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*L'année suivante, Gressart vient tenir garnison à Decize, ses soldats commandés par Jean d'Egreville assiégent le château de Druy ; en même temps, ils menacent Decize. Afin de se défendre, on renforce les murailles. En outre, les habitants achètent des munitions. Le maréchal Pierre Guillaumain confectionne « quantité de pelotes de fer pour porter à l'escarmouche de Druy. »
*L'année suivante, Gressart vient tenir garnison à Decize, ses soldats commandés par Jean d'Egreville assiégent le château de Druy ; en même temps, ils menacent Decize. Afin de se défendre, on renforce les murailles. En outre, les habitants achètent des munitions. Le maréchal Pierre Guillaumain confectionne « quantité de pelotes de fer pour porter à l'escarmouche de Druy. »
*Druy est pris le vendredi 3 avril 1433 et démoli pendant la première semaine d'août. Plusieurs ouvriers decizois participent à cette destruction : les charpentiers Jehan Borachon, Hugues Bertin, Hugues Mellier et Pierre Guillot, les maçon Jehan Noblet, Pierre Pastureau, Jehan Damprenault, Regnau Tardon, Guillaume Salé et André Emery. Pour désaltérer les démolisseurs, on leur envoie de Decize un tonneau de vin.
*Druy est pris le vendredi 3 avril 1433 et démoli pendant la première semaine d'août. Plusieurs ouvriers decizois participent à cette destruction : les charpentiers Jehan Borachon, Hugues Bertin, Hugues Mellier et Pierre Guillot, les maçon Jehan Noblet, Pierre Pastureau, Jehan Damprenault, Regnau Tardon, Guillaume Salé et André Emery. Pour désaltérer les démolisseurs, on leur envoie de Decize un tonneau de vin.
*En 1435, Charles de Bourgogne, devenu majeur, prend le titre de comte de Nevers. Deux pages du seigneur de Rosemont se rendent près des habitants de Decize pour les prévenir que les ennemis (des « Anglais ») au nombre de 2.000, sont au Veurdre. On se prépare à les repousser s'ils se présentent. Le 14 octobre, Ragot, chevaulchier du comte de Nevers, venant de Moulins-en-Gilbert, arrive à Decize et annonce que la paix a été signée à Arras, le 22 septembre, entre le roi et le duc de Bourgogne. En récompense de cette bonne nouvelle, il est donné un salut d'or au messager(7).
*En 1435, Charles de Bourgogne, devenu majeur, prend le titre de comte de Nevers. Deux pages du seigneur de Rosemont se rendent près des habitants de Decize pour les prévenir que les ennemis (des « Anglais ») au nombre de 2.000, sont au Veurdre. On se prépare à les repousser s'ils se présentent. Le 14 octobre, Ragot, chevaulchier du comte de Nevers, venant de Moulins-en-Gilbert, arrive à Decize et annonce que la paix a été signée à Arras, le 22 septembre, entre le roi et le duc de Bourgogne. En récompense de cette bonne nouvelle, il est donné un salut d'or au messager(7).<br><br>
*La guerre est finie, des visiteurs passent à Decize.<br>Jehan de La Rivière gouverne le Nivernais pour le roi Charles VII. Jehan de Vaux commande la petite garnison de Decize. Des troupes royales – qui étaient quelques années plus tôt considérées comme ennemies - passent l'Allier et la Loire ; les habitants de Decize se méfient car de nombreux « routiers », mercenaires sans scrupules, appartiennent à ces compagnies.
::(7) Le salut d'or est une pièce valant 25 sous. A l'avers figure la salutation de Marie par l'ange avec l'inscription « Ave ». Au revers une croix. Cf. www.sacra-moneta.com
 
==La guerre est finie, des visiteurs passent à Decize==
*Jehan de La Rivière gouverne le Nivernais pour le roi Charles VII. Jehan de Vaux commande la petite garnison de Decize. Des troupes royales – qui étaient quelques années plus tôt considérées comme ennemies - passent l'Allier et la Loire ; les habitants de Decize se méfient car de nombreux « routiers », mercenaires sans scrupules, appartiennent à ces compagnies.
*En 1438, le capitaine de Chabanne, qui commande des gens d'armes, se présente aux portes de Decize, avec l'intention de traverser cette ville ; mais, avant d'y consentir, les échevins envoient un messager au comte à Nevers pour savoir s'il voulait le permettre. Celui-ci accorde l'autorisation demandée.
*En 1438, le capitaine de Chabanne, qui commande des gens d'armes, se présente aux portes de Decize, avec l'intention de traverser cette ville ; mais, avant d'y consentir, les échevins envoient un messager au comte à Nevers pour savoir s'il voulait le permettre. Celui-ci accorde l'autorisation demandée.
*L'année suivante, le Bâtard de Bourbon, se trouvant aux environs de Ternant, de Vandenesse, de Champlois (Champlevois), voulant avec sa troupe passer la Loire, et ensuite l'Allier, fait demander aux habitants de Decize le passage par leur ville, et il lui est accordé.
*L'année suivante, le Bâtard de Bourbon, se trouvant aux environs de Ternant, de Vandenesse, de Champlois (Champlevois), voulant avec sa troupe passer la Loire, et ensuite l'Allier, fait demander aux habitants de Decize le passage par leur ville, et il lui est accordé.
*Un prédicateur de talent vient à Decize et prononce des sermons pendant le carême de l'année 1440 : le Révérend Père Abbé de Saint-Jacques de Béziers ; il est remercié lors d'un dîner qu'on lui offre chez Philibert Taillefer ; le repas rassemble le châtelain Jehan de Vaux, Jehan et Henri Coquille, Jehan Bergeron, Rollet Desart et Jehan Godet, notables de la ville ; il revient à 60 sols que le receveur du commun verse à l'hôte Taillefer. Le 7 avril de la même année, Jehan de Vaux verse 700 sols au Frère Benoist Solaige, prieur de la Chapelle aux Chas ; celui-ci a célébré la messe au château « pendant un certain temps ».
*Un prédicateur de talent vient à Decize et prononce des sermons pendant le carême de l'année 1440 : le Révérend Père Abbé de Saint-Jacques de Béziers ; il est remercié lors d'un dîner qu'on lui offre chez Philibert Taillefer ; le repas rassemble le châtelain Jehan de Vaux, Jehan et Henri Coquille, Jehan Bergeron, Rollet Desart et Jehan Godet, notables de la ville ; il revient à 60 sols que le receveur du commun verse à l'hôte Taillefer. Le 7 avril de la même année, Jehan de Vaux verse 700 sols au Frère Benoist Solaige, prieur de la Chapelle aux Chas ; celui-ci a célébré la messe au château « pendant un certain temps ».
*Si les religieux sont bien accueillis, il n'en est pas de même pour les pèlerins, groupes informels auxquels se mêlent parfois des mendiants, des brigands. Pendant la semaine de Pâques, on monte la garde au pont de Crotte pour surveiller un grand nombre de pèlerins qui arrivent de Notre-Dame-du-Puy, redoutant qu'ils ne commettent quelques désordres. Droin de Fontaines et Jehan Arrement montent la garde aux ponts ; ils reçoivent chacun 2 s et 6 d « pour leurs peines et salaires. »<br><br>
*Si les religieux sont bien accueillis, il n'en est pas de même pour les pèlerins, groupes informels auxquels se mêlent parfois des mendiants, des brigands. Pendant la semaine de Pâques, on monte la garde au pont de Crotte pour surveiller un grand nombre de pèlerins qui arrivent de Notre-Dame-du-Puy, redoutant qu'ils ne commettent quelques désordres. Droin de Fontaines et Jehan Arrement montent la garde aux ponts ; ils reçoivent chacun 2 s et 6 d « pour leurs peines et salaires. »
::(7) Le salut d'or est une pièce valant 25 sous. A l'avers figure la salutation de Marie par l'ange avec l'inscription « Ave ». Au revers une croix. Cf. www.sacra-moneta.com


