Corbigny

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Relevé dans la presse

  • Vol :
    Mme Anne Marie Mare, sage-femme, demeurant 89, rue de Sèvres, à Paris, ayant habité Corbigny, a porté plainte pour vol d'une somme de 2.275 fr, vol commis à son préjudice et au préjudice de sa domestique.
    Ce vol avait été commis à Corbigny dans le courant de septembre.
(Le Courrier de la Nièvre du 01/11/1903)
  • Suicide :
    Mardi matin, M. Auguste Bertin, âgé de soixante-cinq ans, propriétaire et représentant de commerce à La Chapelle-de-Sarre, commune de Corbigny, s'est pendu dans son grenier.
    M. Bertin était veuf, sans enfants, et vivait seul ; on ignore les causes de ce suicide.
(Le Courrier de la Nièvre du 22/11/1903)
  • Vente publique de chevaux et mulets de l'Armée américaine :
    A Corbigny, mercredi dernier 26 mars, a eu lieu à 9 h du matin, sur le champ de foire, la vente aux enchères publiques de 70 chevaux disponibles provenant des armées. Tous les animaux présentés ont trouvé acquéreurs à des prix variant de 500 F à 1500 F, et la plus grande partie a été adjugée aux personnes bénéficiaires d'un droit de priorité.
(Paris-Centre, samedi 29 mars 1919)


Histoire

Prend le nom de Carboniacum grâce au comte de Corbon qui y établit une villa au 7e siècle. Petite ville située au milieu des montagnes, sur la rivière d'Anguison, et auprès de l'abbaye de Saint-Léonard, ordre de Saint-Benoît, qui dépendait, comme la ville, du diocèse d'Autun.

Sous l'Ancien Régime, Corbigny appartenait à l'élection de Vézelay. Elle se trouve placée à une distance égale de cette ville et de celle de Clamecy. Pendant la Révolution de 1789, Corbigny devint le chef-lieu d'un district de six cantons. Depuis, elle est restée le point central d'un seul canton composé de quinze communes, qui offrent ensemble une population d'environ 10.854 habitants, dont Corbigny en retient pour sa part 2.086. Il y avait une justice de paix, quatre notaires, un bureau d'enregistrement, un receveur des impositions qui percevait aussi celles de Chitry, Chaumot, Marigny sur Yonne et Pazy, et autres employés du roi pour les droits réunis et l'administration du pays. La paroisse était réunie pour le culte avec Chitry la Mine.

Cette ville n'est bien connue que depuis la fondation de son monastère qui fut célèbre autrefois.

Dans les trois premiers siècles qui suivirent la fondation de l'abbaye, la ville de Corbigny ne prit pas des accroissements considérables. Quelques maisons seulement s'élevèrent aux environs du couvent. Cependant l'abbé Séguin permit d’en bâtir sur le bord de la petite rivière d’Anguison, à l'opposite de l'abbaye, et obtint, en 1173 du comte de Nevers, pour lui et les habitants, la faculté de clore le bourg de murailles à la condition que l'abbaye et le bourg demeureront comme auparavant sous la garde du comte, et qu'ils jureraient de remettre l'un et l'autre à lui ou à ses successeurs quand ils en seraient requis. Par une charte de l'an 1228, les habitants obtinrent le droit de bourgeoisie.

Pour mettre en sûreté le corps de saint Léonard, abbé de Vandoeuvre au diocèse du Mans, celui-ci fut transféré dans l'abbaye de Corbigny, dont l'église prit alors le nom de Saint-Léonard. Dans le même temps, les reliques de saint Valérien y furent apportées. La dévotion que ces pieux dépôts inspirèrent attira beaucoup de pèlerins. Comme l'abbaye possédait de vastes terrains autour du monastère, des particuliers s'y établirent aux conditions d'être serfs de l'abbé qui était leur seigneur, et qui, dans la suite, les affranchit. C'est ainsi que Corbigny, jusqu'alors peu considérable, augmenta sa population et son importance.

