« Pierres des morts » : différence entre les versions

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|[[Image:Dun sur Grandy pierre des morts.gif|thumb|center|<center>Fig 5: Dun sur Grandy</center>]]
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Les monuments les plus communs sont ceux qui sont soutenus par quatre piliers (Colméry, Crux-la-Ville, Fléty, Mhère, Saint-Parize-le-Châtel, etc.).  
Les monuments les plus communs sont ceux qui sont soutenus par quatre piliers (Colméry, Crux-la-Ville, Fléty, Mhère, Saint-Parize-le-Châtel, etc.).  
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Quelques pierres sont sculptées ou gravées. Parfois, comme à Chantenay (fig. 1), les supports de la table sont également sculptés.  
Quelques pierres sont sculptées ou gravées. Parfois, comme à Chantenay (fig. 1), les supports de la table sont également sculptés.  
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|[[Image:Chantenay Saint Imbert pierre des morts.gif|thumb|center|]]
|[[Image:Chantenay Saint Imbert pierre des morts.gif|thumb|center|<center>Fig 1: Chantenay</center>]]
|[[Image:Crux la Ville pierre des morts.gif|thumb|center|]]
|[[Image:Crux la Ville pierre des morts.gif|thumb|center|<center>Fig 3: Crux la Ville</center>]]
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Les pierres des morts ornées de croix en relief sont excessivement rares. Je n'en connais qu'une dans la Nièvre celle de Crux-la-Ville, qui porte une croix latine à piédestal triangulaire de 5 millimètres de relief (fig. 3).  
Les pierres des morts ornées de croix en relief sont excessivement rares. Je n'en connais qu'une dans la Nièvre celle de Crux-la-Ville, qui porte une croix latine à piédestal triangulaire de 5 millimètres de relief (fig. 3).  
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Sur celle de Montigny-sur-Canne, la plus belle de toutes, se voient deux croix de procession fleurdelisées, dont la partie inférieure est aujourd'hui effacée (fig. 6).  
Sur celle de Montigny-sur-Canne, la plus belle de toutes, se voient deux croix de procession fleurdelisées, dont la partie inférieure est aujourd'hui effacée (fig. 6).  
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|[[Image:Saint Parize le Chatel pierre des morts.gif|thumb|center|]]
|[[Image:Saint Parize le Chatel pierre des morts.gif|thumb|center|<center>Fig 2: Saint Parize le Chatel</center>]]
|[[Image:Montigny sur Canne pierre des morts.gif|thumb|center|]]
|[[Image:Montigny sur Canne pierre des morts.gif|thumb|center|<center>Fig 6: Montigny sur Canne</center>]]
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Les autres gravures rencontrées sur les pierres des morts sont peu nombreuses ( Chougny, Donzy-le-Pré et Saint-Parize-le-Châtel).  
Les autres gravures rencontrées sur les pierres des morts sont peu nombreuses ( Chougny, Donzy-le-Pré et Saint-Parize-le-Châtel).  

Version actuelle datée du 27 mars 2021 à 16:30

Introduction

La pierre des morts serait un type de monument typique de l'Auvergne et du Forez, encore utilisé jusqu'à la fin du XIXe siècle. D'après une théorie développée par Marcel Baudouin, que ne documente aucune archive que ce soit, les familles habitant dans les jasseries [1] devaient souvent descendre leurs morts sur le dos ou dans un cercueil jusqu'au village le plus proche afin que ceux-ci soient enterrés chrétiennement. Les prêtres n'étant pas toujours présents, il était prévu de grandes pierres carrées, sortes d'autels, sur lesquelles les porteurs déposaient le mort. Le prêtre prenait alors possession du mort à son retour, quelques jours plus tard (alerté par les odeurs ou par les plaintes des voisins), afin de l'enterrer suivant le rite catholique. Les familles et les porteurs étaient alors déjà retournés aux jasseries afin de continuer à s'occuper des bêtes. La plupart de ces témoignages d'une époque oubliée ont été détruits ou ont fini comme remblai pour des routes comme la pierre des morts de Saint-Anthème et témoignent d'un culte des morts aujourd'hui hélas disparu. [2]

Les pierres des morts en Nivernais

Il y en a de deux sortes : les pierres d'attente et les pierres de repos.