==Les troubles des années 1440-1442==
==Les troubles des années 1440-1442==

Version du 6 août 2015 à 09:28

Voir la première partie de ce texte : Decize pendant la guerre de Cent ans 1/2

Les mesures prises pour défendre la ville

  • Les messagers vont et viennent, se renseignent sur l'approche des troupes, réclament un peu d'aide à Nevers ou dans les châteaux où résident les officiers
  • Simultanément, on renforce les remparts : des pierres de l'ancienne chapelle Saint-Gilles, près du pont de Crotte, sont apportées par Jehan Gras pour garnir les murailles – sans doute pour boucher des fissures. Jehan Blondat conduit quatre charrettes d'épines pour « surpiner les murs de la ville » et empêcher d'éventuels envahisseurs de grimper par des échelles.
  • La partie basse de la ville est plus vulnérable. Lorsque la Loire est à son étiage, l'ennemi peut la traverser à gué et s'approcher des remparts. Pierre Chadeau et Charlot Choppin fauchent les herbes et orties qui ont poussé dans les fossés de la ville, près du faubourg Saint-Marcel et des Halles, « qui estoient si grandes que les ennemis s'y fussent pu mucier [cacher]. »
  • Des barricades ou « barrières à coulisse » sont établies aux extrémités des deux ponts. Le pont de Crotte se termine par un petit pont-levis ; des fossés sont creusés au milieu de trois ouches qui jouxtent le petit faubourg. Les portes de la ville sont renforcées. Le forgeron Huguenin Chastin, dit Bureau, place de nouvelles serrures sur les portes, sur le « chaffault de Rome « (l'une des tours du château) et à la porte de la prison.
  • D'autres obstacles sont disposés dans la Loire pour gêner le passage à gué : Jehan Gaulme, habitant de Devay, est chargé d'ôter 20 chevrons de trois toises (6 mètres) à une maison et d'en faire des « rateliers et arces pour rompre les gués ».
  • Des guetteurs montent la garde aux deux portes principales et à la poterne qui donne sur les fossés et les Halles. Dans les comptes du receveur, les dénommés Philibert Gaillard, Mathé Borachin, Laurent Brérat, Jehan Friant reçoivent une petite indemnité de quelques deniers pour une nuit de garde. Lorsque une bande ennemie s'approche de la ville au moment des vendanges, trois hommes sont envoyés patrouiller à cheval et des guetteurs sont placés dans les arbres pour signaler toute présence menaçante ; ces précautions nous permettent de connaître l'organisation des vendanges : les trois climats viticoles de Crotte, de Marly et de Vauzelle sont vendangés dans cet ordre, trois jours successifs pour chaque climat.
  • Afin de sonner l'alarme, on fait réparer deux cloches par le cintier Jacquet de La Marche : celle de l'horloge de la ville et la grosse cloche de l'église Saint-Aré (dont le préposé est Gilles Tabouleau).
  • Enfin, les échevins font l'inventaire de l'armement dont disposent la petite troupe qui défend le château et la ville. Jacquet de La Marche livre à la ville trois bombardes (4), chacune de deux chambres, et la mitraille dont elles seront chargées (le prix est assez élevé : 409 L 9 s et 11 d t). Le maréchal Jehannin Charlot répare la bombarde placée au chaffault de Loyre (5) ; il fabrique des pièces pour plusieurs bombardes. Ces pièces de petite artillerie nécessitent de la poudre à canon ; le mercier Estienne Parpez achète 61 livres de salpètre (26 L 12 s et 6 d t). Les maçons Jehannin Noblet, Guillaume Salé et Loys Maucé taillent 25 pierres pour la bombarde du chaffault Perrotin. Les charpentiers Jehan Buisson et Guillaume Gibault enchâssent une grosse bombarde venue de Nevers par bateau, qui doit servir au siège du château de Druy.
  • Une arme plus légère est utilisée par quelques hommes expérimentés ; c'est l'arbalète. Un armurier est chargé de nettoyer et gratter (burner et esclancer) trois milliers de fers et viretons (6).
  • Heureusement pour les Decizois, toutes ces précautions seront inutiles. Les bandes hostiles n'ont jamais escaladé les remparts et encore moins soumis la population au pillage, au viol, au massacre. Ces calamités ne viendront qu'un siècle plus tard.

(4) La bombarde est une pièce d'artillerie apparue pendant la Guerre de Cent Ans qui lançait des boulets de pierre ou de fer. Son manque de précision et sa faible cadence de tir rendaient la bombarde plus effrayante et démoralisante que meurtrière. C'est pour cela qu'elle était beaucoup plus utilisée pour abattre les fortifications ennemies, par exemple lors de la prise de Constantinople en 1453 où les Turcs utilisèrent des bombardes de taille immense. Elle fut utilisée jusqu'à la fin du XVe siècle où elle fut rendue obsolète par l’apparition des canons à roues (couleuvrine). (WIKIPEDIA)
(5) Les bombardes sont placées sur des supports en bois ou échafauds (chaffaults) posés sur les tours ou les remparts.
(6) L'arbalète tire des projectiles de fer triangulaires, appelés selon leur forme carreaux, dondaines ou viretons.

