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M. Eugène de Chambure, d'[[Alligny en Morvan]] dans un travail qui eut effrayé tout autre que lui (il travailla plus de dix années à son Glossaire du Morvan), prenant le parler mot à mot, établit que notre patois n'est rien d'autre qur du vieux français.<br>
MM. Hovelaque et Hervé, dans ''Recherches etnologiques sur le [[Morvan]]'',  écrivent : les éléments celtiques du langage morvandiau sont en fin de compte, ceux que l'on rencontre dans tous les dialectes de langue française ; ces éléments ne sont pas nombreux, et pour devenir français ils ont dû se latiniser... Le morvzndiau, comme tous les autres dialectes français, est le produit d'une simple évolution du latin populaire, du latin parlé introduit par la conquête romaine. La plus impérieuse nécessité força les indigènes à abandonner leur langue maternelle pour celle des vainqueurs, et la prédication chrétienne détermina la disparition totale de l'ancien idiome... Le morvandiau pourtant, pris dans son ensemble, a une figure nettement originale, bien qu'il se rattache de près à son voisin de l'Est, le bourguignon, et à son voisin de l'Ouest, le berrichon. Il doit incontestablement cette individualité à l'isolement de la région dans laquelle il était parlé".<br>
Cette individualité comporte d'ailleurs une foule de nuances locales, et le patois d'[[Alligny en Morvan]], par exemple, qui, jusqu'en 1792 était rattaché à la province de Bourgogne, diffère sensiblement de celui de [[Château Chinon]], par exemple. M. E. de Chambure établit, parmi ces nuances locales, deux principales divisions : le morvandiau bourguignon, et le morvandiau nivernais. C'est, en effet, dans cette démarcation que nous trouvons les nuances les plus marquées.<br>
Nous avons sous les yeux, le texte intégral d'un vieux monologue bourguignon, attribué à Aimé Piron, paru en 1724. En voici le titre original : ''"Mônôlôgue borguignon por être prononçai devan son Altesse Sérénissime le Duc, Ai Dijon, ché Antone Defay, imprimou et libraire, en li rue du Palai, ai lai bone foi - 1724. Aiv^parmission".''<br>
Nous trouvons dans ce texte à peu près toutes les consonances actuelles du patois parlé dans le [[Morvan]] bourguignon.<br>
Dans le [[Morvan]] nivernais, plus éloigné des autres régions, le patois, au contraire, a très peu subi l'influence berrichonne. Il a gardé cette individualité si caractéristique qui frappe tant le visiteur.<br>
Mais que ce visiteur entende parler le Morvandiau bourguignon ou le Morvandiau nivernais, il y rencontre les mêmes intonations et le même accent. Il est incontestable que le Morvandiau qui parle, comme nous le dit M. E. de Chambure, avec "l'accent gaulois" a conservé l'accent, peut-être quelque peu adouci, de ses aïeux les Celtes.<br>
"L'accent morvandiau, nous dit Germain Chauvet, se décèle entre mille : une grande musique toute en nuances. S étant formée par l'r.ur cet accompagnement, le Morvandiau chante soit le français émaillé d'expressions locales, empruntées ou non au patois, soit le patois lui-même.<br>
L'intonation est élevée, la dominante étant formée par l'r. D'autres parlers revendiuent l'art de rouler les r, aucun n'y réussit avec plus de bonheur que le Morvandiau.<br>
L'accent morvandiau détache nettement les syllabes les unes après les autres. L'a pour s'y conformer, doit s'accentuer plusieurs fois : il se baille. L'o, bref, s'ouvre ; il claironne.<br>
Les nasales jouent un rôle important : elles s'étirent, s'accrochent, se suspendent : Ain, s'ouvre dans l'esquisse d'un sourire - ''Ou'', s'incurve ; ''An'', se présente en dos d'âne ; ''Eu'', se prélasse ; ''I'', bénéficie des points d'orgue.<br>
Quant à la phrase, tantôt elle s'achève en savant descrescendo, tantôt elle se relève sans apparente terminaison.<br>
Ajoutons aussi que les mots terminés en ''in'' et ''ain'' se transforment souvent en ''ingne'' ou ''aingne'': vingne, paingne, boudingne, traingne ; vin, pain, boudin, train.<br>
Il faudrait des volumes pour entrer dans le détail des particularités intéressantes que comporte le langage morvandiau.<br>
Nous pouvons dire que, comme le français, notre dialecte est en constante évolution, évolution cependant très lente. L'isolement du [[Morvan]] ayant pris fin par suite du développement des moyens de communications, certains mots tendent à se "franciser". D'autres mots, d'autres expressions très employées à la fin du 19ème siècle et début du 20ème ont disparu. Par contre, notre vocabulaire s'enrichit obligatoirement de mots nouveaux découlant de l'apport des sciences et des techniques. A l'inverse, des anciens mots qui se sont "francisés", ces nouveaux mots sont prononcés à la manière locale et deviennent du fançais "patoisé". Cependant ces mots demeurent peu nombreux et modifient très sensiblement le fond du vieux patois.<br>
Nous sommes certains que, malgré le développement des communications, notre langage sera lent à se mélanger et à se confondre avec le français.<br>
* Source : Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome I<br>
* Transcripteur : [[Utilisateur:Mabalivet|Mabalivet]] ([[Discussion utilisateur:Mabalivet|discussion]]) 14 avril 2020 à 16:51 (CEST)

