Dispenses:Enquête de consanguinité

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Présentation:

Lazare Philippot et Jeanne Joffroy devaient se marier à Brassy. Ils avaient fait publier leurs bans et s’apprêtaient à convoler en justes noces quand une bonne âme glissa dans l’oreille du curé qu’ils étaient peut être parents à un degré interdit par le droit canon. Le curé plein de zèle refusa de bénir l’union.
Nos pauvres fiancés furent donc contraint de faire rédiger par l’homme de l’art une requête adressée à l’évêque, qu’il fallut ensuite faire porter à Autun. Le tout au frais des « suppliants » évidemment.
En quelques lignes griffonnées en haut de la supplique (les textes ont été remis ci-dessous dans l’ordre chronologique) le vicaire général désigna comme enquêteur le curé de Brassy.
Celui-ci accepta la mission en nommant comme greffier le rédacteur de la requête.
Il fut ensuite nécessaire de faire convoquer les témoins par huissier, avec copie de l’assignation à chacun, même s’il ne savait pas lire. D'où frais de copies et de déplacements pour le sergent qui n’omis pas de compter toutes les lieux à parcourir.
Enfin les témoins furent invités à déposer et à réclamer éventuellement une indemnisation pour leur dérangement. Tous, à l’exception d’une pauvre veuve, la refusèrent, se montrant ainsi moins âpre au gain que les hommes d’église et de justice.
La conclusion qui en ressortie fut que nos deux fiancés étaient peut être parents … et que l’interdiction de mariage aurait été pénalisante pour la fiancée. Moyennant quoi …. et quelques livres, ils obtinrent leur dispense, qu’il me faudra un jour aller rechercher aux archives de Saône et Loire.



Enquête pour dispense ad cautelam, dans le doute, entre Lazare Philippot et Jeanne Jaulpoy le 4° Fevrier 1728



Requête

Supplyent et vous remontre humblement Lazare Philippot manouvrier demeurant à Bonnetré parroisse de Brassy et Jeanne Joffroy de la susdite parroisse disant qu’ils auroient contractée promesse de mariage et ensuitte fait publié les bant au sieur curé dudit lieu. Mais que depuis ce temps certaine personne le seroit venu trouver et luy auroit dit que les suppliants seroient parents, quoique cela ne paroisse bien certain. Cependant ledit sieur curé auroit esté refusant de les marier, pourquoy ils ont recours à vous monsieur pour que vous ayée la bonté de commettre tel prestre qu’il vous plaira pour informer du degré de paranté qui se pouront trouver entre lesdits, au cas qu’il y en a, pour ensuitte obtenir dispence, cy il est nécesaire, et seront les partys suppliantes obligée de prier dieu pour vostre prospérité(1) et santé. Fait à Brassy le vingt huit janvier mil sept cens vingt huit.
Signé : Petitier
(1)prier, mais aussi contribuer en bonnes espèces


Ordonnance

Soit informé par le Tr. C. monsieur curé de Brassy du degré de paranté entre les parties et des raisons qu’elles peuvent avoir pour obtenir la dispense requise, notament du coté de la suppliante, pour l’information faite à nous rapporté y ausdit Monsieur Seurre vicaire général et official de Monseigneur l’evesque d’Autun tel égard qu’il appartiendra. Fait à Autun ce 30 janvier 1728.
Signé : Seurre


Saisie

Le quatriesme jour du mois de feuvrier mil sept cens vingt huit au lieu de Brassy, à la maison curialle, environ les dix heures du matin, pardevant nous Mr Simon De Chaume prestre curé dudit Brassy, juge commis en cette partys par ordonnance de Monsieur Seurre vicaire général et official de monseigneur l’evesque d’Autun. Ladite ordonnance en teste de requeste en datte du trente janvier dernier signé Seurre. Ont comparu en personne Lazare Philippot et Jeanne Joffroy manouvriers demeurant à Bonnetré et à Lavault paroisse de Brassy et nous ont dit voulloir contracté mariage entre eux. Ils se sont trouvé parents, pourquoy est nécessaire d’informer du degré de parenté, pourquoy parvenir ils se sont pourveu par devant mondit sieur Seurre vicaire général et official de monseigneur l’evesque d’Autun par leur requeste à luy présentée et apointé le trente janvier dernier, an que dessus. Par laquelle ordonnance nous avons esté et sommes commis pour informer du degré de parenté et autres raisons contenue en ladite requeste, pour fere l’information par nous faitte, estre ordonné ce qu’il appartiendra. Requérant les suppliant qu’ils nous plaises accepter ladite commission. A quoy adhérant, nous avons pris pour nostre secrétaire Mr Philippe Petitier praticien demeurant en ladite parroisse de Brassy, de qui nous avons recceu le serment en pareille cas requis et avons sur le champ procéddé à ladite information, et ont les dites partyes déclaré ne scavoir signer de ce enquis.
Signé : De Chaume curé de Brassy Petitier secrétaire greffier commis


