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LA RESISTANCE DANS LE SUD NIVERNAIS
==Renseignement et faux papiers==
*Les premiers engagements dans la Résistance sont des opérations de récupération d'armes, des opérations évidemment très discrètes et isolées. Suivent quelques actes de désobéissance, plus ou moins spontanés : on détruit des portraits de Pétain, on chante en public la Marseillaise ou le Chant du Départ, on écrit des graffitis sur les murs, on circule dans la rue en faisant avec les doigts le V de la victoire, on enlève des drapeaux allemands...
*Ces initiatives sont sporadiques et il est très difficile de les dater ou d'en faire l'inventaire. Jean-Claude Martinet signale la distribution de tracts communistes et du journal Avant-Garde à <u>[[Decize]]</u> dès le mois de novembre 1940 ('' J.-C. Martinet, Histoire de l'Occupation et de la Résistance dans la Nièvre, 1940-1944, p. 76-77'')
*Progressivement, des réseaux s'organisent. À partir de <u>[[Nevers]]</u>, le groupe Stévenot passe des soldats belges et français en zone libre. Le docteur Chanel, le docteur Subert (''Le docteur Subert est mort en déportation.    Cf. Colonel Rémy, Le Déjeuner de la Croix de Vernuche, Paris, Perrin, 1968''), plusieurs professeurs du Lycée de Nevers fondent un groupe de Français du Morvan qui s'intègre à un réseau appelé l'Armée Volontaire. Ceux de Libération-Vengeance structurent un réseau de renseignements autour de MM. Delance et Sallé. À <u>[[Decize]]</u>, l'électricien Louis Buteau milite dans ce groupe. D'autres réseaux se constituent un peu partout dans le département, à [[Cosne sur Loire|<u>Cosne</u>]] autour de Madame Lemaire, à <u>[[Luzy]]</u> autour du chef de gare Joseph Pinet...
*À la préfecture, plusieurs employés procurent des faux papiers aux personnes traquées par les occupants. Mais les Allemands font parler des comparses et, le 25 février 1942, la préfecture est cernée, les employés sont fouillés, interrogés, 21 personnes sont arrêtées. Un chef de service, Edouard Millien, est condamné à trois ans de forteresse. Malgré les démarches de plusieurs préfets successifs, il est conduit à Dijon, puis au camp de Bruchsal. Le 23 avril 1945, le préfet de la Libération, Robert Jacquin, interroge les armées alliées pour tenter de le retrouver... (''A.D.N., cote 137 W 152, arrestations et surveillance. Edouard Millien, ancien combattant de 1914-1918, blessé à Verdun, avait participé au réseau Pat O’Leary. Il est décédé le 22 mars 1955, âgé de 60 ans'') Edouard Millien revient à  Nevers le 12 mai 1945, terriblement affaibli.


Les premiers engagements
==Des provocations d'adolescents==
*Résister, pour les plus jeunes, c'est un geste de défi. Mais certaines attitudes, si elles paraissent courageuses, entraînent des risques démesurés. En avril 1941, plusieurs lycéens de <u>[[Nevers]]</u> écrivent à la craie des V sur les murs, sur les trottoirs. En réaction, les occupants imposent un couvre-feu plus long, de 20 heures à 7 heures pour tous les moins de 18 ans de Nevers. À l'occasion du 11 novembre, des lycéens récidivent : ils arborent ostensiblement à leurs boutonnières les couleurs françaises et anglaises. Les Allemands les arrêtent, quatre d'entre eux sont incarcérés et trois restent en liberté provisoire (''A.D.N., cote 137 W 125-126, rapports du préfet pour les mois de novembre 1940 et avril 1941'').
*Un adolescent de [[Cosne sur Loire|<u>Cosne-sur-Loire</u>]], Gaston Gutknecht, 16 ans, est condamné à cinq ans de maison de redressement à Clairvaux. Son crime ? Avec des copains, il avait élaboré une société secrète, La Panthère Blanche, dont le but était de chasser les Allemands (''A.D.N., cote 137 W 126, rapport du préfet pour les mois de février 1941''). On ne joue pas avec la vraie guerre !


