Insolite

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Lettre du Morvand

Du Grevillot, le 13 septembre 1885,
Monsieu le Redacteure,

En v'lai tôt pas ène beurlée ? Vous ellez voui ? Hiar, iatot è tréveiller dans mon atelier, voichi un monsieur couifé d'un saipiau grand cul un p'sot rapé qu'enteure. - Boujour papa Biaise, qu'ot m'dit, comment va la santé ?

- Bonjou, monsieu, y vai pas mau va, chitez-vous donc, è m'boute chu ène escabelle, allons bon.

- Eh bien, Blaise, comment va l'ouvrage ?

- Ma foi, y vai bin , bin mal pou c'temps chi, croyez.

- Ah çà ! père Tailleur, voilà le jour des élections qui approche, je viens vous demander votre voix ; je pense que vous voterez pour moi.

- Ma foi, monsieu, oui, va.

- Très-bien. Vous savez que la République est le seul gouvernement qui nous convienne et sous lequel tout le monde est heureux.

Èprès ch'ti, è mai noumai cinq noms qui né m'rèpeule tant cheulement pus.

- Mais dites donc, iot y vous qu'ost lé domestique dé monsieu d'Espeuilles ?

- Non, mon vieux bonhomme.

- Qué lé tounarre té breule donc bin ? Commencez voui dé n'pas t'assayer de m'emberlificoter. O ! y conna bin lai menée das républicains qué premettons tout è quène donnons ran, api qué fions raugmenter las contributions tous les zans, api qué fions fère dé lai guerre.

- Bah ! Bah ! Vous vous trompez, père Blaise.

- Ah io pas vrai ? Ellez donc voui vez lé grand Fanchi qué son garçon est rue tué dans le Tonkingue et encore lé p'tiot Martial du 2e zouaves qu'y est touzou. Olle rest drôlement fénie lai bataille, oui ? Èvec voute lingue à trente-six tors, vous n'ellez pas m'fère craie vous balivarnes, va.

- Je vous dis que vous êtes dans l'erreur, Blaise.

- Taïez-vous ; y vont tous voité pour monsieu d'Espeuilles[not 1] è tout sai liste qué vai nous donner lai paix, l'ordre et le travail, compeurnez-vous. Vous m' en récalerez guère dé voix long d'lui, va. È gnai dans lé Bazois lai commune dé Mont-et-Mazrré qué sont voisignes dé monsieu le comte d'Espeuilles è vont tous voié pour soi ? Vous nez pas b'zoingne d'y porter voute erguingotte pasque è vont bin vous ermorcier èvec vous pougnées d'maigne, moi iou sais bin.

Ma foi, moun homme ost l'en ost resté lai masouère sous lé nez è l'ai bouté son camp peneux comme éné lune.

Vous m'escuserez, monsieu le rédacteure, de vous importunancer, mais y seu chi bin bisquant qui n'ai pou m'empesser dé vous écri.

J'ai bin l'honneur, monsieu le rédacteure, de vous souhaiter le bonjou. Votre serviteur.


Remarque : j'ai bien pris soin de recopier exactement l'orthographe adoptée dans l'article, puis de lire à haute voix.

  • Le Journal de la Nièvre, 16 septembre 1885. Texte communiqué par Pierre Volut
  • Transcripteur : Martine NOËL (discussion) 26 octobre 2022 à 12:16 (CEST)

1892 - Un tour de force

Un bicycliste, M. E. François, employé chez MM. Roger et Abel, rue du Parc, à Nevers, se propose de faire le voyage de Fourchambault, aller et retour, soit environ 16 kilomètres, en moins de 24 minutes, ce qui représente une vitesse de plus de 40 kilomètres à l'heure.

Si le temps le permet, le départ aura lieu demain vendredi, place de la Halle, à cinq heures du soir.

MM. les bicyclistes de Nevers sont invités à prendre part à cette course et à vérifier le virage qui aura lieu à Fourchambault, hôtel du Berry.

  • Le Journal de la Nièvre, 12 mai 1892. Texte communiqué par Pierre Volut
  • Transcripteur Martine NOËL (discussion) 20 novembre 2022 à 10:44 (CET)

1906 - Contaminée par un nourrisson

Lundi, le tribunal civil de la Rochelle a condamné l’Assistance Publique de la Charente Inférieure à payer une indemnité de 12 000 francs à une de ses nourrices, Madame Augeard, né Valin, âgée de 27 ans, mère de quatre enfants, demeurant à Marans. Cette femme a été avariée par un nourrisson au sein, qui lui avait été remis par le service de l'Assistance. Cet enfant, né à la maternité de la Rochelle, était atteint de maladie grave héréditaire. Le médecin légiste entendu au cours du procès a déclaré que, pendant deux ou trois ans, Madame Augeard sera exposée à communiquer cette même maladie aux personnes de sa famille. Que les nourrices du Morvan en prennent bonne note.

  • Le journal du Morvan, 13 janvier 1906.

1906 - Récupération politique

Un domestique de ferme, honnête et travailleur, surpris par le garde au moment où il emportait un lapin trouvé par hasard dans un collet s'enfuit [...]. Pour certains la vie d'un lapin est plus précieuse que celle d'un travailleur.