Les comtes de Nevers ont toujours été les protecteurs de cette abbaye dont ils avaient accepté la garde qui leur fut confirmée par une charte de Philippe le Long au mois de septembre 1317 et par une autre de Philippe de Valois de l'an 1331. Néanmoins, la garde et les appels des sentences rendues par les juges des paroisses, furent renvoyés à Clamecy par une charte de 1335, portant aussi établissement d'un sergent pour veiller sur les religieux, sur leurs biens et sur leurs vassaux. Cependant les comtes de Nevers connaissaient par eux-mêmes des injures personnelles faites aux religieux et les punissaient sévèrement. Louis de Loaise, seigneur de Crux, ayant attaqué et battu un religieux de Saint-Léonard, Louis II, comte de Flandre et de Nevers, le condamna, le samedi avant la Madeleine 1329, en deux bassins d'argent entretenus de deux cierges qui seraient suspendus par des chaînes de même métal devant le grand autel de l'église Saint-Léonard. Ces bassins et leur chaîne devaient peser quatre marcs. Ces mêmes comtes avaient la haute justice sur cette abbaye, et à ce sujet il y eut :

  1. transaction en octobre 1240 entre l'abbé, les religieux et la comtesse Mahaut
  2. arrêt du parlement du mois d'octobre 1314
  3. des lettres de Louis Ier de Flandre, comte de Nevers, qui en attribue le ressort au bailli de Nivernais ou à ses lieutenants, à Clamecy ou à Montenoison, et d'autres actes qu'il devient inutile de rapporter.

Jeanne de Sully était dame de Corbigny et fut mariée, en 1336, à Jean 1er du nom vicomte de Rochechouart.

Le premier abbé de Corbigny, qu'on peut appeler commendataire séculier, est François de Clèves en 1526. Depuis cette année trois abbés réguliers, confirmés par bulles du pape, lui succédèrent : Guy et Jacques de Baudreuil de l'ordre de Saint-Augustin et Charles de Senneterre de l'ordre de Saint-Benoît, grand sacristain de l'abbaye de la Chaise-Dieu. En 1602, Nicolas de Choiseul, calviniste, s'empara de l'abbaye de Saint-Léonard après la mort de Charles de Senneterre et fut obligé d'en déguerpir. En 1604, Martin de Couvet, religieux de l'abbaye de Saint-Denis en France, fut nommé par le Roi abbé de Corbigny, et il eut, en 1626, pour successeur Erard de Rochefort, doyen de l'église d'Autun. Il fit rétablir l'église et le couvent dont on le regarde comme le premier abbé commendataire. Après lui parut Arnauld de Bourbon, prince de Conti, second abbé commendataire, lequel introduisit, en 1648 dans cette abbaye, la réforme de la congrégation de saint Maur. Depuis et y compris le prince de Conti, le roi a toujours nommé à cette abbaye. L'abbé Pucelle, mort en 1745 à 90 ans, doyen des conseillers au parlement de Paris, était abbé de Saint-Léonard de Corbigny.

Les armes des habitants étaient autrefois trois corbeilles. Celles de l'abbaye sont les anciennes armes de France, un champ de fleurs de lys : cependant on trouve un ancien scel (ou sceau) qui servait pour les actes et contrats de la prévôté. Celui-ci est une clef accostée de deux chaînes avec leur barre à cause des patrons de cette abbaye, Saint-Pierre et Saint-Léonard qui avaient délivré des prisonniers.

Dans le siècle où les protestants causèrent tant de troubles et firent naître tant de guerres civiles en France, ils se procurèrent quelques partisans à Corbigny, mais les catholiques y étant plus nombreux surent les contenir et même on peut dire qu'ils exercèrent contre eux des persécutions et des actes de violence jusqu'au moment où René de Monceaux, sieur de Blannay, près Vézelay, vieux et intrépide soldat revenant chez lui avec un gentilhomme, nommé Laborde Petot, après la bataille de Dreux, où les protestants avaient été vaincus, entreprit avec son compagnon d'entrer par escalade dans Corbigny et exécuta ce projet avec tant de prudence le 29 janvier 1563, qu'on ne s'en aperçut qu'à l'aube du jour. Les catholiques en furent effrayés, le gouverneur se sauva nu en chemise de maison en maison, d'autres sautèrent par dessus les murailles. Par cette terreur panique, les autres protestants ayant pu se réunir aux deux premiers assaillants pillèrent les églises, détruisirent les images, démolirent les autels, brulèrent le monastère, son église et les reliques de saint Léonard. Ce coup de main épouvanta quelques catholiques, en irrita beaucoup d'autres mais, protégés par les circonstances extraordinaires, et surtout par la faiblesse du gouvernement sous Henri III, Corbigny resta au pouvoir des protestants qui y exercèrent librement leur religion. Ils furent même maintenus dans ce droit par l'édit de pacification du 19 mars 1563 et n'en furent ensuite dépossédés que par la révocation de l'édit de Nantes sous le règne de Louis XIV.

