« Guerres de religion - Chapitre V » : différence entre les versions

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(6) Sylvain Skora, La reconstruction des églises rurales après la guerre de Trente ans, Les Cahiers haut-marnais, 2018, n°289, p. 35-81<br/>
(6) Sylvain Skora, La reconstruction des églises rurales après la guerre de Trente ans, Les Cahiers haut-marnais, 2018, n°289, p. 35-81<br/>
(7) les nobles et des militaires présents épisodiquement à la Charité n'ont pas été considérés comme des habitants permanents<br/>
(7) les nobles et des militaires présents épisodiquement à la Charité n'ont pas été considérés comme des habitants permanents<br/>
[[Utilisateur:Raisonnier|Alain Raisonnier]] 23 mars 2020
[[Catégorie: Guerres de religion]]
[[Catégorie: Histoire au fil des siècles]]

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Du roi de Navarre au bon roi Henri

Un roi huguenot ? (1589)

Henri III étant mort sans héritiers dans la branche des Valois, la succession au trône était prévue selon la "loi salique" au premier héritier mâle de la dynastie : il fallait pour cela remonter jusqu'à Saint-Louis dont le dernier fils, Robert de Clermont était l'ancêtre direct de l'actuel roi de Navarre. Le roi est mort, vive le roi : Henri de Bourbon, roi de Navarre, devenait donc Henri IV, roi de France et de Navarre…
Tout cela se serait fait sans problème, sauf que le prétendant était huguenot : sa mère, Jeanne d'Albret, reine de Navarre et huguenote convaincue, avait épousé Antoine de Bourbon (1518-1562) qui était de famille catholique, mais qui fut toujours très tolérant pour la religion de son épouse. Leur fils Henri, né en 1553, fut élevé dans la nouvelle religion, mais il changea plusieurs fois de religion par la suite.
La France, fille aînée de l'Église, n'avait jamais eu besoin de s'imposer une religion d'état et le roi était catholique depuis le baptême de Clovis ! Pour la Sainte Ligue, un huguenot ne pouvait donc prétendre à la royauté.
Le duc de Guise avait demandé à ce que la succession royale lui revienne, mais il fut assassiné à Blois en 1588, ainsi que son frère le cardinal de Guise. Le pape, épouvanté par ces crimes et craignant que Henri III se rapproche des protestants, menaça le roi de France d'excommunication.

Pour les ligueurs, les Navarre devaient être écartés de la succession royale parce qu'ils n'appartenaient pas à l'Église. Henri avait un oncle, Charles (1523-1590), frère cadet d'Antoine de Bourbon, qui était à cette date cardinal de Bourbon, archevêque de Rouen, et bien sûr catholique. Dès 1585, Henri III avait déclaré le roi de Navarre déchu de son rang de premier prince du sang, ce privilège étant alors transmis à son oncle. Mais aux États-généraux de Blois, il faisait arrêter le cardinal parce qu'il soutenait son neveu, tout en le suppliant de se convertir. Enfin, Henri III ne pouvant plus contenir les forces de la Ligue qui occupaient tout le nord de son royaume, n'avait plus qu'à s'allier avec Henri de Navarre pour entreprendre le siège de Paris, tenu par la Ligue.
Après l'assassinat d'Henri III en 1589, le duc de Mayenne avait proclamé le cardinal roi de France sous le nom de Charles X. Le 5 mars 1590, le Parlement de Paris rendait un jugement qui le reconnaissait comme roi de France légitime. Durant cette période où il était encore prisonnier au château de Fontenay, le cardinal écrivit une lettre à son neveu Henri IV le reconnaissant comme roi légitime, déniant par là même sa propre accession au trône. Enfin, il mourut en prison le 9 mai 1590.
Henri IV durant ces années était à la tête des armées protestantes, qui occupaient la partie méridionale du royaume. Ces armées protestantes, devenues de fait armées royales, renforcées de soldats anglais, tenaient le siège devant Paris en face des armées de la Ligue, commandées par Charles de Guise (1571-1640) et le duc de Mayenne son oncle, et aidées par des mercenaires espagnols. Les batailles d'Arque (15-29 septembre 1589) et d'Ivry (14-15 mars 1590), où Henri IV montra ses qualités militaires, rallièrent à lui une partie de la noblesse et quelques villes, qui pensaient, dès 1591, que la venue de ce roi juste et énergique pourrait bien apporter la paix dans le royaume.
Enfin, le 25 juillet 1593, dans la basilique de Saint-Denis, Henri IV abjurait solennellement le protestantisme et fut sacré à la cathédrale de Chartres, le 27 février 1594. Il entra dans Paris le 22 mars suivant.
La reconquête du royaume menée en Normandie par le roi Henri IV, se faisait aussi en Picardie avec le duc de Longueville, en Bretagne et en Champagne où le maréchal d'Aumont (1522-1595) affrontait le duc de Guise. Une à une, les villes se rendaient aux forces royales.

