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1881 - Suspension du maire de Decize

M. le préfet de la Nièvre vient de prendre l'arrêté suivant, qui suspend de ses fonctions pendant deux mois M. le docteur Comoy, le nouveau maire de Decize :

« Le préfet de la Nièvre,
Vu la lettre de M. le procureur de la République en date du 10 mars ;
Vu l'article 2 de la loi du 5 mai 1855 ;
Considérant qu'en attendant qu'il ait été statué par M. le ministre de l'intérieur, auquel nous en référons, il importe, à raison des faits relatés dans la lettre précitée, de prendre une mesure d'urgence,
Arrêtons :
Art. 1er. - M. le docteur Comoy, maire de Decize, est suspendu de ses fonctions pour deux mois.
Art 2. - M. le secrétaire général est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Nevers, le 11 mars 1881.
Le préfet de la Nièvre, I. Levaillant. 
Pour copie conforme, le secrétaire général, A. Marie. »

Nous trouvons l'explication de cette mesure dans une lettre de Decize publiée jeudi par la République de Nevers, et dans laquelle un de ses amis lui annonçait que M. Baruelle fils, maître-tanneur à Decize, avait été mis la veille en état d'arrestation et dirigé ensuite sur Nevers entre deux gendarmes, à quatre heures du soir.

La feuille opportuniste faisait suivre cette lettre des réflexions suivantes :

« Nous livrons brutalement ce fait à l'appréciation de nos lecteurs ; et maintenant, ayant voulu connaître le crime que M. Baruelle avait commis, voici ce que nous avons appris : M. Baruelle a fait traverser la promenade par une voiture chargée de sable ; et encore, paraît-il, il y avait été autorisé par un arrêté de M. Tissier, maire de Decize depuis les dernières élections.

Mais le nouveau maire, qui personnellement est un homme très-doux, mais qui a le tort de ne pas savoir résister à certaines personnes bilieuses et autoritaires qui l'entourent, a tout simplement fait arrêter M. Baruelle, comme nous venons de le dire, afin qu'il ne lui prenne pas fantaisie de faire passer une seconde voiture sur la promenade.

M. le procureur de la République, devant lequel a comparu M. Baruelle, amené par deux gendarmes à cinq heures du soir, a immédiatement ordonné sa mise en liberté.

Nous espérons bien que l'administration n'en restera pas là. M. Baruelle a, du reste, déposé une plainte au parquet... »

Voici maintenant la version du Patriote :

« Sous cette rubrique : Une arrestation arbitraire, la République d'aujourd'hui a publié une nouvelle curieuse, dans laquelle les faits sont travestis de façon véritablement opportuniste...

Nous prendrons la liberté, à notre tour, de rétablir la vérité, telle qu'elle résulte des renseignements qui nous ont été envoyés.

M. Baruelle, malgré la défense de M. le maire de Decize, et en dépit de l'engagement formel qu'il avait pris lui-même, à plusieurs reprises, vis-à-vis des agents de l'autorité, de se conformer à la règle commune, n'a pas cessé, un seul jour, de se moquer du maire et de l'autorité qu'il représente.

L'adjoint lui-même, ceint de son écharpe, a été envoyé à tous les diables par cet étrange protégé de la République.

Deux manifestations menaçantes d'ouvriers de M. Baruelle, obéissant à nous ne savons quelles injonctions, ont été faites devant les fenêtres de M. le maire de Decize.

Enfin, M. Baruelle a fait passer à travers la promenade de Decize, non pas une seule voiture, mais des centaines de voitures, creusant ainsi de profondes ornières et entravant à lui seul la jouissance de tous les habitants.

Ajoutons d'ailleurs cette circonstance, omise à dessein par le journal opportuniste, que M. Baruelle avait déjà subi trois procès pour la même cause, et qu'il n'a été arrêté qu'au quatrième procès, c'est-à-dire au quatrième avertissement formel donné par l'autorité.

Les gendarmes, après avoir épuisé tous les moyens, n'ont fait que remplir leur devoir, et nous devons ajouter qu'ils ont montré beaucoup de patience !

Comment se fait-il que notre confrère prenne le parti de se poser, ainsi qu'il le fait, en défenseur furibond de la résistance à l'autorité et de la violation de la loi ? C'est un des mystères de l'opportunisme..., facile à saisir cependant, pour quiconque est tant soit peu au courant de ses petites intrigues.

Et d'abord, nul n'ignore que la municipalité de Decize n'a pas l'heur d'être à la convenance du préfet. »

  • Le Journal de la Nièvre, 11 mars 1881[not 1]. Texte communiqué par Pierre Volut

1894 -Un pétard dans l'église

Le tribunal de Cosne, dans son audience du 2 mai, a condamné Ernest Naudin, vingt-huit ans, potier, et Victor Faule, vingt-deux ans, voiturier, qui, le 11 avril dernier, jour de l'adoration perpétuelle, ont jeté un pétard dans l'église de Saint-Amand, et ont ainsi causé une panique parmi les fidèles, le premier à huit jours de prison et le second à trois jours de la même peine.

  • Le Journal de la Nièvre, 5 mai 1894 ; La Tribune Républicaine reprend le jugement le 9 mai, dans les mêmes termes. Texte communiqué par Pierre Volut
  • Transcripteur Martine NOËL (discussion) 19 janvier 2023 à 16:49 (CET)

1903 - Acte de malveillance

M. Roussillon, cafetier à Pougues les Eaux, a été récemment victime de la malveillance d'individus dont les actes sont réprouvés par tous les honnêtes gens du pays.

