« De Bussy Rabutin Roger » : différence entre les versions

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[[Image:de Bussy Rabutin Roger.jpg|thumb|150px|<center>Crédit photo<ref>monpetitjournaldicietdailleurs.over-blog.com</ref></center>]]  
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« Roger de Rabutin, comte de Bussy, mestre de camp de la cavalerie légère, avoit les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand, tirant sur l’aquilin, le front avancé, le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds déliés et clairs. Il avoit dans l’esprit de la délicatesse et de la force, de la gaîté et de l’enjoûment ; il parloit bien, il écrivoit juste et agréablement, il étoit né doux ; mais les envieux que lui avoit fait son mérite l’avoient aigri, en sorte qu’il se réjouissoit volontiers du malheur de ceux qu’il n’aimoit pas. Il étoit bon ami et régulier ; il étoit brave sans ostentation ; il aimoit les plaisirs plus que la fortune, mais il aimoit la gloire plus que les plaisirs ; il étoit galant avec toutes les dames et fort civil, et la familiarité qu’il avoit avec ses meilleurs amis ne lui faisoit jamais manqué au respect qu’il leur devoit. Cette manière d’agir faisoit juger qu’il avoit de l’amour pour elles, et il est certain qu’il en entroit toujours un peu dans toutes les grandes amitiés qu’il avoit. Il avoit bien servi à la guerre, et fort longtemps ; mais comme de son siècle, ce n’étoit pas assez pour parvenir aux grands honneurs que d’avoir de la naissance, de l’esprit, du service et du courage, avec toutes ses qualités, il étoit demeuré à moitié chemin de sa fortune, parce qu’il n’avoit pas la bassesse de flater les gens en qui le Mazarin, souverain dispensateur des grâces, avoit croyance, ou qu’il n’avoit pas été en état de les lui arracher en lui faisant peur, comme avoient fait la plupart des maréchaux de son temps ».<ref>Bussi-Rabutin. Histoire Amoureuse des Gaules. Crès Paris 1928 – Pages 119 – 120</ref>
« Roger de Rabutin, comte de Bussy, mestre de camp de la cavalerie légère, avoit les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand, tirant sur l’aquilin, le front avancé, le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds déliés et clairs. Il avoit dans l’esprit de la délicatesse et de la force, de la gaîté et de l’enjoûment ; il parloit bien, il écrivoit juste et agréablement, il étoit né doux ; mais les envieux que lui avoit fait son mérite l’avoient aigri, en sorte qu’il se réjouissoit volontiers du malheur de ceux qu’il n’aimoit pas. Il étoit bon ami et régulier ; il étoit brave sans ostentation ; il aimoit les plaisirs plus que la fortune, mais il aimoit la gloire plus que les plaisirs ; il étoit galant avec toutes les dames et fort civil, et la familiarité qu’il avoit avec ses meilleurs amis ne lui faisoit jamais manqué au respect qu’il leur devoit. Cette manière d’agir faisoit juger qu’il avoit de l’amour pour elles, et il est certain qu’il en entroit toujours un peu dans toutes les grandes amitiés qu’il avoit. Il avoit bien servi à la guerre, et fort longtemps ; mais comme de son siècle, ce n’étoit pas assez pour parvenir aux grands honneurs que d’avoir de la naissance, de l’esprit, du service et du courage, avec toutes ses qualités, il étoit demeuré à moitié chemin de sa fortune, parce qu’il n’avoit pas la bassesse de flater les gens en qui le Mazarin, souverain dispensateur des grâces, avoit croyance, ou qu’il n’avoit pas été en état de les lui arracher en lui faisant peur, comme avoient fait la plupart des maréchaux de son temps ».<ref>Bussi-Rabutin. Histoire Amoureuse des Gaules. Crès Paris 1928 – Pages 119 – 120</ref>
==Bussy et le Nivernais==
Si les Rabutin tiennent leur nom d’un fief situé en Charolais, ils sont présent dans le Nivernais dès le XIVe siècle avec Hugues de Rabutin, Seigneur d’Epiry, baron d’Huban et Brinon-Les-Allemands, qui fait hommage pour Brinon – 1462 -  pour Huban – 1466 - et fait accord avec les habitants d’Huban.<ref>Nobiliaire du Nivernois par M. Adolphe de Villenaut – Nevers 1900 – Page 387</ref> On retrouve des Rabutin dans de nombreuses autres contrées du Nivernais ( Taconnay, Montapas, Dun-les-Places, Saint-Brisson…), mais comme si celà ne suffisait pas à établir les racines Nivernaises de Bussy-Rabutin, ce dernier appartient également à la lignée du comte de Nevers Pierre de Courtenay.
Bussy-Rabutin voit le jour un vendredi 13 avril 1618, un mauvais jour ! Sans doute est-ce pour conjurer le sort qu’il écrit dans ses mémoires « Je nacquis le Vendredi Saint 3 avril 1622 à Epiry qui était une terre fort ancienne dans ma maison et qui en est sortie depuis »<ref>Mémoires de Bussy-Rabutin, publiées aux éditions J-C Lattès 1987 – Pages 9 – 10</ref>.  Il est le troisième fils de Léonor de Rabutin, Seigneur de Bussy, et de Diane de Cugnac, mais le décès des aînés fera de lui le chef de la branche des Bussy-Rabutin. Sa jeunesse se passe, semble-t-il, au manoir d’Epiry dont on ne trouve plus trace aujourd’hui, puis au collège des jésuites d’Autun. Mais Léonor de Rabutin qui sait se montrer aussi brave que cassant et procédurier, doit partir à Paris pour suivre ses affaires et le jeune Roger, qui est un élève fort brillant, est inscrit au collège de Clermont – 1629 -
Quelques années plus tard, Léonor ayant obtenu la charge de Lieutenant du Roy en Nivernais, la famille ou ce qu’il en reste, car Bussy est aux armées, regagne la province. Le jeune Bussy vit alors une dizaine d’années de campagnes avec pour intermède un essai de réinsersion au collège de Clermont – 1637 – auquel il ne pourra pas se réadapter, et son mariage avec Gabrielle de Toulongeon – 1643 - . Sans doute fait-il alors de brefs séjours en Nivernais, mais ce n’est qu’à partir de 1645 où il succède à son père dans sa charge qu’il occupera jusqu’en 1653, qu’il y fait de fréquents séjours.
Le 18 février 1646, il fait son entrée officielle à Nevers ; réceptions avec toute la noblesse nivernaise, harangue des Echevins à la porte de la ville, cérémonie à la cathédrale St Cyr avec Te Deum, audition des discours de chacun des corps de métiers… Tout cela lui pèse, car Bussy est un homme d’action plus que de représentation. Le lendemain, il quitte Nevers et visite la province : Saint-Pierre-Le-Moûtier, Decize, Château-Chinon…
Son étoile semble au zénith. De retour à Paris, il apprend qu’il est fait conseiller d’État, ce qui laisse présager d’une carrière intéressante. Un peu plus tard, le Gouvernement de Nivernais étant vacant, il sollicite la place, mais essuie un refus. Alors, au lieu de garder son ressentiment pour lui et de faire bonne figure en bon courtisan, il rechigne un peu trop haut pour que Mazzarin entende et s’en souvienne. Bussy est perdu .


