Le terrain, l'habitat

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Retour sur la ville de Nevers de 1660 à 1790

Retour sur les conditions économiques 1660-1790


Jusqu'à la Révolution l'intérieur de la cité conserve un aspect moyenâgeux. Sur un terrain accidenté (« Dans la ville on ne fait que monter et descendre » dit S. Locatelli), les rues circulent tortueuses et resserrées au milieu de maisons antiques (L'almanach de 1755 relève tous ces caractères et cherche à les excuser en disant que la ville est très ancienne), avec des places réduites à de simples carrefours. (Sauf la place qui s'étend devant le château et celle qui sert pour le marché aux bêtes)
L'ensemble ne manque ni d'originalité ni de caractère. Mais si les villes anciennes sont intéressantes ou tout au moins curieuses pour le touriste ou l'artiste, elles imposent presque toujours aux habitants des classes populaires des inconvénients de toute sorte.
A Nevers, les grandes familles habitent des hôtels d'apparence quelquefois un peu sévère, mai qui renferment dans leurs murailles des cours spacieuse et de véritables jardins. A plus forte raison, ces demeures deviennent-elles agréables en dehors des remparts. On peut citer comme exemple la maison des Champs, la préfecture actuelle. Quand au peuple, il vit dans des conditions de confort et d'hygiène déplorables.

Aux 17e et 18e siècles, la plupart des artisans et des marchands habitent encore les vieilles masures que leurs ancêtre ont occupées au moyen âge.
En 1730, il est officiellement constaté que la plupart des maisons anciennes, basses, fort resserrées et mal commodes. Certaines rues de ce vieux Nevers existent encore début 1900.
On cite volontiers la demeure du menuisier poète Adam Billaut. C'était une très petite maison avec un modeste étage et dans le grenier une sorte de mansarde. La Madone et le ceps de vigne, qui ombrageait le cintre des fenêtres et grimpait autour de la Vierge, donnaient à l'ensemble une allure poétique et gracieuse, qui n'était pas du tout celle des maisons d'ouvriers. Des réparations multiples ont défiguré la façade et lui ont enlevé tout son caractère.
Mieux vaut s'arrêter devant certaines maison de la rue de la Parcheminerie (Ce qu'on appelle aujourd'hui la rue Adam Billaut, du nom du célèbre menuisier, n'était autrefois que le prolongement de la rue de la Parcheminerie), dont les boutiques basses et les baies cintrées donnent une idée plus exacte et moins attrayante de l'habitation des ouvriers d'autrefois.

Beaucoup de ces bâtisses, construites en bois plutôt qu'en pierre, se soutiennent à peine, bien qu'elles dépassent rarement un étage.

En novembre 1732, un orage que l'on qualifie d'ouragan, renverse d'un seul coup trois maisons près de la place St-Sébastien.

Cet accident, qui fait des victimes, semble émouvoir les pouvoirs publics. Des enquêtes signalent à cette époque un nombre inouï d'habitations « curieuses » ou qui « menacent une ruine évidente ».
Dans tous les quartiers, on s'occupe à démolir ou à étayer des maisons. Ici, c'est un pignon ou une cheminée qui s'apprêtent à choir. Là, c'est « une petite tour saillante » au coin de la demeure du sieur Callot, à l'angle de la rue St-Étienne et de celle des Chapelains (27 janvier 1735). Callot devra soutenir son échauguette, dont la silhouette esthétique décore évidemment le quartier, mais serait dangereuse pour les passants. Le chirurgien Guytot, qui habite au coin de la rue des Boyaux (19 avril 1736), devra lui aussi faire mettre un pilier dans l'encoignure de sa maison, « pour éviter l'évasion de la dite encoignure ».