L'Espérance

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1908-2008 : A propos d’un centenaire - Souvenirs des années de guerre 1941-1944

Je m’adresse ici à tous ceux et à toutes celles qui, toutes générations confondues, au cours de leur adolescence ont fréquenté l’Espérance[1] une ou plusieurs années.

L’année 2008 verra le centenaire de la création de l’école, et à cette occasion, il serait super de retrouver quelqu’un ou quelqu’une avec qui nous avons partagé cette période de notre vie.

Un peu d’histoire nous la fera peut-être connaître mieux.

Pour les plus anciennes [2] l’enseignement était essentiellement celui des Arts Ménagers et de la couture. Le Cours Ménager étant le nom initial de l’École. Ensuite, durant la deuxième guerre mondiale, et c’est cette période que je voudrais évoquer, L’École Technique et Ménagère de L’Espérance vit le jour et de nouvelles matières furent enseignées, Enseignement général, dessin, chant, éducation physique, mais le CAP de couture restait l’examen de fin de scolarité après 3 ans. Auparavant, L’établissement avait été reconnu comme Centre de Jeunesse et portait le nom d’Isabelle Romée.[3]

Nous étions divisées en équipes. Tous les matins,il y avait la cérémonie aux couleurs, chaque jour, une équipe différente montait le drapeau et le chef d’équipe lançait un mot d’ordre. Chaque équipe avait sa devise , pour la mienne, le chef d’équipe prononçait à haute voix, le mot « drapeau » et l’équipe répondait : « Pour la France ». C’était un peu militaire, à vrai dire, mais cela ne nous déplaisait pas, nous étions jeunes, la France était notre patrie occupée et nous étions élevées dans le respect des traditions. Nous chantions souvent « Flotte petit drapeau, flotte, flotte bien haut» Je pense que c’était même un peu provocant à l’époque.

Tous ces événements se passaient au N° 6 de la rue Cloître Saint Cyr, cette promotion de guerre n’a jamais connu les locaux du N° 10 et a même intégré des salles de classe et un dortoir rue de la Parcheminerie. Dans ces années là , les enseignements publics et privés travaillaient ensemble sans trop de problèmes. Je me souviens d’un formidable gala de gymnastique au Pré-Fleuri, avec toutes les écoles de Nevers. Quel succès ! Souvenez-vous de la chorégraphie et du chant :

Va Français, au ciel se lève
Le soleil d’un jour nouveau
Laisse au loin s’enfuir ton rêve
En chantant, prends ton fardeau.

Il m’arrive de le fredonner encore. Pour des jeunes et en temps de guerre, quel programme pour cet avenir dont nous ignorions tout.

La guerre sévissait toujours, les alertes aériennes se succédaient, nous descendions souvent dans les caves sous la cathédrale, on entendait les avions et n’étions pas très rassurées. Pour tromper notre peur, nous chantions : Boum, quand notre cœur fait boum de Trénet. rue de la Parcheminerie, il n’y avait qu’à traverser pour se mettre à l’abri.

Mais la scolarité se poursuivait quasi normalement, nous passions cet été là le Brevet sportif populaire au Pré-Fleuri, j’en ai gardé quelques photos.

L’enseignement religieux était obligatoire, nous avions des retraites spirituelles de quelques jours, celle du Père Stocker m’avait particulièrement impressionnée. C’est aussi pendant cette période que fut créé le chant de l’Insigne que nous portions fièrement, la musique était de Mademoiselle Lachaussée, notre Directrice, et j’ai eu l’honneur de participer à la mise en paroles de 2 ou 3 couplets. Ce chant a-t’il été repris par les promotions suivantes ?

Souvenez-vous aussi de cette fête de la Présentation le 21 novembre. C’était vraiment la fête de l’école. Chaque équipe improvisait un sketch et la journée se passait dans la joie. Durant l’hiver 43-44, l’ensemble de l’école avait préparé un spectacle de tableaux vivants évoquant les Mystères Joyeux. Une représentation avait même été donnée au cinéma Palace. Après la guerre, l’Épopée de la Joie a été grandement inspirée par ces tableaux, mais nous, les enfants de la guerre, en avions jeté les bases, en quelque sorte.

L’éducation reçue était, non pas sévère, mais assez stricte, voici relaté un petit fait qui fera sourire les élèves du 21ème siècle : Patrick Bruel a remis à l’honneur une chanson créée dans ces années-là , les amants de St Jean. Nous avions parmi nous, une musicienne , Colette Bourdain-Finel et son banjo,et nous fredonnions cet air aux récréations, mais les paroles –osées- pour les jeunes filles de bonne famille que nous étions, nous valurent de sévères remarque... Pas question de chanter cela à l’Espérance !

Les expositions de travaux d’élèves en fin d’année scolaire, étaient préparées avec joie, c’était le travail personnel de l’année, les élèves de première année présentaient une grande pièce de toile fine avec tous les points et travaux de couture que se devait de connaître une jeune fille Quelques unes exposaient des aquarelles réalisées avec l’aide d’un professeur de dessin, Mademoiselle Marie-Thérèse Gueneau, directrice du Cours Notre-Dame [4] Ce sont d’ailleurs ces tableaux, pleins de fraîcheur qui ont fait tilt, quelque part chez moi, alors que maman m’avait accompagnée à une exposition. J’ai aussitôt décidé de rentrer dans cette école, j’étais alors à l’école de Loire en primaire supérieur, j’aimais les études, mais l’école était sinistre et ne me plaisait pas du tout

Et c’est le début de l’histoire……

Mais pour conclure, je tiens à rendre hommage à toute l’équipe de professeurs et à notre Directrice, en cette époque si difficile, Mademoiselle Lachaussée, à qui, personnellement, je dois beaucoup. Je n’oublie pas, non plus, Mademoiselle Riffault qui vient de nous quitter et qui fut, elle aussi, plus tard, Directrice de l’Espérance. Je l’avais connue bien plus tôt, en quittant l’Espérance j’entrai au Cours Notre-Dame pour reprendre mes études là où je les avais laissées enrichies des acquis pendant les trois années précédentes ( car, il faut le dire la couture n’était pas ma tasse de thé ), Mademoiselle Riffault était alors notre professeur principal et notre professeur de maths de la troisième à la première.

Un grand merci pour la qualité de l’enseignement qu’elles m’ont apporté- qu’elles nous ont apporté.

  • Récit : Denise Tissier-Guérin



  1. Dans ses anciens locaux, 6 rue du Cloître Saint Cyr
  2. il n’y avait pas alors d’éléments masculins
  3. Isabelle Rommée (ou Isabeau Rommée ou Isabelle Romée selon les sources), née en 1377 et morte le 18 ou le 19 novembre 1458), est la mère de Jeanne d'Arc. Son nom de jeune fille est Isabelle de Vouthon, ou plus probablement Isabelle Devouton.
  4. Qui n’existe plus