Version du 14 avril 2020 à 17:21

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Petit quizz en ligne

On ne sait pas combien de temps ce lien fonctionnera mais voici quelques questions concernant des mots en patois (bourguignon et franc-comtois) [1]

  

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Patois morvandiau

M. Eugène de Chambure, d'Alligny en Morvan dans un travail qui eut effrayé tout autre que lui (il travailla plus de dix années à son Glossaire du Morvan), prenant le parler mot à mot, établit que notre patois n'est rien d'autre qur du vieux français.
MM. Hovelaque et Hervé, dans Recherches etnologiques sur le Morvan, écrivent : les éléments celtiques du langage morvandiau sont en fin de compte, ceux que l'on rencontre dans tous les dialectes de langue française ; ces éléments ne sont pas nombreux, et pour devenir français ils ont dû se latiniser... Le morvzndiau, comme tous les autres dialectes français, est le produit d'une simple évolution du latin populaire, du latin parlé introduit par la conquête romaine. La plus impérieuse nécessité força les indigènes à abandonner leur langue maternelle pour celle des vainqueurs, et la prédication chrétienne détermina la disparition totale de l'ancien idiome... Le morvandiau pourtant, pris dans son ensemble, a une figure nettement originale, bien qu'il se rattache de près à son voisin de l'Est, le bourguignon, et à son voisin de l'Ouest, le berrichon. Il doit incontestablement cette individualité à l'isolement de la région dans laquelle il était parlé".

Cette individualité comporte d'ailleurs une foule de nuances locales, et le patois d'Alligny en Morvan, par exemple, qui, jusqu'en 1792 était rattaché à la province de Bourgogne, diffère sensiblement de celui de Château Chinon, par exemple. M. E. de Chambure établit, parmi ces nuances locales, deux principales divisions : le morvandiau bourguignon, et le morvandiau nivernais. C'est, en effet, dans cette démarcation que nous trouvons les nuances les plus marquées.
Nous avons sous les yeux, le texte intégral d'un vieux monologue bourguignon, attribué à Aimé Piron, paru en 1724. En voici le titre original : "Mônôlôgue borguignon por être prononçai devan son Altesse Sérénissime le Duc, Ai Dijon, ché Antone Defay, imprimou et libraire, en li rue du Palai, ai lai bone foi - 1724. Aiv^parmission".
Nous trouvons dans ce texte à peu près toutes les consonances actuelles du patois parlé dans le Morvan bourguignon.
Dans le Morvan nivernais, plus éloigné des autres régions, le patois, au contraire, a très peu subi l'influence berrichonne. Il a gardé cette individualité si caractéristique qui frappe tant le visiteur.
Mais que ce visiteur entende parler le Morvandiau bourguignon ou le Morvandiau nivernais, il y rencontre les mêmes intonations et le même accent. Il est incontestable que le Morvandiau qui parle, comme nous le dit M. E. de Chambure, avec "l'accent gaulois" a conservé l'accent, peut-être quelque peu adouci, de ses aïeux les Celtes.
"L'accent morvandiau, nous dit Germain Chauvet, se décèle entre mille : une grande musique toute en nuances. S étant formée par l'r.ur cet accompagnement, le Morvandiau chante soit le français émaillé d'expressions locales, empruntées ou non au patois, soit le patois lui-même.
L'intonation est élevée, la dominante étant formée par l'r. D'autres parlers revendiuent l'art de rouler les r, aucun n'y réussit avec plus de bonheur que le Morvandiau.
L'accent morvandiau détache nettement les syllabes les unes après les autres. L'a pour s'y conformer, doit s'accentuer plusieurs fois : il se baille. L'o, bref, s'ouvre ; il claironne.
Les nasales jouent un rôle important : elles s'étirent, s'accrochent, se suspendent : Ain, s'ouvre dans l'esquisse d'un sourire - Ou, s'incurve ; An, se présente en dos d'âne ; Eu, se prélasse ; I, bénéficie des points d'orgue.
Quant à la phrase, tantôt elle s'achève en savant descrescendo, tantôt elle se relève sans apparente terminaison.
Ajoutons aussi que les mots terminés en in et ain se transforment souvent en ingne ou aingne: vingne, paingne, boudingne, traingne ; vin, pain, boudin, train.
Il faudrait des volumes pour entrer dans le détail des particularités intéressantes que comporte le langage morvandiau.

Nous pouvons dire que, comme le français, notre dialecte est en constante évolution, évolution cependant très lente. L'isolement du Morvan ayant pris fin par suite du développement des moyens de communications, certains mots tendent à se "franciser". D'autres mots, d'autres expressions très employées à la fin du 19ème siècle et début du 20ème ont disparu. Par contre, notre vocabulaire s'enrichit obligatoirement de mots nouveaux découlant de l'apport des sciences et des techniques. A l'inverse, des anciens mots qui se sont "francisés", ces nouveaux mots sont prononcés à la manière locale et deviennent du fançais "patoisé". Cependant ces mots demeurent peu nombreux et modifient très sensiblement le fond du vieux patois.
Nous sommes certains que, malgré le développement des communications, notre langage sera lent à se mélanger et à se confondre avec le français.

  • Source : Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome I
  • Transcripteur : Mabalivet (discussion) 14 avril 2020 à 16:51 (CEST)