Clamecy résiste aux ligueurs d'Auxerre

La Nièvre avait été le théâtre des expéditions menées par les protestants de Sancerre, qui dès 1590, firent une expédition sur la rive droite pour reprendre La Charité. Cette ville était alors bien défendue par Gilbert Andrault, gouverneur au nom du duc de Nevers, et les murailles avaient été reconstruites. Les sancerrois s'en allèrent donc prendre la ville de Varzy, résidence d'été de l'évêque d'Auxerre, où ils avaient de nombreux partisans, et la mettre à sac : les églises Saint-Pierre, Sainte-Eugénie et Saint-Lazare furent profanées (1).
La Ligue était bien établie en Champagne et jusqu'à Auxerre, où l'évêque Jacques Amyot était rentré après son exil. Les garnisons des villes ligueuses comme Vézelay et Avallon, semaient la terreur dans le Morvan et jusques aux portes de Clamecy, de Corbigny et de Château-Chinon. Elles sont même parvenues jusqu'à Saint-Pierre-le-Moûtier, d'où elles furent rapidement chassées par les troupes royalistes.
Peu de temps après, le duc de Nevers vint à Clamecy avec des troupes pour aller assiéger Acquin-sous-Vézelay dont il s'empara. Il retourna ensuite à Clamecy d'où il envoya un corps de troupe avec la mission de faire lever le siège de Courçon attaqué par la garnison d'Auxerre ; cette entreprise réussit. Le duc de Nevers croyant n'avoir plus rien à craindre pour Clamecy, reprit le chemin de sa capitale.
Edme de Rochefort, sieur de Pleuvant, capitaine des gendarmes du comte de Beine, qui s'était déclaré pour la Ligue, commandait la garnison de Vézelay. Le 30 juin 1590, les ligueurs d'Auxerre sont venus assiéger Clamecy. Ils étaient arrivés de nuit un samedi, et postés dans le bois du Dixième, près du hameau de la Postaillerie. Le lendemain matin, ayant confondu les cloches qui sonnaient les cent coups pour la messe du Dimanche avec le tocsin appelant la garnison pour défendre la ville, ils pensèrent avoir été surpris. En sortant du bois à découvert, ils furent attaqués par la garnison de Clamecy, subirent de lourdes pertes et s'enfuirent dans les bois en direction de Chevroches.
En se repliant, le capitaine Pleuvant de Rochefort avec la garnison de Vézelay, est allé saccager le village de la Maison-Dieu et prendre la forteresse de Metz-le-Comte, solide point d'appui dont il confia le commandement à Latour.
Bien abrité dans ce château, Latour entreprit de mener des attaques vers l'ouest des faubourgs et environs de Clamecy : après avoir pillé Saint-Pierre-du-Mont et Billy, il revint en direction de Villiers-sur-Yonne, défendue par le château de Cuncy, où il laissa des défenseurs sous le commandement de Bizelle. Clamecy était défendue par deux compagnies de soldats. Pour contrer les hommes de Pleuvant, la duchesse de Nevers vint elle-même à Clamecy avec une troisième compagnie. Elle pourvoyait à tout, faisait faire bonne garde et visitait les remparts trois fois par jour. Malgré toute sa prudence, elle ne peut empêcher une rixe qui s'éleva entre les deux premières compagnies ; elles se battirent près Beaugy et plusieurs soldats y furent tués ou blessés (2).
Le gouverneur de Clamecy, Champomier, délogea bientôt les ligueurs du château de Cuncy et leur capitaine Bizelle s'enfuit en direction de Lormes, pour se réfugier au château de Brèves. La forteresse de Cuncy fut ruinée lors de cette bataille. Champomier s'empara aussi du château de Dornecy. La poursuite des ligueurs conduisit Champomier jusqu'à Lormes, ville ayant adhéré à la Ligue, pour y mettre le siège. Mais à la tête d'une trop faible garnison, il ne réussit pas à entrer dans la ville. Levant le siège, et rentrant vers Clamecy, il se saisit du château de Brèves où se trouvait la capitaine ligueur Bizelle (3).
La garnison d'Auxerre fit une troisième tentative pour surprendre Clamecy par le nord, mais elle fut battue complètement près le Val-des-Rosiers et y éprouva une si grande perte d'hommes qu'elle ne fut plus en état de reprendre la campagne.