==Source==
==Source==

Version du 19 septembre 2022 à 18:16

Autoportrait

Crédit photo[1]

« Roger de Rabutin, comte de Bussy, mestre de camp de la cavalerie légère, avoit les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand, tirant sur l’aquilin, le front avancé, le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds déliés et clairs. Il avoit dans l’esprit de la délicatesse et de la force, de la gaîté et de l’enjoûment ; il parloit bien, il écrivoit juste et agréablement, il étoit né doux ; mais les envieux que lui avoit fait son mérite l’avoient aigri, en sorte qu’il se réjouissoit volontiers du malheur de ceux qu’il n’aimoit pas. Il étoit bon ami et régulier ; il étoit brave sans ostentation ; il aimoit les plaisirs plus que la fortune, mais il aimoit la gloire plus que les plaisirs ; il étoit galant avec toutes les dames et fort civil, et la familiarité qu’il avoit avec ses meilleurs amis ne lui faisoit jamais manqué au respect qu’il leur devoit. Cette manière d’agir faisoit juger qu’il avoit de l’amour pour elles, et il est certain qu’il en entroit toujours un peu dans toutes les grandes amitiés qu’il avoit. Il avoit bien servi à la guerre, et fort longtemps ; mais comme de son siècle, ce n’étoit pas assez pour parvenir aux grands honneurs que d’avoir de la naissance, de l’esprit, du service et du courage, avec toutes ses qualités, il étoit demeuré à moitié chemin de sa fortune, parce qu’il n’avoit pas la bassesse de flater les gens en qui le Mazarin, souverain dispensateur des grâces, avoit croyance, ou qu’il n’avoit pas été en état de les lui arracher en lui faisant peur, comme avoient fait la plupart des maréchaux de son temps ».[2]

