Moulins Engilbert

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Cette petite ville (Molinx Angelberli, Molendini) est bâtie sur la limite sud ouest du Morvan, dans un bassin étroit, au confluent du Gara et du Guignon, qui vont ensuite, sous le nom d'Anizy ou de Moulins, se jeter dans l'Aron. Elle était autrefois le siège d'une puissante châtellenie, d'un grenier à sel, puis d'un district, avec tribunal de première instance. C'est actuellement un simple chef lieu de canton. Elle compte, avec sa banlieue, environ 3200 habitants (1576 en 2011) et comprend une superficie de 3951 hectares, dont 1252 sont couverts de forêts.

Moulins Engilbert, ainsi que son nom l'indique, doit son origine à d'anciennes usines, que mettaient en mouvement les eaux des deux petites rivières. Quant à son surnom d'Engilbert que, dans son bouillant patriotisme, elle avait échangé en 1793 contre celui de République, il vient d'une ancienne famille féodale, dont la forteresse la dominait au nord.

Sous l'ancien régime, la ville était administrée par un corps municipal, composé de trois échevins, dont l'un avait le titre de maire et de 12 notables.
Le grenier à sel, établi au XIVe siècle, était régi par un président, un grenetier, un contrôleur et un greffier. François Ier, par lettres patentes du 10 janvier 1510 en abandonna les profits, revenus et autres droits de gabelle à Charles de Clèves.
La justice se rendait en cette ville, au nom des ducs de Nevers, dans une prévôté et un bailliage, dont le ressort s'étendait sur plusieurs paroisses. Les appels se portaient à la patrie de Nevers, de là au parlement de Paris et les cas royaux à Saint Pierre le Moûtier. Un mois d'août 1367, une sentence, emportant peine capitale et rendue par le juge de Beunas, près de Maux, y fut confirmée.

A la suppression du bailliage ducal et de la prévôté en 1790, il fut créé dans cette ville un canton et une justice de paix, dont le ressort comprenait 8 paroisses : Moulins Engilbert, Commagny, Onlay, Préporché, Saint Honoré, Vandenesse, Sermages et Maux. Celles d'Isenay et de Montaron dépendaient alors du canton de Montigny sur Canne.
La châtellenie elle même fur remplacée par un district, avec tribunal de première instance, duquel dépendaient le canton de Moulins Engilbert et ceux de Châtillon en Bazois, de Luzy, de Larochemillay et de Montigny sur Canne. Ce district ayant été supprimé à son tour au mois de février 1800, ses dépendances concoururent à former l'arrondissement communal de Château Chinon. Néanmoins, Moulins Engilbert conserva le tribunal civil pendant 10 ans.

Confrérie
Il y existait autrefois une célèbre confrérie du St Sacrement, fondée vers 1480. Elle ne se composa d'abord que de 12 membres en l’honneur des 12 apôtres.
On y en ajouta dans la suite, 4 autres en mémoire des 4 évangélistes et deux marguilliers.
Le bâtonnier représentait St Pierre et les divers membres figuraient les autres apôtres. Le premier dignitaire fut Jean du Pontot, auquel Jean II, son fils, avait succédé en 1512. Après eux vinrent Nicolas et Jean Larrivée.
Toutes les familles les plus distinguées de la ville et des environs, parmi lesquelles nous citerons celles de Cotignon, de Grandrye, de Bar, de Maison-Comte... tenaient à honneur de faire partie de cette pieuse association.

Couvent de Picpus
Moulins Engilbert, outre son chapitre de chanoines, renfermait deux autres communautés, l'une d'hommes et l'autre de femmes. La première était un couvent de Picpus ou religieux du tiers ordre de St François, autrement dit pénitents, et la seconde une maison d'ursulines.

Le couvent des Picpus, tirant son nom d'un village de la banlieue de Paris, où ces religieux possédaient leur principal établissement, se trouvait à l'extrémité du faubourg de James, au sud, où les anciens bâtiments se font encore remarquer par leur caractère claustral.

