Pierres des morts

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Introduction

La pierre des morts serait un type de monument typique de l'Auvergne et du Forez, encore utilisé jusqu'à la fin du XIXe siècle. D'après une théorie développée par Marcel Baudouin, que ne documente aucune archive que ce soit, les familles habitant dans les jasseries [1] devaient souvent descendre leurs morts sur le dos ou dans un cercueil jusqu'au village le plus proche afin que ceux-ci soient enterrés chrétiennement. Les prêtres n'étant pas toujours présents, il était prévu de grandes pierres carrées, sortes d'autels, sur lesquelles les porteurs déposaient le mort. Le prêtre prenait alors possession du mort à son retour, quelques jours plus tard (alerté par les odeurs ou par les plaintes des voisins), afin de l'enterrer suivant le rite catholique. Les familles et les porteurs étaient alors déjà retournés aux jasseries afin de continuer à s'occuper des bêtes. La plupart de ces témoignages d'une époque oubliée ont été détruits ou ont fini comme remblai pour des routes comme la pierre des morts de Saint-Anthème et témoignent d'un culte des morts aujourd'hui hélas disparu. [2]

Les pierres des morts en Nivernais

Il y en a de deux sortes : les pierres d'attente et les pierres de repos.

Pierres d'attente

Ces premières, placées ordinairement à la porte des églises, sont des sortes de tables sur lesquelles on dépose le cercueil, en attendant que le prêtre vienne faire la levée du corps. Les secondes se trouvent le long du chemin suivi par le convoi, généralement à un carrefour et au pied d'une croix. On y place le cercueil, pour permettre aux personnes qui attendent le cortège de jeter de l'eau bénite au défunt, et surtout pour donner aux porteurs le temps de souffler un peu ou de se relayer. Ces monuments, qui intéressent à la fois l'archéologie et le traditionalisme religieux, disparaissent de jour en jour. Parfois, des pierres des morts disparaissent à la suite de travaux de voirie (nivellement de la place qui entoure l'église), comme à Millay. D'autres meurent de vieillesse, comme celle de Cercy-laTour, qui est tombée de vétusté. D'autres, enfin, sont supprimées parce que l'usage du corbillard ou de la civière les rend inutiles. On n'est pas bien fixé sur l'origine des pierres des morts. De ce que certaines portent des cupules néolithiques, comme en Vendée, on a conclu, un peu vite, qu'elles avaient une origine préhistorique. Il est possible qu'on ait pris comme pierre de repos la première roche venue, sans s'occuper si elle avait été utilisée antérieurement, ou peut-être même à cause de cela, comme on prend parfois d'anciennes pierres tumulaires; mais rien ne prouve qu'il y ait eu substitution directe d'un culte à un autre. Ce qui est certain, c'est que les pierres des morts apparaissent avec les premières églises chrétiennes. On en voyait autrefois devant toutes les vieilles églises romanes. Il est plus rare d'en trouver auprès des églises gothiques, et il est inutile d'en chercher devant les églises de construction récente, à moins qu'elles n'y aient été apportées, comme à Dun-les-Places, d'un ancien temple désaffecté. Les pierres d'attente sont placées soit devant l'église, de 3 à 10 mètres du portail, comme à Crux-la-Ville, à Colméry, à Montigny-sur-Canne, à Neuville-les-Decize, à Savigny-Poil-Fol, à Villapourçon, etc. soit à droite du porche, comme à Chantenay, à Chougny, à Lanty, à Saint-Parize-le-Châtel; soit à gauche, comme à Bouhy, à Marzy, à Mhère, à Sémelay; soit à proximité d'une porte latérale, quand cette porte sert d'entrée principale, comme à Dun-sur-Grandry, à Saint Martin-d'Heuille soit derrière l'église, par suite, sans doute, d'un changement d'orientation de cette dernière, lors d'une reconstruction postérieure, comme à Cossaye; soit à l'entrée extérieure du cimetière, lorsqu'il est attenant à l'église, comme à Fléty; soit, enfin, à une certaine distance de l'église, de 50 à 100 mètres, comme à Montsauche et à Préporché quelquefois même à l'entrée des villes, comme à Nevers et à Clamecy.

Alligny en Morvan
Dampierre sous Bouhy
Gâcogne
  1. vient de « jas », un terme provençal signifiant « gîte » et servant à désigner les grandes bergeries construites à l'écart des fermes et hameaux, au milieu des terres de dépaissance. Souvent les jas sont bâtis en pierres sèches. (Wikipedia)
  2. source Wikipédia