D'Estutt de Tracy

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche
Fichier:CPM-Tracy sur Loire le château.jpg
Le château de Tracy-sur-Loire
  • Les d'Estutt(1), seigneurs de Laggan, sont arrivés d'Écosse en 1419 avec l'armée des Stuarts sous la conduite de Jean Stuart pour venir au secours du Dauphin. Il deviendra roi de France sous le nom de Charles VII (1422-1461) et est alors en guerre contre les Anglais. Ce sont donc quatre frères qui émigrent en France. Ils seront anoblis sous Louis XI :
Walter ou Gaultier(2), archer de la garde écossaise du roi Charles VII, seigneur d'Assay en Berry.
En récompense des services rendus, Charles VII fait don à Gaultier vers 1445 ou 1447 de la terre d'Assay.
Il épouse en 1433 Ponon ou Mathurine de Briseformée, veuve de Jean Racault, à qui la terre d'Assay avait été confisquée pour cause de reliquat de comptes. Ils ont un fils unique, Jean qui mourra en 1476 sans avoir été marié et donc sans postérité. Ce sont Thomas, Jean et Guillaume qui succéderont à ses biens.
Thomas, écuyer, seigneur d'Assay, archer de la garde écossaise du corps du roi Louis XI.
La branche de Tracy, comtes et marquis, est issue des seigneurs d'Assay en Berry, et c'est Thomas qui est à l'origine de cette branche.
Il se marie une première fois (le nom de son épouse n'est pas connu), fait différentes acquisitions et demande à Louis XI qui le retient à son service en qualité d'archer de la garde écossaise de son corps, des lettres de naturalité afin que sa postérité puisse conserver ses biens. Le roi les lui accorde à Paris en février 1474.
Devenu veuf, il épouse en secondes noces par contrat du 5 septembre 1476 Agnès Le Roy, fille de Jacques Le Roy seigneur de Saint-Florent-sur-Cher, et de Marie de Briseformée sa seconde femme. À la mort de Gaultier son frère aîné et de son neveu Jean, il reçoit le 9 septembre 1476 la terre d'Assay, terre qui avait fait l'objet d'un don de la part du roi Charles VII à Gaultier.
Thomas d'Estutt meurt en laissant sept enfants mineurs. Sa veuve se remarie avec Mathelin de la Roque et, du fait de ce remariage, les enfants sont placés sous la tutelle de Guillaume d'Estutt et de Florent Le Roy, leurs oncles paternel et maternel en septembre 1492.
Berault, qui n'aura de postérité,
Jean, qui n'aura pas de postérité,
Michelet, seigneur d'Assay, est à l'origine de la branche de Solminiac en Périgord. Souhaitant rester sur cette terre, il vend le 1er avril 1516 à son frère François, la partie de la terre et de la seigneurie d'Assay dont il est propriétaire suite aux successions de ses père et mère. Il abandonnera, à la suite de cette vente, le titre de seigneur d'Assay pour prendre celui de Solminiac.
François, écuyer, seigneur d'Assay est à l'origine de la branche d'Assay. Il épouse Barbe d'Assigny suite à une promesse de mariage du 20 juin 1519.
Alexandre, ci-dessous,
Catherine,
Marie.
Guillaume, archer et cranequinier(3) de la garde du corps du roi. Guillaume épouse en 1455 Anne Le Roy, fille de Jacques Le Roy seigneur de Saint-Florent-sur-Cher, et de Marie de Briseformée. Anne est la sœur d'Agnès Le Roy, épouse de son frère Thomas.
Il n'aura pas de postérité.
Jean, archer de la garde du roi. Il meurt en 1468 sans postérité.
  • Alexandre d'Estutt, cinquième fils de Thomas, écuyer, seigneur de Saint-Père, de Nuzy, épouse en premières noces Jeanne d'Assigny le 29 septembre 1517. Elle est la fille de Guillaume d'Assigny, écuyer, seigneur de Saint-Père et en partie de Nusy, et de Jacqueline Vignier. Cette union amène la seigneurie de Saint-Père tombée en déshérence en 1395 dans la famille d'Estutt.
    Un fils, Jean, mort sans alliance naîtra de cette union. Devenu veuf, Alexandre d'Estutt épouse en secondes noces par contrat du 13 décembre 1526 Anne Regnier veuve de Guillaume du Parc, fille de Pierre Regnier de Guerchy (Garchy) et de Perrette du Chesnay. De ce second mariage naîtra François 1er du nom.