Couvent des ursulines
Le couvent des ursulines, situé entre les faubourgs St Jacques et Rolin avait été fondé en 1635 par celui de Nevers. Les bâtiments, dont les murs sont baignés par les eaux du Gara, se font remarquer par leur masse, bien qu'ils ne soient plus considérable qu'autrefois. Leur construction date de 1715. La Chapelle, qui occupe l'extrémité de l'aile orientale est vaste. Les cloîtres existent en partie.
Ce couvent se trouvait en dehors des fortifications de la ville. La porte St Antoine était située près de la chapelle.

En 1789, le feu ayant pris dans la pharmacie, se communiqua rapidement aux appartements voisins et dans un instant, le bout de l'aile nord se trouva embrasé. Sans la promptitude des secours et le voisinage de la rivière, toute la maison eût été infailliblement consumée par les flammes. La partie incendiée fut démolie. Deux religieuses périrent dans cette affreuse circonstance. Leurs compagnes, au nombre d'environ 60, furent contraintes, l'année suivante, d'abandonner l'asile de leur vertu, pour se jeter de nouveau, au milieu d'un monde qu'elles avaient quitté volontairement.
Elle possédaient alors le patronage de la cure de Sermages, acquis du chapitre de Nevers et la plus grande partie des dîmes et des fiefs de cette paroisse, tels que Sermages proprement dit, Chaumes, Villacot..., dont elles firent foi et hommage au comte de Château Chinon en 1777. Ces biens furent vendus nationalement en 1790.

Après l'expulsion des religieuses, le vouent servit aux séances de la municipalité et du district. Le tribunal civil de l'arrondissement de Château Chinon y siégea aussi jusqu'en 1810. 15 ans plus tard, un petit séminaire y fut établi par les soins de Mgr Millaux, évêque de Nevers, et y resta 5 ans. Il fut ensuite occupé par la gendarmerie, la mairie et l'hôpital.
Celui-ci y a été transféré vers 1836 d'une très modeste maison, située en dehors de l'enceinte de la ville, derrière les bâtiments du grenier à sel et du bailliage au sud, où il se trouvait antérieurement. L'emplacement a été converti en champ de foire. Près de là, se voyait l'ancien cimetière de la ville. Il fut abandonné en 1825 et un nouveau établi au nord de l'église. Sa surface, d'abord de 12 ares seulement, fut portée en 1841 par les soins du maire Jean François Lorry à 38.
Il y existait une chapelle aussi pauvre que le reste des édifices. Elle était autrefois à la collation de l'évêque. Les biens de la léproserie, que l'on voyait sur les hauteurs qui dominent Moulins, au sud est, avaient été réunis à cet établissement au XVIIe siècle. L'hôpital est gouverné en 1867, par 6 sœurs de la congrégation de Nevers, qui s'occupent aussi de l'éducation des jeunes filles.

Plus heureuse que la ville de Château Chinon, sa voisine, celle de Moulins Engilbert eut le bonheur de voir s'écouler l'époque de nos dissensions religieuses sans en ressentir les terribles conséquences. Elle le dut aux conseils de Louis de Gonzague, duc de Nevers, qui l'empêcha de se jeter dans le parti de la ligue. C'est sans doute, en considération de cette conduite que l'armée calviniste, victorieuse à Arnay le Duc, la travers en 1570, sans l'inquiéter pour fondre l'abbaye de Bellevaux, qu'elle brûla, après en avoir égorgé les moines. Déjà 6 ans auparavant, les régiments de Rivollis et de Sarelabotz y avaient passé, sans qu'elle eût à déplorer aucun acte de pillage. Henri IV, en reconnaissance de sa fidélité, y transféra en 1591 le bailliage royal d'Autun qui y séjourna pendant 5 ans.

Émeute
Depuis le renversement de la domination ducale, les Moulinois ne furent pas toujours aussi calmes, ni aussi pacifiques. En 1793, ils se montrèrent ardent patriotes et hostiles à la religion de leurs pères.
Soulevés en 1831, sous prétexte de la taxe du pain, les Moulinois formèrent une émeute formidable à laquelle les populations du voisinage, appelées par le don du lugubre tocsin, prirent une part active. Un escadron de cavalerie accourut de Nevers en toute hâte, mais l'ordre était rétabli lorsqu'il arriva. Les principaux émeutiers furent arrêtés et traduits devant le tribunal de police correctionnelle, qui en condamna plusieurs à la prison.

