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*La Parizys, Marcelle Parisys, ou de son vrai nom Marcelle Josse, était une enfant de l'[[Ass Publique Son histoire|<u>assistance publique</u>]] mise en pension à [[Saint Pierre le Moûtier|<u>Saint-Pierre-le-Moûtier</u>]].<br> En 1856, Napoléon Murena, né en 1856 à Borgotaro, émigré italien, travaille comme charpentier à Paris ; il est veuf et élève deux fils nés en 1882 et 1884. Il épouse en 1885 Marie-Charlotte Josse, lavandière, originaire de Saint-Clet en Bretagne. Marie Charlotte a déjà une fille naturelle, Marie-Jeanne, que Napoléon reconnaît après le mariage. De leur union naît Félicie Murena le 29 décembre 1886 à Paris (19<sup>e</sup>). Napoléon Murena se tue en tombant d’un toit. Après son veuvage, Marie-Charlotte met au monde une troisième fille, Marcelle Josse, le 30 décembre 1893. Puis elle meurt de maladie. Ses trois filles sont placées dans une famille d’accueil à [[Saint Pierre le Moûtier|<u>Saint-Pierre-le-Moûtier</u>]] par l’[[Ass Publique Son histoire|<u>Assistance Publique</u>]] de la Seine.<br> Marcelle Josse quitte très jeune sa famille d'accueil. À 14 ans, elle suit à Paris une troupe de comédiens. Elle débute au Concert Mayol et attire l'attention de Réjane qui la fait engager au Théâtre de Paris puis au Théâtre Sarah Bernardt. Elle se partage entre tour de chant et comédie et paraît après 1918 dans des petits théâtres ; on la voit à la Scala, au Palais Royal, à Marigny, au Casino de Paris, au Théâtre Michel, à la Cigale, à l'Eldorado. Elle joue dans ''la Môme'' en 1922 aux côtés de Sarah Bernardt et dans ''Occupe toi d'Amélie'' à la Scala en 1923. Elle part avec Mistinguett en Amérique du Sud en 1923. Elle joue dans ''La Revue Olympique'' en 1924 et chante la marche populaire des J.O. de Paris, ''Vas-y Léon<small><sup>(1)</sup></small>''.<br> Elle joue ensuite à l'Empire, au Théâtre Antoine, à l'Ambigu et part en tournée à Londres, Rome, Bruxelles, Alger, puis en Egypte jusqu'en 1933. Elle donne la réplique à Fernandel dans le film ''Une Nuit de folie'' en 1934. Marcelle Parisys épouse Robert Trébor, directeur du théâtre Michel et prend sa succession en 1942 jusqu'en 1964. Elle remonte une dernière fois sur les planches en 1964 pour jouer''Les Croulants se portent bien'' ! au Théâtre Michel. Elle décède à Paris (16<sup>e</sup>) le 16 juillet 1986.  
*La Parisys, Marcelle Parisys, ou de son vrai nom Marcelle Josse, était une enfant de l'[[Ass Publique Son histoire|<u>assistance publique</u>]] mise en pension à [[Saint Pierre le Moûtier|<u>Saint-Pierre-le-Moûtier</u>]].<br> En 1856, Napoléon Murena, né en 1856 à Borgotaro, émigré italien, travaille comme charpentier à Paris ; il est veuf et élève deux fils nés en 1882 et 1884. Il épouse en 1885 Marie-Charlotte Josse, lavandière, originaire de Saint-Clet en Bretagne. Marie Charlotte a déjà une fille naturelle, Marie-Jeanne, que Napoléon reconnaît après le mariage. De leur union naît Félicie Murena le 29 décembre 1886 à Paris (19<sup>e</sup>). Napoléon Murena se tue en tombant d’un toit. Après son veuvage, Marie-Charlotte met au monde une troisième fille, Marcelle Josse, le 30 décembre 1893. Puis elle meurt de maladie. Ses trois filles sont placées dans une famille d’accueil à [[Saint Pierre le Moûtier|<u>Saint-Pierre-le-Moûtier</u>]] par l’[[Ass Publique Son histoire|<u>Assistance Publique</u>]] de la Seine.<br> Marcelle Josse quitte très jeune sa famille d'accueil. À 14 ans, elle suit à Paris une troupe de comédiens. Elle débute au Concert Mayol et attire l'attention de Réjane qui la fait engager au Théâtre de Paris puis au Théâtre Sarah Bernardt. Elle se partage entre tour de chant et comédie et paraît après 1918 dans des petits théâtres ; on la voit à la Scala, au Palais Royal, à Marigny, au Casino de Paris, au Théâtre Michel, à la Cigale, à l'Eldorado. Elle joue dans ''la Môme'' en 1922 aux côtés de Sarah Bernardt et dans ''Occupe toi d'Amélie'' à la Scala en 1923. Elle part avec Mistinguett en Amérique du Sud en 1923. Elle joue dans ''La Revue Olympique'' en 1924 et chante la marche populaire des J.O. de Paris, ''Vas-y Léon<small><sup>(1)</sup></small>''.<br> Elle joue ensuite à l'Empire, au Théâtre Antoine, à l'Ambigu et part en tournée à Londres, Rome, Bruxelles, Alger, puis en Egypte jusqu'en 1933. Elle donne la réplique à Fernandel dans le film ''Une Nuit de folie'' en 1934. Marcelle Parisys épouse Robert Trébor, directeur du théâtre Michel et prend sa succession en 1942 jusqu'en 1964. Elle remonte une dernière fois sur les planches en 1964 pour jouer''Les Croulants se portent bien'' ! au Théâtre Michel. Elle décède à Paris (16<sup>e</sup>) le 16 juillet 1986.  