Corbigny avait dans son enceinte une maison de capucins fondée en 1629 par Erard de Rochefort et un monastère d'ursulines, établi dans la même année par les dames ursulines d'Auxerre. Toutes deux ont été ruinées ou vendues depuis la révolution de 1789.

Depuis l'an 1807, il a été établi à Corbigny, dans les bâtiments de l'abbaye de Saint-Léonard, un dépôt d'étalons des plus belles races, dont le nombre s'élève de trente à quarante. Il est destiné au service de la monte dans les trois départements de la Nièvre, du Cher et de l'Allier. L'administration est composée d'un chef, d'un agent comptable et d'un artiste vétérinaire. Cet établissement paraît être bien placé dans un pays abondant en fourrages et peut contribuer à la régénération des belles espèces. Il deviendra précieux aux propriétaires qui sont curieux d'élever de beaux chevaux qui leur procurent des produits plus avantageux.

Le territoire de Corbigny est gras et l'un des plus fertiles du département, soit en froment, soit en orge et en autres grains, soit en excellents pâturages où l'on engraisse des boeufs et de bons chevaux de trait. Les habitants sont presque tous des propriétaires économes, laborieux et dans l'aisance. Ils s'adonnent au commerce de bois pour le chauffage de Paris en raison de leur position sur la petite rivière flottable d’Anguison à une demi-lieue de l'Yonne et de leur proximité du Morvan. Le commerce de ce pays serait plus considérable si les chemins n'en étaient pas si mauvais, et si les routes dont il a besoin jusqu'à Nevers et à Clamecy étaient faites.

Il se tient à Corbigny plusieurs foires par an : les 10 janvier, 1er février ; en mars, le lundi avant la mi-carême ; en avril le mercredi après Pâques. Ensuite, les 2 mai, 30 juin, 20 juillet, 20 août ; en septembre la veille de saint Seine et si la fête est un lundi, elle se tiendra le samedi précédent. Enfin le 15 octobre pour la saint Léonard, le 19 novembre et le quatorze décembre.

Sous l'Ancien Régime, la ville, les faubourgs et la prévôté de Saint-Léonard de Corbigny étaient exempts de la forclusion.

Monastère

Ce monastère, dépendant de l'abbaye de Flavigny, y fut fondé en 865 par saint Egyle. Il reçut plus tard les reliques de Saint Léonard et devint un but de pèlerinage très fréquenté.

Au 12ème siècle, le comte de Nevers permit aux habitants de fortifier la ville. En 1190, Philippe Auguste venant de Vézelay, s'arrêta à Corbigny en partant pour la troisième Croisade. En 1420, les Armagnacs et les Bourguignons luttèrent pendant trois mois sous les remparts de la ville dont ils s'emparèrent pour la détruire et outrager les habitants. Le Protestantisme s'y établit dès son origine comme dans l'ensemble du Morvan. Les Calvinistes, défaits à la bataille de Dreux, lancèrent une petite armée dans la direction du Morvan, afin de porter secours à leurs coréligionnaires. Ils s'emparèrent de Corbigny et tirent la place pendant longtemps. En 1562, la ville passa plusieurs fois des mains catholiques à celles de protestants.

En 1754, fut commencée la reconstruction de l'abbaye qui sert maintenant d'école supérieure et primaire.

Source

  • Texte communiqué par Pierre Volut
  • Département de la Nièvre et des petites contrées qui en dépendent. Tome 2 par Jean Née de La Rochelle et Pierre Gillet (1827)
  • Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome III, page 195
  • Transcripteur : Mabalivet (discussion) 10 avril 2020 à 12:22 (CEST)
  • Complété par Martine NOËL (discussion) 16 mai 2021 à 12:23 (CEST)

Notes et références

Notes


References