Decize Archéologie

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La Source Saint-Aré

  • La tradition orale veut que la source des Eaux-Salées, ou source Saint Aré, remonte à l'époque gallo-romaine, donc bien avant la venue du saint évêque de Nevers dans les parages de l'antique Decetia. Des premières analyses de l'eau ont été pratiquées au milieu du XIXe siècle par le chimiste Balard.
  • M.Gandoulf, propriétaire de la source Saint-Aré, a fait effectuer des fouilles à plusieurs reprises depuis 1881. A la fin de l'année 1913 et au début de l'année suivante, il confie diverses pièces de monnaies anciennes à deux éminents spécialistes, M. Héron de Villefosse et M. Francis Pérot. Trois d'entre elles sont particulièrement intéressantes. Deux sont des tétradrachmes d'origine grecque, et l'une un as romain du Haut-Empire. Francis Pérot en a donné la description dans le Journal de Decize (n°11, 14 juin 1914).
  • Francis Pérot conclut son étude par une évocation de la source antique : « Sur le territoire et au sud de Decize [...] jaillissait au temps de Domitien et même auparavant, une source minérale dite de Crotes [sic], de Saulx, de Saint-Aré, et enfin Eau-Salée, qui s'échappait d'un captage gallo-romain. [...] La source de Crotes, dont un faubourg de Decize a gardé le nom, était une fontaine sacrée guérissant les fièvres, c'est-à-dire souveraine pour beaucoup de maladies. [...] Des pèlerinages y étaient organisés, et des pauvres malades se rendaient individuellement pour aller boire, non plus à la fontaine disparue depuis des siècles, mais à un étang bourbeux alimenté par cette même source(1).
  • Des fouilles plus importantes ont permis de découvrir le captage primitif : trois cuvettes superposées et s'élargissant à leur sommet, l'ensemble atteignant une profondeur d'environ 12 mètres ; dans les fondations, une poutre équarrie à la hache ; tout autour, des débris de vases, des monnaies, des canalisations de terre cuite, une pierre gravée portant l'inscription COCCEIAN VS DOMIT VS (un ex voto ?) et une grande pierre circulaire percée en son centre(2).
  • Une société s'est constituée afin de mettre en valeur le site et d'assurer la commercialisation de l'eau de Saint-Aré : plusieurs analyses et études comparatives ont été effectuées par les docteurs Ranglaret(3), Urbain, Moureu, Lepape et Bardet, membres de l'Institut d'Hydrologie. L'eau de Saint-Aré, sulfatée et sodique à 6 pour mille, a été comparée aux eaux minérales de Carlsbad et Marienbad en Bohème(4). La toute nouvelle Société des Eaux Minérales de Decize, en association avec le Comité permanent d'Initiative et des Fêtes (ébauche du Syndicat d'Initiative), a imaginé de créer une nouvelle station thermale, rivale de Bourbon-Lancy ou de Saint-Honoré-les-Bains. L'avenir touristique de Decize semble tout tracé. «Quoi de plus propice au repos des vacances que l'ombre de nos grands bois nivernais? Trouve-t-on souvent un plus joli point de vue que celui de Decize(5)... ?

(1) Francis Pérot, Une Source antique minérale retrouvée en 1914 près de Decize, Nièvre, Autun, Dejussieu et Xavier, 1914, p. 2.
(2) Cf. Jean Hanoteau, Guide de Decize, pp. 109-111 et Francis Pérot, op. cit., Procès-verbal pour la Société d’histoire Naturelle d’Autun, 1914, et Revue Scientifique du Bourbonnais, 1914, pp. 80-82.
(3) Docteur Ranglaret, Le Marienbad français, communication à la Société des Sciences Médicales, Gannat, le 5 avril 1914. Brochure de 16 pages, et revue Centre Médical, 1913 et 1914.
(4) Etudes du docteur Bardet, Hydrologie générale, Saint-Aré près Decize, et Existence en France d’eaux minérales de type Carlsbad-Marienbad, in Bulletin général de thérapeutique, n°22, juin 1916, 47 pages.
(5) Le Journal de Decize, n° 2, août 1913.


Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm