« Guerres de religion - Chapitre I » : différence entre les versions

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Le 6 décembre 1561, le duc revenu à Nevers, fit publier une interdiction rigoureuse du culte protestant, bien que sa famille proche soit très favorable à la réforme : ses fils, le comte d'Eu (François II de Clèves), le marquis d'Isles (Jacques de Clèves) et la marquise sa femme (Diane de La Marck), se rangeaient ouvertement du côté des protestants et fréquentaient leurs assemblées. Mais le duc tomba malade et son fils le comte d'Eu, revenu de Champagne dont il était gouverneur, fit venir un ministre d'Issoudun, Jacques Spifame de Brou, ancien évêque de Nevers converti au protestantisme, ou Jean Poterat (?), pour l'assister. Le duc mourût à Nevers le 13 février 1562.<br/>
Le 6 décembre 1561, le duc revenu à Nevers, fit publier une interdiction rigoureuse du culte protestant, bien que sa famille proche soit très favorable à la réforme : ses fils, le comte d'Eu (François II de Clèves), le marquis d'Isles (Jacques de Clèves) et la marquise sa femme (Diane de La Marck), se rangeaient ouvertement du côté des protestants et fréquentaient leurs assemblées. Mais le duc tomba malade et son fils le comte d'Eu, revenu de Champagne dont il était gouverneur, fit venir un ministre d'Issoudun, Jacques Spifame de Brou, ancien évêque de Nevers converti au protestantisme, ou Jean Poterat (?), pour l'assister. Le duc mourût à Nevers le 13 février 1562.<br/>
L'édit de janvier fut publié à Nevers le 25 mars 1562 (4).<br/>
L'édit de janvier fut publié à Nevers le 25 mars 1562 (4).<br/>
==L'édit de janvier ou de St-Germain-en-Laye==
Le 17 janvier 1562, Catherine de Médicis profita de la situation favorable créée par les princes en 1561 pour faire donner par le roi son fils l'édit de Saint-Germain-en-Laye, le plus souvent appelé "édit de janvier". Cet édit est le plus favorable pour les protestants qui ne pouvaient espérer mieux : la liberté de culte est partiellement accordée. Le culte public devient légal, de jour, sans arme et en-dehors de la ville. Les protestants doivent par ailleurs libérer les temples et les biens des catholiques dont ils se sont emparés. La destruction des images religieuses est condamnée sous peine de mort sans espérance de grâce ni de rémission. L'édit encourage à la tolérance des deux communautés puisque les injures et actes violents envers l'autre communauté seront fortement réprimés. Les ministres de la nouvelle religion doivent jurer de respecter l'édit devant les officiers royaux et de ne pas faire de prosélytisme. Cet édit entend ainsi mettre fin aux troubles qui désorganisent alors le royaume.<br/>
Le lendemain, on apprenait l'ouverture de la dernière session du Concile de Trente (suspendu depuis dix ans). La délégation française était conduite par le cardinal de Lorraine, frère du duc de Guise. Le concile voulait donner les réponses de l'épiscopat aux réformes protestantes… sans leur donner satisfaction. Les protestants ont refusé de s'y rendre (4).<br/>





Version du 29 janvier 2020 à 22:17

Édit puis conjuration d'Amboise (8 et 16 mars 1560)