    Alexandre d'Estutt meurt en 1542.
    François 1er d'Estutt, chevalier de l'Ordre du Roi, gouverneur de la ville de Cosne-sur-Loire qu'il défendra contre les ennemis, seigneur de Saint-Père et de Nuzy, épouse par contrat du 12 janvier 1552 Reine ou Renée de Boisselet, fille d'Antoine de Boisselet et de Marguerite d'Assigny. Sept enfants naîtront de cette union :

Blason
François 2ème, ci-dessous,
Pierre qui épousera Anne Maréchal,
Étienne, écuyer, seigneur d'Insèche est à l'origine de cette branche,
Renée, mariée par contrat du 19 décembre 1575 à Jean de La Platière,
Antoinette, mariée par contrat du 26 décembre 1580 à Jacques du Vernay,
Jeanne, mariée par contrat du 1er mars 1590 à Jean de Bussy,
Émée mariée à Gabriel de Gerbault.
François 1er meurt le 31 octobre 1591 et est inhumé au milieu de chœur de l'église de Saint-Père.
  • François 2ème d'Estutt, chevalier, seigneur de Saint-Père, de Tracy, les Ormes-Secs, Villemoys (commune de Tracy), Roziers et la Grange-Rouge (commune de Vieilmanay) épouse par contrat du 18 octobre 1586 passé au château de Tracy, Françoise de Bar, dame de Tracy(4), veuve de Louis de Chesnevert, fille de François de Bar seigneur de Buranlure, et de Paule du Chesne ou Chesnay. La future épouse fait donation en toute propriété, à François 2 d'Estutt, de la seigneurie de Tracy avec ses dépendances qui relève du comté de Sancerre et de l'usufruit des terres de Villemoys, des Ormes-Secs et de la Grange-Rouge. Une condition suspensive est mise à cette libéralité : si le couple n'a pas d'enfants, il conviendra de payer à Jean de Bar, neveu de Françoise et second fils d'Antoine de Bar seigneur de Buranlure, la somme de 400 écus. Ils n'eurent pas d'enfants. La clause fut exécutée après la mort de l'un et l'autre par les enfants du second mariage de François 2 d'Esttut qui eu lieu par contrat du 28 septembre 1593 avec Marie de Buffevant fille de Louis de Buffevant et de Marguerite de Viaulx-Champlivaut.
    Quatre enfants naîtront de cette union :
François 3ème du nom, ci-dessous,
René, écuyer, seigneur de Saint-Père et de Roziers, épouse par contrat du 24 mai 1629 Madeleine de Reugny. Il meurt à l'armée du roi en Savoie en mai 1630 et n'aura pas de postérite,
Louis, chevalier de l'Ordre de Malte, sans postérité,
Jean, écuyer, seigneur de Chassy, Carroble, Lalemende épouse par contrat du 28 octobre 1629 Gilberte de Carroble.
François 2 obtiendra de la part d'Antoine de Bar, son beau-frère, avec le consentement de Guillaume de Bar, fils de ce dernier, la pleine propriété des terres et seigneuries de Villemoys, des Ormes-Secs et de la Grange-Rouge en une sorte de dédommagement des importantes dettes qu'il a payées et contractées par Françoise, son épouse morte en mars 1593.
François 2 d'Estutt meurt à son tour le 20 avril 1622.
  • François 3ème d'Estutt, chevalier, seigneur de Tracy, Maltaverne et autres lieux, épouse en premières noces par contrat du 4 juin 1623 passé au Tremblay Gabrielle de Reugny, fille de Jean de Reugny et de Charlotte de Regnier de Guerchy (Garchy) et en secondes noces par contrat passé le 26 juillet 1639 Émée de la Platière, fille de Guillaume de la Platière et de Claude de Villars, dame de Paray-le-Fraisil qui apporta le seigneurie de Paray. La première union donnera naissance à un fils unique :
Jean, né le 25 février 1631 et baptisé en l'église de Tracy. Il mourra sans enfants.
De la seconde union naîtra :
François 4ème du nom d'Estutt, ci-dessous.
