esclavage tous les français, cette conspiration devait avoir son effet dans la nuit du 14 au 15. l'éloignement de Mr Necker directeur général des finances, son exil loin de france mit tout en mouvement à paris, après plusieurs événements fâcheux arrivés dans cette capitale par un effet du plus heureux des hasards les habitants du faux bourg St antoine firent à la bastille demander des armes au Sr delaunay gouverneur de cette prison royale, la résistance qu'il fit à cette demande sauva la france. Ayant laissé entrer une soixantaine d'hommes dans la cour de la bastille il fit lever les ponts levis et tirer le canon chargé à mitraille sur ceux qui étaient dans la cour. La populace animée par une cruauté si atroce veut enlever de vive force la bastille, un garde français monte à l'assaut par le moyen de chaines qui attachaient le pont levis. Arrivé au lieu des murs il fait tomber ce pont, saute dans la cour et s'empare du gouverneur à qui on tranche la tête. On fouille ses papiers dans lesquels on trouve l'horrible projet de la conspiration, cette découverte eut les suites les plus funestes pour tous les complices qui sont obligés de fuir loin du royaume, toute la France est dans les allarmes les plus vives, un bruit se répand qu'une foule de brigands l'inonde et met tout à feu et à sang. Le 29 à cinq heures du soir je vois venir des champs tous les moissonneurs criant : nous sommes perdus, les ennemis sont à cuzy où ils massacrent tout. tannay est détruit, clamecy n'est plus... Je fais sonner le tocsin pour rassembler tout le monde et s'armer, au moment où j'étais occupé à faire ranger sur la place st georges ceux qui se joignaient à moi je reçois un billet de la maréchaussée de vezelay qui m'annonce que 1500 de ces brigands sont à clamecy : que des ruisseaux de sang coulent de toutes parts, et que nous ayons au plus tôt à nous mettre en défense, toute la paroisse rassemblée et sous les armes il est décidé entre MM les officiers municipaux et moi d'aller en avant, nous sortons du bourg moi-même à leur tête et nous fûmes en ordre de bataille autant que faire se pût jusqu'à fié. Ne voyant rien mais entendant sonner le tocsin de toutes parts, les tambours battant aux champs à tannay, nous nous décidons à revenir, après avoir envoyé six hommes à la découverte jusqu'à tannay. A notre retour nous trouvons cinq députés de corbigni qui venaient savoir ce qui se passait, nous restons sous les armes toute la nuit pendant laquelle revinrent deux de nos envoyés à tannay, qui confirment tout ce qu'on avait annoncé de ces brigands quoiqu'on en eut encore vu aucun dans nos cantons, cette allarme se répand si rapidement dans toute la france qu'en moins de 24 heures des milliers d'hommes sont sous les armes, la crainte n'est pas encore dissipée : aujourd'hui 1er 7bre on continue et même on redouble les gardes établies depuis cette allerte. on la monte ici très régulièrement toutes les nuits sans exception de qui que ce soit. Les brigands commencent à s'approcher de nous : les bois en sont pleins ; de sorte que nous sommes menacés des plus grands malheurs si dieu ne vient à notre aide. La famine est à nos portes : la rigueur de l'hiver, la médiocrité des récoltes de toutes espèces, les mouvements internes qui se font dans l'état, en un mot tous les fléaux les plus cruels venus sur ce royaume désolé nous assiègent de toutes parts.<br />
Le vingt neuf juillet est arrivé un événement tel que dans aucun siècle, aucune nation il n'en n'est arrivé de pareil, et qui sera à jamais mémorable dans toutes les histoires. le 12 on découvrit à paris la conspiration formée pour détruire cette capitale, faire périr les députés de la nation, renverser le trône français et réduire à l'esclavage tous les français, cette conspiration devait avoir son effet dans la nuit du 14 au 15. l'éloignement de Mr Necker directeur général des finances, son exil loin de france mit tout en mouvement à paris, après plusieurs événements fâcheux arrivés dans cette capitale par un effet du plus heureux des hasards les habitants du faux bourg St antoine firent à la bastille demander des armes au Sr delaunay gouverneur de cette prison royale, la résistance qu'il fit à cette demande sauva la france. Ayant laissé entrer une soixantaine d'hommes dans la cour de la bastille il fit lever les ponts levis et tirer le canon chargé à mitraille sur ceux qui étaient dans la cour. La populace animée par une cruauté si atroce veut enlever de vive force la bastille, un garde français monte à l'assaut par le moyen de chaines qui attachaient le pont levis. Arrivé au lieu des murs il fait tomber ce pont, saute dans la cour et s'empare du gouverneur à qui on tranche la tête. On fouille ses papiers dans lesquels on trouve l'horrible projet de la conspiration, cette découverte eut les suites les plus funestes pour tous les complices qui sont obligés de fuir loin du royaume, toute la France est dans les allarmes les plus vives, un bruit se répand qu'une foule de brigands l'inonde et met tout à feu et à sang. Le 29 à cinq heures du soir je vois venir des champs tous les moissonneurs criant : nous sommes perdus, les ennemis sont à cuzy où ils massacrent tout. [[Tannay]] est détruit, [[Clamecy]] n'est plus... Je fais sonner le tocsin pour rassembler tout le monde et s'armer, au moment où j'étais occupé à faire ranger sur la place st georges ceux qui se joignaient à moi je reçois un billet de la maréchaussée de vezelay qui m'annonce que 1500 de ces brigands sont à clamecy : que des ruisseaux de sang coulent de toutes parts, et que nous ayons au plus tôt à nous mettre en défense, toute la paroisse rassemblée et sous les armes il est décidé entre MM les officiers municipaux et moi d'aller en avant, nous sortons du bourg moi-même à leur tête et nous fûmes en ordre de bataille autant que faire se pût jusqu'à fié. Ne voyant rien mais entendant sonner le tocsin de toutes parts, les tambours battant aux champs à tannay, nous nous décidons à revenir, après avoir envoyé six hommes à la découverte jusqu'à tannay. A notre retour nous trouvons cinq députés de [[Corbigny|corbigni]] qui venaient savoir ce qui se passait, nous restons sous les armes toute la nuit pendant laquelle revinrent deux de nos envoyés à tannay, qui confirment tout ce qu'on avait annoncé de ces brigands quoiqu'on en eut encore vu aucun dans nos cantons, cette allarme se répand si rapidement dans toute la france qu'en moins de 24 heures des milliers d'hommes sont sous les armes, la crainte n'est pas encore dissipée : aujourd'hui 1er 7bre<ref group=not>septembre</ref> on continue et même on redouble les gardes établies depuis cette allerte. on la monte ici très régulièrement toutes les nuits sans exception de qui que ce soit. Les brigands commencent à s'approcher de nous : les bois en sont pleins ; de sorte que nous sommes menacés des plus grands malheurs si dieu ne vient à notre aide. La famine est à nos portes : la rigueur de l'hiver, la médiocrité des récoltes de toutes espèces, les mouvements internes qui se font dans l'état, en un mot tous les fléaux les plus cruels venus sur ce royaume désolé nous assiègent de toutes parts.<br />
Sauvageot curé de Monceaux et chapelin de St blaise<ref>Archives du la paroisse du 1er septembre 1789 aux AD de la Nièvre</ref>
Sauvageot curé de Monceaux et chapelin de St blaise<ref>Archives du la paroisse du 1er septembre 1789 aux AD de la Nièvre</ref>