Pierres d'attente

Ces premières, placées ordinairement à la porte des églises, sont des sortes de tables sur lesquelles on dépose le cercueil, en attendant que le prêtre vienne faire la levée du corps. Les secondes se trouvent le long du chemin suivi par le convoi, généralement à un carrefour et au pied d'une croix. On y place le cercueil, pour permettre aux personnes qui attendent le cortège de jeter de l'eau bénite au défunt, et surtout pour donner aux porteurs le temps de souffler un peu ou de se relayer. Ces monuments, qui intéressent à la fois l'archéologie et le traditionalisme religieux, disparaissent de jour en jour. Parfois, des pierres des morts disparaissent à la suite de travaux de voirie (nivellement de la place qui entoure l'église), comme à Millay. D'autres meurent de vieillesse, comme celle de Cercy-laTour, qui est tombée de vétusté. D'autres, enfin, sont supprimées parce que l'usage du corbillard ou de la civière les rend inutiles. On n'est pas bien fixé sur l'origine des pierres des morts. De ce que certaines portent des cupules néolithiques, comme en Vendée, on a conclu, un peu vite, qu'elles avaient une origine préhistorique. Il est possible qu'on ait pris comme pierre de repos la première roche venue, sans s'occuper si elle avait été utilisée antérieurement, ou peut-être même à cause de cela, comme on prend parfois d'anciennes pierres tumulaires; mais rien ne prouve qu'il y ait eu substitution directe d'un culte à un autre. Ce qui est certain, c'est que les pierres des morts apparaissent avec les premières églises chrétiennes. On en voyait autrefois devant toutes les vieilles églises romanes. Il est plus rare d'en trouver auprès des églises gothiques, et il est inutile d'en chercher devant les églises de construction récente, à moins qu'elles n'y aient été apportées, comme à Dun-les-Places, d'un ancien temple désaffecté. Les pierres d'attente sont placées soit devant l'église, de 3 à 10 mètres du portail, comme à Crux-la-Ville, à Colméry, à Montigny-sur-Canne, à Neuville-les-Decize, à Savigny-Poil-Fol, à Villapourçon, etc. soit à droite du porche, comme à Chantenay, à Chougny, à Lanty, à Saint-Parize-le-Châtel; soit à gauche, comme à Bouhy, à Marzy, à Mhère, à Sémelay; soit à proximité d'une porte latérale, quand cette porte sert d'entrée principale, comme à Dun-sur-Grandry, à Saint Martin-d'Heuille soit derrière l'église, par suite, sans doute, d'un changement d'orientation de cette dernière, lors d'une reconstruction postérieure, comme à Cossaye; soit à l'entrée extérieure du cimetière, lorsqu'il est attenant à l'église, comme à Fléty; soit, enfin, à une certaine distance de l'église, de 50 à 100 mètres, comme à Montsauche et à Préporché quelquefois même à l'entrée des villes, comme à Nevers et à Clamecy.