Le roi François II étant mineur, la régence avait été attribuée à sa mère, Catherine de Médicis. Il semble bien que celle-ci souhaitait mener une politique de conciliation entre les partis catholique et protestant. Les protestants étaient menés par le prince de Condé (Louis de Bourbon, °1530-†1569), avec son frère le roi de Navarre (Antoine de Bourbon, °1518-†1562), et l'amiral Gaspard de Coligny (°1519-†1572). Le gouvernement avait été confié par la régente au parti catholique mené par le duc François de Guise (°1519-†1563), avec le cardinal Charles de Lorraine, son frère (°1524-†1574), le connétable (Anne de Montmorency, °1493-†1567) et le maréchal de Saint-André (Jacques d'Albon, °~1505-†1562). Les trois chefs militaires catholiques ont été surnommés par les protestants le "triumvirat", pour les rapprocher des auteurs des massacres de la République romaine, Octave, Marc-Antoine et Lépide. Le 8 mars 1560, la reine-mère fit promulguer le premier édit d'Amboise, donnant une amnistie générale pour tous les hérétiques, la libération des prisonniers protestants et la suspension de toutes les poursuites engagées contre eux (1). Ce pardon royal n'eût pas le temps de s'appliquer, car un complot fomenté par des gentilshommes protestants de Guyenne et de Provence avait décidé de s'emparer de le personne du jeune roi François II à Amboise : le 16 mars 1560, plus de 1000 soldats de la conjuration d'Amboise s'approchèrent de la ville, mais ils furent aussitôt dénoncés, repoussés, leur complot échoua et la plupart furent massacrés (1200 à 1500 morts).
Cette action malheureuse conduisit la reine à donner le pouvoir aux catholiques et le duc François de Guise devint lieutenant général du royaume. Il a été impossible d'établir que le prince de Condé avait participé à la conjuration, bien que l'adhésion de ce prince du sang à la religion nouvelle fut connu de tous.
Mais Catherine de Médicis continuait de vouloir réconcilier ses sujets. Elle donna encore l'édit de Romorantin en complément de l'édit d'Amboise, accordant la liberté de conscience à tous ceux qui ne perturbaient pas l'ordre public. En août 1560, elle convoqua à Fontainebleau une Assemblée de notables afin de permettre aux partis de s'exprimer et de négocier une paix durable. L'amiral de Coligny plaida la cause des réformés. Dans un esprit de tolérance, il fut décidé de convoquer un concile national et des États généraux pour obtenir de régler les questions religieuses et politiques (2). Dès octobre 1560 à Orléans, le prince de La-Roche-sur-Yon, gouverneur, commença de préparer la tenue des États généraux. Le roi de Navarre et le prince de Condé y furent assignés à résidence, soupçonnés d'avoir participé à la conjuration. Des députés furent élus dans tout le royaume. Les états furent convoqués pour le 13 décembre 1560.
Mais le 19 novembre, le roi François II souffrit d'une mastoïdite qui s'aggrava rapidement et tous les projets furent suspendus. Le 5 décembre le jeune roi s'éteignit à Orléans, laissant la couronne à son petit frère Charles qui n'avait que dix ans.
Les États généraux s'ouvrirent le 13 décembre 1560 à Orléans en présence du roi Charles IX, de la reine-mère, du duc d'Orléans (futur Henri III), Madame Marguerite (de Valois), le roi de Navarre, le duchesse de Ferrare (Renée de France), les cardinaux de Bourbon, de Tournon, de Lorraine, de Châtillon et de Guise, le prince de la Roche-sur-Yon, le connétable Anne de Montmorency, le duc François de Guise, l'amiral Gaspard de Coligny et le chancelier Michel de l'Hospital, les maréchaux de Brissac et de Saint-André, et autres… Le prince de Condé, toujours prisonnier, fut transféré en Picardie. On entendit les harangues des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers-état. Le roi décida de renvoyer les députés pour en débattre dans leurs provinces avec leurs gouvernements respectifs et reconvoqua les états pour une autre session à Pontoise en mai 1561.

La Charité prise par les protestants.