Ces malfaiteurs inconnus ont coupé, au ras de terre, douze beaux pieds de vigne qui garnissaient, sur une longueur de 20 mètres, une maison d'habitation, située rue Jean-Jacques Rousseau, dont M. Roussillon est propriétaire.

Cet acte de vandalisme lui cause un préjudice évalué à plus de 300 fr.

Depuis plus d'un an, M. Roussillon est en butte aux calomnies, vols et insultes de gens malhonnêtes qui ne sont sans doute pas étrangers à ce dernier fait, mais que l'enquête, ouverte à ce sujet, n'a pu encore faire découvrir.

1926 - Poissons... d'avril

« Depuis quelques jours un dangereux acide foudroie les habitants du petit Canal.

Le public, et plus particulièrement le monde des pêcheurs, est depuis quelques jours en éveil.

À juste titre, croyons-nous, car il s'agit d'une très importante question et il nous semble bon d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur des faits qui sont de nature à compromettre gravement la salubrité publique et, ce qui a aussi son intérêt, l'avenir de la pêche dans notre région.

On sait que depuis quelque temps une nouvelle industrie s'est installée à Nevers pour la fabrication de la soie artificielle. Nous n'avons pu qu'applaudir à la naissance de cette vaste usine qui redonne à ce quartier laborieux du Mouësse un regain d'activité et assure à des centaines d'ouvriers et d'ouvrières de la ville le pain de chaque jour.

Cependant, il serait désirable que cet établissement surveillât de plus près l'évacuation des acides qu'il emploie. L'acide sulfurique, dont la Borsvik fait une ample consommation, s'écoule, lorsqu'il est usé, par un conduit souterrain dans le canal de dérivation, ce cours d'eau bien connu des Nivernais qui font de ses rives paisibles le but de leur promenade dominicale. Il prend naissance à Coulanges et va se jeter dans la Loire à 300 mètres au-delà de l'usine Kuhlmann. C'est pour les pêcheurs un lieu de prédilection car, dans ses eaux abondent corcilles, goujons et autres fritures recherchées, sans compter les grosses pièces, barbillons, gardons, brêmes et garbots.

Las ! Pauvre pêcheur, il te faut, pour l'instant du moins, dire adieu à l'espoir de sortir du Petit Canal la moindre ablette ; le dangereux acide, au débouché du conduit souterrain, s'épand en nappes bleuâtres sur l'eau calme, au sein de laquelle il causa il y a quelques jours d'inappréciables ravages. Si nous en croyons certains, c'est par centaines de kilos que l'on doit chiffrer les victimes de l'acide parmi la gent aquatique.

On les vit, nous dit-on, poussés par le courant, descendre - ventre à l'air - vers la Loire en longues théories. L'hécatombe dura plusieurs jours. Vendredi dernier, il en passait encore d'imposants cortèges.

Ce que dit le président de la Corcille :

Nevers. La Nièvre, entre les deux eaux

Émoi justifié, avons-nous dit chez les pêcheurs. Il était nécessaire de savoir ce qu'en pensait leur généralissime. Nous allâmes donc hier trouver frère Saint-Éloi, qui nous accueillit avec sa bonhomie coutumière.

Ce que je pense de cette affaire ? Vous le devinez. L'émotion était si grande dans la confrérie que, dès qu'il eut connaissance des faits, le bureau de la Corcille se réunit pour prendre toutes les mesures utiles. Après une entrevue avec les dirigeants de la Borsvick, je fis faire des prélèvements d'eau dans le canal de dérivation et l'administration des Eaux et Forêts a pris l'affaire en mains. Qu'en résultera-t-il ? Je n'en sais rien, mais il est de toute évidence que ces faits ont porté aux pêcheurs un préjudice des plus graves.

Il serait à désirer qu'il ne se renouvelle pas. C'est également notre cas.

Les causes du mal

Au point de vue de la salubrité, il y aurait beaucoup à dire. Les Nivernais, en ce qui concerne leur alimentation en eau, sont tributaires de la Loire. Or, le canal de dérivation, nous l'avons dit, se jette dans le fleuve... Si les résidus de l'usine du Mouësse produisent sur les poissons un effet aussi terrible, ne peut-il en résulter pour nous un inconvénient sinon grave, du moins fâcheux ? Qu'en pensent les services d'hygiène ? Les causes du mal ? Elles sont assez difficiles à établir. Classée comme établissement insalubre, la Borsvick ne peut évacuer ses liquides usés que dans une proportion de deux centigrammes pour mille litres d'eau. Ceci posé, on peut se demander si le litige est dû à une négligence ou, ce qui peut être plausible, à une baisse du niveau de l'eau du canal, au moment où l'on a constaté l'empoisonnement d'une grande partie de ses habitants.

Il est de toute évidence que si, le niveau de l'eau baissant, le débit d'acide usé reste le même, des accidents sont à prévoir.

Nous ne voudrions pas toutefois jeter la panique parmi nos concitoyens et, pour les rassurer, nous ajouterons que d'irréductibles mangeurs de poissons ont profité du massacre pour en faire ample provision et... s'en sont, paraît-il, délectés.

Nous voulons bien le croire mais, sans façon, nous ne tenterons pas l'expérience ! »

  • Le Courrier de la Nièvre du 15/11/1903
  • Georges Kraemer. Le Journal de la Nièvre, premier avril 1926. Relevé de Pierre Volut.

Notes et références

Notes

  1. Pierre-Philippe Comoy, médecin à Decize, avait remplacé le maire précédent Jean-Baptiste Tissier-Moissonnier. Après sa suspension par le préfet, il a démissionné, cédant son siège à son adjoint François Virlogeux.

References