Le duc de Nevers libère son duché

Quelques temps après, Louis de Gonzague, duc de Nevers, vint assiéger le château de Metz-le-Comte avec le maréchal d'Aumont, il y fit une brèche avec ses canons et s'en empara après une forte résistance. Ce château ne fut plus réparé et tomba insensiblement en ruines (2).
Le duc de Nevers et le maréchal d'Aumont, qui s'étaient attachés au parti d'Henri IV, en reçurent l'ordre d'assiéger Château-Chinon et de s'emparer de cette place. En effet dès mars 1591, ils l'entourèrent avec une armée de 3000 hommes et l'ayant cantonnée pendant près d'un mois, ils la prirent d'assaut. Le vicomte de Marre qui commandait cette place ligueuse, dut capituler et la place fut rendue au duc la 18 avril. La ville fut aussitôt livrée au pillage par les soldats du roi (4).
Le 15 janvier 1592, le maréchal d'Aumont arriva à Clamecy avec une partie de son armée pour aller joindre en Champagne le duc de Nevers qui s'y rendait en même temps. En dînant chez le gouverneur, il apprit que la garnison de Vézelay venait d'attaquer les troupes auprès du village d'Armes. Il se mit aussitôt à la tête de la garnison de Clamecy, rencontra les ennemis à la Maladrerie, les attaqua si vigoureusement et en tua un si grand nombre que le reste se sauva dans les vignes. Le maréchal revint à Clamecy, d'où sur la demande de leur capitaine Pleuvant de Rochefort, il leur envoya douze charrettes pour faire enlever leurs morts du champ de bataille (2).
Cette ultime bataille donnait aux troupes royales l'occupation de tout le Nivernais. Pleuvant de Rochefort, qui gouvernait Vézelay au nom de la Ligue, changea de camp, livra la ville aux troupes du maréchal d'Aumont et prit la tête des troupes royales pour aller prendre Avallon. Louis de Gonzague, duc de Nevers, n'eût pas le temps de se réjouir de ses victoires, car il mourut le 22 octobre 1595 à Nesle en Picardie, peu de temps après la prise de Cambrai. La duchesse Henriette de Clèves, lui survécut quelques années (5).

L'édit de Nantes (1598)

Henri IV donna en avril et mai 1598, un ensemble de textes connus sous le nom d'édit de Nantes, lieu où il fut signé le 30 avril 1598. Cet édit de tolérance, marque la fin de la huitième guerre de religion. Pendant un siècle, les Bourbons régnant sur la France, la paix religieuse sera rétablie et la vie économique relancée.
Composé d'un ensemble de textes signés en avril et mai 1598, il comprend: l'Édit général (92 articles), les articles secrets et particuliers, le brevet des pasteurs (sur le financement du culte) et celui des garnisons (aspect militaire). Le catholicisme demeure la religion officielle du royaume, mais les protestants acquièrent à nouveau la liberté de conscience et de culte. Les parlements régionaux retrouvent les chambres mi-parties. 144 places fortes de sûreté sont accordées avec des garnisons protestantes. Ils obtiennent des droits religieux ainsi que certains pouvoirs politiques et militaires.
Dans la Nièvre, aucune place de sureté n'est donnée aux protestants; il est vrai que leur nombre a beaucoup diminué au cours des dernières guerres et que le clergé catholique est revenu dans toutes les paroisses.
La ville voisine de Sancerre, toujours protestante, gardera une garnison de dix hommes, mais sous l'autorité de la place de sureté de Thouars (Deux-Sèvres) citadelle lointaine du parti protestant.

Bilan des destructions

Lors des nombreux sièges ou mouvements de troupes au cours des huit guerres de religion les villes et villages de la Nièvre ont subi de très nombreux dommages.

Carte des châteaux, églises ou abbayes de la Nièvre occupées, pillées, incendiées oudétruites au XVIème siècle

L'occupation par les huguenots, le pillage des maisons, le vol des trésors des églises et monastères, l'incendie ou la destruction des châteaux, des églises et des abbayes se sont étendus dans tout le Nivernais.