Bussy et le Nivernais

Si les Rabutin tiennent leur nom d’un fief situé en Charolais, ils sont présent dans le Nivernais dès le XIVe siècle avec Hugues de Rabutin, Seigneur d’Epiry, baron d’Huban et Brinon-Les-Allemands, qui fait hommage pour Brinon – 1462 - pour Huban – 1466 - et fait accord avec les habitants d’Huban.[3] On retrouve des Rabutin dans de nombreuses autres contrées du Nivernais ( Taconnay, Montapas, Dun-les-Places, Saint-Brisson…), mais comme si celà ne suffisait pas à établir les racines Nivernaises de Bussy-Rabutin, ce dernier appartient également à la lignée du comte de Nevers Pierre de Courtenay.

Bussy-Rabutin voit le jour un vendredi 13 avril 1618, un mauvais jour ! Sans doute est-ce pour conjurer le sort qu’il écrit dans ses mémoires « Je nacquis le Vendredi Saint 3 avril 1622 à Epiry qui était une terre fort ancienne dans ma maison et qui en est sortie depuis »[4]. Il est le troisième fils de Léonor de Rabutin, Seigneur de Bussy, et de Diane de Cugnac, mais le décès des aînés fera de lui le chef de la branche des Bussy-Rabutin. Sa jeunesse se passe, semble-t-il, au manoir d’Epiry dont on ne trouve plus trace aujourd’hui, puis au collège des jésuites d’Autun. Mais Léonor de Rabutin qui sait se montrer aussi brave que cassant et procédurier, doit partir à Paris pour suivre ses affaires et le jeune Roger, qui est un élève fort brillant, est inscrit au collège de Clermont – 1629 -

Quelques années plus tard, Léonor ayant obtenu la charge de Lieutenant du Roy en Nivernais, la famille ou ce qu’il en reste, car Bussy est aux armées, regagne la province. Le jeune Bussy vit alors une dizaine d’années de campagnes avec pour intermède un essai de réinsersion au collège de Clermont – 1637 – auquel il ne pourra pas se réadapter, et son mariage avec Gabrielle de Toulongeon – 1643 - . Sans doute fait-il alors de brefs séjours en Nivernais, mais ce n’est qu’à partir de 1645 où il succède à son père dans sa charge qu’il occupera jusqu’en 1653, qu’il y fait de fréquents séjours.

Le 18 février 1646, il fait son entrée officielle à Nevers ; réceptions avec toute la noblesse nivernaise, harangue des Echevins à la porte de la ville, cérémonie à la cathédrale St Cyr avec Te Deum, audition des discours de chacun des corps de métiers… Tout cela lui pèse, car Bussy est un homme d’action plus que de représentation. Le lendemain, il quitte Nevers et visite la province : Saint-Pierre-Le-Moûtier, Decize, Château-Chinon…

Son étoile semble au zénith. De retour à Paris, il apprend qu’il est fait conseiller d’État, ce qui laisse présager d’une carrière intéressante. Un peu plus tard, le Gouvernement de Nivernais étant vacant, il sollicite la place, mais essuie un refus. Alors, au lieu de garder son ressentiment pour lui et de faire bonne figure en bon courtisan, il rechigne un peu trop haut pour que Mazzarin entende et s’en souvienne. Bussy est perdu .

Source

  • Article de Jean Barjot
  • Saisie du texte par Bertrand Lespagnon


Notes et références

Notes


References

  1. monpetitjournaldicietdailleurs.over-blog.com
  2. Bussi-Rabutin. Histoire Amoureuse des Gaules. Crès Paris 1928 – Pages 119 – 120
  3. Nobiliaire du Nivernois par M. Adolphe de Villenaut – Nevers 1900 – Page 387
  4. Mémoires de Bussy-Rabutin, publiées aux éditions J-C Lattès 1987 – Pages 9 – 10