*Entre le théâtre, le cinéma et la chanson, Marcelle Parisys a été l'une des vedettes du music-hall parisien. Elle a côtoyé plusieurs des grands et grandes de l'Entre-deux-guerres.<br> Entre 1924 et 1933 elle enregistre :<br>
*Entre le théâtre, le cinéma et la chanson, Marcelle Parisys a été l'une des vedettes du music-hall parisien. Elle a côtoyé plusieurs des grands et grandes de l'Entre-deux-guerres.<br> Entre 1924 et 1933 elle enregistre :<br>
::Ah, les fraises, les framboises, 1929 (chanson coquine traditionnelle) ;<br>
::Ah, les fraises, les framboises, 1929 (chanson coquine traditionnelle) ;<br>
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*Marcelle Parisys a joué dans neuf films. L'année 1934 est le summum de sa carrière cinématographique puisqu'elle a participé avec Marguerite Moreno au film ''L'Aristo'', et avec Fernandel à ''Une Nuit de folies''. Ses dernières apparitions ont été en 1951 dans le ''Désir et l'amour'' d'Henri Decoin avec Martine Carol dans le rôle principal, et en 1960 dans ''Les Godelureaux'' de Claude Chabrol, avec Bernadette Lafont et Jean-Claude Brialy.<br> Marcelle Parisys se confie à un journaliste :<br> Dans les coulisses du Concert Mayol, boyaux sinueux où même les vedettes ont des loges étroites, nous avons trouvé la joyeuse et charmante Marcelle Parizys en train de se démaquiller, prête déjà, après son succès, à regagner la vie de Paris. C'était entre une matinée et une soirée, un samedi.<br><br> ''Je me dépêche, nous dit en souriant la blonde vedette, car il me faut, avant de venir ici, avant même que j'aille dîner, faire quelques courses pressées. [...]<br>
*Marcelle Parisys a joué dans neuf films. L'année 1934 est le summum de sa carrière cinématographique puisqu'elle a participé avec Marguerite Moreno au film ''L'Aristo'', et avec Fernandel à ''Une Nuit de folies''. Ses dernières apparitions ont été en 1951 dans le ''Désir et l'amour'' d'Henri Decoin avec Martine Carol dans le rôle principal, et en 1960 dans ''Les Godelureaux'' de Claude Chabrol, avec Bernadette Lafont et Jean-Claude Brialy.<br> Marcelle Parisys se confie à un journaliste :<br> Dans les coulisses du Concert Mayol, boyaux sinueux où même les vedettes ont des loges étroites, nous avons trouvé la joyeuse et charmante Marcelle Parisys en train de se démaquiller, prête déjà, après son succès, à regagner la vie de Paris. C'était entre une matinée et une soirée, un samedi.<br><br> ''Je me dépêche, nous dit en souriant la blonde vedette, car il me faut, avant de venir ici, avant même que j'aille dîner, faire quelques courses pressées. [...]<br>
::- ''Comment avez-vous réussi au Music-Hall ?''<br>
::- ''Comment avez-vous réussi au Music-Hall ?''<br>
::- ''Comme ça, c'est venu comme ça... Ne rigolez pas, j'ai été élevée dans un couvent, mais je chantais dans le dortoir : "Ah, c'qu'il est gentil, le p'tit coiffeur" pendant que les sœurs étaient en train de prier à la chapelle... Je chantais bien autre chose encore. Alors on me mettait au cachot, au pain sec et à l'eau. Rien ne pouvait m'empêcher de faire des blagues, car je ne chantais pas par vocation pour le chant, non j'étais aussi punie parce que je jouais au chauffeur, en faisant rouler les lits la nuit.''<br>
::- ''Comme ça, c'est venu comme ça... Ne rigolez pas, j'ai été élevée dans un couvent, mais je chantais dans le dortoir : "Ah, c'qu'il est gentil, le p'tit coiffeur" pendant que les sœurs étaient en train de prier à la chapelle... Je chantais bien autre chose encore. Alors on me mettait au cachot, au pain sec et à l'eau. Rien ne pouvait m'empêcher de faire des blagues, car je ne chantais pas par vocation pour le chant, non j'étais aussi punie parce que je jouais au chauffeur, en faisant rouler les lits la nuit.''<br>