Une carte du département permet de voir que ces destructions n'ont pas eu la même importance selon les endroits : le diocèse d'Auxerre où la religion réformée s'était surtout implantée, a subi beaucoup plus de dommages que celui de Nevers. Le Morvan, dont les villes avaient adhéré à la Ligue, a été marqué par les sièges et les incendies de la huitième guerre.
Certaines villes ont connu plusieurs épisodes d'occupation, la palme revenant à La Charité :
Après avoir subi un grave incendie en 1559, qui détruisit le monastère et plus de 200 habitations, La Charité fut prise une première fois par Mouy de Saint-Phal au début de 1560, et les biens du monastère furent pillés ainsi que les paroisses. Mais les protestants capitulèrent en juin 1562 devant La Fayette et le grand prieur d'Auvergne ce qui les contraignit à la fuite, tandis que leurs biens étaient pillés. La ville fut surprise une seconde fois par Dubois de Mérille en mars de l'année suivante : il y eut plusieurs dizaines de victimes et les biens des catholiques furent à nouveau livrés au pillage. Deux ans plus tard, la ruse du duc de Nevers rend à nouveau la ville aux catholiques, 22 huguenots furent tués et leurs biens pillés. En mai 1569, la ville est assiégée par Wolfgang de Bavière qui entra dans la ville pour massacrer les habitants catholiques, faisant 900 victimes dont les biens ont été pillés pour la troisième fois. C'est trois ans plus tard que les catholiques de la ville se révoltent, chassent les protestants, en tuent 17 et s'approprient leurs biens. En 1575 encore, Pierre Amyot avec les huguenots chasse le gouverneur catholique et le 3 novembre ils se rendit maître de la ville pour la quatrième fois, élimina de la garnison les catholiques, tuant ceux qui voulurent résister, désarmant les autres et livrant leurs maisons au pillage. Pour cette fois encore, la ville fut assiégée par le duc d'Alençon et doit capituler le 1er mai 1577. On compta plusieurs dizaines de victimes mais le pillage fut évité et la garnison protestante put sortir indemne. En 1587, un dernier siège fut mis par les mercenaires allemands, mais la ville ne fut pas prise. Le bilan de tous ces massacres et pillages était dramatique et la ville de la Charité, n'a pas cessé pas de se reconstruire pendant trente ans au moins.
La reconstruction au début du XVIIème siècle n'a pas été facile. Bien des châteaux démantelés à l'issue des combats n'ont pas été reconstruits où ont été remplacés par des châteaux plus modernes dans le goût de la Renaissance. Les églises détruites ou incendiées ont été reconstruites dans les années qui suivaient le sinistre : pour les paroisses les frais de reconstruction se partageaient entre les fidèles qui prenaient en charge une partie des travaux : la nef, le clocher, et le décimateur qui payait la reconstruction du chœur et du transept. Il y avait aussi des chapelles privées qui dépendaient des seigneurs qui les avaient construites (6). Beaucoup d'églises paroissiales détruites au cours des premières guerres de religion ont été reconstruites avant la fin du XVIème siècle, telles celles de Champlemy, Chaumard, Ciez, Donzy, la Charité, Préporché, Saint-Honoré-les-Bains, Suilly-la-Tour, etc. La plupart des abbayes, dont les revenus étaient considérables, ont elles aussi été remises en état rapidement, comme le prieuré de La Charité, la chartreuse de Bellary, l'abbaye des Roches, la chartreuse d'Apponay, etc. Mais d'autres ne se sont jamais relevées : prieuré de Cessy, Notre-Dame de l'Épeau, abbayes de Bourras et de Coche.