Inondation
La position de la ville au fond d'une vallée et au confluent de deux petites rivières, souvent grossies par la fonte des neiges, l'expose aux inondations. Celle du 3 mai 1835 fut effrayante. Surpris pendant la nuit, les habitants n'eurent que le temps de se réfugier aux premiers étages ou de gagner les toits de leurs habitations. Le lendemain, les rues ressemblaient à autant de torrents et il était impossible de s'y engager sans périr. Il fallut alors que les plus intrépides montassent à défaut de bateaux, dans des cuviers à lessive, pour porter des secours et des vivres aux prisonniers de l'inondation.

Commerce
Le commerce n'est entretenu que par 6 foires importantes, fondées par les comtes de Nevers et par un gros marché de bétail qui a lieu tous les mardis, de la Toussaint jusqu'à Pâques.
On y trouvait autrefois des fabriques de serge, de crépon et de drap qui occupaient beaucoup de bras. Notre luxe moderne les a fait tomber. Le faubourg de la Brosse possède une carrière de pierre, semées de coquillages et rangées parmi les marbres à cause du poli dont elles sont susceptibles. Leur couleur d'un gris d'ardoise, se rapproche beaucoup du marbre de Chouin.
La Rue Chaude fut consumée au XVe siècle par un violent incendie et la rue de James en 1706.

Sur une colline à l'est, près de la route d'Autun, les curieux ne manquent pas de visiter un petit lac en forme d'entonnoir, autrefois très profond qui se nomme Lieut-Mer. On s'accorde à le regarder comme le cratère d'un ancien volcan. On remarque alentour d'autres petits cratères et des matières calcinées.

Commagny
Au sud de la commune, sur une hauteur couverte de vignes, on aperçois l'antique village de Commagny (Commagniacum), autrefois le siège d'un ancien prieuré, le plus riche des sept qui formaient les dépendances du monastère de St Martin d'Autun et d'une paroisse qui comprenait toute la banlieue de la ville et la rue de James.
Le premier fut fondé au XVIIIe siècle sous l'invocation de St Hilaire, dans une terre donnée à l'abbaye par la reine Brunehaut. C'était une maison conventuelle où vivaient vers 1354, plusieurs religieux, chargés de la desserte des églises et chapelles du voisinage.

L'ancienne paroisse de Commagny renfermait jadis plusieurs fiefs et seigneuries qui vont suivre, en commençant par les plus importants.

Mary, avec ses dépendances, formait une seigneurie en toute justice, mouvante de la châtellenie de Moulins Engilbert et qui appartenait au XIIe siècle, à une famille de ce nom.
Odon de Mary et Flandine, son épouse, près de partir pour la Palestine en 1176, firent du bien à l'abbaye de Régny. Ils laissèrent 5 enfants : Hugues, Guillaume, Geoffroy, Marie et Elisabeth.
Mary appartenait en 1630 à Jean Baptiste du Clerroy, chevalier de St Louis, sieur de Niault et de Villars. En 1867, cette propriété est possédé par Charles François Alexis Bonneau du Martray, chevalier de la Légion d'Honneur et conseiller général de la Nièvre, fils de Louis Marie Auguste.
Près du château, au nord, se voit l'ancienne chapelle seigneuriale, édifice du dernier siècle.

Villaines, à un kilomètre environ au nord de Mary, était aussi une seigneurie en toute justice, mouvante comme la première, du duché de Nevers.
La maison forte, qui dut, ainsi que le comporte son nom, remplacer une villa romaine, existe encore avec son appareil féodal, comme fossés, pont-levis, mâchicoulis et assommoirs. Elle était défendue sur la moitié de son pourtour, par un vaste étang qui inondait ses fossés. Le portail d'entrée au sud, conserve aussi son aspect antique.
A côté, se trouvait la chapelle castrale, sorte de réduit peu digne de sa sainte destination.
Cette terre eut, de bonne heure, des seigneurs de son nom. Jacques, écuyer, sire de Villaines, comparut pour son père en 1267 à l'arrière-ban de la noblesse de la province.