Les dernières années de la guerre

  • Le Vendredi Saint de l'année 1431, le prince d'Orange, l'évêque de Rennes, et M. de La Trémoïlle passent à Decize pour traiter de la paix avec le duc de Bourgogne, au nom de Charles VII. On leur fait une brillante réception avec illuminations et hommage de vin. Leur entrée coûte 31 L 15 s et 10 d T.
  • L'année suivante, on apprend qu'un nommé Vésigneu sert d'espion aux bandes qui ravagent le pays. On envoie Jean Baudet, accompagné de quelques hommes, pour s'emparer de sa personne. Il revient sans avoir pu réussir. Il reçoit pour son salaire particulier 20 sols t. Par prudence, les échevins font faire le guet sur les murs de la ville et leurs abords. Ils apprennent que des troupes circulent dans les environs et que leur principal corps est à Saint-Pierre-le-Moûtier.
  • L'année suivante, Gressart vient tenir garnison à Decize, ses soldats commandés par Jean d'Egreville assiégent le château de Druy ; en même temps, ils menacent Decize. Afin de se défendre, on renforce les murailles. En outre, les habitants achètent des munitions. Le maréchal Pierre Guillaumain confectionne « quantité de pelotes de fer pour porter à l'escarmouche de Druy. »
  • Druy est pris le vendredi 3 avril 1433 et démoli pendant la première semaine d'août. Plusieurs ouvriers decizois participent à cette destruction : les charpentiers Jehan Borachon, Hugues Bertin, Hugues Mellier et Pierre Guillot, les maçon Jehan Noblet, Pierre Pastureau, Jehan Damprenault, Regnau Tardon, Guillaume Salé et André Emery. Pour désaltérer les démolisseurs, on leur envoie de Decize un tonneau de vin.
  • En 1435, Charles de Bourgogne, devenu majeur, prend le titre de comte de Nevers. Deux pages du seigneur de Rosemont se rendent près des habitants de Decize pour les prévenir que les ennemis (des « Anglais ») au nombre de 2.000, sont au Veurdre. On se prépare à les repousser s'ils se présentent. Le 14 octobre, Ragot, chevaulchier du comte de Nevers, venant de Moulins-en-Gilbert, arrive à Decize et annonce que la paix a été signée à Arras, le 22 septembre, entre le roi et le duc de Bourgogne. En récompense de cette bonne nouvelle, il est donné un salut d'or au messager(7).

(7) Le salut d'or est une pièce valant 25 sous. A l'avers figure la salutation de Marie par l'ange avec l'inscription « Ave ». Au revers une croix. Cf. www.sacra-moneta.com

La guerre est finie, des visiteurs passent à Decize

  • Jehan de La Rivière gouverne le Nivernais pour le roi Charles VII. Jehan de Vaux commande la petite garnison de Decize. Des troupes royales – qui étaient quelques années plus tôt considérées comme ennemies - passent l'Allier et la Loire ; les habitants de Decize se méfient car de nombreux « routiers », mercenaires sans scrupules, appartiennent à ces compagnies.
  • En 1438, le capitaine de Chabanne, qui commande des gens d'armes, se présente aux portes de Decize, avec l'intention de traverser cette ville ; mais, avant d'y consentir, les échevins envoient un messager au comte à Nevers pour savoir s'il voulait le permettre. Celui-ci accorde l'autorisation demandée.
  • L'année suivante, le Bâtard de Bourbon, se trouvant aux environs de Ternant, de Vandenesse, de Champlois (Champlevois), voulant avec sa troupe passer la Loire, et ensuite l'Allier, fait demander aux habitants de Decize le passage par leur ville, et il lui est accordé.
  • Un prédicateur de talent vient à Decize et prononce des sermons pendant le carême de l'année 1440 : le Révérend Père Abbé de Saint-Jacques de Béziers ; il est remercié lors d'un dîner qu'on lui offre chez Philibert Taillefer ; le repas rassemble le châtelain Jehan de Vaux, Jehan et Henri Coquille, Jehan Bergeron, Rollet Desart et Jehan Godet, notables de la ville ; il revient à 60 sols que le receveur du commun verse à l'hôte Taillefer. Le 7 avril de la même année, Jehan de Vaux verse 700 sols au Frère Benoist Solaige, prieur de la Chapelle aux Chas ; celui-ci a célébré la messe au château « pendant un certain temps ».
  • Si les religieux sont bien accueillis, il n'en est pas de même pour les pèlerins, groupes informels auxquels se mêlent parfois des mendiants, des brigands. Pendant la semaine de Pâques, on monte la garde au pont de Crotte pour surveiller un grand nombre de pèlerins qui arrivent de Notre-Dame-du-Puy, redoutant qu'ils ne commettent quelques désordres. Droin de Fontaines et Jehan Arrement montent la garde aux ponts ; ils reçoivent chacun 2 s et 6 d « pour leurs peines et salaires. »

