Immigration de 1800 à 1975:Les Espagnols

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Dès les années 1809-1810, des prisonniers de guerre espagnols sont occupés en compagnie d’Autrichiens aux terrassements du canal de Bourgogne. Ensuite, sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, l’immigration espagnole se compose essentiellement de petits groupes de réfugiés politiques, souvent de statut aisé, qui fuient leur pays au fur et à mesure des revirements du pouvoir dans la péninsule. Si certains arrivent en famille après un périple par le sud de la France, d’autres parviennent seuls en Bourgogne. Quelques uns s’allient ensuite avec une femme de la région.


Dans la Nièvre, la population espagnole double en l’espace de dix ans passant de 550 en 1921 à 690 en 1926 et 1100 en 1931 mais elle chute ensuite de près la moitié en 5 ans. Une partie travaille comme bûcherons (en 1926, les Espagnols sont les étrangers les plus nombreux dans l’agriculture et la forêt avec 129 actifs) tandis que d’autres se dispersent entre les aciéries d’Imphy, des entreprises de travaux publics comme la Société Générale d’Entreprises à Garchizy en 1919 ou encore la verrerie de Saint Léger des Vignes
En janvier 1929, cinq hommes, originaires de Penaparda, près de la frontière portugaise, arrivent ainsi à Gacogne dans le Morvan nivernais ; en avril ils se dirigent vers Arrans en Côte-d’Or embauchés par un certain Hernandez, d’où ils repartent vers la mi-mars. Parmi eux quatre membres de la même famille, dont trois âgés de 46 et 47 ans.
Selon une enquête préfectorale de 1934, les Espagnols de la Nièvre se décomposent en 226 hommes, 163 femmes et 276 enfants. En 1936, un rapport du préfet avance les chiffres de 199 hommes, 135 femmes et 268 enfants.
A partir de 1937, la Bourgogne accueille également de nombreux réfugiés, adultes et enfants. La Nièvre en reçoit 800 en 1937 qui sont dispersés entre les communes des régions de Château Chinon, Luzy, Corbigny. Un convoi de vieillards, de femmes et d’enfants en provenance de Catalogne arrive encore vers la fin du mois de janvier 1939. Ils sont environ 1450, logés de diverses façons : 546 chez l’habitant, 100 dans des hôpitaux,804 dans des immeubles inhabités dont 229 au château de Serre à Parigny la Rose, 104 au château de Salorges à Corancy.
Ces réfugiés reçoivent des secours de l’État de 10 à 9 francs par jour puis 8 à 7 francs par jour après août 1937. Si certains parviennent à trouver du travail, souvent d’ailleurs eux aussi dans le bûcheronnage204, tous ne restent pas en Bourgogne : certains sont rapatriés vers l’Espagne, d’autres vers des camps, telles ces trois femmes envoyées à Rieucros en mai 1940 par les autorités de la Nièvre pour avoir refusé des travaux agricoles à Ourroux, d’autres encore vers d’autres régions de France.


Source : Informations et graphiques tirés de Histoire et mémoire des immigrations en région Bourgogne 2005/2008 - Pierre-Jacques Derainne