Antoine Louis Claude d'Estutt de Tracy
  • François 4ème d'Estutt chevalier, seigneur comte de Tracy, baron de Paray-le-Fraisil et autres lieux, sera un officier de cavalerie très renommé qui se distinguera lors de la bataille de Nerwinde ou Neerwinden (Belgique actuelle). Il obtiendra le titre de maréchal de camp. De cette bataille, il sortira estropié d'un bras et d'une jambe.
    Il succédera dans ses biens à son frère Jean, mort sans postérité, dont il sera l'unique héritier.
    Il épouse par contrat du 15 juin 1676 Madeleine de Reugny, fille de Jean de Reugny et de Suzanne Gay. La mère de l'épouse promet de lui abandonner la seigneurie de Maltaverne et lui constitue une dot de 50 000 livres. Madeleine de Reugny meurt au début de l'année 1683 en laissant une fille unique Madeleine. François 4 d'Estutt en aura la garde noble.
    Elle épousera Guy du Creuzet, fils de Jacques du Creuzet et de Élisabeth de Saint-Martin. Elle recevra en dot les terres de Maltaverne et de Fontenille démembrées de Tracy. François 4 épousera en secondes noces, par contrat du 11 août 1686 Catherine-Charlotte de la Magdelaine de Ragny, fille de feu Claude de la Magdelaine de Ragny, et de Catherine de Sommièvre. Quatre enfants naîtront de ce mariage :
Antoine-Joseph d'Estutt, ci-dessous,
Louise-Marie d'Estutt de Tracy, née le 31 octobre 1691. Elle entre à l'âge de 18 ans au monastère de la Visitation de Moulins et devient religieuse.
Marie-Régis d'Estutt de Tracy, née le 26 février 1696. Elle est confiée à l'abbesse de Saint-Julien d'Auxerre qui n'est autre que sa tante, née de Ragny. Elle y restera jusqu'à l'âge de 14 ans. Passés 23 ans, elle entre au monastère de la Visitation de Moulins. Elle aussi deviendra religieuse.
François 4 meurt le 23 mars 1710, Antoine-Joseph est placé sous la tutelle de sa mère.
  • Antoine-Joseph d'Estutt, comte de Tracy, chevalier, seigneur de Tracy et de Paray-le-Fraisil est né le 2 octobre 1694. Il est d'abord chevalier de minorité de Malte. Ensuite il entre au service de Louis XIV en qualité de page en mars 1711. Le monarque le fait cornette(5) de la compagnie de Nettancourt au régiment du mestre-camp général de cavalerie où il sera nommé capitaine en novembre 1714. Ensuite réformé, il reçoit en 1721, l'ordre de Louis XV de servir le même régiment en qualité de capitaine en second de la compagnie de la garde. Il assurera cette fonction jusqu'au 4 avril 1740. Il épousera par contrat du 31 octobre 1719 Charlotte-Benedicte-Victoire Marion de Druy, fille de Louis Marion de Druy, et de Marguerite-Henriette de Saulx-Tavannes, veuve de Louis de Montsaulnin. Trois garçons et une fille naîtront de cette union :
Bernard d'Estutt de Tracy, né le 25 août 1720 au château de Paray-le-Fraisil. Entre à 16 ans dans l'Ordre des Théatins(6) après avoir cédé ses droits et espérances à son frère puîné, Claude-Louis-Charles d'Estutt de Tracy marquis de Tracy, mort maréchal des camps et armées en 1766. Pieux, doux et humble il refuse toute supériorité. La seule charge qu'il accepte est celle de maître des novices. Pour lui, cette charge se concilie avec le plaisir qu'il trouve dans la vie spirituelle. Il meurt à Paris le 14 août 1786 laissant de nombreux ouvrages ascétiques.
Claude-Louis-Charles d'Estutt de Tracy, ci-dessous,
N. d'Estutt qui mourra jeune,
N. d'Estutt de Tracy.
Antoine-Joseph d'Estutt meurt en 1776.
  • Claude-Louis-Charles d'Estutt de Tracy, marquis de Tracy, chevalier, seigneur de Tracy, de Paray-le-Fraisil et autres lieux, capitaine-lieutenant des chevau-légers sous le titre de Flandres, maréchal des camps et armées du roi, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis. En juin 1739 il est nommé lieutenant au régiment d'Ouroy (lire Ourouër, situé en Berry). Il fait, au sein de ce régiment une ou deux campagnes en Corse. Pris par les rebelles, il craint d'être pendu par représailles.
