Gressart Perrinet

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La tour Perrinet Gressart, aussi appelée la tour des Espagnols, à La Charité-sur-Loire
  • Parfois appelé Perrinet Grasset, Perrinet Gressard voire Perrin Grasset, malgré les nombreuses pièces sur lesquelles il a apposé sa signature très nettement : Perrinet Gressard. On le dit panetier mais un chroniqueur contemporain prétend qu’il a commencé par être maçon. D’autres auteurs le qualifient de goujat, aide-maçon.
    En 1424, Perrinet Gressart est propriétaire d’une terre importante en Poitou nommée la Robinière qu’il a reçue par héritage. Elle est composée d’immeubles, rentes, censives, dîmes, hommes et femmes de corps. En 1426, il intervient au contrat de mariage de sa nièce, Étienette Griseville et déclare sa sœur, la mère d’Étienette, héritière des biens qu’il possède à Saint-Jean-de-Sauves, à La Grimaudière à Craon, dans la châtellenie de Mirebeau en Poitou. Toutes ces propriétés lui viennent de successions et semblent avoir eu une certaine importance, ce qui fait de lui une personne issue d’une famille aisée.
    En 1391, vivait à Saint-Jean-de-Sauves (Vienne) un dénommé Jean Gressart. Homme brutal et violent, il était fermier des aides du roi. Suite à une querelle avec des contribuables, il est assassiné. Était-ce le père de Perrinet ? Rien ne permet de l’affirmer mais les biens de Perrinet Gressart se trouvant dans la même localité, la chose est possible et les fonctions qu’il occupait prouvent l’aisance dont jouissait cette famille. Peut-être appartenait-il à la même famille ?
  • Perrinet Gressart est au service de l’Angleterre dans le centre de la France lorsque son nom est énoncé pour la première fois. Le Poitou est alors sous la domination des Anglais et il n’est donc pas étonnant qu’il prenne rang parmi les maîtres de sa patrie. Dans un acte daté du 20 décembre 1415, il prend le titre de capitaine de La Charité-sur-Loire pour les Anglais. D’après ce document, il aurait assisté à la bataille d’Azincourt et y aurait fait plusieurs prisonniers qu’il détenait dans la ville de La Charité. Il s’agirait de Jean, baron de la Forest-sur-Sèvre, Antoine, seigneur de Theuyer, Jean, seigneur du Puy-du-Fou et Geoffroy d’Abain, seigneur d’Armoullan (peut-être Amaillou). Tous, semble-t-il, venant du Poitou.
    Comment Perrinet Gressart était-il arrivé à La Charité ? La question est sans réponse. Ce qui est certain, c’est qu’à partir de cette époque il est dans la région et combat sans relâche. En 1417, il s’empare de Louis de Bourbon, fils du duc Jean. Il traite avec lui de sa rançon. Ce traité est soumis à l’approbation du duc de Bourgogne, ce qui explique qu’il soit passé du service de l’Angleterre à celui du duc de Bourgogne. Cet « homme au chiffon de papier » nie ce qu’il est de son intérêt de nier et s’attache aux puissants pour les lâcher dès qu’il constate la baisse de leur crédit.
    L’assassinat de Jean Sans Peur au pont de Montereau le 10 septembre 1419, jette son fils Philippe le Bon dans le camp opposé du Dauphin. Dès lors, Perrinet Gressart guerroie sans discontinuer contre les Français en Nivernais, Berry, Charolais et Mâconnais. En 1420 il est sur les frontières méridionales du Nivernais. Le 20 avril il est à Decize, se fait héberger par la ville et reçoit des fers de lance en guise de don. Au mois de juillet, les habitants de Nevers se plaignent que « Perrinet Graisset n’observe pas un armistice qui vient d’être signé entre les belligérants », armistice qu’il a lui-même signé.
L'écusson de Perrinet Gressart tel que décrit dans le traité signé à Nevers en 1417 entre Gaultier Raillard et Perrinet Gressart
  • La ville de Marcigny-sur-Loire est occupée par un fort parti d’adhérents au Dauphin, qui gêne la communication des ennemis par la Loire. Le bailli du Charolais met fin aux incursions que cette garnison fait jusque dans le Nivernais. Le 1er janvier 1421 il rassemble un certain nombre de gens d’armes, confie l’exécution de cette expédition à « Perrinet Grasset capitaine » qui s’empare de la place et chasse les Dauphinois.
