Révolution-sociétés populaires

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Un document de Danièle Alice Daniel où vous pourrez retrouver, avec un peu de chance, une description d'un de vos ancêtres à Billy sur Oisy en 1794.

Les sociétés populaires - Introduction

Le développement des sociétés populaires est typique de l’époque révolutionnaire. Certains historiens ont essayé de montrer les liens existants entres les sociétés populaires de la Révolution et les sociétés de pensées telles qu’elles existaient à la fin de l’Ancien Régime. Ces liens existant traduisent le développement de la sociabilité politique. Par contre, il y a eu des ruptures car le propre de ces sociétés populaires est d’avoir été mangé par des phénomènes de scission du processus révolutionnaire.

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La tendance générale est dans le sens d’une réduction de la diversité de ces sociétés populaires car à l’époque de la Convention et de la dictature Jacobine, c’est la société des Jacobins de Paris qui a réussi à supplanter toutes les autres sociétés populaires. Cette société est dominée elle même par les Montagnards, par les révolutionnaires et toutes les sociétés populaires locales seront liées par un mécanisme d’affiliation à la société mère de Paris.

A partir de là sont diffusés à toutes les sociétés affiliées les différents mots d’ordre révolutionnaire qui sont appliqués localement. Les sociétés populaires diffusent les mêmes mots d’ordre. Les sociétés populaires ont localement assez souvent la possibilité d’utiliser la presse c'est à dire la seule presse autorisée : le Journal Révolutionnaire. Les représentants en mission s’appuient sur ces sociétés quand il s’agit d’épurer le personnel administratif local, et de plus les administrations municipales demandent l’avis de ces sociétés.


Dans le canton de Clamecy

Depuis l’année 1793 et pendant toute l’année 1794, les nombreuses Sociétés Populaires jouent un rôle déterminant dans la vie quotidienne des français. En pleine période de Terreur, ses membres ont souvent débordé d’activités comme en témoigne la quantité de correspondance échangée à cette période dans toutes les régions françaises vers les Comités de Salut Public et de Sûreté Générale. Au fait de tout ce qui se passait à Paris, à Nevers et bien entendu à Clamecy, la Société populaire de Billy et d’Oisy a essayé de s’adapter aux événements. A Clamecy et à Paris les actions des Sociétés Populaires sont turbulentes et néfastes, la plus grande partie des excès de toutes sortes commis pendant la terreur trouvent leurs sources au sein des sociétés populaires.

Un fond documentaire, archivé en partie à la mairie de Billy et en partie à Clamecy, nous permet d’assister à une séance d’épuration de la société populaire de Billy-sur-Oisy et d’Oisy le 14 mai 1794. 8 personnes se réunissent et dénoncent leurs membres à la vindicte populaire, les condamnant, non pas à la prison, à l’échafaud ou quelqu’autre monstruosité, mais à être «rayé de dessus le tableau» pour quelques décades (ce qui ne peut qu’arranger les «condamnés» à qui il est essentiellement fait reproche d’être absents aux réunions).

Les traits de caractères, probablement à peine grossis, permettent d’appréhender un peu nos ancêtres Billycois, plus « bons vivants » que révolutionnaires, un peu bigots, aimant bien le vin, plus préoccupés de leurs récoltes que de politique, ils sont qualifiés de paresseux ou de lâches et le maître d’école, qui écrit le compte rendu de la réunion, les gourmande plus qu’il ne les condamne. En 1794 près de la moitié des habitants mâles de Billy étaient inscrits ou demandaient à être inscrits à la société populaire (y compris le brave curé). Il n’en est rien sorti de notable ou de dramatique.

Ce procès verbal n’a d’autre intérêt, finalement, que de nous faire une petite description de quelques habitants de Billy, d’Oisy, ou de Varzy, qui se réunissaient dans le Temple de la Raison en 1794 pour écouter lire «les nouvelles» de Clamecy, de Nevers, de Paris et d’ailleurs.

