Guerres de religion - Chapitre II

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La paix boiteuse et malassise (1564-1571)

Le "tour de France" du roi Charles IX (1564-1566)

Le roi Charles IX, âgé de 13 ans, entame un long voyage dans son royaume, organisé par la reine-mère, Catherine de Médicis, régente jusqu'à la majorité de son fils. Cette visite royale commença par la Champagne, le Barrois et la Bourgogne. Le roi traversa La Charité le 15 avril 1564, avant de se rendre à Auxerre. Il alla dîner à Narcy et coucher à Donzy.
La Cour visita ensuite les provinces du midi, aussi très affectées par les luttes des partis, sous prétexte de religion. A Roussillon (Vaucluse), le 9 août 1564, le roi signa l'édit qui établissait définitivement que l'année civile en France commencerait le 1er janvier, au lieu du jour de Pâques. Pendant ce temps, le 4 mars 1565, un jeune courtisan italien, officier dans les armées du roi, Ludovic de Gonzague (°1539-†1595), épousait à Moulins l'héritière du duché de Nevers, Henriette de Clèves (°1542-†1601). Le nouveau duc de Nevers par courtoisie, allait être un soutien fidèle des Valois durant toutes les guerres de religion.
Le retour du roi par la Gascogne et les Charentes, conduisit le jeune Charles et sa mère à Moulins, puis à Cosne le 20 janvier 1566. Durant toute cette période, l'édit d'Amboise fut en général respecté, même dans les villes à majorité protestante, le culte étant fait en dehors des villes ou chez des particuliers. Dans la Nièvre, de nombreuses paroisses protestantes étaient très actives, tout au long de la Loire, bien sûr, mais aussi dans bien des villes de l'intérieur comme Entrains, Donzy, Corbigny, Moulins-Engilbert, etc.

Le duc de Nivernais reprend La Charité (1565)

La Charité était toujours sous l'autorité du capitaine protestant Dubois de Mérille qui disposait d'une petite garnison de 67 soldats. D'après la paix d'Amboise, la place de la Charité devait être remise par les protestants au roi au bout de deux ans, c'est-à-dire en mars 1565. Comme il n'en fut rien, Charles IX demanda au nouveau duc de Nivernais, Louis de Gonzague, de reprendre la ville par la force si besoin.
S'étant donc présenté à la porte de la Marche avec sa compagnie d'ordonnance pour en prendre possession au nom de Sa Majesté, le gouverneur [Dubois de Mérille] ne voulut pas les laisser entrer. Le duc se retira de quelques cents mètres en arrière et fit mander le lieutenant de la justice Le Mesnyer (ou Lemanier) qui, après avoir exprimé tout d'abord au duc les regrets des catholiques de ne pouvoir lui livrer la ville, lui procura cependant le moyen de s'y introduire par ruse.
En effet, à peine rentré, Le Mesnyer sous prétexte de communiquer aux habitants les ordres du roi, les fait assembler et autorise en même temps quelques hommes du duc à entrer dans la ville, soi-disant pour y acheter des provisions. Il leur avait été bien recommandé de ne se présenter qu'isolément pour ne pas donner l'éveil, et de revenir de même, chargés de vivres, près de la porte de La Marche où le duc se trouvait prêt à tout événement. lorsqu'ils se trouvèrent en nombre suffisant, cinquante environ, ils firent mine de sortir, jetèrent là leurs provisions et s'emparèrent de la porte cependant que l'assemblée continuait de discuter l'ordre de Sa Majesté.
Le duc fit entrer une partie de ses troupes qui se répandirent par la ville dont ils prirent possession. Les huguenots surpris, quittèrent précipitamment la réunion pour essayer de résister; les catholiques restés seuls mirent cet instant à profit pour s'emparer du château. Le duc fit lors son entrée avec le restant de ses troupes, et dans la bagarre qui suivit, 22 huguenots furent tués. Les autres s'empressèrent de faire leur soumission, mais elle ne put empêcher le pillage de leurs maisons.
C'est donc ainsi, par surprise, que la ville retomba sous l'obéissance du roi.
Pour remercier le duc, le roi ordonna l'érection en principauté, sous le nom de Mantoue, des baronnies de Senonches et de Brezolles (Eure-et-Loir), en faveur de Ludovic de Gonzague, prince de Mantoue, duc de Nivernais.
Le 17 avril 1566, Charles IX, en se rendant de La Charité au château de Pesselières, près Sougères, s'arrêta à Entrains pour son repas. Il apprit alors qu'aucun culte catholique n'avait eu lieu dans la ville depuis près de 3 ans. Il y fit revenir les prêtres et rétablir le culte dans l'église Saint-Sulpice.
A Nevers, l'évêque Gilles Spifame de Brou (-†1578) continuait de lutter contre la diffusion du protestantisme : cette année là, il fit saisir et brûler trois tonnes de livres hérétiques qui avaient été imprimés à Genève pour les réformés du Nivernais.
L'année suivante, il fut établi à La Charité-sur-Loire, une juridiction consulaire avec élection d'un juge marchand et de deux consuls. Toute cette période donnait raison à Catherine de Médicis, qui avait montré le roi son fils au peuple de France et tenté d'établir la paix dans le royaume.