    La lutte continue dans cette région toute l’année 1421 et, l’année 1422, Gressart y prend une part active. Le 23 mai 1422 il est de nouveau à Decize, le 31 juillet 1423, il assiste à la bataille de Cravant. À la fin de cette année 1423, Philippe le Bon le charge d’une mission secrète pour l’exécution de laquelle il reçoit « un millier de trait d’arbaleste empenné et ferré ».
    Perrinet Gressart sait que La Charité a une grande importance : elle sert par son pont, de liaison entre la Bourgogne et l’Est d’une part, le Berry et l’Ouest d’autre part. Depuis 18 mois, la ville est au pouvoir des Français et il est difficle au duc de l’attaquer ouvertement.
    Yolande d’Anjou et le duc de Savoie s’efforcent de réconvilier Charles VII et Philippe le Bon ; des trêves sont signées, des conférences pour la paix ont lieu à Bourg-en-Bresse. Il est peut-être possible de permettre indirectement à Gressart de prendre la ville en lui donnant les moyens nécessaires. Si la paix a lieu, on désavoue Perrinet Gressart et ses hommes, si les pourparlers sont rompus, on reste dans la place. C’est ainsi qu’avec les secours fournis par Philippe le Bon, Gressart se rend maître de La Charité. C’était certainement « la mission secrète ». On ne sait pas comment cet événement s’est produit. Les Français se fiant aux trêves et ne surveillant pas suffisamment les bandes qui continuent d’infester le pays ont été pris par surprise. C’est à la fin de 1423 que Perrinet Gressart s’empare de La Charité et qu’il y restera de nombreuses années montrant ses qualités d’organisateur et sa finesse de diplomate. C’est un homme peu scrupuleux mais c’est un chef.
Le château de Passy-les-Tours
  • Certes il s’est servi des subsides de Philippe le Bon pour prendre la ville mais il entend avoir seul le bénéfice de son succès. De suite, il s’installe en maître et s’efforce de gagner la confiance des Charitois. Il se fait reconnaître comme gouverneur par les religieux, seigneurs de la ville, et, en présence de tous les moines, prête serment entre les mains de Pierre le Duc, sous-prieur en l’absence du prieur Jean de Vinzelles, de maintenir les droits, privilèges et immunités de la ville et du couvent. Il met la ille en état de défense, augmente les fortifications et fait construire un donjon au dessus du Champ Barraté.
    Environ deux mois après son installation dans la cité, il épouse Huguette de Courvol, fille de Jean de Courvol, seigneur du Tremblay et d’Isenay, veuve de Jean des Ulmes. Un contrat de mariage est dressé le 12 février 1424 devant Gerbert Barbier, notaire à Decize. dans cet acte Perrinet Gressart est qualifié « noble homme, Perrinet Gressart écuyer ». Le 13 avril il échange sa terre de la Robinière en Poitou, contre les seigneuries de Prye-sur-l’Ixeure (La Fermeté), Giry et Champlemy. Les conférences de Bourg-en-Bresse échouent ; elles sont reprises à Chambéry et aboutissent le 28 septembre 1424 à un traité qui, jusqu’au 1er mai suivant établit une abstinence de guerre entre Charles VII et Philippe le Bon. Cette trêve sera prorogée jusqu’au 2 février 1426. À cette époque, outre La Charité Perrinet Gressart est aussi maître du château de Passy-les-Tours et du château de Dompierre-sur-Nièvre.
    D’après le traité de Chambéry, les garnisons occupant les diverses places prises par les contractants doivent être évacuées. Le duc de Bourgogne, au nom duquel Perrinet Gressart est censé avoir agit, lui signifie d’exécuter le traité. Celui-i refuse car il entend rester le seul maître de ce qu’il a acquis par les subsides fournis par Philippe le Bon. Le conseil de Bourgogne est très embarrassé car si l’évacuation de la Charité et des deux châteaux n’a pas lieu, Philippe le Bon sera accusé de violer le traité.