Version du 10 mai 2020 à 16:40

Parisys Marcelle1.jpg
  • La Parisys, Marcelle Parisys, ou de son vrai nom Marcelle Josse, était une enfant de l'assistance publique mise en pension à Saint-Pierre-le-Moûtier.
    En 1856, Napoléon Murena, né en 1856 à Borgotaro, émigré italien, travaille comme charpentier à Paris ; il est veuf et élève deux fils nés en 1882 et 1884. Il épouse en 1885 Marie-Charlotte Josse, lavandière, originaire de Saint-Clet en Bretagne. Marie Charlotte a déjà une fille naturelle, Marie-Jeanne, que Napoléon reconnaît après le mariage. De leur union naît Félicie Murena le 29 décembre 1886 à Paris (19e). Napoléon Murena se tue en tombant d’un toit. Après son veuvage, Marie-Charlotte met au monde une troisième fille, Marcelle Josse, le 30 décembre 1893. Puis elle meurt de maladie. Ses trois filles sont placées dans une famille d’accueil à Saint-Pierre-le-Moûtier par l’Assistance Publique de la Seine.
    Marcelle Josse quitte très jeune sa famille d'accueil. À 14 ans, elle suit à Paris une troupe de comédiens. Elle débute au Concert Mayol et attire l'attention de Réjane qui la fait engager au Théâtre de Paris puis au Théâtre Sarah Bernardt. Elle se partage entre tour de chant et comédie et paraît après 1918 dans des petits théâtres ; on la voit à la Scala, au Palais Royal, à Marigny, au Casino de Paris, au Théâtre Michel, à la Cigale, à l'Eldorado. Elle joue dans la Môme en 1922 aux côtés de Sarah Bernardt et dans Occupe toi d'Amélie à la Scala en 1923. Elle part avec Mistinguett en Amérique du Sud en 1923. Elle joue dans La Revue Olympique en 1924 et chante la marche populaire des J.O. de Paris, Vas-y Léon(1).
    Elle joue ensuite à l'Empire, au Théâtre Antoine, à l'Ambigu et part en tournée à Londres, Rome, Bruxelles, Alger, puis en Egypte jusqu'en 1933. Elle donne la réplique à Fernandel dans le film Une Nuit de folie en 1934. Marcelle Parisys épouse Robert Trébor, directeur du théâtre Michel et prend sa succession en 1942 jusqu'en 1964. Elle remonte une dernière fois sur les planches en 1964 pour jouerLes Croulants se portent bien ! au Théâtre Michel. Elle décède à Paris (16e) le 16 juillet 1986.
  • Entre le théâtre, le cinéma et la chanson, Marcelle Parisys a été l'une des vedettes du music-hall parisien. Elle a côtoyé plusieurs des grands et grandes de l'Entre-deux-guerres.
    Entre 1924 et 1933 elle enregistre :
Ah, les fraises, les framboises, 1929 (chanson coquine traditionnelle) ;
Le Chapeau de Marguerite, 1929 ;
La dac, dac, dactylo, 1931 ;
Quand on est pas riche, 1931, chanson dans la veine réaliste et contestataire ;
et Pourvu qu'mes ch'veux frisent, texte ci-dessous :
Parisys Marcelle2.jpg