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Sociéte populaire de Château Chinon - 1793

Adresse de la Société populaire de Château Chinon à la Convention nationale - 21 septembre 1793

Citoyens représentants,
Le grand caractère que vous avez déployé dans les journées mémorables des 31 mai, 1er et 2 juin a de nouveau sauvé la patrie : Des scélérats éloquents sous le masque des vertus, entravaient votre marche : le décret dont vous les avez frappés a mis leur perfidie en évidence. Qu'ils soient donc promptement jugés et punis.
Vous nous avez donné une constitution républicaine ; elle est le fruit des travaux des grands hommes de tous les siècles. Restez à votre place, représentants, et ne le quittez, malgré les murmures des malveillants et leurs sourdes menées, que, lorsque ce chef-d'oeuvre de l'esprit, cette base des lois reposera d'une manière inébranlable sur la terre de la liberté.br> Représentants, Château Chinon est le nom de notre ville ; elle est située sur une montagne entourée d'autres montagnes, nous sommes donc des montagnards à cause de ce territoire et nous le sommes aussi dans le sens de la Révolution. La première partie du nom de notre ville nous déplait, parce qu'il est tiré de la hideuse féodalité : décrétez, représentants, que la ville de Château Chinon portera dorénavant le nom de Chinon la Montagne. Ce nouveau nom qui convient assez à la situation de notre ville nous sera d'autant plus cher qu'à jamais il nous rappelera et à nos descendants les travaux de cette patrie de la Covention qui sauva la République, et que chaque jour, il nous fournira l'occasion de nous écrier, en signe de reconnaissance : Vive la Sainte Montagne.
Richou, président
Boivin, secrétaire
Rolot, secrétaire
Château Chinon, le 21 septembre 1793, l'an II de la République française, une et indivisible

  • Source : wikisource. André Paris - la Révolution vécue en Morvan dans le District de Château Chinon : De la Convention Girondine au Gouvernement révolutionnaire organisé. Septembre 1792 Décembre 1793 (3ème partie) Bulletin n°69 de l'Académie du Morvan, 37ème année 2010. et d'après les Archives parlementaires 1, série 75, du 23 Septembre au 3 octobre 1793. Texte relevé aux Archives Nationales; usuels 27D
  • Transcripeur : Mabalivet (discussion) 18 avril 2020 à 14:16 (CEST)

Sociéte populaire de Château Chinon - 1793

Adresse de la Société populaire de Château Chinon à la Convention nationale - 21 septembre 1793

Citoyens représentants,
Le grand caractère que vous avez déployé dans les journées mémorables des 31 mai, 1er et 2 juin a de nouveau sauvé la patrie : Des scélérats éloquents sous le masque des vertus, entravaient votre marche : le décret dont vous les avez frappés a mis leur perfidie en évidence. Qu'ils soient donc promptement jugés et punis.
Vous nous avez donné une constitution républicaine ; elle est le fruit des travaux des grands hommes de tous les siècles. Restez à votre place, représentants, et ne le quittez, malgré les murmures des malveillants et leurs sourdes menées, que, lorsque ce chef-d'oeuvre de l'esprit, cette base des lois reposera d'une manière inébranlable sur la terre de la liberté.br> Représentants, Château Chinon est le nom de notre ville ; elle est située sur une montagne entourée d'autres montagnes, nous sommes donc des montagnards à cause de ce territoire et nous le sommes aussi dans le sens de la Révolution. La première partie du nom de notre ville nous déplait, parce qu'il est tiré de la hideuse féodalité : décrétez, représentants, que la ville de Château Chinon portera dorénavant le nom de Chinon la Montagne. Ce nouveau nom qui convient assez à la situation de notre ville nous sera d'autant plus cher qu'à jamais il nous rappelera et à nos descendants les travaux de cette patrie de la Covention qui sauva la République, et que chaque jour, il nous fournira l'occasion de nous écrier, en signe de reconnaissance : Vive la Sainte Montagne.
Richou, président
Boivin, secrétaire
Rolot, secrétaire
Château Chinon, le 21 septembre 1793, l'an II de la République française, une et indivisible

  • Source : wikisource. André Paris - la Révolution vécue en Morvan dans le District de Château Chinon : De la Convention Girondine au Gouvernement révolutionnaire organisé. Septembre 1792 Décembre 1793 (3ème partie) Bulletin n°69 de l'Académie du Morvan, 37ème année 2010. et d'après les Archives parlementaires 1, série 75, du 23 Septembre au 3 octobre 1793. Texte relevé aux Archives Nationales; usuels 27D
  • Transcripeur : Mabalivet (discussion) 18 avril 2020 à 14:16 (CEST)