    Malgré les moyens de pression utilisés par les membres du conseil, Perrinet Gressart persiste dans son entêtement et finit par déclarer qu’il comprend bien qu’il est incapable de résister à la puissance du duc de Bourgogne, mais qu’il est résolu, plutôt que de céder, à appeler les Anglais qui sauraient mieux défendre La Charité que lui.
    En désespoir de cause, il est fait appel à un autre aventurier au service de l’Angleterre, François de Surienne, dit l’Aragonnais ; il a été son compagnon dans plusieurs expéditions. Une transaction est trouvée grâce à son intervention. Perrinet Gressart est autorisé à conserver 60 hommes d’armes à La Charité, 6 à Passy et 8 à Dompierre. En outre, il recevra 2000 livres « pour contenter les compagnons qui devaient quitter la ville », plus 11000 francs pour l’entretien des garnisons de La Charité, Passy et Dompierre. Telles étaient les conditions pour qu’il prenne l’engagement de respecter la trêve.
    Il est difficile pour un tel personnage de se livrer au repos. Puisqu’il ne peut plus, tout au moins ouvertement, continuer des incursions dans les contrées voisines, il accepte la proposition de prendre part à une expédition contre l’évêque de Bâle, pour le compte de Thibaut de Neufchatel. Cette expédition sur laquelle il n’y a pas d’information, s’est apparemment mal déroulée car Gressart rentre à La Charité faisant entendre les plaintes les plus amères. Il se dit trahi par ceux pour lesquels il allait combattre ; lui et ses gens ont été « mauvaisement meurtris, battus et dérobés ». Il a subi une perte de 14 à 15000 écus et veut être indemnisé de cette somme. Un rendez-vous lui est offert pour traiter cette affaire, il refuse. Il rassemble ses compagnons et les bourgeois de la ville dans « la grant église » et leur demande conseil. Tous l’engagent à ne pas quitter la ville car il ne serait pas en sécurité.
    Au mois de septembre 1424, la garnison de La Charité manque de vivres. Les autorités de Nevers donnent l’ordre de ne rien lui vendre et « de fait ostèrent le pain, huile et chandelles aux pauvres femmes qui l’aloient quérir ». Les garnisons ennemies de Bonny, Saint-Vérain-des-Bois, Léré, Sancerre font des courses jusque sous les murs de La Charité, enlevant « bestes, gens et tout ce qu’ils ont pu trouver ». Il prétend qu’elles lui ont fait plus de 10000 Francs de dommages. Pour faire vivre sa troupe et par représaille, Perrinet Gressart est contraint de faire des expéditions malgré les trêves.
  • Vers la fin de 1425, Perrinet Gressart est maître des places de Menestreau, La Rivière, Châteauneuf-Val-de-Bargis, Vieux Moulin.
    Le conseil de Bourgogne s’efforce de répondre aux demandes des populations qui veulent qu’on les délivrent d’un tel voisin mais il trouve toujours de bons motifs pour refuser les propositions qui lui sont faites. François l’Aragonnais est chargé de porter les conditions de l’accord qui pourrait intervenir au maréchal de Bourgogne. Gressart veut qu’on le dédommage des pertes dues à l’expédition de Bâle, que la ville de Nevers lui verse 837 Francs car il se dit être son créancier sans pour autant que l’on sache pour quel motif, qu’on lui fournisse ainsi qu’à ses compagnons, les moyens de vivre en repos à La Charité sans guerroyer. Il veut aussi un endroit où il pourrait se retirer avec sa femme s’il le jugeait à-propos, que le Comte de Nevers lui fasse don des châteaux de Rosemont et de Druy, c’est-à-dire les plus importants du comté et enfin que Philippe le Bon lui fasse don de Château-Girard en Bourgogne. C’est à ces seules conditions qu’il consentirait à signer une trêve. Perrinet Gessard pouvait agir ainsi car la crainte de voir livrer la place de La Charité aux Anglais était extrêmement forte. De plus, Philippe le Bon commence à se fatiguer de son alliance avec l’Angleterre.