À chacun papa d'mandait
Quand j' suis v'nue au monde
Si la fille qu'il désirait
Il la voulait très blonde.
- Qu'aimez-vous mieux, disait-on,
Qu'elle ressemble à sa mère,
Qu'elle ait de tout p'tits petons
Ou un tout p'tit derrière ?
Mon papa dit "Entre nous,
Si son regard n'est pas doux,
Même si elle a un œil qui fait roue libre,
Ça, je m'en fous.

Pourvu qu' ses ch'veux frisent
Et qu' son ventre ne fasse pas d' plis.
L' restant quoi qu'on dise
J' m'en moque, ça m' suffit.
Pour qu'un jour au Chouett'
Elle puisse plaire à Rockefeller,
Tomber Mistinguett,
Ou Raquel Meller,
Je me moque qu'elle soit grande ou p'tite
Ou qu'elle ait l' nez en pied d' marmite.
Pourvu qu' ses ch'veux frisent
Et qu' son ventre ne fasse pas d' plis,
L' restant quoi qu'on dise
Ça doit suffire aussi".

À seize ans un homme chéri
Sut me rendre lâche
En me faisant des chichis
Et des p'tits trucs qu'attachent.
Un jour je m' trouve dans son lit
Toute déshabillée
J' tremblais car j'étais très peu,
Oh, très peu dessalée
J' pensais "J' sais que mes p'tits seins
Sont gentils et s' tiennent très bien,
Mais qu'aime-t-il après tout en moi,
Puisque je n' sais rien ?

Pourvu qu' mes ch'veux frisent
Et qu' mon ventre ne fasse pas d' plis,
L' restant quoi qu'on dise
J' m'en moque, ça m' suffit.
Dois-je parler ou m' taire
Ou l'appeler "Monsieur mon loup" ?
Comme j' sais pas y faire,
Ah, zut, après tout !
Quand y verra que je suis pure,
Y va être très fier, j'en suis sûre.
Pourvu qu' mes ch'veux frisent
Et qu' mon ventre ne fasse pas d' plis,
J'ai posé ma ch'mise
Et ça, ça lui suffit !"

Mais mon amant est parti
Au bout de six s'maines.
Ça n'était pas très gentil
Ça m'a fait de la peine.
Pour m' donner dorénavant,
Je dis "À la vôtre !"
Si les hommes m'aiment à présent
Ben, y paieront pour d'autres !
À mon tour de m'amuser.

Parisys Marcelle3.jpg
  • Marcelle Parisys a joué dans neuf films. L'année 1934 est le summum de sa carrière cinématographique puisqu'elle a participé avec Marguerite Moreno au film L'Aristo, et avec Fernandel à Une Nuit de folies. Ses dernières apparitions ont été en 1951 dans le Désir et l'amour d'Henri Decoin avec Martine Carol dans le rôle principal, et en 1960 dans Les Godelureaux de Claude Chabrol, avec Bernadette Lafont et Jean-Claude Brialy.
    Marcelle Parisys se confie à un journaliste :
    Dans les coulisses du Concert Mayol, boyaux sinueux où même les vedettes ont des loges étroites, nous avons trouvé la joyeuse et charmante Marcelle Parisys en train de se démaquiller, prête déjà, après son succès, à regagner la vie de Paris. C'était entre une matinée et une soirée, un samedi.