  • L'Observateur du Centre, 27 mars 1906.

1907 - Chez Salomon

« Tous les vendredis la salle de justice de paix est envahie. Il y a spectacle. Tous, grands et petits, viennent y prendre un moment de récréation. Vendredi dernier, affaire Foulet contre Delau. Les témoins ont rivalisé de cocasserie avec le juge. L'un nous dit cette bouffonnerie : « J'ai été présent à toute la conversation, mais je ne puis rien dire, parce que je suis sorti pour satisfaire un petit besoin. » L'autre est moins drôle mais tout aussi ridicule. Sérieusement, il fait une longue narration des faits qui ont précédé l'affaire. Arrivé là, il s'arrête court, il ne sait plus rien. Sa mémoire a une éclipse. Un troisième déclare qu'il était sourd à ce moment-là. Il a, dit-il, des accès de surdité qui ne durent pas. Enfin, le juge se déclare suffisamment éclairé. « Attendu, dit-il, que Delau a eu tort d'appeler Foulet canaille, condamnons... (un temps d'arrêt)... Delau (la figure de Foulet est joyeuse) au tiers des dépens... et Foulet au reste (nez de Foulet), c'est-à-dire aux deux tiers (hilarité et tumulte). A une autre affaire ! »

  • L'Observateur du Centre, 25-5-1907.

1908 - Dément ou démente ?

A la gare de Decize, les cheminots et les voyageurs ont assisté à un spectacle inhabituel. Un jeune homme de 25 ans, pupille de l'assistance publique et demeurant à Saint-Léger, s'est tout d'abord complètement dévêtu sur le quai de la gare. Interpellé et sommé de se rhabiller, il s'est exécuté et il est sorti dans la cour de la gare. Là, il a avisé une charrette attelée d'un cheval. Se prenant pour un cow-boy, il a sauté sur le cheval et il a tenté de le faire partir au galop. L'énergumène a été conduit sous bonne garde à sa mère nourricière.

  • Le Journal de la Nièvre, 22 mars 1908.

Une fumerie d'opium et un casino clandestin à La Machine

Deux Chinois, Ly Pao Tsieng et Ly Tieng Tang (ou Ly Kien Choang) sont arrêtés par la gendarmerie le 31 juillet 1930. Dans une chambre de la Cité des Glénons, à La Machine, ils avaient organisé une fumerie d'opium pour leurs compatriotes[not 2]. En plus des fumeurs d'opium, le local était fréquenté par Suzanne Marquis, pensionnaire de la maison de tolérance.

Le commissaire responsable de la Sûreté Générale à Nevers prend l'enquête en mains et il remonte la filière, ce qui nous permet de connaître les antécédents des deux délinquants : Ly Pao Tsieng est né le 10 août 1885 à Fi Hsien (Chine) ; il a été embauché aux mines de La Machine le 13 mai 1929; auparavant, il résidait à Issy-les-Moulineaux ; il a été déjà condamné deux fois pour avoir tenu une fumerie d'opium et il est sous le coup d'un arrêté d'expulsion en date du 16 novembre 1929 (la direction des mines n'a pas vérifié assez soigneusement ses papiers). Son comparse, Ly Kien Choang, né en 1889 à Pékin, est arrivé plus récemment à La Machine, le 10 juin 1930 ; auparavant, il était serveur dans un restaurant chinois du boulevard Saint-Michel, à Paris. Ly Kien ne travaille plus, il prétend vivre de ses économies.

Le 6 août, un autre Chinois, manœuvre à Imphy, résidant en France depuis 13 ans, est arrêté. Song Wai Tsai, né le 8 février 1896 à Tong Mio, a travaillé successivement à Toulon, Lyon, Roanne, La Fère, Coucy-le-Château et Paris. On a trouvé sur lui 50 grammes d'opium ; il est écroué à Nevers.

Dix jours plus tard, les gendarmes interpellent deux autres ouvriers des aciéries d'Imphy : Ko Chang Fou, 38 ans, et Chouo Son Fung, 31 ans, rejoignent leurs compatriotes en prison. Le premier était possesseur de 5,80 grammes d'opium, le second de 3,75 grammes. D'où la drogue provenait-elle? Aucun des cinq prévenus n'est très bavard, ils se contentent d'indiquer Marseille.

"Une personne digne de foi qui tient à conserver l'anonymat" (peut-être s'agit-il de la prostituée mentionnée plus haut, qui servait d'indic) apporte à la police une enveloppe trouvée dans le cantonnement chinois de La Machine. L'adresse est reconnue comme étant celle du fournisseur : M. Shu Stu Hoa, 15 montée du Saint-Esprit, Marseille, Bouches-du-Rhône.

Il ne reste plus au commissaire qu'à transmettre le dossier à ses collègues marseillais, via le ministère.

Notes et références

Notes

  1. Albéric d'Espeuilles, maire de Montapas, député bonapartiste de la NIèvre depuis 1877, a été battu en 1885 ; il sera réélu de 1889 à 1893
  2. La Tribune du Centre, 7 août 1930 et Archives Départementales de la Nièvre, dossier série M, Cabinet du Préfet, direction de la Sûreté Générale, documents n°777,798 et 919

References