Renseignement et faux papiers
==A travers la ligne de démarcation==
Les premiers engagements dans la Résistance sont des opérations de récupération d'armes, des opérations évidemment très discrètes et isolées. Suivent quelques actes de désobéissance, plus ou moins spontanés : on détruit des portraits de Pétain, on chante en public la Marseillaise ou le Chant du Départ, on écrit des graffitis sur les murs, on circule dans la rue en faisant avec les doigts le V de la victoire, on enlève des drapeaux allemands...
*Dans les communes riveraines de la ligne de démarcation, les passeurs sont très actifs. Les habitants des villages de [[Saincaize Meauce|<u>Saincaize-Meauce</u>]], [[Mars sur Allier|<u>Mars-sur-Allier</u>]], <u>[[Livry]]</u>, [[Chantenay Saint Imbert|<u>Chantenay-Saint-Imbert</u>]] et <u>[[Tresnay]]</u> connaissent tous les coins de pêche et les bosquets discrets qui bordent l'Allier et ils aident des soldats évadés, des juifs, des agents de liaison anglais et des résistants à franchir la rivière-frontière de la zone dite libre. Le docteur Chanel organise des filières de passeurs dans la forêt d'Apremont, avec Francis Fassier, Albert Lagaron, Michel Brenoncelle, le garde forestier Niquet, l'industriel René Bluzat... En 1952, les autorités décorent Jacques Laboureau, de Saint-Éloi : il a fait passer la ligne de démarcation en barque à un grand nombre de personnes.
Ces initiatives sont sporadiques et il est très difficile de les dater ou d'en faire l'inventaire. Jean-Claude Martinet signale la distribution de tracts communistes et du journal Avant-Garde à Decize dès le mois de novembre 1940 1.
*Les cheminots cachent des fugitifs dans les wagons de marchandises qui circulent entre Nevers, Saincaize et Moulins. Des centaines de vies sont ainsi sauvées, mais les passeurs n'agissent pas toujours pour un idéal de liberté, le profit et les trafics viennent aussi se mêler aux motivations humanitaires ou patriotiques.
Progressivement, des réseaux s'organisent. A partir de Nevers, le groupe Stévenot passe des soldats belges et français en zone libre. Le docteur Chanel, le docteur Subert 2, plusieurs professeurs du Lycée de Nevers fondent un groupe de Français du Morvan qui s'intègre à un réseau appelé l'Armée Volontaire. Ceux de Libération-Vengeance structurent un réseau de renseignements autour de MM. Delance et Sallé. A Decize, l'électricien Louis Buteau milite dans ce groupe. D'autres réseaux se constituent un peu partout dans le département, à Cosne autour de Madame Lemaire, à Luzy autour du chef de gare Joseph Pinet...  
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A la préfecture, plusieurs employés procurent des faux papiers aux personnes traquées par les occupants. Mais les Allemands font parler des comparses et, le 25 février 1942, la préfecture est cernée, les employés sont fouillés, interrogés, 21 personnes sont arrêtées. Un chef de service, Edouard Millien, est condamné à trois ans de forteresse. Malgré les démarches de plusieurs préfets successifs, il est conduit à Dijon, puis au camp de Bruchsal. Le 23 avril 1945, le préfet de la Libération, Robert Jacquin, interroge les armées alliées pour tenter de le retrouver... 3 Edouard Millien revient à  Nevers le 12 mai 1945, terriblement affaibli.
Texte et images proposés par Pierre Volut et mis en page par [[Utilisateur:Mmirault|Michel Mirault]] le 26 décembre 2016


Des provocations d'adolescents
Résister, pour les plus jeunes, c'est un geste de défi. Mais certaines attitudes, si elles paraissent courageuses, entraînent des risques démesurés. En avril 1941, plusieurs lycéens de Nevers écrivent à la craie des V sur les murs, sur les trottoirs. En réaction, les occupants imposent un couvre-feu plus long, de 20 heures à 7 heures pour tous les moins de 18 ans de Nevers. A l'occasion du 11 novembre, des lycéens récidivent : ils arborent ostensiblement à leurs boutonnières les couleurs françaises et anglaises. Les Allemands les arrêtent, quatre d'entre eux sont incarcérés et trois restent en liberté provisoire 4.
Un adolescent de Cosne-sur-Loire, Gaston Gutknecht, 16 ans, est condamné à cinq ans de maison de redressement à Clairvaux. Son crime ? Avec des copains, il avait élaboré une société secrète, La Panthère Blanche, dont le but était de chasser les Allemands 5. On ne joue pas avec la vraie guerre !


A travers la ligne de démarcation
[[Catégorie:Lieux de résistance]]
Dans les communes riveraines de la ligne de démarcation, les passeurs sont très actifs. Les habitants des villages de Saincaize-Meauce, Mars-sur-Allier, Livry, Chantenay-Saint-Imbert et Tresnay connaissent tous les coins de pêche et les bosquets discrets qui bordent l'Allier et ils aident des soldats évadés, des juifs, des agents de liaison anglais et des résistants à franchir la rivière-frontière de la zone dite libre. Le docteur Chanel organise des filières de passeurs dans la forêt d'Apremont, avec Francis Fassier, Albert Lagaron, Michel Brenoncelle, le garde forestier Niquet, l'industriel René Bluzat... En 1952, les autorités décorent Jacques Laboureau, de Saint-Eloi : il a fait passer la ligne de démarcation en barque à un grand nombre de personnes.
[[Catégorie:Sources militaires]]
Les cheminots cachent des fugitifs dans les wagons de marchandises qui circulent entre Nevers, Saincaize et Moulins. Des centaines de vies sont ainsi sauvées, mais les passeurs n'agissent pas toujours pour un idéal de liberté, le profit et les trafics viennent aussi se mêler aux motivations humanitaires ou patriotiques.