Procès-verbal

Cejourd’hui 5 prairial an 2e de la République France une et indivisible et impérissable, les citoyens Louis Pautrat, Jacques Logé, Jean Pautrat, Jean Caillat l’ainé, Guillaume Cerceau, Lazare Devilliers, de la commune de Billy, et les citoyens Pierre Darlet et Etienne Badin de la commune d’Oisy, réunie à celle de Billy pour la société populaire, tous frères de la dite société, choisis dans les séances des 20 et 30 floréal dernier, duement enregistrées et inscrites au registre de la société, à effet de procéder et faire l’épuration de tous les frères de la susdite société. Les citoyens sus-nommés, s’étant réunis cejourd’hui 5 prairial présent mois dans le temple de la raison de la commune de Billy, lieu où se tiennent les séances de ladite société, à effet de faire ladite épuration, conformément aux pouvoirs qui nous sont délégués par nos frères. La séance s’est ouverte par des hymnes patriotiques et des cris de Vive la République ! Vive la Liberté ! Vive la Montagne ! et mille fois répétés ces mots si chers aux yeux des républicains. Je me borne alors, frères et amis, dans ce moment à chanter avec vous d’une voix unanime ces vérités si douces et aimables : amour sacré de la Patrie, conduis, soutiens nos bras vengeurs ! Liberté liberté chérie, combat avec tes défenseurs sous nos drapeaux que la Victoire accourt à tes mâles accents, que tes ennemis expirans voient ton triomphe et notre gloire ! ensuite on a procédé à la nomination d’un président. La majeure partie des témoignages est tombée sur le citoyen Guillaume Cerceau. De suite il a été procédé à la nomination d’un secrétaire-greffier. La majeure partie des suffrages est tombée sur moi citoyen Pierre Darlet. Et à l’instant ces citoyens ont pris séance.

On a commencé par l’examen d’épuration du citoyen Edme Oudry fils d’Edme. Après un mûr examen, il a été reconnu pour être un bon patriote et il est admis à la société.

De suite on a passé à l’épuration du citoyen François Rollin, fils de Jacques. Le dit Rollin est accusé d’avoir tenu des propos qu’il a entendu dire du citoyen François Dufour et de ne pas avoir fait le devoir d’un vrai républicain à ce sujet. Il est accusé d’être un grand amateur de toutes sortes de paroles et un grand parleur et d’avoir des paroles nuisibles dans la bouche d’un bon républicain. En conséquence le dit Rollin est suspendu de la société pendant trois décades.

Ensuite on a passé à l’épuration du citoyen Jean Gauthier d’Oisy. Il est reconnu que le dit Gauthier est un citoyen à deux visages, qu’il est variable dans des circonstances envers ses frères. Nous avons jugé dans notre sagesse, que le dit Gauthier serait privé de la société pendant trois décades et que, après les trois décades, ledit Gauthier sera admis à la société avec la promesse qu’il fera de ne plus retomber dans de pareilles fautes.

Ensuite on a passé à l’épuration du citoyen Edme Bonnotte. Nous faisons reproche audit Bonnotte qu’il est un lâche, qu’il s’est fait inscrire et recevoir au nombre des frères de la société, que ce n’est pas seulement pour porter le titre d’être membre d’une société. il est admis sous cette condition là d’assister aux séances de la société populaire, sinon il sera rayé de sur le tableau.

Le citoyen Edme Surugues, d’Oisy. Nous avons examiné que c’est un citoyen qui n’a aucun goût pour assister à la société populaire ; que c’est un grand parleur ; qu’il ne fait pas attention à tout ce qu’il dit ; quelquefois, en parlant aux citoyens, il leur donne des paroles très indécentes. Nous lui enjoignons d’être plus modéré à l’avenir sur ses paroles et nous l’admettons à la société.

