Massacre du village d'Arriault

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Guy Gravier (qui vit aujourd’hui à Moulins dans l’Allier) avait 18 ans en juillet 1944. Ouvrier agricole, il se louait dans les fermes. Mais il était aussi un combattant de l’ombre, résistant au Maquis Melnick. Témoignage...

«J’avais donné un nom d’emprunt pour entrer au Maquis. Un nom lié à mon activité agricole... »
Sans en dire plus sur cette identité d’alias, Guy Gravier livre ses souvenirs du drame d’Arriault. Avec des instants de profonde émotion. Et des mots qui, parfois, ont peine à sortir...

Le mercredi 5 juillet 1944, le jeune Guy est posté, avec une grosse quinzaine d’hommes, sur les hauteurs, à proximité du village. « Nous avions vue sur le bourg... », dit-il. L’escouade dont il fait partie, modeste détachement du Maquis Melnick, n’est pas sur-armée. Au contraire. « J’étais muni d’un revolver ancien, avec seulement quatre balles. Et parmi nous, un seul avait un fusil mitrailleur. Les autres tenaient des fusils ou des armes de poing... »

Pas de quoi résister bien longtemps en cas d’offensive ennemie. « On a regretté cet ordre... »

À l’aube, des bruits de moteurs attirent l’attention du groupe. « On a vu des Allemands, avec un side-car. Puis des camions arrêtés... » Pas un seul coup de feu n’est tiré par les résistants. « Nous avions ordre de ne pas intervenir... » La consigne est respectée. L’escouade de maquisards reste sur ses positions, en sentinelle discrète. « Nous avons observé les Allemands jusqu’à ce qu’ils quittent le village, après le massacre... ». Guy Gravier laisse plâner un court temps de silence. Puis lâche... « On a regretté cet ordre de ne pas intervenir lorsqu’on a a appris ce qui s’était passé... » La tonalité de la voix trahit l’émotion de l’octogénaire, qui poursuit son terrible récit... «...Mais nous n’avions pas la capacité et les moyens en hommes pour engager le combat ! » La colonne allemande, formée de soldats, de miliciens et d’élément issus des GMR (groupes mobiles de réserves) est largement supérieure en hommes et et armes. « De notre position, on voyait l’incendie dans le village... »

Dans le village, l’ennemi se déchaîne. Incendie. Assassine. Pille. Le détachement du Maquis Melnick garde sa position. Les ordres sont les ordres. « De là où on était, oui, on voyait l’incendie dans le village... », se remémore Guy Gravier.

Puis les Allemands s’en vont. Laissant un village en cendres. Et des familles anéanties. « Nous avons attendu quelques jours, au même endroit. Aux abords de la forêt. Heureusement que les Allemands ne sont pas montés jusqu’à nous, nous n’aurions pas tenu... »

L’ennemi parti, l’escouade du Maquis Melnick passe dans le village, raconte Guy Gravier. Vision d’enfer. « J’ai vu des maison brûlées... » Un instant de silence, comme pour savoir s’il doit aller plus loin dans les détails de son récit. Puis l’octogénire murmure : « Il vous en passe tellement dans la tête à ce moment-là.... ». Il n’en dira pas plus. Les souvenirs remontent à la surface. Les soixante-dix ans écoulés ne les ont pas émoussés.

Et après ? « Immédiatement, nous sommes rentrés à La Charité pour partir dans un autre maquis... ».

Source: le Journal du Centre 5 juillet 2014


Roger Melnick était franc tireur partisan dans le Cher, il a été fusillé à Bourges le 23 novembre 1943.


--Patrick Raynal 23 juillet 2014 à 15:41 (CEST)