    Au fil de sa carrière militaire, il se distingue dans les campagnes de Bohême et de Hanovre. En 1759 il commande la gendarmerie du roi à la bataille de Minden (Allemagne). Il se défendra courageusement contre l'armée du duc de Brunswick avec le corps d'élite qu'il a sous ses ordres. Atteint de nombreuses balles, il sera laissé pour mort sur le champ de bataille et fait prisonnier par les Anglais. Après avoir été échangé, il revient à Paris. Deux longues années de souffrances auront raison de lui et il succombera à ses blessures en juillet 1766.
    Il avait épousé par contrat du 15 avril 1753 Marie-Émilie de Verzure, fille de Nicolas-Bonaventure de Verzure, et de Marie Pamier d'Orgeville. Louis-Antoine du Creuzet fait donation à l'époux, son cousin germain, de la terre de Maltaverne et Fontenille et dépendances enclavées dans la terre de Tracy ainsi qu'il est déjà dit ci-dessus. De ce mariage naîtra :
Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy, ci-dessous.
Antoine Louis Claude d'Estutt de Tracy
  • Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy, comte de Tracy, chevalier, seigneur de Tracy, de Paray-le-Fraisil et autres lieux, est né à Paris le 20 juillet 1754 et est orphelin dès l'âge de 7 ans. Après avoir reçu l'éducation de l'excellent gouverneur Bailly, et de solides bases de ses précepteurs dans les disciplines scientifiques ainsi que dans celles des humanités, sa mère l'envoie à Strasbourg en 1771 suivre les cours de l'École d'artillerie puis ceux de l'Université. Au sortir de cette école il entre parmi les mousquetaires de la maison du roi. À 22 ans, il est colonel en second du régiment royal de cavalerie.
    À la mort de son grand-père, Antoine-Joseph, en 1776, il reçoit en héritage les terres de Tracy et celles de Paray-le-Fraisil.
    Après divers grades obtenus dans l'armée, il est nommé colonel du régiment de Penthièvre-infanterie en 1788, et enfin maréchal de camp en 1792 sous les ordres du général La Fayette.
    En novembre 1788, Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy prend une part active à la réunion des états du Bourbonnais. Parmi les représentants désignés par la noblesse, il sera élu député le 24 janvier 1789. Il siégera dans l'Assemblée Constituante aux côtés de La Rochefoucauld et de La Fayette et ses interventions seront de plus en plus nombreuses. De quelques unes en 1789, elles passeront à une cinquantaine en 1791. Il sera de ceux qui se réuniront au Tiers-État et dont certains paieront de leur vie ou de leur liberté cette ardeur en faveur de la Révolution.
    En 1790 il s'oppose à ce que la religion catholique soit déclarée religion de l'état. Il est l'un des premiers à voter l'abolition des privilèges et demande que les nobles qui ont usurpé leurs titres reprennent leurs véritables noms de famille. Il est aussi favorable au fait d'accorder les droits de citoyen aux hommes de couleur des colonies. Le 19 mai 1791, il se prononce pour que l'état civil soit tenu par des officiers publics et non plus par le clergé.
    Au début de l'été 1792 Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy va rejoindre sa famille dans le domaine qu'il possède à Auteuil après avoir demandé à être relevé de son commandement à la tête de la cavalerie de l'armée dirigée par Lafayette.
    C'est à cette période qu'il rencontre Mme Helvétius qui créera le Cercle d'Auteuil,(7) Pierre Cabanis et Nicolas de Condorcet. Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy travaille sur ce qui s'appellera l' Idéologie. Il est défend l'idée que « toute connaissance vient de la sensation et des sens ». Il deviendra, le chef de file des Idéologues.
    Brusquement arraché à ses travaux, il est arrêté comme suspect le 2 novembre 1793, et emprisonné jusqu'au début d'octobre 1794 à la prison de l'Abbaye(8) puis à la prison des Carmes installée pendant la Révolution. Il profitera de cette captivité, pour s'imprégner des écrits d'Étienne Bonnot de Condillac et de John Locke, deux philosophes qui seront ses maîtres et pour poser les bases de l'Idéologie.