Le citoyen Claude Gonat. Nous avons remarqué qu’à la dernière décade, il a fait imposer silence au président, en lui disant qu’il parlait beaucoup, qu’il répétait toujours la même chose, qu’il empêchait aux frères de parler et qu’il le priait de se taire, ce qui n’est pas dans les règles ni dans les formes des sociétés, surtout quand un présidant embellit et ajoute des mots à des motions si importantes que celles qu’il applaudissait et qui étaient applaudies par tous les frères de la société. Nous avons remarqué que ledit citoyen Gonat n’avait pas demandé la parole et qu’il ne savait pas la nécessité de cette motion si appuyée par nos frères. Mais vous observerez frères et amis, que ce qui l’a fait parler, c’était pour éloigner les esprits du peuple contre la haine des ci-devant curés, attendu que son oncle en est un. Car le citoyen président n’avait aucune intention que de faire connaître au peuple l’intérêt, l’ambition, l’orgueil, la paresse, le fanatisme de tous les ci-devant prêtres que tout républicain doit regarder avec des yeux d’indignation. En conséquence, ledit citoyen Gonat sera privé de la société jusqu’au moment que celle-ci se soit instruite de sa conduite auprès de nos frères de Varzy. Nous avons remarqué en outre qu’il n’est point assidu à son poste, en sa qualité de maire, une place si sacrée, si importante à remplir ne doit pas être si souvent vacante, surtout dans des fonctions si importantes.

Le citoyen Babou, ci-devant curé de Billy. Nous le reconnaissons pour un bon citoyen, mais nous demandons à nous instruire si les ci-devant curés doivent être admis aux sociétés populaires.

Le citoyen Jean Desnoyers, administrateur, est admis à la société d’une voix unanime.

Le citoyen Brutus Roux. Nous avons remarqué que depuis un certain temps, il n’a pas assisté aux séances de la société, surtout depuis qu’il a adopté le nom de Brutus, notamment dans les séances de la municipalité. Il est admis à la société, mais il est incité à être plus exact.

Edme Peschery, le jeune. Nous avons remarqué que, lorsqu’il vient en séance, il a toujours soin de boire un coup avant d’y venir : cela lui donne une activité pour parler. Admis à la société.

Nicolas Oudry est admis à la société d’une voix unanime.

Charles Devilliers. Il a été remarqué que ledit Devilliers a des enfants qui sont insolents, qu’ils ont dit des injures à la municipalité de Billy. Cela n’est pas les vrais principes d’un père qui doit donner toutes remontrances à ses enfants. Nous espérons que ce peu de mots lui fera faire attention à leur conduite. Il est admis à la société.

Le citoyen Pierre Surugues, dit Gaillon, d’Oisy. Ce citoyen a donné des preuves de civisme mais il a encore des marques de fanatisme. Nous le prions de se corriger dans les plus brefs délais. Admis à la société.

Le citoyen Pierre Desnoyers. Il est connu par tous les bons citoyens qu’il est un lâche, qu’il néglige son travail, qu’il est un grand buveur, ce qui fait un tort considérable à sa maison. Non seulement de ça, il est un paresseux dans tout ce qui lui est confié : pour une bouteille de vin, il promet de faire bien des choses ; quand il l’a dans le ventre, il n’y pense plus, et ce n’est pas agir en vrai républicain. Nous le privons de la société pendant trois décades.

Le citoyen Emile Oudin, fils de Nicolas, est admis à la société.

Le citoyen Jacques Rollin est admis à la société.

Le citoyen Jacques Petitjanot. Nous lui reprochons qu’il est un paresseux, qu’il vient très rarement aux séances. Cependant nous l’admettons à la société.

Le citoyen Marc Surugues, d’Oisy. Depuis qu’il a été admis à la société il n’a assisté aux séances que très rarement. Il est privé de la société pendant trois décades.

Le citoyen Claude Pechery est admis d’une vois unanime.

Le citoyen Mathieu Sellier est admis d’une vois unanime.

Le citoyen Fiacre Dufour est admis d’une vois unanime.

Le citoyen Edme Loiseau. Depuis qu’il a été admis à la société, nous croyons qu’il n’a pas assisté une seule fois à son poste, malgré l’arrêté que nous avons pris que celui qui manquerait trois décades serait rayé de dessus le tableau. Il est privé pendant trois décades, et à défaut de ne pas reparaître, il sera rayé de dessus le tableau. Il sera rayé pour toujours et regardé comme un paresseux et un lâche.

Le citoyen Edme Charrié. Nous vous observons frères et amis, que la négligence qu’il manifeste pour venir à la société n’est pas pardonnable, attendu qu’il demeure si proche du Temple de la raison. C’est un citoyen qui n’a aucun goût pour entendre lire les nouvelles et les lois. Cependant, nous ne le regretterons pas dans ce moment. Pour ses peines, il sera privé de la société pendant trois décades.

