Crimes 1937

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Nistar qui étrangla la veuve Couraud est condamné à 15 ans de travaux forcés

La deuxième session de 1937 des Assises de la Nièvre est tenue sous la Présidence de M. Moreau, Conseiller à la Cour d’Appel de Bourges. Les Assesseurs étant M. M. Berton et Lafaure, Juges au siège. C’est M. le Substitut Martin qui occupe le siège du Ministère public. Maître Delorme est au banc de la défense.

Les faits

Dans la nuit du 4 au 5 juin 1935 le nommé Théodore Nistar, 36 ans, né à Paris le 15 juin 1900, sans domicile fixe, se rendait au domicile de la veuve Couraud, à Champcheur, commune de Château Chinon.
Là, au cours d’une discussion, Nistar saisit la femme Couraud au cou et l’étrangla. Il s’enfuit après avoir pris 20 francs dans une armoire. Il devait être arrêté un mois plus tard.

L'interrogatoire

Le Président procède alors à l’interrogation de Nistar. Ce dernier a été abandonné à l’âge de 2 ans par ses parents qui ne l’ont reconnu que lorsqu’il a eu 20 ans. Il fut placé à l’Assistance Publique de la Seine chez différents cultivateurs de la Nièvre. Il ressort des renseignements sur son sujet que Nistar était peu courageux au travail. Par ailleurs, Nistar est une vieille connaissance des Tribunaux car il a déjà été condamné plus de huit fois et en 15 ans. Nistar a été également relégué à deux reprises. Il est marié et sur quatre enfants qu’il a eu, deux sont encore vivants.
Le Président demande à l’accusé pour quelles raisons il a tué la femme Couraud.
Nistar répond d’une voix basse et par phrases hachées. « Ma femme, dit-il, n’a pas voulu que je couche chez moi, après je suis allé chez la femme Couraud. On a bu le reste d’une bouteille de rhum « Et il explique qu’il informa la femme Couraud que sa femme venait d’avoir un enfant. A ce moment-là, la femme Couraud lui aurait dit des injures sur sa femme.
« Elle m’a dit que mon dernier enfant était un bâtard. Elle m’a même frappé avec un morceau de bois. Alors la colère m’a pris, je l’ai saisie au cou et elle est morte.
Nistar, après le meurtre, se livre à des recherches et s’empare …d’une pièce de 20 francs. Il s’en va et rentre chez lui où il prononce des paroles de menaces contre la femme qu’il vient de tuer, puis il se rend dans un débit de boissons.

Les témoins

Le défilé des témoins commence, le docteur Peyronnie qui avait été requis pour examiner le cadavre de la femme Couraud fait sa déposition. Le docteur Cornet qui examina Nistar dépose ensuite. C’est alors le tour du docteur Le Guillan, médecin chef de l’asile neuropsychiatrique de La Charité sur Loire, pour lui, Nistar est un simulateur, cela ne fait aucun doute. Cependant, un certain déséquilibre psychique atténue légèrement sa responsabilité.
On entend alors le gendarme Cantat de Château Chinon qui fit l’enquête et auquel un juré, M. Gaulon, pose cette question : « La femme Couraud avait- elle encore ses dents ? « En effet, Nistar a été blessé au cours de sa lutte avec sa victime et on a pensé qu’il avait pu être mordu par la femme Couraud.
Ce sera le témoin suivant, Mme Cottet, une voisine de la morte qui répondra à la question, d’après ses souvenirs, la victime avait encore une dent devant.
Après avoir entendu M. Bonnet, un voisin de la femme Couraud et M. Fernand Noël, le cafetier chez lequel se rendit Nistar et après le meurtre, la femme de Nistar qui a 41 ans mais en parait plus de 70, fait sa déposition.
L’audience est alors suspendue un quart d’heure.

La réquisition

Il est 15h30 lorsque M. Martin qui occupe le siège de Procureur de la République prend la parole. Il prononce un réquisitoire sobre. Après avoir brossé la biographie de Nistar « biographie, dit-il, qui tient dans un casier judiciaire » M. Martin recherche pour quelles raisons Nistar a tué et, par élimination, il conclut que le criminel a agi pour voler. Ce sont les travaux forcés à perpétuité que demande M. l’Avocat Général.

La plaidoirie

C’est à Maître Delorme qu’incombe la lourde tache de défendre Nistar. Le jeune avocat prononce une plaidoirie solide, faisait ressortir que Nistar est un demi-fou que l’on ne peut considérer comme complètement responsable de ses actes. « C’est une sursimulation qui exagère ses tares » et il donne lecture de passages de lettres écrites par Nistar au Juge d’Instruction.
Enfin, Maître Delorme demande aux jurés d’accorder les circonstances atténuantes et conclut en faisant appel à la clémence du Juge.

Le verdict

Le Jury se retire dans la salle des délibérations. Trente minutes plus tard, il rentre et rend son verdict.
La réponse est oui pour la première question : « Nistar est coupable d’avoir volontairement donné la mort à la veuve Couraud » et, non, pour les deux autres questions : « Nistar est-il coupable d’avoir soustrait frauduleusement dans les mêmes circonstances de temps et de lieu la somme de 20 francs au préjudice de la veuve Couraud qui en était propriétaire ? » et, « l’homicide volontaire a-t-il eu pour objet de préparer et de faciliter le délit de vol ? ».
En outre, les circonstances atténuantes sont accordées.
Après une courte délibération, Nistar est condamné à 15 ans de travaux forcés. Nistar sera relégué à l’expiration de sa peine.


Sources

  • Source : L’Avenir du Morvan, page 523
  • Transcripteur : Marie Anne Balivet - janvier 2019


Notes et références

Notes


References