Nevers avenue Colbert

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RUE DE PARIS à NEVERS (devenue Avenue Colbert)

  • Partie de la route nationale 7 de Paris à Antibes. Etablie sur une ancienne chaussée qui séparait l'étang ou marais des Minimes de celui de la Sangsue, elle domine de plusieurs mètres les terres avoisinantes, notamment les jardins de l'hôpital qui sont le fond de cet étang de la Sangsue.
    N° 1 : Hôpital général. En 1665 Louis XIV ordonne la création d'un hôpital général pour y renfermer les mendiants de la ville et de la province, les faire travailler et les instruire des vérités du salut. Le 30 novembre 1668, les lettres patentes sont apportées à la ville. L'hôpital est provisoirement placé en la rue Creuse, dans l'hôtel de la Ferté (devenu plus tard Marcy, Verneuil). Le 30 novembre 1673, les pauvres sont conduits au nouvel hôpital, hors la ville, près la porte des Ardilliers, dont la chapelle prend le nom de Notre Dame de Pitié (1680).
    L'hôpital a été comblé de biens, notamment par Charles-Roy, Maillot, Clerget, Bovet, Gautherot, etc.
    En 1881, on découvrit, lors d'une reconstruction de bâtiments une inscription lapidaire rappelant que Me Charles Maillot, avocat en la cour, ancien maire de Nevers et ancien procureur du roi aux Eaux et Forêts, mort le 16 avril 1783, avait donné les 16 mai 1779, 2.400 livres à l'Hôtel-Dieu, à la charge qu'il serait célébré à perpétuité, le 4 novembre de chaque année, une messe pour le repos de son âme et de celle de tous ses parents. Il n'y a pas de réflexions à faire sur cette trouvaille ; espérons que le souvenir des donateurs sera conservé avec plus de soin à l'avenir.
    Jusqu'à la Révolution, les salles d'indigents (les malades étaient à l'Hôtel-Dieu), ainsi que la filature de laines dans laquelle les hospitalisés étaient tenus de travailler, furent surveillées par les Soeurs de la Charité. En 1792, ces religieuses demandèrent à la municipalité qu'on leur donnât pour aumôniers des prêtres non assermentés, attendu que leur conscience et l'usage qu'elles entendent faire de la liberté des opinions s'opposent impérieusement à ce qu'elles résident dans des établissements desservis par des prêtres qui auraient juré de maintenir la Constitution. La municipalité, soumettant la question au Conseil du Département, fit remarquer qu'on ne transige pas avec la loi : elle a nommé des desservants ayant prêté le serment exigé par celle-ci ; elle s'occupe de remplacer les ci-devant religieuses par des personnes irréprochables, zélées et intelligentes ; elle requiert enfin le dit Conseil d'homologuer la nomination des desservants. Le 8 août 1792, le Conseil fit droit à la demande de la municipalité, en prescrivant aux sœurs de déclarer sous quatre jours à quoi elles se décident ; sétant retirées de l'hôpital, elles furent remplacées par des laïques ; mais elles y revinrent peu après.
    L'hôpital a absorbé, à la Révolution, l'Hôtel-Dieu et Saint-Didier ; d'hospice des pauvres qu'il était à l'origine, il est ainsi devenu l'hôpital des malades.
    Jusqu'au second quart du XIXème siècle, un tour en pierre servait à recueillir les enfants abandonnés ; il était placé dans le mur de la rue Charles-Roy, plus tard dans celui sur la route de Paris, près du concierge. Le tour, devenu inutile, a été longtemps dans un tas de décombres dont on a fini par faire des cailloux d'empierrement.
    En 1898, on construisit comme annexe à l'hôpital, à l'angle des rues de Paris et Charles-Roy, un établissement de bains dans le style mauresque qui contraste étrangement avec les bâtiments voisins et le ciel de Nevers. Un minaret central qui sert en même temps de cheminée, est courronné d'un dôme en pierre blanche que la fumée a naturellement transformée... pas à son avantage.
    En 1878, des fouilles, pour la construction du logement de l'aumonier, donnèrent une obole de Louis de Flandre (1296-1321).
    N° 24 : Ancienne institution libre Saint-Louis (garçons), plus tard école professionnelle libre ; de 1905 à 1914 pensionnat de jeunes filles sous le nom de Blanche de Castille.
    En face du n° 45, il y avait, en 1835, une bascule publique, d'où le nom de cette région « la Balance » encore usuel en 1856.
    N° 52 : La route de Paris présenta longtemps, en face du débouché de la rue Bovet, un élargissement demi circulaire appelé « demi-lune », au fond duquel était érigée la Croix-des-Pélerins. Cet élargissement fut supprimé, la croix enfermée dans un petit carré entouré de haies, et, en 1878, transférée et le carré vendu. Sur son emplacement, fut construite la maison n° 52.
    N° 86 bis : Ancien couvent des Visitandines. Dispersées par la Révolution, les religieuses de la rue Saint-Martin s'installèrent, en 1820, à La Charité-sur-Loire. L'évêque Dufêtre les rappela à Nevers où elles firent construire sur la route de Paris, un nouveau couvent. Elles y entrèrent en 1854. Leur église fut consacrée, en 1857, à l'Immaculée-Conception, sous le nom de Notre-Dame du Peuple nivernais ou Sainte-Marie du Peuple. Après la loi sur les Congrégations, le liquidateur de ce couvent se présenta, le 13 octobre 1904, pour procéder à l'inventaire. Opposition fut faite. Les religieuses durent partirent en 1908. La ville, en 1913, acheta l'enclos 305.000 francs plus 30.000 francs de frais pour y transférer son lycée. Les plans de ce nouvel établissement, qui devait coûter 1.700.000 francs furent dressés par l'architecte Marcel Camuzat. La guerre et l'après-guerre ont empêché la réalisation du projet, peut-être dangereux d'ailleurs pour la prospérité de l'établissement.

    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais -1927/T29