Les familles déplacées

Les premiers registres paroissiaux du département datent du dernier quart du XVIème siècle. Les quelques registres plus anciens qui existaient ont été détruits lors des pillages. Les témoignages du moment sont les seuls qui permettent de connaître quelques uns des patronymes des habitants de cette époque. En faisant la comparaison des patronymes des habitants de la Charité cités dans les sources antérieures à 1587, date des premiers registres conservés, avec ceux qui sont cités dans les actes de baptêmes célébrés après cette date, on ne trouve que trois patronymes qui se soient maintenus : Chaludet, Hélyot et de Lespinasse (7).
Dans d'autres paroisses ayant conservé des registres anciens on retrouve plus facilement des patronymes qui soient restés, comme Brézé à Neuvy par exemple, Chevalier ou Solerre à Cosne, concurremment à beaucoup de noms nouveaux.
La disparition de ces patronymes traduit sans doute le départ des familles décimées et ruinées par les guerres et l'arrivée de nouvelles familles quelquefois venues de très loin : ainsi, Loys Gralliout et son épouse Jehanne Beuf, originaires du Havre de Grâce en Normandie, sont présents à la Charité au début du siècle suivant et des patronymes lyonnais se retrouvent assez fréquemment dans ces paroisses : de Lorme, Le Mort, Raisonnier, Voullant, etc.

Guerres de religions ou guerre civile ?

La réforme, prêchée par Luther en Allemagne, n'avait pas pris beaucoup d'importance en France dans la première moitié du XVIème siècle.
Bien des prélats du haut clergé français, riches de tous les dons et legs reçus faits depuis les croisades par les nobles, et accumulant les bénéfices attribuées par le roi, était largement corrompus et vivaient publiquement dans la débauche. Les paroisses mêmes était desservies par des prêtres souvent inaptes à leur fonction. Ces scandales ont permis à la réforme de rassembler les fidèles mécontents et qui souhaitaient une religion plus proche de l'esprit évangélique. Ces réunions, secrètes au début, se multiplièrent dans les années 1550, sans troubler l'ordre public.
Jean Calvin, né en Picardie, prêchait à Genève depuis 1541. Il s'activait pour unir et étendre la religion nouvelle dans le reste de l'Europe et en particulier en France. L'église réformée de Genève envoya de nombreux pasteurs pour instruire les fidèles français réformés et fit imprimer de nombreux livres à leur intention. Beaucoup de ces ministres sont venus s'établir dans la Nièvre et les paroisses protestantes s'y multipliaient.
Les protestants français étaient menés par le roi de Navarre et le prince de Condé, qui en profitèrent pour défier le pouvoir royal, ce qui plongea le pays dans la guerre.
Catherine de Médicis, veuve de Henri II, va voir monter sur le trône trois de ses fils, et souhaitant faire la paix dans le royaume, elle tentera le plus souvent de concilier les partis. Le duc de Guise regroupait autour de lui les catholiques mécontents, et menait les batailles contre les protestants. La guerre devint une guerre de partis, les uns souhaitant la montée au trône d'un prince protestant, le roi de Navarre, les autres préférant maintenir à tout prix la monarchie catholique.
Pendant ce temps, dans les provinces ravagées par la guerre, la réforme cesse de s'étendre et le peuple français lorsqu'il découvrit un prince prêt à accorder à chacun une vraie liberté de conscience, se déclara de plus en plus en sa faveur. Politiquement, cette victoire de Henri IV, inaugurera la monarchie absolue des Bourbons, et relèguera la "religion prétendue réformée" dans une liberté certaine mais sans concurrencer vraiment le catholicisme majoritaire, jusqu'au moment où la révocation de l'édit de Nantes poussera les protestants hors des frontières.
Malgré cet échec relatif, les idées de liberté de conscience sont entrées dans les esprits et elles seront la source de bien des écrits du siècle des Lumières, et de la Révolution.

Notes

(1) Poupart, Histoire de Sancerre, p.288
(2) L. et A. Mirot, Mémoire sur les environs de Clameci, rédigé en 1839 par le capitaine de Castelnau, Bulletin de la Société scientifique artistique de Clamecy, 1940, pp. 124
(3) Jean-François Née de la Rochelle, Mémoires pour servir à l'Histoire civile, politique et littéraire, à la Géographie et à la Statistique du Département de la Nièvre et des contrées qui en dépendent, 1827, Bourges, Paris, tome II, p. 98
(4) Dr Edmond Bogros, Histoire de Château-Chinon, Ad. Bateau, 1864 (réimpr. 1992, éd. Res Universis
(5) Tableau synoptique de l'histoire du Nivernais, Bulletin de la Société nivernaise des sciences, lettres et arts, 1872, pp.111-241
(6) Sylvain Skora, La reconstruction des églises rurales après la guerre de Trente ans, Les Cahiers haut-marnais, 2018, n°289, p. 35-81
(7) les nobles et des militaires présents épisodiquement à la Charité n'ont pas été considérés comme des habitants permanents

Alain Raisonnier 23 mars 2020