De la guerre franco-prussienne à la répression de la Commune et aux guerres coloniales

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Le parcours de quelques soldats issus du canton de Decize

Les francs-tireurs du canton de Decize.

  • Le 7 octobre 1870, dès qu’ils apprennent les premiers revers de l’armée française, quelques jeunes Decizois s’engagent dans les Francs-Tireurs de Nevers. Jean BLANCHARD est le premier. Suivent jusqu’au 21 octobre les plus résolus des gardes nationaux, avec à leur tête le commandant GANDOULF. Certains d’entre eux seront affectés aux bataillons de Mobiles de la Nièvre, avec une solde d’un franc par jour (1,50 franc pour les sous-officiers).
  • Une liste des engagés a été conservée dans les dossiers des archives municipales(1) :
Annet BINET, François BLANCHARD, Joseph COQUARD, Gilbert FREMIN, Annet LEBERTRAND, Roger LOUIS, Pierre SERVOL, François BEAUDOT, François MONTRET, François PROST, Edmond TERRASSON, Benoît THOMAS, Jean JOURDIER, Etienne MISSOUFLET, Eugène PIELU, Aimable ROUVET, Charles CROISSIER, Louis GIRAUD, Pierre MARTIN, Etienne MOREAU, Jean BOURGEOT, Georges FORT, Jean HUBERT, Henri KELLER et Jean ALEXANDRE, de Decize ;
Antoine GANDARD, Jean SEGUI, Jean LEGER et Claude GAUTHIER, de Saint-Léger-des-Vignes ;
Nicolas BEAUFILS, Léonard MARIER et Claude SOUVERAIN, de Verneuil ;
Jean FOULET, de Devay ;
Jean LECUYEUX, Jean MALATRA, de Champvert ;
Paul CHARLOT, de Sougy .

Les recrues de 1870 et 1871.

  • Les registres de recrutement des classes 1870 et 1871 indiquent de façon précise le parcours d’une centaine de Decizois, Machinois et autres jeunes gens des villages voisins. De leur identité à la date de leur libération définitive des obligations militaires, nous pouvons suivre leur participation à la guerre franco-prussienne, à la répression des Communes de Paris et de Marseille, aux campagnes d’Afrique qui ont suivi. Voici quelques exemples.
  • Un groupe de conscrits nés en 1850 a rejoint le 12e Régiment d’Infanterie Mobile de la Nièvre en janvier 1871, au moment où ce régiment partait se battre dans le Doubs. Deux de ces soldats sont morts des suites de leurs blessures, l’employé de commerce decizois Louis-Simon Moissonnier le 8 mars 1871 à La Charité-sur-Loire, et le journalier Jacques Berland, originaire d’Avril-sur-Loire, le 2 mars 1871 à l’hôpital de Nevers. Etienne Renard, engagé au 67e R.I., meurt le 21 juillet 1871.
  • Jules Boyard, autre employé de commerce né à Béard, est enfermé dans Paris assiégé ; après l’armistice, il s’établit définitivement dans la capitale. Le verrier Louis Père (de Saint-Léger) et Pierre Chaizy (de Fleury), sont incorporés au 6e Rég. de Cuirassiers, ils subissent tout le siège de Paris ; ils sont libérés le 30 août 1871. Jules André, autre cuirassier pendant le siège, reste à Paris : il devient maréchal des logis dans la garde républicaine. Pierre Doussot, chasseur à cheval, se reclasse dans la gendarmerie de la Creuse.
  • Louis Sapin, Pierre Lucas, Simon Convert, Louis Fèvre, Claude Maufron, Jean Baudin, Jean-Baptiste Berland, Jean Jouvet, Pierre Tissier ont fait partie de ces Mobiles du 12e qui ont combattu à Béthoncourt et se sont repliés en Suisse. L’internement en Suisse a été également imposé à des conscrits affectés à d’autres régiments : François-Henri Binet (13e R.A.) et Jean Danjean (64e R.I.). Jacques Huver (26e R.A.) connaît la captivité à Metz et en Allemagne.