Dans les premiers mois du règne de Charles IX, le gouverneur nommé par le roi à La Charité était Charles de la Grange d'Arquian (-†~1560), seigneur de Montigny. En 1558, le prieuré bénédictin avait été taxé de 1098 écus par le précédent roi Henri II pour subvenir aux dépenses militaires, et le 31 juillet 1559, la ville avait souffert d'un énorme incendie qui ravagea la nef de l'église priorale et 200 habitations du quartier voisin.
Les protestants qui étaient déjà nombreux dans cette ville, avaient le projet de faire nommer comme gouverneurs deux gentilshommes du Berry plus favorables à leur parti : François de La Porte d'Issertieux et François de Jaucourt de Deux-Lions (-†1567). Plusieurs capitaines des deux partis commandaient la garnison. Ils envoyèrent un charitois protestant, Estienne Lejay, pour présenter leur allégeance au roi et lui demander d'approuver le choix de leurs gouverneurs. Mais Lejay pressentant que sa mission ne serait pas couronnée de succès, renonça à se rendre à la Cour et il alla trouver le sieur de Mouy Saint-Phal (Louis de Vaudrey, seigneur de Mouy et de Saint-Phal, -†1569), lieutenant de l'amiral de Coligny, et lui offrit de lui livrer la ville. Le sieur de Mouy accepta aussitôt et se rendit à La Charité à la tête de trois compagnies d'hommes d'armes. Il arriva un dimanche matin sur les dix heures, pendant qu'on célébrait l'office divin, se rendit maître de la ville et du château, au grand étonnement des catholiques, et se fit déclarer gouverneur de la place. Il fit même annoncer, au nom des princes, pour inspirer plus de sécurité, la défense d'entrer dans les églises à dessein de les piller; mais à peine la trompette eût cessé de sonner, que tous les gens de son parti s'introduisirent tumultueusement dans ces lieux sacrés, les pillèrent avec audace, brisèrent les images, renversèrent les autels, fouillèrent dans les tombeaux, emportèrent les châsses contenant les reliques des saints, les vases sacrés, et tout ce qu'il y avait de précieux dans le prieuré, et que les religieux n'avaient pas eu le temps de cacher. Mouy, par un raffinement de dissimulation, fit inventorier ces objets avant de les mettre en dépôt, mais dans l'intention de les retrouver par la suite (3). (La Charité-Intérieur de l'église priorale.jpg) Le juge Duvaneau qui avait établi cet inventaire confia les objets à la garde du receveur du prieuré et de dom Noël Coquille.
En avril 1562, quatre hommes de la compagnie du maréchal de Saint-André, gouverneur du pays et oncle du sieur d'Achon, entrèrent dans la ville et se logèrent à l'enseigne de la Fleur de Lys, près de la porte Saint-Pierre. Leur intention était d'entrer en profitant de l'assemblée des protestants qui se tenait en dehors des murs suivant l'édit du roi. mais Issertieux avait prévenu le danger en faisant tenir l'assemblée dans la ville. Les hommes du maréchal de Saint-André accompagnés de 60 à 80 brigandeaux, à pied et à cheval, avec deux de la troupe laissés en arrière s'avancèrent avec un cornet de poste jusque près de la porte feignants d'être courriers et de demander des chevaux. Mais un de ceux de la garde ayant découvert la troupe le long du chemin allant de la Charité à un lieu appelé Raucau, fut cause que le pont-levis fut levé à temps et qu'il leur fut répondu que le maître de poste n'avait pas assez de chevaux pour eux. Se voyant découverts ils prétendirent encore avoir commission du roi mais il ne furent pas mieux reçus et se sentant découverts il se retirèrent en tirant quelques coups de pistole et ils furent chassés à coups d'arquebuse. En partant ils pillèrent un bateau qui descendait par la rivière, plein de marchandises et surprirent aussi le sieur de Greviers, s'en allant à Orléans, qu'ils emmenèrent prisonnier à Saint-Pierre-le-Moûtier lui ayant pris ses chevaux de service et ses armes (4).
La ville de La Charité resta pour la première fois sous le gouvernement des réformés jusqu'en juin 1562. Le ministre Jean Papillon, dit des Roches, y fut un audacieux propagateur du calvinisme. Il avait prêché en 1561 à Sancerre, Cosne, Entrains et La Charité, et en 1562 à Nemours, Lorris et Montargis (5).

Les États généraux de 1561 et le Colloque de Poissy

Dès le mois d'avril, à Fontainebleau, le nouveau roi Charles IX et la régente donnèrent un nouvel édit de pacification qui interdisait les injures à propos de religion. Les termes de "huguenot" et de "papiste" devenaient délictueux.
Les États généraux avaient été reconvoqués par Catherine de Médicis, régente, à Pontoise au mois de mai 1561. Les députés ne se réunirent que pour débattre des subsides qu'ils attendaient pour leurs provinces. Aucun débat ne se fit sur la religion puisqu'un "concile" ou "colloque" devait se réunir à cet effet. Le 9 septembre 1561, le colloque se réunit enfin à Poissy, sous la présidence du cardinal de Tournon, archevêque de Lyon. On y entendit la harangue de Théodore de Bèze, ministre de la religion nouvelle, puis celle du cardinal de Tournon pour l'église catholique. Théodore de Bèze demanda à répondre au cardinal mais le roi renvoya à huitaine. On annonça l'arrivée du cardinal de Ferrare, légat du pape Pie IV. Les protestants firent connaître leur désir de nombreuses réformes et les prélats catholiques souhaitaient aussi réformer beaucoup de points dans la vie de l'église, mais aucun accord ne fut proposé ni conclu avant que les participants ne se séparent. A cette occasion, devant Charles IX, Catherine de Médicis et le duc de Guise se sont réconciliés solennellement avec le prince de Condé (4).
Le 24 septembre 1561 la reine réunit les grands : les Guise qui souhaitaient le maintien pur et simple de l'édit de juillet, se retirèrent. La reine demanda de recenser le nombre des églises réformées en France à ce moment : on en dénombra entre 600 et 2500 selon les sources des deux partis. C'est finalement en l'absence des Guise que la reine réunit un conseil qui aboutira à la proclamation de l'édit du 17 janvier 1562, beaucoup plus favorable aux réformés.