Chevannes-Bureau, avec une maison seigneuriale, composée de deux chambres basses, de deux hautes et d'une tour d'escalier sur le devant, avait pris son surnom d'une famille qui le possédait au XVIe siècle. Noble homme Guillaume Bureau, seigneur de Chevannes, en 1561, laissa ce fief à Philippe son fils.
Louis du Bois de Fiennes, marquis de Vandenesse, acquit le fief de Chevannes vers 1673 ; depuis ce temps, il resta uni au marquisat. Le 12 juillet 1739, un incendie, allumé par une main criminelle, consuma le domaine de l’Étang, où il périt 12 personnes qui furent inhumées le même jour à Commagny.

Au hameau de James (de Januâ), sur une hauteur entre Commagny et Moulins, il existait anciennement une chapelle dédiée à Notre Dame. Elle fut bâtie au XIe siècle par l'abbé de St Martin d'Autun et servit autrefois à un prieuré de bénédictins. On y remarque une belle carrière de pierres calcaires micacées, qui fournit de la taille aux diverses localités du voisinage.

Le fief de Champcourt, mouvant de Château Chinon, était tenu en 1481 par noble Charles Le Tors, écuyer, seigneur de Villacot, que le comte de Nevers prit sous sa garde et protection.
Ce prince ordonna à ses officiers de veiller avec soin à ce qu'il ne fût lésé ni dans sa personne, ni dans ses biens. Les Picpus de Moulins Engilbert en étaient seigneurs au XVIIe et XVIIIe siècles.

La Mothe du Plessis, à l'ouest de Moulins Engilbert, était tenue en fief en 1367, par Jean du Plessoiz, capitaine-gardien du château de cette ville. Philibert Le Bourgoing en fit aveu en 1456.

Le Pavillon, avec une ancienne chapelle, à la jonctiond es routes de Nevers et de Chassy, était possédé par la maison Sallonnyer. Jacques, capitaine-gouverneur du château de Moulins Engilbert, en était seigneur en 1635.
Près du Pavillon se trouvait un ancien camp, connu sous le nom de Sermois, que l'on croit avoir été occupé par une compagnie de Sarmates et, un peu plus à l'ouest, un autre camp, nommé Boux, en souvenir d'une colonie de Boïens. On a découvert dans ces deux retranchements des tuiles à rebords et quelques médailles.

Varennes, autrefois de la paroisse de Sermages, était un fief dans la mouvance de Châtillon en Bazois. Anne Courtois le porta, avec Champcourt qui mouvait du comté de Château Chinon, à Guillaume Sallonnyer en 1490. Ses descendants en prirent le nom.

La famille Sallonnyer possédait au sud ouest de l'église de la commune, un hôtel qu'elle tenait de la maison Le Bourgoing ; il lui donnait droit aux langues d'aumailles et au produit des fours banaux. Une alliance l'a porté dans la famille de La Chaumelle.

Le Pontot, petit castel à l'ouest de la ville, appartenait au XVIe siècle à la maison de ce nom, qui a donné des capitaines-gouverneurs à Moulins Engilbert. Il passa ensuite aux Chauvelins.

Le Meix-Linard, près de Commagny, était tenu en fief par les religieux de St François, dits Picpus. Le père François Placide Charlet en fit aveu à Château Chinon en 1777.

La Brosse, au nord, avec moulin, relevait de la même seigneurie. Guy de La Brosse, médecin de Louis XIII, fondateur du Jardin des Plantes à Paris en 1626 et grand oncle de Fagon, paraît titer son nom de ce hameau. C'est lui, dit-on, qui donna le tableau que l'on voit à l'église dans l'ancienne chapelle Sallonnyer.


Informations tirées de Le Morvand par Jean François Baudiau en 1867