Les victimes de cette guerre

  • On lit dans les registres des décès de Decize trois transcriptions d'actes émanant du ministère de la guerre ; il s'agit de jeunes Decizois morts au champ d'honneur. Charles Carré, lieutenant au 97e Régiment de Ligne est tombé le 17 août 1870 à Gravelotte(2), Marin Gauthier le premier septembre à la bataille de Wissembourg(3) et Jules-Nicolas Giraud le 22 décembre suivant à Neuendorf. Tous les trois ont été enterrés dans les cimetières de villages proches des champs de bataille et les avis du ministère sont parvenus à la mairie de Decize plusieurs mois après.
  • Entre décembre 1870 et mars 1871, alors que les combats avaient repris de la Seine à la Loire, d'autres soldats, francs-tireurs et gardes mobiles sont morts de leurs blessures dans les hospices transformés en ambulances militaires, où ils avaient été évacués. A Montargis est décédé le 28 décembre 1870 Claude Ferrand, franc-tireur originaire de Saint-Pourçain (Allier), mais résidant dernièrement à Decize.
  • Nevers et les villes du département ont été choisies pour accueillir les blessés évacués des combats qui se sont produits sur la Loire ou en Bourgogne. À l'hospice de Decize sont morts Léger Blondet, garde-mobile du deuxième bataillon de la Nièvre (né à Neuvy-sur-Loire) ; Victor-Auguste Richomme, garde mobile de la Sarthe ; François Barré, garde mobile des Deux-Sèvres, Joseph Alquier, soldat au 17e Régiment de Ligne (venu de Capdenac, dans le Lot) et Jean Lasbouygues, garde mobile du Tarn-et-Garonne. A la fin de cette année terrible Claude Simon, natif de Decize, garde mobile de la Nièvre, est mort à l'hospice de Nevers.
  • Les victimes de 1870-1871 n'ont pas eu de monuments aux morts. Il faudra attendre les premières années du XXe siècle pour que les vétérans s'organisent en associations, d'abord à Nevers, puis à La Machine et à Decize, avec une seule idée : la Revanche.

Contre les Communards.

  • La campagne contre l’Allemagne est close le 7 mars 1871. C’est alors qu’éclate à Paris la Commune. Le gouvernement républicain de Thiers et du général Trochu obtient des Prussiens l’autorisation d’utiliser l’armée pour écraser dans le sang cette révolte populaire. Plusieurs soldats de la garde mobile de la Nièvre sont versés dans les régiments qui participent à la reconquête de Paris et aux massacres : les Machinois Gabriel Buffenoir, Jacques Suzanne et Guillaume Rousset (67e R.I.L.), les Decizois Charles Montré (90e R.I.) et François-Henri Binet (13e R.A., libéré de Suisse). Jacques Nachard et Jean-Claude Dumont (16e B.C.P. en garnison en Arles) répriment la Commune de Marseille.

En Algérie, au Sénégal et en Cochinchine.

  • Une autre révolte est écrasée tout aussi violemment par cette armée française, qui se venge ainsi des déconvenues de l’année précédente. Les montagnards de Kabylie ont cru qu’ils pouvaient se libérer ; plusieurs colonnes mobiles parcourent la Kabylie, fusillent les hommes, incendies les mechtas et pacifient les douars. Parmi les soldats qui combattent en Algérie en 1871, il y a Jean Revenu (16e B.C.P.), Joseph Perrot (de La Machine), Jean-Baptiste Barrot (charretier originaire de Decize, du 1er Régiment du Génie) et le menuisier Nicolas André (3e Génie).
  • L’Algérie, c’est la colonie où se sont installés trois conscrits qui n’ont pas répondu à l’appel de mobilisation. Guillaume Tabarant, né à Saint-Léger, habite l’Algérie avec sa famille depuis 1852. Le Machinois Jacques Riat est retrouvé à Alger en 1872 ; il a, semble-t-il, fui l’armée, tout comme Jean Minois, de Fleury-sur-Loire, déclaré déserteur le 7 mai 1874.
  • Bien au-delà des côtes d’Afrique du Nord, on retrouve aussi quelques exemples de soldats nivernais engagés dans l’infanterie de marine :
le Decizois Henry Pény, mobilisé au 3e Régiment d'Infanterie de Marine (RIMA), s’embarque sur la Revanche en décembre 1870, il passe deux ans et demi au Sénégal et revient à bord de l’Ardèche (le voyage de retour dure du 17 novembre au 5 décembre 1873) ;
Léonard Lapointe quitte Thianges pour être incorporé au 1er RIMA, il part au Sénégal à bord du Pétrel et il revient en décembre 1875 à bord de l’Entreprenante.
François Carré, engagé volontaire au 3e RIMA. en juin 1870, combat contre l’Allemagne ; il effectue ensuite un séjour d’un an en Cochinchine.

(1) Carton conservé à la mairie de Decize, documents divers.
(2) 16 août 1870 : l'armée de Bazaine est mise en échec à Gravelotte, près de Metz. L'expression « il pleut comme à Gravelotte » est devenue proverbiale.
(3) Premiers combats de la guerre à Wissembourg, au Nord de l’Alsace. L’armée de Mac-Mahon doit se replier sur Châlons le 16 août après les défaites de Wissembourg, Reichshoffen et Froeschwiller.


Texte de Pierre VOLUT http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm
mis en en page par --Mnoel 13 septembre 2014 à 10:23 (CEST)