L'église réformée de Nevers (mars 1561-mars 1562)

Le 23 mars 1561 arrivait à Nevers Jean Logeri, dit La Planche, ministre protestant de La Charité, pour y présider une première assemblée de la religion qui ne réunit que 13 ou 14 personnes. Dès le 22 mai le lieutenant civil du bailliage de Saint-Pierre-le-Moûtier se rendit à Nevers pour y interdire les assemblées des "huguenots", mais ceux-ci se défendirent en montrant l'édit que le roi avait donné à Fontainebleau le 19 avril qui les y autorisait. A la fin du mois de mai, une assemblée de 35 religionnaires est surprise par la foule qui s'ameute. Le tocsin sonne et seule l'intervention des gens de justice permet aux protestants de se retirer chez eux sans dommages.
Le duc de Nevers, François Ier de Clèves, (FrançoisIerdeClèves.jpg) prévenu de ces troubles, dépêcha Antoine de Veilhan, sieur de Giry, avec des forces armées. Veilhan arrivé le 7 juin à Nevers, imposa une procession générale obligatoire, fit arrêter les absents, qui furent emprisonnés et forcés d'abjurer. Ceux-ci en appelèrent au duc qui les fit libérer et l'ordre fut rétabli.
Le 27 juin vint un nouveau ministre protestant, Jean-François Salvart, dit du Palmier, qui présida des réunions de plus en plus nombreuses. Bien que ces réunions fussent interdites par les édits du roi, le duc François ne s'y opposait pas.
Le 20 novembre, plusieurs habitants de Nevers, Etienne Coquille, les Desprez et d'autres firent une requête au Parlement de Paris pour se plaindre d'avoir été molestés par le lieutenant particulier Antoine Destrappes (1).
Le 6 décembre 1561, le duc revenu à Nevers, fit publier une interdiction rigoureuse du culte protestant, bien que sa famille proche soit très favorable à la réforme : ses fils, le comte d'Eu (François II de Clèves), le marquis d'Isles (Jacques de Clèves) et la marquise sa femme (Diane de La Marck), se rangeaient ouvertement du côté des protestants et fréquentaient leurs assemblées. Mais le duc tomba malade et son fils le comte d'Eu, revenu de Champagne dont il était gouverneur, fit venir un ministre d'Issoudun, Jacques Spifame de Brou, ancien évêque de Nevers converti au protestantisme, ou Jean Poterat (?), pour l'assister. Le duc mourût à Nevers le 13 février 1562.
L'édit de janvier fut publié à Nevers le 25 mars 1562 (4).

L'édit de janvier ou de St-Germain-en-Laye

Le 17 janvier 1562, Catherine de Médicis profita de la situation favorable créée par les princes en 1561 pour faire donner par le roi son fils l'édit de Saint-Germain-en-Laye, le plus souvent appelé "édit de janvier". Cet édit est le plus favorable pour les protestants qui ne pouvaient espérer mieux : la liberté de culte est partiellement accordée. Le culte public devient légal, de jour, sans arme et en-dehors de la ville. Les protestants doivent par ailleurs libérer les temples et les biens des catholiques dont ils se sont emparés. La destruction des images religieuses est condamnée sous peine de mort sans espérance de grâce ni de rémission. L'édit encourage à la tolérance des deux communautés puisque les injures et actes violents envers l'autre communauté seront fortement réprimés. Les ministres de la nouvelle religion doivent jurer de respecter l'édit devant les officiers royaux et de ne pas faire de prosélytisme. Cet édit entend ainsi mettre fin aux troubles qui désorganisent alors le royaume.
Le lendemain, on apprenait l'ouverture de la dernière session du Concile de Trente (suspendu depuis dix ans). La délégation française était conduite par le cardinal de Lorraine, frère du duc de Guise. Le concile voulait donner les réponses de l'épiscopat aux réformes protestantes… sans leur donner satisfaction. Les protestants ont refusé de s'y rendre (4).


Alain Raisonnier 29 janvier 2020