    Il devra d'avoir la vie sauve à la chute de Robespierre. À sa sortie de prison il retrouve sa famille à Auteuil et continue les travaux qu'ils avait commencés. Il fera partie jusqu'en 1803 de l'Institut national des sciences morales et politiques, sera élu membre et secrétaire du Comité de l'instruction publique. Il participera à la réorganisation de l'instruction en France.
    d'Estutt de Tracy sera nommé l'un des trente premiers sénateurs après le 18 brumaire (9 novembre 1799). Il y demeurera jusqu'à l'abdication de Napoléon en 1814.
    Le 1er avril 1814 il vote la formation d'un gouvernement provisoire. Le roi le nomme pair de France le 4 juin 1814. Ne remplissant aucune fonction pendant les cent jours, il reprendra son rang de pair sans difficulté après le retour de Louis XVIII. Dans l'ordonnance royale de 1816 il est compris comme l'un des quarante de l'Académie Française où il fut élu le 15 juin 1808 en remplacement de son ami, Pierre Cabanis(9).
    Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy était un de ces hommes courageux, fidèles aux principes de justice et d'équité qui ne fléchissait pas sans raison valable devant l'autorité d'un maître.
    Traité d'économie politique
    On doit à cet homme qui fut nommé Commandeur de la Légion d'honneur, plusieurs ouvrages philosophiques(10).
    Il fut le propriétaire du domaine de Tracy à la fin du XVIIIème siècle.
    Par contrat du 6 avril 1779, il épousait Émilie-Louise de Durfort-Civrac, fille de feu François Aimery de Durfort-Civrac, et de Marie-Françoise de Pardaillan-d'Antin.
    De ce mariage naîtront :
Alexandre-César-Victor-Charles d'Estutt de Tracy, ci-dessous,
Françoise-Émilie, née le 5 octobre 1780. Elle se marie en 1802 à Georges-Washington Motier de La Fayette, fils unique du général marquis de La Fayette et de Marie-Arienne-Françoise de Noailles,
Augustine d'Estutt de Tracy, née le 29 août 1787. Elle épousera Emmanuel comte de Laubespin,
À la fin de sa vie, n'y voyant presque plus, il se faisait lire Voltaire qu'il avait rencontré en 1771 à Ferney et auquel il vouait une profonde admiration. Il meurt à Paris le 9 mars 1836 à l'âge de 81 ans et laissera l'image d'un homme vivant dans une très grande simplicité et apprécié de tous.

Réécoutez l'émission de France Culture consacrée à ce personnage, en rediffusion: http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4331401


Alexandre César Victor d'Estutt de Tracy
  • Alexandre-César-Victor-Charles d'Estutt de Tracy, marquis de Tracy, né à Paris le 8 septembre 1781 est admis à l'École polytechnique en 1797. Il entre ensuite à l'école d'application de l'artillerie et du génie de Metz.
    Il sera employé au camp de Boulogne mit en place par Bonaparte et s'illustrera dans les campagnes napoléoniennes.
    En tant de capitaine du génie, il fortifie l'île de Lesina en Italie puis se rend à Constantinople aux côtés du général Maximilien Foy. Il fait les campagnes de 1808 et 1809 en Espagne aux côtés du général Horace Sébastiani dont il fut l'aide de camp à Constantinople. Il est blessé à Ocâna. Une autre blessure reçue en 1811 à la maison droite à Albuera (Andalousie) l'oblige à rentrer en France. En 1812, il rejoint le corps du maréchal Pierre Augereau et tombe entre les mains des Russes alors qu'il défendait un petit château servant à protéger la retraite de l'armée. Il restera prisonnier à Saint-Pétersbourg jusqu'à la fin des hostilités.
    Pendant la période des Cent Jours, en 1815, il reprend du service. Malgré que son père, Antoine-Louis-Claude d'Estutt de Tracy, soit pair de France, il subit la surveillance de la haute police. Il quittera le service en 1818 pour s'adonner aux études politiques et littéraires, ainsi qu'à l'agriculture.
    Les électeurs de l'Allier font d'Alexandre-César-Victor-Charles d'Estutt de Tracy leur député le 5 août 1822. Élu à Moulins, il siégera aux côtés de Georges de La Fayette qui a épousé sa sœur. Il occupera cette fonction jusqu'au 24 décembre 1823. Il ne sera pas réélu en 1824 mais reprendra son siège le 17 novembre 1827 et l'occupera jusqu'au 3 octobre 1837. En 1837, il ne sera pas réélu dans l'Allier mais le sera dans le département de l'Orne qui l'enverra le premier de 11 députés à l'Assemblée nationale. Il occupera cette fonction jusqu'au 2 décembre 1851.