Les troubles des années 1440-1442

  • Cinq années à peine après avoir conclu la paix avec les Anglais et les Bourguignois, le roi Charles VII doit faire face à une rébellion. Plusieurs princes, dont le duc de Bourbon, Jean d'Alençon, Dunois et Antoine de Chabannes, prennent en otage le dauphin Louis et l'entraînent de ville en ville. Georges La Trémoïlle poursuit cette chevauchée qui se réfugie à Moulins en Bourbonnais et passe brièvement à Decize en juillet 1440 (8).
  • La ville de Decize est alors investie par deux troupes ennemies, l'une commandée par Mondat et l'autre par le seigneur de Gamache, au service du duc de Bourbon. Les habitants ne voulant point les recevoir, mais craignant que ces deux troupes ne s'unissent pour les attaquer, leur ferment leurs portes, et par forme de transaction envoient aux deux camps du pain, du vin, des fruits, de l'avoine pour leurs chevaux. Autre crainte : le capitaine Brenpart, partisan du dauphin, étant arrivé avec ses troupes à Saint-Maurice, et menaçant Decize, le commandant de la place fait visiter les portes, afin de pouvoir opposer de la résistance au besoin.
  • Le 4 juin, on envoie des éclaireurs à Tinte pour s'assurer s'il n'y a pas des gens de guerre embusqués dans les carrières et, en même temps, demander au sieur Villamoux, qui réside au château de Druy, s'il n'y a pas d'inconvénient à livrer passage au Dauphin Louis (futur Louis XI) et à Monseigneur de Bourbon, qui sont poursuivis par le Roi Charles VII.
    Le duc de Bourbon envoie le capitaine Loys de Vaubergues avec des troupes suffisantes pour chasser le capitaine qui campait aux environs de la ville.
  • En 1441, Jean Dunois bâtard d'Orléans passe à Decize ; prisonnier de Bourbon, il a été libéré par le duc de Bourgogne qui a payé sa rançon. Pour honorer son passage, on lui présente une queue et demie de bon vin, et six quartreaux d'avoine pour ses chevaux.
  • Les 21, 22 et 23 octobre, les habitants de Decize élèvent des barricades à Saint-Privé pour préserver la ville de l'envahissement des gens du Dauphin.
    Le duc de Bourgogne Philippe le Bon entre dans la cité. Les échevins le reçoivent et lui présentent le vin comme c'était l'usage.

(8) Cf. Jean Favier, Louis XI, Fayard, 2001, pp. 87-89.

