Crimes 1919

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Le double crime de Fâches, un crime horrible

Au hameau de Fâches, petite agglomération faisant partie de la commune d'Anlezy, vivait dans une maison isolée une femme assez âgée nommée Pion. Séparée de son mari depuis quatorze ans, la vieille femme avait d'assez rares relations avec les habitants du pays ; par contre, sa maison était assez hospitalière pour cette catégorie de nomades connus dans nos campagnes sous le nom de bohémiens.

Vendredi soir, les voisins de Mme Pion, qui ne l'avaient pas vue depuis le 28 avril, pénétrèrent chez elle ; ils furent saisis d'horreur à la vue d'un cadavre auquel il manquait la tête ; le corps était étendu dans la cuisine ; une large flaque de sang coagulé s'était échappée de l'affreuse blessure. Un médecin a déclaré que la mort remontait à trois jours. On suppose que le vol a été le mobile du crime, car les meubles ont été fouillés.

Le 28 avril, à quatre heures du soir, on vit un nomade sortir de la maison de Mme Pion, un paquet assez volumineux sous le bras. Toutes les recherches faites pour retrouver la tête de la victime ont été vaines. Le parquet de Nevers s'est rendu vendredi à Anlezy. La maison du crime est gardée par les habitants du pays requis par la mairie.

La justice poursuit activement son enquête en vue de découvrir l'assassin présumé de Mme Pion, qui a été vu le jour même, rôdant autour du lieu du crime et qui a été dans plusieurs fermes situées non loin du domicile de la victime, demander à manger et dit n'avoir aucune ressource pécuniaire.
Espérons que le coupable d'un crime aussi horrible sera retrouvé d'ici peu.

Sources

  • Paris-Centre, dimanche 4 mai et mardi 6 mai 1919.
  • Relevé de Pierre Volut.


Le second crime de Fâches

Avant-hier, 20 mai, nous annoncions qu'une jeune fille venait d'être assassinée à Fâches, commune d'Anlezy, lieu même où, il y a quelque temps, a été assassinée la dame Pion.
Voici les détails complémentaires que l'on nous a transmis au sujet de ce nouveau crime.
Les habitants du hameau de Fâches étaient à peine remis de l'émotion que leur avait causée le crime du 28 avril, qu'un épouvantable assassinat était commis lundi dernier sur la personne d'une jeune fille de quinze ans à peine, à moins de 500 mètres du lieu du premier crime.
La victime, Emeline Bossu, conduisant ses vaches au pré à 8 heures un quart, était frappée à la tête comme le fut la dame Pion, au moyen d'un pieu servant à clôturer les haies. La tête qui avait été défigurée par les coups perdait une grande quantité de sang.
Mme Bossu, mère de la victime, ne la voyant pas revenir, mue par un pressentiment, alla à sa rencontre et découvrit le corps de sa fille. La malheureuse se précipitant alors sur son enfant, recueillit son dernier soupir.
Presque au même instant, un jeune homme de 17 ans, se rendant au bois, s'avançait dans le pré, quand un homme, blotti à soixante mètres de là, franchissait la haie et fuyait ; il avait les mains et le visage couverts de sang.
L'alarme était donnée immédiatement et, aussitôt, M. l'adjoint de la commune d'Anlezy organisait une battue, à laquelle prenaient part les hommes du pays et les bûcherons des environs et des communes voisines ; la gendarmerie était prévenue.
Malgré toutes les recherches qui furent faites, la journée se passa sans résultat.
Mardi matin, la gendarmerie de Nevers et M. Le Procureur de la République, accompagnés de M. le Juge d'instruction, se sont rendus sur les lieux.
Depuis, l'assassin n'a pas été arrêté.

Les crimes de Fâches. Arrestation de l'assassin. On avait dit qu'au moment où Mme Bossu découvrit le corps de sa malheureuse fille, un jeune homme de dix-sept ans, se rendant au bois, s'avança dans le pré, quand un homme caché à soixante mètres de là, prenait la fuite, ayant les mains et le visage couverts de sang.
On est certain que seul, le jeune homme en question, Hubert Martin, avait vu l'homme en fuite, à la poursuite duquel la police et les habitants du village se mirent, d'après les indications de ce témoin, ces jours derniers.
Or, aujourd'hui, grâce à l'habile interrogatoire qu'a fait subir à Martin l'inspecteur de police mobile d'Orléans, on sait qu'Hubert Martin est l'assassin.
Hubert Martin, qui, au moment de la découverte du second crime, saisi de frayeur, était resté privé de parole pendant un certain temps, qui ensuite avait guidé la police sur la piste du prétendu chemineau assassin de la dame Pion et de Melle Bossu, parut bientôt suspect à l'inspecteur de police mobile.
Celui-ci parvenait avant-hier soir à lui faire avouer qu'il était l'auteur de l'assassinat de la dame Pion et de l'assassinat de Melle Bossu.
On n'a pu, jusqu'ici, savoir quels étaient les mobiles de ces deux crimes.
Hubert Martin, ouvrier agricole, travaillait dans une ferme du pays d'Anlezy, où ses parents habitent.
Il sera interrogé aujourd'hui lundi. Hier il a subi simplement un interrogatoire d'identité.

Il a fait choix, pour avocat de Me Tricot.
[...] M. le juge d'instruction lui demandera sans doute s'il a lu les journaux relatant les crimes de Landru, tueur de femmes, puis quels spectacles il a vus au cinéma.
Les gens du pays disent que l'assassin a une tête de Boche. Ils ont bien raison de manifester ainsi leur horreur pour les assassins et les incendiaires de la Belgique et de nos provinces du Nord.
L'horrible guerre que les Boches nous ont faite n'est pas sans effet sur l'accroissement des crimes de tous nos barbares.

Le double crime d'Anlezy. L'instruction de cette affaire se poursuit. Le criminel, Martin Hubert, a subi plusieurs interrogatoires en présence de son avocat. Des témoins ont été interrogés. L'accusé a fait des aveux. Un médecin aliéniste a été commis pour examiner le jeune criminel.

Epilogue en novembre 1919 à la Cour d'Assises de la Nièvre. Martin Hubert est condamné à vingt ans de travaux forcés avec dispense d'interdiction de séjour.
Devant le tribunal, il explique qu'il a tué Mme Pion parce qu'elle l'avait injurié et la jeune Emilie Bossu parce qu'elle n'avait pas accepté d'assouvir ses désirs. Plusieurs témoins ont donné des renseignements très défavorables sur ce jeune homme au caractère violent, congédié des mines de La Machine à la suite d'une querelle.

Sources

  • Paris-Centre, jeudi 22 mai, lundi 26 mai, vendredi 13 juin et jeudi 13 novembre 1919.
  • Relevés de Pierre Volut.


Notes et références

Notes


References