La surprise de Meaux (1567)

A l'assemblée de Vallery, près Sens, chez le prince de Condé, fut préparée dans le secret une attaque soudaine et combinée de 50 places catholiques pour la nuit du 28 au 29 septembre 1567. Cette surprise générale dite "la Folie de Meaux" car le roi Charles IX manqua d'y être enlevé, réussit souvent notamment à Auxerre. Ce fut le début de la deuxième guerre de religion (1567).
Brûlant d'impatience, dès le 27 septembre, la communauté calviniste giennoise ouvrit ses portes à la compagnie de la Bordinière, nom de guerre d'un capitaine huguenot des environs d'Orléans.
Ayant pris Entrains et marchant vers La Charité, les milices protestantes détruisirent de fond en comble les abbayes du Nivernais : les abbayes des Roches et de Saint-Laurent près de Cosne, le prieuré de Saint-Nicolas de Réveillon, voisin d'Entrains, l'abbaye de Coche sur la terre de Vielmanay, le prieuré Saint-Hilaire de Commagny, etc. C'est au cours de ces campagnes que furent incendiées les églises de Moulins-Engilbert, Vandenesse, Saint-Honoré, etc. Les armées protestantes étaient descendues en Bourgogne, puis remontant pour assiéger Paris elles ont pris Blois et Chartres. Elles seront finalement vaincues à Saint-Denis le 10 novembre 1567. Le connétable Anne de Montmorency fut mortellement blessé dans cette bataille. Le prince de Condé et l'amiral de Coligny se retirèrent alors en Lorraine avec leurs armées. A partir de ce moment, ils firent alliance avec les princes allemands pour avoir des renforts.
Le roi Charles IX confia au jeune duc d'Anjou, son frère, la charge de lieutenant général du royaume. Celui-ci pouvait compter sur les troupes des ducs d'Aumale et de Nevers pour contenir les armées des protestants.
Le duc de Nevers, Louis de Gonzague, avait quelque raison d'en vouloir aux calvinistes : les protestants d'Entrains, forts de leurs succès et de leur nombre grandissant, poussèrent l'audace jusqu'à insulter le duc de Nevers, leur seigneur. Ce prince, passant auprès de Donzy accompagné d'environ 50 cavaliers, la garnison d'Entrains l'attaqua, il fut blessé au genou par un coup d'arquebuse, et il en resta incommodé jusqu'à la fin de ses jours. Il repoussa cependant cette attaque avec succès et, quand la paix fut conclue, il punit les habitants d'Entrains de leur attentat, en faisant raser les tours et les fortifications de leur ville, à qui il ne donna plus que le titre de bourg. Néanmoins, ayant su que les catholiques n'avaient pris aucune part à cette trahison, il leur permit par la suite de relever leurs murailles. Ce n'est probablement qu'au moment de la révocation de l'édit de Nantes, que les protestants disparurent d'Entrains, et en laissèrent les habitants tranquilles.(note Née de la R.)
Pendant ce temps, la communauté de la Charité fit un emprunt de 5000 livres pour financer également le relèvement de ses murailles. (note Lebœuf) Heureusement, le manque de moyens financiers, de part et d’autre, conduisit à la signature d'une trêve, pour remettre en place les clauses de l'édit d'Amboise.