Dampierre sous Bouhy
Alligny en Morvan
Gâcogne

Pierres de repos

Les pierres de repos se trouvent toujours sur le bord d'un chemin et généralement entre les hameaux et l'église, comme à Cossaye, à Luthenay, à Préporché. Parfois, il y en a aussi entre l'église et le cimetière, si la distance à parcourir est un peu longue et surtout s'il y a un raidillon à monter. Ces monuments sont de formes et de dimensions variées il n'y en a peut-être pas deux qui se ressemblent. Ce sont ordinairement des monolithes plus ou moins dégrossis et taillés en forme de tables rectangulaires (Donzy, Lanty, Montigny-sur-Canne, etc.). Ces tables mesurent de 1 m. 60 à 2 mètres de longueur sur 0 m. 60 à 1 m. 20 de largeur et 0 m. 15 à 0 m. 50 de hauteur. Le plus souvent, les angles sont droits. Ils sont parfois arrondis ou abattus. Une seule pierre, à ma connaissance, celle de Biches, est formée d'une table carrée supportée par un pilier unique. Quelquefois, les tables reposent sur un socle en maçonnerie (Dun-sur-Grandry, Neuville-les-Decize, Semelay, etc.). Les trilithes (banc comme à Verneuil, table comme à Cervon, à Chantenay, à Chougny, à Ougny, à Trucy-l'Orgueilleux, à Villapourçon, etc.), reposant sur deux supports, sont moins rares.. A Marzy, la pierre des morts est supportée par trois traverses, une à chaque extrémité et une au milieu, pour soutenir la table, cassée en deux parties. Celles de Chougny (fig.4) et de Dun-sur-Grandry (fig.5) sont plus étroites aux pieds qu'à la tête et ont vaguement l'aspect de cercueils. Toutes les deux sont bordées d'un congé renversé de 4 centimètres de largeur.

Fig 4: Chougny
Fig 5: Dun sur Grandy

Les monuments les plus communs sont ceux qui sont soutenus par quatre piliers (Colméry, Crux-la-Ville, Fléty, Mhère, Saint-Parize-le-Châtel, etc.). Parfois, la pierre des morts est accompagnée d'un calvaire, comme à Montsauche, à Neuville-les-Decize. D'autres fois, c'est le calvaire qui a remplacé la pierre des morts (Montambert, Préporchë, Saint-Péreuse, etc.). On dépose le cercueil sur l'une des marches du piédestal. Quelques pierres sont sculptées ou gravées. Parfois, comme à Chantenay (fig. 1), les supports de la table sont également sculptés.

Fig 1: Chantenay
Fig 3: Crux la Ville

Les pierres des morts ornées de croix en relief sont excessivement rares. Je n'en connais qu'une dans la Nièvre celle de Crux-la-Ville, qui porte une croix latine à piédestal triangulaire de 5 millimètres de relief (fig. 3). Les pierres décorées de croix gravées ne sont pas non plus bien nombreuses : celle de Saint-Parize-Ie-Châtel présente une croix grecque formée d'un large trait, en sorte qu'on a l'illusion de voir au milieu et en relief une autre croix grecque (fig. 2). Celle de Chougny porte un calvaire à deux marches et celle de Dun-sur-Grandry une grande croix ornée avec piédestal (fig. 5). Sur celle de Montigny-sur-Canne, la plus belle de toutes, se voient deux croix de procession fleurdelisées, dont la partie inférieure est aujourd'hui effacée (fig. 6).

Fig 2: Saint Parize le Chatel
Fig 6: Montigny sur Canne

Les autres gravures rencontrées sur les pierres des morts sont peu nombreuses ( Chougny, Donzy-le-Pré et Saint-Parize-le-Châtel). En publiant un inventaire des pierres des morts de la Nièvre, je n'ai pas la prétention de présenter un travail parfait, ni même complet je ne cite que les monuments qui me sont personnellement connus ou ceux sur lesquels je possède des renseignements précis. Je laisse de côté tous ceux sur lesquels je n'ai pu obtenir que des données incertaines. Les chercheurs futurs pourront, si la question les intéresse, compléter et au besoin rectifier mon étude.


  • Article de A. Desforges, publié en 1920 dans le tome 8 des Mémoires de la Société Académique du Nivernais
  • Saisie : Françoise Braun, mars 2021
  • Publication : Praynal (discussion) 27 mars 2021 à 16:12 (CET)



  1. vient de « jas », un terme provençal signifiant « gîte » et servant à désigner les grandes bergeries construites à l'écart des fermes et hameaux, au milieu des terres de dépaissance. Souvent les jas sont bâtis en pierres sèches. (Wikipedia)
  2. source Wikipédia