Assignations à comparaître

L’an mil sept cent vingt huit, le trante un et dernier jour de janvier à la requeste de Lazare Philippot manouvrier demeurant à Bonnetré, parroisse de Brassy, où il fait élection de domicile en sa maison audit lieu, j’ay, Gabriel Panestrat sergent royal résidant à Lorme, immatriculé au baillage et siège présidial de St Pierre le Moustier, soubsigné, certifie m’estre exprest transporté par dever et à la personne d’Emée Bin veuve et commune de feu Clément Demergé, vivant laboureur, demeurante à Rivière susdite parroisse de Brassy, trouvée au moulin Tallas, détroit de Moulin et parroisse dudit Brassy, distant de ma demeure de deux lieu ou estant et parlant à sa personne. Et de là au village de Bonnetré parroisse dudit Brassy distant de deux lieu, au domicille de Adrien Joffroy lesné laboureur laboureur y demeurant ou estant et parlant à sa personne.
Et de là me suis exprest transporté jusqu’au village de Monchenot parroisse dudit Brassy distant de trois lieu au domicille de Blaize Gibault et Suzanne Joffroy sa femme laboureur y demeurant ou estant et parlant à leurs personnes.
Et de chez ledit Gibault me suis exprest transporté au domicille de Léonard Provostat laboureur demeurant audit lieu de Monchenot susdite paroisse de Brassy mesme distance où estant et parlant à sa personne. J’ay, à tous cy dessus nommez en parlant que dessus, donné assignation à chacun d’eux séparément, par délivrance de coppies, au mercredy quatre du mois de fevrier heure de dix du matin en la maison curé dudit Brassy pardevant Me Simon De Chaume prestre curé dudit Brassy demeurant pour desposer vérité sur les faits qui leurs fé enquis par ledit Sr De Chaume pour l’enqueste et information qu’entent faire faire ledit Philippot du degré de parenté qui peut estre entre ledit Philippot et Jeanne Joffroy moyennant salaire raisonnable. Le tout fait et délivré coppie audit desnommez dans le présent …. chacun séparément afin qu’ils n’en ignore en parlant que dessus, dont fera controlle, sans préjudice d’autres actions et prétantions entre les partys.
Signé : Panestrat
Controllé à Lorme le deux fevrier 1728 P Jolly Original


Auditions

  • Et a l’instant lesdits Lazare Philippot et Jeanne Joffroy nous onts dits que pour parvenir au preuves requises et fins portée par leur dite requeste et ordonnance en datte que dessus. Ils ont fait assigner aujourd’huy par devant nous par exploit Panestrat huissier royal, du jour trente et un et dernier janvier dernier mil sept cent vingt huit controllé à Lorme le deux février présent mois par Jolly commis, les nommez Emée Bin veuve et commune de Clément Demerger demeurant à Rivière parroisse dudit Brassy, Adrien Joffroy l’esnel laboureur demeurant à Bonnetré susdite parroisse de Brassy, Léonard Provostat laboureur demeurant à Monchenot susdite parroisse, Blaize Gibault et Suzanne Joffroy sa femme laboureur demeurant audit lieu de Monchenot, susdite parroisse de Brassy, pour desposer vérité sur lesdits faits exposéz dans ladite requeste. De tous lesquels parents nous avons pris les serments requis et acoutumé en ces cas requis et acoutumé, par lesquels ils ont juré d’affirmer dire vérité sur les dits faits et raisons dont ils seront par nous enquis, dont et du tout ce que dessus nous avons donné acte et ensuitte procéddé en laditte enqueste séparement et secrettement comme s’ensuis. Ont déclaré les dits parents tesmoins assignés ne scavoir signé de ce requis interpellés.

