« Maison de Mazarin Mancini » : différence entre les versions

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche
Ligne 14 : Ligne 14 :


====Lettre de Colbert au Cardinal Mancini - Septembre 1662====
====Lettre de Colbert au Cardinal Mancini - Septembre 1662====
Philippe Julien Mazarin-Mancini<br>
Vostre Eminence aura appris par lettre aue je me suis donner l'honneur de luy écrire en dernier lieu la mauvaise conduite de M. Le Duc de Nevers, et que, quelue application que j'aye apportée pour la luy faire changer, il m'a esté impossible de luy oster la pensée de se démettre de sa charge°, et par conséquent de courir à sa ruine entière.<br>
Après avoir fait inutilement ce qui étoit de mon devoir et m'estre servy sans aucun fruit de toute industrie que le zèle et la passion que j'aye d'empescher sa perte m'ont pu suggérer, j'ay estimé qu'il falloit se cautionner du costé du Roy pour éviter qu'estant dégousté d'un procédé si irrégulier, il se perdist à la fin les sentimens de bonté qu'il a eus jusqu'icy pour luy ; à quoy la mémoire des grands services que feu Monseigneur le Cardinal a rendus l'estat, qui est toujours présenté devant les yeux de Sa Majesté, a entierment contribué ; car je dois dire à Vostre Eminence que, sans cette considération, l'on eust exécuté la résolution qui avoit esté prise de licencier la Maison de M. le Duc de Nevers et, en l'abandonnant à sa conduite, ne luy donner pas un sol, pour voir si l'on pourroit le réduire par cette sévérité.<br>
Cependant, luy ayant fait parle par tout ce qu'il y a de gens à la cour que je croyois avoir quelque crédit sur son esprit ou qui estoient liés d'amitié avec luy, et ayant en ensemble diverses conversations particulières de deux et trois heures chacun, n'ont fait, à mon extrême regret, qu'une impression fort légère ; ayant bien de la douleur d'estre contraint d'avouer à Vostre Eminence, que je n'ay jamais entendu raisonner si pitoyablement pour une personne comme luy qui a infiniment de l'esprit.<br>
Enfin, le voyant femer à entreprendre un voyage, j'ay estimé qu'il falloit luy donner le moyen de le faire avec quelque honnesteté, et que peut-estre, à son retour, il rentreroit en luy-mesme, le reconnaoistroit mieux son erreur, dont néanmoins, je n'en ay qu'une faibl espérance qui seroit encore moindre si je n'estois assuré que Vostre Eminence, par l'autorité qu'elle a sur luy, le pourra persuader de ce qui est de son bien et de son avantage, en luy faisant la différence d'estat où il se trouvera par la suite du temps, en tenant une bonne ou mauvaise conduite.<br>
Rome : 1er Septembre 1662
°charge de Capitaine-lieutenant de la 1ère Compagnie des Mousquetaires du Roi<br>





Version du 3 juin 2020 à 10:10


Jules Mazarini, Cardinal, Duc de Nevers et de Donzy, Pair de France, ayant acheté en 1659 le Duché du Nivernais auquel le Donziais avait été incorporé dès le mois de Février 1552, obtint de Louis XIV de nouvelles lettres de Duché-pairie pour Nevers ; il mourut le 9 Mars 1661 sans les avoir fait enregistrées (1659 - 1661).

Philippe Julien Mancini-Mazarini, Duc de Nevers et de Donzy, Pair de France. Le Cardinal Mazarin, son oncle maternel, l'avait institué, en 1661, son héritier dans les Duchés de Nevers et de Donzy, à condition que lui et ses descendants porteraient le titre et les armes de Mancini-Mazarini. Louis XIV donna à Philippe Julien de nouvelles lettres de confirmation du Duché-pairie de Nevers et de Donzy au mois de Janvier 1676, puis des lettres de surannation le 29 Avril 1692. Il avait épousé Diane Gabrielle de Damas de Thianges.

Philippe Jules François Mancini-Mazarini, Duc de Nevers et de Donzy, Pair de France par succession de son père, marié à Marie-Anne Spinola. Louis XIV confirma par lettres du 24 Août 1720 son Duché-pairie de Nevers dont il se démit en 1730 en faveur de son fils. Il conserva cependant jusqu'à sa mort le titre de Duc de Nevers (1707 - 1730).

Louis Jules Barbon Mancini-Mazarini, Duc de Nevers et de Donzy, Pair de France. Il avait pris le titre de Duc de Nivernais pour se distinguer de son père que l'on nommait toujours le Duc de Nevers. Marié deux fois, d'abord à Hélène Françoise Angélique de Pontchartrain puis à Marie Thérèse de Brancas de Forcalquier. Il n'eut que deux filles. Il mourut, dernier de son nom, le 25 Février 1798.
Le Duché de Nevers devint le département de la Nièvre.

  • Source : Armorial historique et archéologique du Nivernais - Georges, comte, de Soulstrait - Volume 1
  • Transcripteur : Mabalivet (discussion) 2 juin 2020 à 18:14 (CEST)

Lettre de Colbert au Cardinal Mancini - Septembre 1662

Philippe Julien Mazarin-Mancini

Vostre Eminence aura appris par lettre aue je me suis donner l'honneur de luy écrire en dernier lieu la mauvaise conduite de M. Le Duc de Nevers, et que, quelue application que j'aye apportée pour la luy faire changer, il m'a esté impossible de luy oster la pensée de se démettre de sa charge°, et par conséquent de courir à sa ruine entière.
Après avoir fait inutilement ce qui étoit de mon devoir et m'estre servy sans aucun fruit de toute industrie que le zèle et la passion que j'aye d'empescher sa perte m'ont pu suggérer, j'ay estimé qu'il falloit se cautionner du costé du Roy pour éviter qu'estant dégousté d'un procédé si irrégulier, il se perdist à la fin les sentimens de bonté qu'il a eus jusqu'icy pour luy ; à quoy la mémoire des grands services que feu Monseigneur le Cardinal a rendus l'estat, qui est toujours présenté devant les yeux de Sa Majesté, a entierment contribué ; car je dois dire à Vostre Eminence que, sans cette considération, l'on eust exécuté la résolution qui avoit esté prise de licencier la Maison de M. le Duc de Nevers et, en l'abandonnant à sa conduite, ne luy donner pas un sol, pour voir si l'on pourroit le réduire par cette sévérité.
Cependant, luy ayant fait parle par tout ce qu'il y a de gens à la cour que je croyois avoir quelque crédit sur son esprit ou qui estoient liés d'amitié avec luy, et ayant en ensemble diverses conversations particulières de deux et trois heures chacun, n'ont fait, à mon extrême regret, qu'une impression fort légère ; ayant bien de la douleur d'estre contraint d'avouer à Vostre Eminence, que je n'ay jamais entendu raisonner si pitoyablement pour une personne comme luy qui a infiniment de l'esprit.
Enfin, le voyant femer à entreprendre un voyage, j'ay estimé qu'il falloit luy donner le moyen de le faire avec quelque honnesteté, et que peut-estre, à son retour, il rentreroit en luy-mesme, le reconnaoistroit mieux son erreur, dont néanmoins, je n'en ay qu'une faibl espérance qui seroit encore moindre si je n'estois assuré que Vostre Eminence, par l'autorité qu'elle a sur luy, le pourra persuader de ce qui est de son bien et de son avantage, en luy faisant la différence d'estat où il se trouvera par la suite du temps, en tenant une bonne ou mauvaise conduite.

Rome : 1er Septembre 1662

°charge de Capitaine-lieutenant de la 1ère Compagnie des Mousquetaires du Roi