Le château de Rosemont
  • Le 30 décembre au soir un groupe de cavaliers se présente aux portes de la ville. Il est conduit par Georges de la Trémoille, le favori de Charles VII. Munis de sauf-conduits, à la fois de Charles VII et de Philippe le Bon, ils pensent pouvoir entrer dans la cité se fiant aux trêves prorogées jusqu’au 2 février et ainsi circuler en toute sécurité. Georges de la Trémoille va rendre visite à son frère Jean, seigneur de Jonvelle, premier chambellan et grand maître d’hôtel du duc de Bourgogne. Il demande à traverser la ville avec ses gens. Une fois entré dans la ville, malgré les sauf-conduits et les abstinences de guerre, Perrinet Gressart le fait arrêter, le garde prisonnier et entend se servir de lui comme otage. Le jour même de la prise de la Trémoille et en complicité avec François de Surienne, Gressart avertit le maréchal de Bourgogne que le prisonnier ne serait libéré que contre paiement d’une forte rançon. L’occasion est belle pour un nouveau chantage. Il exige du duc de Bourgogne, de la Trémoille, de ses frères, ses amis, ses gens d’armes, qu’ils prennent l’engagement de ne jamais l’inquiéter directement ou indirectement quant à sa conduite vis-à-vis de Georges de la Trémoille. Nouvel embarras du conseil de Bourgogne. Les négociations reprennent avec Gressart qui devient de plus en plus exigeant. Il ne veut pas que les habitants de la ville puissent être molestés au vu de tout ce qu’ils ont fait depuis qu’il est gouverneur ; il exige que l’on fasse évacuer par les garnisons ennemies dont il a à se plaindre, les places de Bonny et de Saint Vérain et porte à un plus haut chiffre les sommes dont il a déjà demander le paiement. Il en profite aussi pour rappeler qu’il est l’allié des Anglais et qu’il lui est possible de les introduire à La Charité. C’est la chose qu’il faut surtout éviter. Il continue néanmoins ses courses en Nivernais et en Berry.
  • Les habitants du Nivernais ont pactisé avec lui, lui verse une redevance pour éviter ses pillages. Nevers tarde à payer sa contribution. La garnison de La Charité vient jusque sous les murs de la ville et enlève « grant quantité de pourceaux »au préjudice des bouchers et des marchands.
  • Après plus de six mois de pourparlers et de négociations, Georges de la Trémoille est enfin libéré moyennant une rançon de 14000 écus d’or. En plus de cette rançon, il doit être fait don à la femme de Perrinet Gressart et à plusieurs de ses compagnons de la vaisselle, des draps de soie et des joyaux. Une partie de la rançon est payée comptant, quant au surplus, Gressart exige des garanties. « Messieurs de l’église de Saint-Cyr de Nevers » offrent de déposer entre les mains d’un bourgeois choisi par le gouverneur de La Charité, des reliques et des joyaux de leur église. Ces précieux objets seraient mis dans un coffre fermé à deux clés, dont l’une serait remise au bourgeois et l’autre aux chanoines. L’évêque de Nevers offre douze tasses d’argent ; les habitants de cette ville et les membres du chapitre offrent la moitié des vins engrangés dans leurs celliers ; le maréchal de Bourgogne offre deux cenitures d’or, une coupe et six tasses d’argent.
  • C’est à cette époque que Perrinet Gressart s’attache définitivement François l’Aragonnais. Il lui fait épouser Étiennette Greseville de Lalande à laquelle il constitue en dot une somme de 1000 écus d’or et toute la terre et seigneurie de Prye-sur-l’Ixeure. À l’Aragonnais il constitue une rentre de 50 livres tournois.
    Le problème de la Trémoille réglé, les négociations relatives à la trêve continuèrent. Les conditions exigées par Perrinet Gressart sont peu à peu acceptées. Comme il a demandé l’évacuation des garnisons des places de Bonny et de Saint-Vérain on se met en rapport avec les capitaines. Ils acceptent de partir moyennant le paiement de 4000 écus d’or. Pour recouvrer cette somme, une imposition est mise sur les villes du comté de Nevers. Cosne, Varzy et Donzy refusent de payer leur part de cet impôt.
