« Révolution-création département » : différence entre les versions

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Un article de Jean François MEUNIER


L'idée de la création des départements est celle de l'harmonisation et de l'uniformisation des structures juridiques et administratives du royaume de France. Si l'ancien régime s'accomodaient facilement des enclaves et autres lois particulières et privilèges locaux, le nouveau n'en veut plus. Il faut donc modifier l'organisation régionale du pays. Laissons de côté les idées farfelues à base géométriques, tels les départements carrés, et intéressons-nous à la formation de la Nièvre.

La première question est de délimiter les limites du territoire. Une tradition veut que le département soit l'héritier du duché de Nevers, ce qui est à la fois juste et faux. Juste car la majeure partie du duché se retrouve dans le département, avec le même chef-lieu, même si quelques petits morceaux ont été détachés. Faux car la partie Nord-Ouest, le Donziais et la Puisaye ne lui appartenaient pas.

Auxerre a réclamé justement cette partie nord-occidentale au nom de l'ancienneté de son appartenance à son diocèse. Clamecy s'est plaint de la difficulté de ses relations avec Nevers et souhaitait rester dans l'orbite auxerroise. Mais elle est rattachée à Nevers, ainsi que la paroisse de Pousseaux.

Les députés de l'Autunois, déçus de leur rattachement à la vallée de la Saône, bien éloignée, aurait voulu un département du Morvan avec Luzy et Château-Chinon, mais cette dernière a préféré Nevers à Autun. Le 27 décembre 1789, une réunion entre députés de la Bourgogne et députés du Nivernais a réglé le problème des enclaves bourguignonnes en Nivernais (mais Mennessaire est restée une enclave de Côte-d'Or entre Nièvre et Saône-et-Loire). Alligny-en-Morvan et Moux sont restées nivernaises.

La partie nord de l'ancien Bourbonnais entre Loire et Allier est rattachée à Nevers, avec les enclaves bourbonnaises de Sermoise et Imphy, et la partie sud est donnée à l'Allier. Quelques litiges ont lieu, par exemple entre St-Seine et Maulaix (Nièvre) d'une part et Cronat (Saône-et-Loire) d'autre part, ou entre St-André-en-Morvan (Nièvre) et Island (Yonne).

A l'Ouest on considère que l'Allier puis la Loire doivent constituer la limite naturelle du département. Du coup, quelques communes berrichonnes, autrefois du duché, sont aujourd'hui incluses dans le Cher, malgré leurs réclamations (Cours-les-Barres, Cuffy, Apremont, etc., jusqu'à la vallée de l'Aubois). La Charité fait réclamation, mais une première décision provisoire la fait nivernaise le 8 janvier 1790, le rattachement définitif étant prononcé le 16 suivant.

Le plus curieux de ces litiges est celui qui a lieu en 1791 au sujet des habitants du village de "la Magdelaine", paroisse de La Celle-sur-Loire. Bien que sur la rive gauche du fleuve, ils ont été rattachés à La Celle, souvent inaccessible à cause des excès de l'eau. Ils demandent donc leur rattachement à Léré, département du Cher, ce que la municipalité de La Celle refuse considérant qu'il s'agit pour eux d'échapper aux impôts dûs. Mais le district de Cosne donne son accord le 23 avril 1791 (entériné par l'Assemblée nationale le 19 juillet suivant). La dénomination officielle est décidée le 25 mars 1790 : le département créé s'appelle enfin "la Nièvre", bien qu'un premier projet était "Source d'Yonne".

Le département est divisé en 9 districts : Nevers, St-Pierre-le-Moûtier, Decize, Moulins-Engilbert, Château-Chinon, Corbigny, Clamecy, Cosne, La Charité. Au fil du siècle suivant, certains de ces districts vont disparaître : La Charité, Corbigny, Moulins-Engilbert, Decize et St-Pierre-le-Moûtier deviennent simples chefs-lieux de cantons.


Sources: A.-M. Chagny-Sève, "La création du département de la Nièvre", Du Nivernais à la Nièvre, Etudes révolutionnaires, t.II, 1986 - P. Meunnier, La Révolution dans la Nièvre, rééd. Horvath, 1988.