    Il fera partie des 221 députés qui offriront la couronne à Louis-Philippe et contribuera à sauver la vie des quatre ministres de Charles X accusés d'avoir participé aux journées de 1830. Il proposera, le 17 août 1830, l'abolition de la peine de mort.
    Il sera très actif dans le soutien aux réfugiés politiques, dans la liberté d'enseignement et dans l'émancipation des esclaves. En 1848, il est élu colonel de la première légion de la Garde nationale de Paris et sera ministre de la Marine et des Colonies du 20 décembre 1848 au 31 octobre 1849 dans le cabinet d'Odilon Barrot.
    Il reviendra ensuite dans la vie privée et, agronome avisé, il s'occupera de mettre en valeur les terres incultes de la Sologne Bourbonnaise.
    En 1816, il épouse Sarah Newton, arrière-petite nièce du mathématicien Isaac Newton, veuve du colonel Le Tort tué à Ligny, la veille de Waterloo.
    De ce mariage naîtra :
Marie-Élisabeth-Claudine qui se mariera avec Césaire-Emmanuel-Flavien Henrion de Stall de Magnoncour.
  • Alexandre-César-Victor-Charles d'Estutt de Tracy meurt le 13 mars 1864 à Paray-le-Fraisil en laissant, comme son père, Antoine-Louis-Claude, l'image d'un homme simple et apprécié. Il rêvait, disait-il, d'être riche d'une vingtaine de millions. Serait-ce pour faire construire un magnifique hôtel ou un château à la porte de Paris ? « Non, disait-il, je me serais tout simplement passé la fantaisie de métamorphoser un canton tout entier, mais un canton bien pauvre, bien malheureux, bien arriéré, tel était mon rêve. » S'il n'a pas réalisé son rêve, il aura contribué à rendre meilleure cette terre qu'il aura remuée de ses mains et fécondée par un travail acharné.

(1) Le nom de cette famille est, à l'origine, Stutt. L'orthographe a varié selon les différents actes qui la concernent (Stut, Stud, Stuch, Destud, Destut, d'Estud ou d'Estut). La branche de Tracy l'écrit d'Estut. L'orthographe utilisée dans le texte sera d'Estutt car c'est celle utilisée aujourd'hui.
(2) Le prénom utilisé dans la suite du texte sera Gaultier.
(3) Nom donné à certains arbalétriers à pied et à cheval.
(4) La seigneurie de Tracy appartenait au XVème siècle à la famille de Corquilleray.
(5) Officier porte drapeau. Ce grade correspond aujourd'hui au grade de sous-lieutenant.
(6) Ordre religieux catholiques de clercs réguliers, fondé à Rome en 1524.
(7) Cénacle créé en 1772 par Mme Helvétius qui réunissait des écrivains, des penseurs, des artistes ou des hommes politiques.
(8 ) Cette prison fut en usage à Paris de 1522 à 1854.
(9) Pierre-Jean-Georges Cabanis était un médecin, physiologiste et philosophe français.
(10) Quels sont les moyens de fonder la morale chez un peuple 1798, Observations sur le système de l'instruction publique 1801, Projet d'éléments d'idéologie 1801, Grammaire générale 1803, Analyse raisonnée de l'origine de tous les cultes, 1804. Logique 1805, Traité de la volonté et de ses effets 1815, Commentaire sur l'Esprit des Lois 1806-1807 (Interdit en France, traduit en anglais et publié à Philadelphie par Thomas Jefferson en 1811, publié en français à Liège en 1817 et publié enfin à Paris en 1819). Éléments d'idéologie, 4 volumes 1817, Principes logiques ou recueil de faits relatifs à l'intelligence humaine 1817
.

  • Source : Gallica Généalogie de la Maison de Stutt Marquis de Solminiac, Comtes d'Assay, Marquis de Tracy par le Marquis de la Guère,
    Biographie nouvelle des contemporains,
    Souvenirs historiques et littéraires, une grande famille du Bourbonnais,
    Extraits de Premiers écrits sur l'éducation et l'instruction publique.

Martine NOËL Décembre 2013