  • Un traité, approuvé par Philippe le Bon le 30 mars 1427, est enfin signé à Corbigny le 27 février 1427. Il contient l’abstinence de guerre en Nivernais, Donziais et Auxerrois. Au moment d’évacuer les places et les châteaux occupés par les belligérants selon les termes du traité, Gressart, qui avait pourtant obtenu tout ce qu’il désirait fait surgir des difficultés. La ville devait être remise au duc de Bourgogne. Brusquement il se rappelle qu’elle est une vile ecclésiastique ; elle a pour seigneur le prieur du couvent. Pris de scrupule « il ne voulait faire chose dont son âme fut chargée ne qui fut au préjudice de l’église de ladite Charité ». En conscience, il ne pouvait la remettre qu’au prieur, son seul seigneur légitime. Une fois de plus il fallait en passer par son désir. Il savait que le prieur, impuissant à défendre la ville, serait contraint de lui en laisser le gouvernement. Le château de Dompierre est également rendu au prieur. Quant à celui de Chevenon dont il s’est emparé, il consent à le vider mais uniquement lorsqu’il aurait été rmboursé de toutes les dépenses qu’il dit y avoir faites.
    Il est convenu qu’il conservera en toute propriété les places et les châteaux de Passy et de la Motte Josserand. On traite avec Perrinet Gressart comme on le ferait avec un prince indépendant.
La façade principale du château de La Motte-Josserand
  • Comme il l’avait espérer, Perrinet Gressart restait maître de La Charité.
    Dès le mois de septembre, des plaintes surgissent de toutes parts contre ses hommes d’armes qui continuent leurs incursions en Berry, en Bourbonnais et jusqu’aux frontières de la Bourgogne. Une fois encore il faut négocier ; une fois encore Perrinet Gressart prend l’engagement d’observer les trêves. Il est autorisé à rester à La Charité avec une garnison de cent hommes d’armes et de cinquante hommes de trait. Comme il ne peut pas nourrir cette garnison sans faire d’incursions engagement est pris de lui verser 1500 livres par mois ; cette somme sera versée par les populations du Berry et du Bourbonnais qui n’ont même pas été consultées. Ainsi la garnison est payée pour qu’elle consente à ne pas aller piller alentours...
    En homme prudent, Perrinet Gressart, prend des précautions. Une clause du traité prévoit que si le paiement mensuel se fait attendre huit jours, le traité serait annulé et il retrouverait son entière liberté.
  • À la fin de 1427 et au commencement de 1428, Perrinet Gressart guerroie en Puisaye. Il est, en même temps, capitaine de La Charité pour le prieur et capitaine de Villeneuve le Roi pour le compte des Anglais. En outre, il a le titre de panetier du duc de Bourgogne. Pour le récompenser des services qu’il a rendus à la cause anglaise, Henri VI, roi d’Angleterre, lui a, ainsi qu’à sa femme, fait don de la seigneure des Loges, en Normandie, au baillage de Caux le 12 juin 1427. L’acte de donation prévoit un revenu estimé à 500 livres tournois. Gressart s’aperçoit que, suite aux malheurs du temps, le revenu n’est que de 270 livres tournois. Il se prétend trompé et volé et obtient par ses récriminations qu’engagement soit pris de lui obtenir les 500 livres le 27 mars 1429. Le 3 novembre suivant, un autre acte du roi d’Angleterre lui attribue, ainsi qu’à sa femme, à François de Surienne dit l’Aragonnais et à sa femme la seigneurie de Loigny en Normandie. Insatiable, Perrinet Gressart demande, à la même époque, à la ville de Decize un tribut en vin et en blé sous peine d’être pillée.
  • Des événements importants se passent en France. Jeanne d'Arc est venue, la ville d’Orléans délivrée, les Anglais rejetés du Centre de la France. Dès le mois de septembre, on songe à chasser l’ennemi des quelques places qu’il occupe dans cette partie du royaume. Au commencement de novembre, une armée française avec à sa tête, la Pucelle s’empare de la ville de Saint-Pierre-le-Moûtier. Le périple de la Pucelle commence.