Version du 26 décembre 2016 à 19:26

Renseignement et faux papiers

  • Les premiers engagements dans la Résistance sont des opérations de récupération d'armes, des opérations évidemment très discrètes et isolées. Suivent quelques actes de désobéissance, plus ou moins spontanés : on détruit des portraits de Pétain, on chante en public la Marseillaise ou le Chant du Départ, on écrit des graffitis sur les murs, on circule dans la rue en faisant avec les doigts le V de la victoire, on enlève des drapeaux allemands...
  • Ces initiatives sont sporadiques et il est très difficile de les dater ou d'en faire l'inventaire. Jean-Claude Martinet signale la distribution de tracts communistes et du journal Avant-Garde à Decize dès le mois de novembre 1940 ( J.-C. Martinet, Histoire de l'Occupation et de la Résistance dans la Nièvre, 1940-1944, p. 76-77)
  • Progressivement, des réseaux s'organisent. À partir de Nevers, le groupe Stévenot passe des soldats belges et français en zone libre. Le docteur Chanel, le docteur Subert (Le docteur Subert est mort en déportation. Cf. Colonel Rémy, Le Déjeuner de la Croix de Vernuche, Paris, Perrin, 1968), plusieurs professeurs du Lycée de Nevers fondent un groupe de Français du Morvan qui s'intègre à un réseau appelé l'Armée Volontaire. Ceux de Libération-Vengeance structurent un réseau de renseignements autour de MM. Delance et Sallé. À Decize, l'électricien Louis Buteau milite dans ce groupe. D'autres réseaux se constituent un peu partout dans le département, à Cosne autour de Madame Lemaire, à Luzy autour du chef de gare Joseph Pinet...
  • À la préfecture, plusieurs employés procurent des faux papiers aux personnes traquées par les occupants. Mais les Allemands font parler des comparses et, le 25 février 1942, la préfecture est cernée, les employés sont fouillés, interrogés, 21 personnes sont arrêtées. Un chef de service, Edouard Millien, est condamné à trois ans de forteresse. Malgré les démarches de plusieurs préfets successifs, il est conduit à Dijon, puis au camp de Bruchsal. Le 23 avril 1945, le préfet de la Libération, Robert Jacquin, interroge les armées alliées pour tenter de le retrouver... (A.D.N., cote 137 W 152, arrestations et surveillance. Edouard Millien, ancien combattant de 1914-1918, blessé à Verdun, avait participé au réseau Pat O’Leary. Il est décédé le 22 mars 1955, âgé de 60 ans) Edouard Millien revient à Nevers le 12 mai 1945, terriblement affaibli.

Des provocations d'adolescents

  • Résister, pour les plus jeunes, c'est un geste de défi. Mais certaines attitudes, si elles paraissent courageuses, entraînent des risques démesurés. En avril 1941, plusieurs lycéens de Nevers écrivent à la craie des V sur les murs, sur les trottoirs. En réaction, les occupants imposent un couvre-feu plus long, de 20 heures à 7 heures pour tous les moins de 18 ans de Nevers. À l'occasion du 11 novembre, des lycéens récidivent : ils arborent ostensiblement à leurs boutonnières les couleurs françaises et anglaises. Les Allemands les arrêtent, quatre d'entre eux sont incarcérés et trois restent en liberté provisoire (A.D.N., cote 137 W 125-126, rapports du préfet pour les mois de novembre 1940 et avril 1941).
  • Un adolescent de Cosne-sur-Loire, Gaston Gutknecht, 16 ans, est condamné à cinq ans de maison de redressement à Clairvaux. Son crime ? Avec des copains, il avait élaboré une société secrète, La Panthère Blanche, dont le but était de chasser les Allemands (A.D.N., cote 137 W 126, rapport du préfet pour les mois de février 1941). On ne joue pas avec la vraie guerre !

A travers la ligne de démarcation

  • Dans les communes riveraines de la ligne de démarcation, les passeurs sont très actifs. Les habitants des villages de Saincaize-Meauce, Mars-sur-Allier, Livry, Chantenay-Saint-Imbert et Tresnay connaissent tous les coins de pêche et les bosquets discrets qui bordent l'Allier et ils aident des soldats évadés, des juifs, des agents de liaison anglais et des résistants à franchir la rivière-frontière de la zone dite libre. Le docteur Chanel organise des filières de passeurs dans la forêt d'Apremont, avec Francis Fassier, Albert Lagaron, Michel Brenoncelle, le garde forestier Niquet, l'industriel René Bluzat... En 1952, les autorités décorent Jacques Laboureau, de Saint-Éloi : il a fait passer la ligne de démarcation en barque à un grand nombre de personnes.
  • Les cheminots cachent des fugitifs dans les wagons de marchandises qui circulent entre Nevers, Saincaize et Moulins. Des centaines de vies sont ainsi sauvées, mais les passeurs n'agissent pas toujours pour un idéal de liberté, le profit et les trafics viennent aussi se mêler aux motivations humanitaires ou patriotiques.



Texte et images proposés par Pierre Volut et mis en page par Michel Mirault le 26 décembre 2016