Signé : De Chaume Petitier

  • Premièrement a comparu Emée Bin agée de soixante ans demeurant à Rivière parroisse de Brassy voisine des suppliants. Laquelle nous a dit que Adrien Joffroy grand père du suppliant et Dimanche Joffroy grand père de la suppliante s’appelloient de leurs vivant cousins et nous a dit en outre qu’elle ne sait s’ils estoient cousin germains ou issus de germain, que les bans entre les partyes de bonne foy sans savoir s’ils estoient parents et que cy le mariage ne se fesoit que petestre la suppliante ne trouvra pas un partys comme le suppliant. Lexture à elle faitte de sa déposition laquelle a déclaré ny voulloir acquemanté ny diminué et y persiste et a déclaré ne scavoir signé enquis, et a déclaré voulloir taxe que nous luy avons accordé.(1)

Signé : De Chaume Petitier
(1) A charge des suppliants naturellement


  • Le dit jour et an que dessus a comparu pardevant nous ladite Suzanne Joffroy tante de la suppliante agée d’environ cinquante ans. Laquelle a déclaré et desposé qu’elle a entendu et souvent ouy dire au grand père de la suppliante et à la grand mère du suppliant qu’ils estoient cousins et s’appelloient ainsy de leurs vivant, qu’elle ne sait ny na aucune connaissance s’ils estoient cousin germains ou issus de germain, ou mesme parents. Despose en outre qu’elle sait que les trois bans ont esté publiés les partys ignorant qu’ils ne fussent parentes. Lecture à elle faitte de sa dépsition a dit icelle contenir vérité, ny veut acquemanter ny diminuer, y persiste et a déclaré ne scavoir signer enquis, et a déclaré ne vouloir taxe.

Signé : Dechaume Petitier


  • Le dit jour et an que dessus a comparût par devant nous Blaize Gibault laboureur demeurant a Montchenot, parroisse dudit Brassy, agée d’environ cinquante deux ans oncle maternelle de la future, lequel a sesposé que il sut et a vu appeler Dimanche Joffroy grand père de la suppliante et Adrien Joffroy grand père du suppliant, cousins. Ce que le déposant a entendus plusieurs fois mais ne scavoir s’ils estoient cousins germains ou issus de germain, ce qu’il ignore et qu’il n’a jamais pû scavoir ny ne peut scavoir. Déclare encore que les bans ont esté publié trois fois entre les partys de bonne foy sans scavoir qu’ils fussent parents et le mariage ne se faisant pas cela pouroit faire un tors nottable à la future ne trouvant pas un party semblable au suppliant. Lecture faitte de sa déposition a déclaré contenir vérité et y persiste et a déclaré ne scavoir signé enquis et n’a voullut taxe.

Signé : Dechaume Petitier


  • Et a ledit jour, lieu et heure que dessus a comparut par devant nous Leonard Provostat laboureur demeurant à Monchenot parroisse dudit Brassy agee d’environ soixante a dix ans lequel a dit et déposé qu’il y a environ quarente ans s’étant trouvé dans un champ ou il labouroit les grand pères des suppliants y estant aussy ils les entendyt s’appeler cousins, mais qu’il ne sait s’ils estoient cousins germains ou issus dz germains, a déposé en outre que les partyes ont fait publier les trois bans de mariage sans scavoir s’ils estoient parents ny allié et que cy le mariage ne se fesoit pas entre les suppliants, la future ne pouroit petestre pas trouver un party sortable à sa condition comme le suppliant, lecture à luy faitte de sa déposition ny veut acquemanter ny diminuer et y persiste et a déclaré ne scavoir signer enquis, et a déclaré ne voulloir taxe.

Signé : Dechaume Petitier


  • Les ans et jour que dessus a comparu pardevant nous Adrien Joffroy lesnel laboureur demeurant à Bonnetré parroisse dudit Brassy cousin du futur. Lequel a déclaré qu’il a connu et vu Adrien Joffroy et Dimanche Joffroy grand père des suppliants mais ne sait s’ils etoient parents. Deposes en outre que les trois bans ont esté publié entre lesdits Philippot et Jeanne Joffroy partyes suppliantes de bonne foy sans scavoir s’ils sont parents et a déclaré que le mariage ne se fesant pas la future suppliante ne trouvera pas a s’établir à un party sortable à sa condition,qui est tout ce qu’il a dit scavoir. Lecture à luy faitte de sa desposition ny veut acquemanter ny diminuer y persiste et a déclaré ne scavoir signer de ce enquis, interpellé, et a déclaré ne voulloir taxe.

Signé : Dechaume curé de Brassy Petitier secrétaire commis


Résultat transmis

Adrien Geoffroy et Dimanche Geoffroy
A eü pour fille Jeanne Geoffroy - A eu pour fils Dimanche Geoffroy
A eu pour fils Lazare Philippot suppliant - A eu pour fille Jeanne Geoffroy suppliante


Un document de Jean-Pierre TAUPIN

--Patrick Raynal 19 septembre 2008 à 19:53 (UTC)