  • Dès le 15 janvier 1430, il est au château de Rosemont occupé à organiser ses hommes d’armes pour attaquer le Bourbonnais mais c’est surtout le Berry qui en souffrira.
    Ses compagnons se rendent maîtres de la ville de Dun-sur-Auron qu’ils dévastent et font prisonniers les habitants. Sur l’observation que lui fait le conseil de Bourgogne, il déclare qu’il lui faut 80 hommes pour garder La Charité et 20 pour Rosemont et qu’il lui est impossible de retenir ses compagnons « n’est plus en mon pouvoir de les tenir sans faire guerre » et que s’il faut respecter les trêves dans le pays, il se propose, sous certaines conditions, à les conduire combattre en Bretagne ou en Normandie.
  • Pour éviter d’être pillées, les populations sentant les seigneurs incapables de les défendre, font, de tous côtés des « pactes » avec la garnison de La Charité. Pour satisfaire la rapacité de Gressart, des contributions sont levées en Bourbonnais et même en Auvergne.
    En 1431, il fait partie de l’armée qui combat en Poitou et en Limousin sous les ordres de Jean de la Roche. À son retour, il est, une fois de plus invité à signer abstinence de guerre. Il pose de nouveau des conditions exorbitantes. Désormais il veut que l’on fasse la « vidange » des places de Saint-Pierre-le-Moûtier et de Sancoins. Ce qu’il entend par là c’est qu’il n’y ait plus de troupes ennemies autour de lui et, en un mot, il faut le débarrasser de tous ceux qui peuvent le gêner dans ses incursions. Là encore, il fixe ses conditions et s’il n’a pas ce qu’il veut, il envahira le Bourbonnais.
    De part et d’autre on était fatigué de la guerre et on souhaitait la paix. Les conférences succèdent aux conférences sans grand résultat. Perrinet Gessart est convié à chacune d’elles comme s’il s’agissait d’un souverain mais ne s’y rend pas. Durant toute l’année 1432 ces vaines conférences eurent lieu. À celle d’Auxerre, on lui offre la somme de 24000 saluts d’or s’il consent à évacuer les places qu’il détient indûment. Pendant ce temps, il ne reste pas inactif. Il assiste à la prise de Montargis pour le compte des Anglais avec François l’Aragonnais et revient sans arrêt sur ce qui lui est dû. Puisqu’on ne peut pas le payer, il accepterait des terres. Il ose demander le comté de Château-Chinon qui appartient à la famille de Bourbon et n’observe pas les trêves entre la Bourgogne et Charles VII. Elles sont préjudiciables au roi d’Angleterre qu’il considère comme son souverain.
  • En août 1434 Perrinet Gressart est nommé capitaine de Nevers aux appointements de cent livres par an.
    En 1435 aboutissent les négociations entamées entre le duc de Bourgogne et le roi de France. Au mois de janvier s’ouvrent les conférences de Nevers. La ville voit arriver tous les personnages importants des deux partis qui songent surtout à faire la fête malgré la misère qui règne partout. Sans rien conclure on se donne rendez-vous à Arras. C’est dans cette ville, le 21 septembre 1435, que fut signée la paix qui mettra fin à la longue lutte entre Philippe le Bon et le roi de France. À Nevers on connut le traité du 25 octobre.
    Le traité rendait la situation de Perrinet Gressart très difficile car il ne pouvait plus penser résister au roi de France, appuyé par le duc de Bourgogne. Les échecs subis par les Anglais les avaient éloignés du centre de la France et ne pouvaient donc plus venir à son aide. Il devint plus facile de traiter avec lui mais ce fut toujours moyennant de belles conditions.
    Bien que célèbre, il n’y a pas de portrait de ce personnage ; on ne peut donc que l’imaginer…
    Il s’est éteint dans son château de la Motte Josserand en 1437 ou 1438.

Source : Article d’Edmond Duminy paru dans Le petit Charitois de janvier-février 1924.
Images : Francis Cahuzac, site Jean-Claude Colrat pages perso.

Martine NOËL (discussion) 14 avril 2020 à 18:52 (CEST)