    Je me dépêche, nous dit en souriant la blonde vedette, car il me faut, avant de venir ici, avant même que j'aille dîner, faire quelques courses pressées. [...]
- Comment avez-vous réussi au Music-Hall ?
- Comme ça, c'est venu comme ça... Ne rigolez pas, j'ai été élevée dans un couvent, mais je chantais dans le dortoir : "Ah, c'qu'il est gentil, le p'tit coiffeur" pendant que les sœurs étaient en train de prier à la chapelle... Je chantais bien autre chose encore. Alors on me mettait au cachot, au pain sec et à l'eau. Rien ne pouvait m'empêcher de faire des blagues, car je ne chantais pas par vocation pour le chant, non j'étais aussi punie parce que je jouais au chauffeur, en faisant rouler les lits la nuit.
- Alors, votre vocation, c'était d'être un enfant terrible ?
- C'est pour cela. Tenez, ce qui m'a réussi, c'est sans doute que j'ai toujours fait ce qui me plaisait tout simplement, sans avoir le trac. Pendant la guerre, toute seule, je m'ennuyais. J'allais trouver Dupré avec deux chansons achetées à un marchand dans la rue. Je chantais devant lui à une audition comme ça... j'avais 17 ans. Il m'engagea au Concert Mayol pour faire un tour de chant au début du spectacle et un petit rôle dans la revue. Quand je suis entrée en scène, le public a applaudi. J'ai cru qu'on me "mettait en boîte" ou que je perdais mon pantalon. Mais pas du tout, on me trouvait une petite figure rigolote, un air gentil, j'étais sympathique aux spectateurs, ça allait bien ! La seule chose qui m'ennuyait, c'est que mon rôle n'était pas très long. Dans le final, j'arrivais une des premières, je me rangeais sur le côté, toutes les autres arrivaient ensuite, puis comme à l'habitude, la vedette enfin descendait au milieu. Moi je ne pouvais pas rester tranquille. À mesure que mes camarades arrivaient dans mon coin, j'imitais leur entrée et leurs gestes. Évidemment tout le monde me regardait. Un soir, furieuse, la belle Serana m'a giflée sur la scène. Le public prit parti pour, et contre moi ; il y eut un pugilat dans la salle. À la même époque, moi aussi j'ai battu un camarade, le chanteur Nibor, qui voulait me couper mes effets et rentrer en scène sur mes applaudissements.
Mais tout cela ce sont des histoires qui n'ont rien à faire avec la façon dont j'ai mené ma barque. En vérité, l'ai-je menée ou me suis-je laissé mener au gré des flots ? Je crois plutôt que j'ai laissé faire les choses. Ce qu'il faut pour avoir du succès au music-hall c'est une nature et, heureusement, j'en avais une. Avoir une nature, qu'est-ce que c'est en somme ? C'est être sincère. Dans les rôles les plus invraisemblables, les plus excentriques, je me sens à l'aise et je ramène les spectateurs à la vie en m'incarnant en eux. Quand il faut pleurer, les larmes me viennent naturellement aux yeux ; quand il faut rire, je suis secouée de joie. C'est pour cela que j'aime mieux la revue que le théâtre, parce qu'on peut, d'une scène à l'autre, passer du tragique au comique. Naturellement, ces contrastes me servent, j'adore les contrastes.

Parisys tourne brusquement son visage, qu'elle était en train de maquiller, vers nous. "Tenez, ça se voit dans ma physionomie. Vous ne trouvez pas ? j'ai quelque chose d'angélique dans la figure, hein ! et quelque chose de diabolique aussi."

De sa main doucement elle caresse le contour de son front et de ses joues, elle bouffe ses cheveux si blonds et éclate de rire.
Évidemment la façon la plus facile de réussir, Parisys l'a trouvée  : plaire.
(Jacques Brissac, L'Officiel de la Couture, article repris sur le Google site Parizys).

(1) L'hymne Vas-y Léon a été composé par Albert Willemetz, Jacques Charles et Charles Pothier en 1924, sur une musique de Charles Borel-Clerc, et interprété par la Parisys et Adolphe Bérard. Le titre a été repris en 1937 par Montéhus avec des paroles plus politiques pour soutenir Léon Blum et le Front Populaire.

Texte communiqué par Pierre Volut