La guerre reprend entre la France et la Bourgogne

  • Philippe le Bon a momentanément réconcilié le roi de France et celui d'Angleterre ; il a apaisé le conflit entre Charles VII et Louis de Bourbon. Charles VII meurt en 1461, Philippe le Bon en 1467. Leurs héritiers respectifs Louis XI et Charles le Téméraire ne tardent guère à entrer en guerre. Le comte de Nevers est depuis 1464 Jean de Clamecy, proche de Louis XI ; il est hostile aux Bourguignons qui l'ont naguère fait prisonnier en Picardie et humilié. Le Nivernais n'est guère concerné par la guerre qui se termine par la mort de Charles le Téméraire le 5 janvier 1477 devant Nancy.
  • René de Lespinasse retrace la nouvelle « grande inquiétude » des Decizois (9) :
« La ville de Decize reçut en juillet 1471, par ordre du duc de Bourgogne, une troupe de soldats commandés par le capitaine Huguenin de Mingot. On appelait ces gens des jacquiers. Cinq ou six, accompagnés de serviteurs et chevaux, logent chez Martin, hostelier à l'enseigne Saint Christofle. Le capitaine de Decize, Gilles de Glymes, se plaint au comte de Nevers, qui fait retirer ces jacquiers. Des travaux de fortifications sont entrepris. La ville achète trois milliers de traits à arbalètes et treize cents et demi de fer pour les ferrer, à Jehan Bernard, huchier, pour le prix de 16 s et 8 d le cent (les traits) et à un marchande de Lyon (les fers) 2 s et 6 d le cent. La grande serpentine des remparts est munie d'une chambre à fer, fournie par Henry Stolle, maître de forge à Thoury ; une autre serpentine est réparée à la forge de Beauvoir, de même des bâtons à feu sont moulés ; on achète à Pierre de Bourbon de la corde à arbalète (3 s 2 d), du soufre, du salpêtre, des supports en bois pour la grosse bombardelle (3 s et 4 d + 40 s). Guillaume Langlois est maître canonnier, les gardes Guillaume Tarraude, Jehan Pascaut et Guillaume Maderote reçoivent 60 s par mois. Sept francs archers sont mobilisés (10). Pierre Roland, envoyé du duc de Bourgogne vient en inspection. Le receveur est Aré Durand. »
  • Quelques années plus tard, en 1480, la ville de Decize reçoit le roi Louis XI (11). Les échevins sont alors Hugues Coquille, Martin Bert, Jean Robin et Victor de Druy. Louis XI passe à Decize, venant de Lyon. Les échevins font exécuter divers jeux. Colinet Charpentier, notaire, se rend à Nevers pour y acheter quatre aunes de Damas fleurdelysé, qui coûtent 24 L t afin d'être employées. On loge le roi à Saint-Privé, ainsi que les princes de sang. Les échevins, au nom de la ville, lui présentent 12 tonneaux de vin clairet, qu'ils avaient acheté 48 L t.
  • Dans ce temps, la comtesse de Nevers arrive à Decize. Pour célébrer son entrée, on fait élever par un charpentier un échafaud pour placer des ménétriers auxquels on distribua 44 s 8 d t. Une collecte, qui devait être faite dans la ville, n'ayant pu être recouvrée, les échevins furent conduits en prison, comme responsables. Le chancelier Pierre de Morvilliers vint aussi à Decize. Pour célébrer sa bienvenue, on lui présenta un tonneau de vin clairet ayant coûté 104 sols 6 d t.

(9) René de Lespinasse, op. cit., tome III, p. 543
(10) Les francs archers sont des roturiers dispensés du paiement de la taille quand ils s'engagent à combattre dans les armées royales.
(11) Tresvaux de Berteux, op. cit., p. 47.

Documents

  • Réception à Decize du duc de Bourgogne le 13 janvier 1434 et du comte de Richemont le dernier jour de janvier.
    Le receveur Jehan Godet rembourse plusieurs commerçants de la ville qui ont fourni les deux denrées indispensables : le vin et la lumière.
– Elyon Gobert a fourni 18 livres de cire et fait 12 torches (55 s t).
– Maturin Faulse a donné deux pintes d'étain neuves pour présenter le vin à Monseigneur le Duc (15 s t).
– Le tonnelier Jehan Champverroys 2 queues de vin (12) et 12 torches (7 L, 10 s t).
– Jehan Millain une queue de vin et 12 torches (8 L).
– Pierre Odet 8 torches d'une livre chacune pour présenter à Monseigneur le Comte de Richemont, venu à Decize le dernier jour de janvier (40 s t).
– Phlibert Pin 10 bichets d'avoine (13) pour les chevaux du comte (43 s t).
  • Extrait du compte de Colinet Carpentier, receveur de Decize. 1447, 31 mai :
« A Jehan Trenne, barbier, la somme de X s t pour la peine de lui et son bateau d’avoir passé certain nombre de gens de guerre du Roy pour aller loger entre les deux rivières, lesquelz ne povoient passer au bout du pont de Crotte pour la rivière de Loire qui estoit trop grande ; pour cecy par mandement desd. eschevins donné le darrenier jour de may mil IIIIc XLVII et quictance escripte au dos dud. mandemant. »

(12) La queue de vin équivaut à deux poinçons : en Bourgogne la queue = environ 450 litres.
(13) Le bichet (mesure de contenance de matières sèches) = 2 quatres ou 4 boisseaux = environ 80 litres.



Article proposé par Pierre Volut et mis en page par m mirault 6 août 2015 à 09:36 (CEST)