Le citoyen Edme Linard. Quels reproches ne peut-on pas lui faire ? c’est un citoyen qui vient quelquefois à la société. Il y parait un petit moment, et puis il dit : Bath ! allons-nous en boire un coup, cela vaudra mieux, cela nous portera plus de profit au corps ! Est-ce ainsi qu’un citoyen doit parler ? est-ce ainsi que les vrais amis de la République doivent se conduire ? Non, non mes amis il faut rester à son poste jusqu’à la fin. Pour ses peines ledit citoyen Linard sera privé de la société pendant deux mois.

Le citoyen François Leplat est admis d’une vois unanime.

Le citoyen Jean Dapoigny est admis d’une vois unanime.

Le citoyen Jacques Dufour ne peut être regardé que comme tous les autres paresseux et lâches. Il ne vient que très rarement à la séance. Pour sa pénitence il en sera privé pendant trois décades.

Le citoyen Jacques Oudry est admis à la société d’une voix unanime.

Le citoyen Mathieu Pautrat, quoiqu’il aime à boire le petit coup, il est admis à la société.

Le citoyen Jean Lélu. Ah ! mes chers amis, quelle peine ne peut-on pas donner à un citoyen qui est un plaideur, un chicanier, un chercheur de têtes de loup! ce citoyen cherche toutes les chicanes à son beau-père. Peut-on voir une pareille cruauté de persécuter nos plus proches parents ? Cependant, nous espérons qu’il voudra bien revenir de toutes des querelles-là mais pour ses peines il sera privé pendant deux mois de la société.

Le citoyen Jacques Berrier. Il est connu que ce citoyen a donné sa démission d’officier municipal. Il a refusé de remplir ses fonctions auxquels les frères de la société l’avaient nommé. Cette sorte de conduite donne des preuves d’insouciance envers le bien de la chose publique. Ce citoyen a cependant donné des preuves de civisme, mais il parait qu’il se relâche aujourd’hui. Ce n’est pas ça être patriote inébranlable et impérissable. Ce sont ces patriotes qui sont encore dans le doute ! Ah ! mes amis ne balancez pas un moment à vous mettre sous les yeux ce serment sacré que nous avons tous jurés : Vivre libres ou mourir ! Pour sa peine il sera privé pendant six décades de la société.

Le citoyen Louis Girault, de Paroy (hameau d’Oisy). Eh bien ! chers frères et amis, qu’est-ce que je vous dirai de ce citoyen ? c’est un rouleur de procès et de chicanes ! quant il a accommodé une affaire et qu’il voit, quelques temps après, qu’elle n’est pas tout à fait à son avantage, il cherche à se dédire. Est-ce là agir en vrai patriote ? Non, non mes amis ! lorsqu’un citoyen honnête a donné sa parole, qua,d il y aurait cent louis à gagner, il ne doit pas la retirer. N’a-t-il pas été envieux quelquefois ? Oui ! Ah ! mes amis, terrible chose que l’envie. Ne vous laissez pas gagner par elle ! la punition que nous donnons à ce citoyen Girault, c’est d’être privé de la société pendant trois décades.

Le citoyen Nicolas Nicolle. Ah ! le brave sans-culotte ! il est admis à la société d’une voix unanime.

Le citoyen Jean Vildé, meunier à Oisy. Qu’est-ce que je vous dirai de ce citoyen ? je vous dirai qu’il s’est toujours montré depuis notre heureuse Révolution, par conséquent il est admis à la société.

Le citoyen Fiacre Mercier. C’est un citoyen qui n’est pas dangereux, parce qu’il est toujours malade, malheureusement pour lui. Nous avons reconnu son bon patriotisme ; en conséquence il est admis à la société populaire.

Le citoyen Charles Boutron. Vous savez chers frères et amis, qu’il a paru dans la société sans avoir de cocarde qui est la marque distinctive des vrais républicains envers les aristocrates. Avec cela il est paresseux. Cependant il est admis à la société.

Le citoyen Edme Bonhomme. Qu’est-ce qu’on peut représenter à ce citoyen? 1° c’est un citoyen qui aime le vin à la folie ! quand les séances se tiennent il s’en vient avec une pointe de vin dans la tête ce qui est indécent et contraire à la bienséance due aux corps constitués ; 2° il ruine sa santé et le peu de revenu qu’il peut avoir. Ce n’est pas aimer sa femme, ses enfants, parce qu’il mange tout ce qu’il pourrait serrer à ceux-ci. Pour tous ces faits et d’autres que nous ne connaissons pas, il sera privé de la société pendant trois décades.

