L'armée d'Orient

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L'Armée d'Orient à Salonique

  • Après l'échec de l'expédition des Dardanelles, les armées anglo-françaises ont dû faire front à une nouvelle menace dans les Balkans : l'invasion de la Serbie et de la Macédoine par les armées austro-allemandes. En Grèce, le ministre Vénizelos a offert aux Alliés la collaboration de la Grèce, à condition d'entraîner la Roumanie et la Bulgarie. Mais les relations difficiles entre ces pays voisins, le souvenir des récentes guerres balkaniques et les alliances familiales des souverains les ont à nouveau divisés : la Roumanie soutenue par la Russie a accepté, la Bulgarie s'est tournée vers les puissances centrales.
    Dès la fin du mois de septembre 1915, une mission française conduite par le général Bailloud a étudié la possibilité d'un débarquement à Salonique des troupes ré-embarquées aux Dardanelles. Les premiers soldats français sont arrivés à Salonique dans le courant du mois d'octobre.

Salonique, carrefour des nations

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  • « Les hasards de la guerre ont fait de Salonique le rendez-vous de toutes les races du monde.
    A les voir de près, on est obligé de confesser que la plus pacifique est assurément la française, du moins par l'apparence. Quand on rencontre un de nos soldats maigrelets, toujours gouailleurs, on se demande où peut être dans ce petit bonhomme le ressort de l'héroïsme. Les mains dans les poches, le nez au vent, il se promène comme un pêcheur d'images, un poète qui vit de distractions et ne réfléchit pas au-delà du moment. Vous raconte-t-il ses prouesses qu'il semble parler d'un autre homme, tant il est naturel qu'il soit détaché des grandes choses. C'est un Guignol cocasse que rien ne prédestine à la gloire. »
    Ainsi commence un article rédigé par Edouard Julia, journaliste de l'Illustration (17 février 1917). Et l'article est illustré de jolies aquarelles de Jacques Touchard, où l'on voit nos soldats flânant avec leurs homologues alliés parmi la population grecque ; le peintre a succombé à un exotisme facile.
  • Non, il ne s'agit pas de jeunes gens en villégiature, mais de soldats du corps expéditionnaire d'Orient, actuellement bloqués dans la ville de Salonique et dans les campagnes environnantes. Venus de France et de ses colonies, Malgaches, Sénégalais, Martiniquais, Tahitiens, ils côtoient les nombreux sujets britanniques, Anglais, Irlandais, Indiens, Australiens, des Grecs, des Albanais, des Serbes, des Monténégrins, des Russes, des Italiens. Le camp retranché abrite plus de 300000 hommes, qui se préparent au combat.
    Décidé en octobre 1915, après l'échec de l'expédition des Dardanelles, le débarquement des troupes alliées à Salonique était initialement destiné à aider les Serbes à reconquérir leur pays. Mais la campagne le long du fleuve Vardar s'est assez vite transformée en recul, la Bulgarie est entrée en guerre aux côtés des Austro-allemands et un nouveau front s'est ouvert en Roumanie.
  • Plusieurs soldats issus du canton de Decize ont fait partie de ce corps expéditionnaire : François Labonde, Auguste Jardelot, François Chomont, Lazare Cloix, François Doreau, Joseph Gorard, Jules Lefebvre, Alfred Marc, Maurice Perrier, Jean Renard, Pierre Dubois, Louis Gobé, Louis Joseph Rainat, Baptiste Darbelet, Ernest Guerriat...
    Certains ont été atteints par le paludisme, rapatriés dans les hôpitaux militaires de Toulon ou de Hyères. D'autres ont été blessés au cours de combats lors de la reconquête de la Macédoine.
    La médaille militaire serbe a récompensé plusieurs de ces combattants de l'Armée d'Orient.

Défendre la malheureuse Serbie

  • La Serbie est depuis l'automne 1915 victime d'une violente attaque par les forces conjointes de l'Autriche, de la Bulgarie et de la Turquie (700000 hommes) ; sa petite armée de 250000 hommes doit se replier dans les régions limitrophes du Monténégro et du Kosovo. La ville de Belgrade est évacuée. Quelques partisans se retranchent dans les régions montagneuses du sud du pays, pendant que le gros de l'armée reflue sur la Macédoine.
    150000 soldats français, anglais, grecs, roumains, italiens et russes vont alors tenter de porter secours à la « malheureuse Serbie ». Depuis Salonique, une voie ferrée remonte les vallées du Vardar et de la Morava en direction d'Uskub (actuelle Skopje) et Nich (Niš). Des renforts sont acheminés et il faut contrôler le célèbre défilé de Démir Kapou.
    Ces opérations se déroulent pendant un hiver très rigoureux. Les voies de communication sont très mauvaises et l'armée serbe doit abandonner son territoire en janvier 1916. Le roi Pierre et le général Radomir Putnik organisent un gouvernement provisoire à Corfou.
  • L'Armée française d'Orient comprend deux divisions d'infanterie, trois divisions d'infanterie coloniale, plusieurs régiments d'Afrique, une brigade de cavalerie et plusieurs escadrilles d'aviation.
    Les combats vont s'étendre sur tout le sud des Balkans, de Salonique à Monastir, de Florina à la Roumanie et durer trois années complètes, jusqu'à la capitulation de la Bulgarie en octobre 1918.
    Parmi les soldats recrutés dans le canton de Decize, on retrouve un certain nombre de combattants du front de Salonique et des batailles du Vardar, de Makovo, de Dobro Polje, de Doldzeli. On les rencontre régulièrement sur les listes mensuelles de soldats morts pour la France et sur les fiches matricules de soldats coloniaux, parfois blessés ou rapatriés malades.
    Voici quelques exemples :
- Le Decizois Édouard Morette, du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique, part à l'Armée d'Orient le 9 novembre 1916 ; il revient le 28 janvier 1919, décoré de la médaille serbe et de la médaille d'Orient.
- Louis Joseph Rainat, de La Machine, à l'armée d'Orient du 17 novembre 1916 au 10 août 1918, reçoit les mêmes médailles et une citation.
- François Thirion, caporal au 22e Régiment d'Infanterie Coloniale, est à l'Armée d'Orient du 4 août 1917 au 1er février 1919.
- Louis Gobé, de Saint-Léger-des-Vignes, qui sert au 1er Régiment d'Artillerie de Montagne, débarque à Salonique le 7 juillet 1917, il est rapatrié le 24 janvier 1919.
- À plusieurs reprises, le lieutenant-colonel Paul Boigues se signale par ses décisions audacieuses, à la tête du 260e R.I. En novembre 1916, il entre dans la ville albanaise de Florina (La Tribune Républicaine, 12 novembre 1916).
- Le soldat Henri Grier, du 54e Régiment d'Infanterie Coloniale, meurt à Doldzeli (Serbie) et Ernest Courteix est tué à Kicevo (Serbie).
- Alphonse Vaudelin, de Saint-Germain-Chassenay, incorporé au 37e Régiment d'Infanterie Coloniale est blessé le 9 mai 1917 à Makovo.
Photo collection famille Vaudelin. Alphonse Vaudelin 1er à gauche, 2ème rang.



Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par --Mnoel 16 janvier 2016 à 17:01 (CET)