Version actuelle datée du 2 octobre 2022 à 17:37

Le curé de Monceaux le Comte raconte l'été 1789

Le vingt neuf juillet est arrivé un événement tel que dans aucun siècle, aucune nation il n'en n'est arrivé de pareil, et qui sera à jamais mémorable dans toutes les histoires. le 12 on découvrit à paris la conspiration formée pour détruire cette capitale, faire périr les députés de la nation, renverser le trône français et réduire à l'esclavage tous les français, cette conspiration devait avoir son effet dans la nuit du 14 au 15. l'éloignement de Mr Necker directeur général des finances, son exil loin de france mit tout en mouvement à paris, après plusieurs événements fâcheux arrivés dans cette capitale par un effet du plus heureux des hasards les habitants du faux bourg St antoine firent à la bastille demander des armes au Sr delaunay gouverneur de cette prison royale, la résistance qu'il fit à cette demande sauva la france. Ayant laissé entrer une soixantaine d'hommes dans la cour de la bastille il fit lever les ponts levis et tirer le canon chargé à mitraille sur ceux qui étaient dans la cour. La populace animée par une cruauté si atroce veut enlever de vive force la bastille, un garde français monte à l'assaut par le moyen de chaines qui attachaient le pont levis. Arrivé au lieu des murs il fait tomber ce pont, saute dans la cour et s'empare du gouverneur à qui on tranche la tête. On fouille ses papiers dans lesquels on trouve l'horrible projet de la conspiration, cette découverte eut les suites les plus funestes pour tous les complices qui sont obligés de fuir loin du royaume, toute la France est dans les allarmes les plus vives, un bruit se répand qu'une foule de brigands l'inonde et met tout à feu et à sang. Le 29 à cinq heures du soir je vois venir des champs tous les moissonneurs criant : nous sommes perdus, les ennemis sont à cuzy où ils massacrent tout. Tannay est détruit, Clamecy n'est plus... Je fais sonner le tocsin pour rassembler tout le monde et s'armer, au moment où j'étais occupé à faire ranger sur la place st georges ceux qui se joignaient à moi je reçois un billet de la maréchaussée de vezelay qui m'annonce que 1500 de ces brigands sont à clamecy : que des ruisseaux de sang coulent de toutes parts, et que nous ayons au plus tôt à nous mettre en défense, toute la paroisse rassemblée et sous les armes il est décidé entre MM les officiers municipaux et moi d'aller en avant, nous sortons du bourg moi-même à leur tête et nous fûmes en ordre de bataille autant que faire se pût jusqu'à fié. Ne voyant rien mais entendant sonner le tocsin de toutes parts, les tambours battant aux champs à tannay, nous nous décidons à revenir, après avoir envoyé six hommes à la découverte jusqu'à tannay. A notre retour nous trouvons cinq députés de corbigni qui venaient savoir ce qui se passait, nous restons sous les armes toute la nuit pendant laquelle revinrent deux de nos envoyés à tannay, qui confirment tout ce qu'on avait annoncé de ces brigands quoiqu'on en eut encore vu aucun dans nos cantons, cette allarme se répand si rapidement dans toute la france qu'en moins de 24 heures des milliers d'hommes sont sous les armes, la crainte n'est pas encore dissipée : aujourd'hui 1er 7bre[not 1] on continue et même on redouble les gardes établies depuis cette allerte. on la monte ici très régulièrement toutes les nuits sans exception de qui que ce soit. Les brigands commencent à s'approcher de nous : les bois en sont pleins ; de sorte que nous sommes menacés des plus grands malheurs si dieu ne vient à notre aide. La famine est à nos portes : la rigueur de l'hiver, la médiocrité des récoltes de toutes espèces, les mouvements internes qui se font dans l'état, en un mot tous les fléaux les plus cruels venus sur ce royaume désolé nous assiègent de toutes parts.
Sauvageot curé de Monceaux et chapelin de St blaise[1]


Notes et références

Notes

  1. septembre

References

  1. Archives du la paroisse du 1er septembre 1789 aux AD de la Nièvre