Le citoyen Thomas Pinon. Nous avons vu avec peine de la manière et de la posture qu’il tient losqu’il est en séance : il y parait avec un air tout indifférent ! Ah ! mes amis, qu’il est beau, pour un républicain, de paraître en société avec une posture honnête. Lorsqu’on est en séance, on ne doit pas faire attention qu’à ce qui se dit, afin d’être dans le cas de raisonner juste ; ne pas faire comme ces citoyens qui entendent d’une façon et répètent de l’autre, et cela faute d’avoir fait attention ! nous jugeons que, pour la peine de ces fautes, il sera privé de la société pendant une décade.

Le citoyen Edme Louzon. Comment peut-on regarder ce citoyen qu’avec des yeux d’indignation. Il s’est permis d’arrêter les subsistances de nos frères de Clamecy et même d’avoir fait sonner le tocsin pour mettre tous les citoyens de la commune à l’alarme. Il sera suspendu de la société jusqu’au moment qu’il se soit justifié.

Le citoyen Charles Fey. Ce citoyen a une culpation et une dénonciation faite contre lui : il est renvoyé de la société jusqu’à ce qu’il se soit lavé de la dénonciation faite contre lui.

Le citoyen Edme Rigault est admis à la société d’une voix unanime.

Le citoyen Claude Parault. Quelle faute a-t-il donc faite, lui ? ce citoyen s’est permis de tenir des propos indécents envers le corps municipal de sa commune. Pour ses peines il sera privé pendant trois décades de la société.

Le citoyen Jacques Surugues est un paresseux pour l’assemblée. Il est admis à la société.


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Ah ! mes bons amis, combien les citoyens ne connaissent pas quel mal ils font lorsqu’ils manquent de respect aux corps constitués, en mal parlant d’eux ! c’est vouloir ôter toute la confiance que les citoyens pourraient avoir auprès des autorités constituées. Renier à la probité d’une municipalité c’est manquer du respect que l’on doit aux lois, c’est manquer à la Convention même ! ah ! mes amis, qu’il est beau pour des citoyens de se réunir tous ensemble sous le drapeau de la liberté !

Comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, oui, oui, mes amis, réunissons-nous tous ensemble dans ce Temple de la Raison pour y chanter des hymnes patriotiques en l’honneur de l’Etre suprême, c’est de lui que nous tenons tous nos bienfaits ; c’est lui qui nous a toujours protégés pour vaincre nos ennemis et il nous protégera toujours. Et d’après toutes ces bonnes précautions que nous prendrons, nous pourrons crier d’une vois unanime : Vive la république ! Vive la Montagne !

Fin de la réunion des « accusateurs » finalement pleins d’indulgence. La Société Populaire ne comprenait que 6 Billycois et 2 Oueïtats.

Procés-Verbal à Billy-sur-Oisy rédigé par Pierre Darlet, secrétaire de la réunion et de la commune d’Oisy. (maître d’école que les évènements ont amené à Oisy et ramèneront vers Etais (Yonne), d’où il semble originaire, à la suite).

Pas bien méchants les révolutionnaires des cantons d’Oisy et de Billy. Bon nombre de personnes sont nommées en cette séance d’épuration, dont, entre autres, le maire de Varzy et le curé de Billy. On y apprend que le maire de Varzy n’assure pas souvent ses fonctions. Quant au curé de Billy : Babou ou Babon (selon les documents) il s’agit de Jean-Chrysostome Babou qui s’était présenté le 3 mars 1789, à l’issue d’une assemblée des habitants, qui s’étaient réunis pour la rédaction du cahier de doléances et de plaintes pour la paroisse de Billy sur Oisy en vue de la convocation des états généraux. Il avait alors déclaré aux habitants qu’il se joignait à eux pour « approuver leurs plaintes et doléances, demandes et supplications, suppliant le Seigneur de leur donner tout le succès désirable pour la gloire de Sa Majesté et le bonheur de l’Etat ».. A la suite il demande donc à faire partie de la Société populaire de Billy et Oisy.

Annexe: extrait d'un cahier de doléances de Billy sur Oisy

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Signatures de Nicolle x2 ; Louzon ; Pautrat ; Tripet ; Peschery ; Berrier x2 ; Oudry x2 ; Desnoyers ; Pinon ; Caillat ; Dufour x2 ; Logé etc