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:(''Paris-Centre, samedi 29 mars 1919'')<br>
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==Histoire==
Prend le nom de ''Carboniacum'' grâce au comte de Corbon qui y établit une villa au 7e siècle. Petite ville située au milieu des montagnes, sur la rivière d'[[Anguison]], et auprès de l'abbaye de Saint-Léonard, ordre de Saint-Benoît, qui dépendait, comme la ville, du diocèse d'Autun.
Sous l'Ancien Régime, Corbigny appartenait à l'élection de Vézelay. Elle se trouve placée à une distance égale de cette ville et de celle de [[Clamecy]]. Pendant la Révolution de 1789, Corbigny devint le chef-lieu d'un district de six cantons. Depuis, elle est restée le point central d'un seul canton composé de quinze communes, qui offrent ensemble une population d'environ 10.854 habitants, dont Corbigny en retient pour sa part 2.086. Il y avait une justice de paix, quatre notaires, un bureau d'enregistrement, un receveur des impositions qui percevait aussi celles de [[Chitry les Mines|Chitry]], [[Chaumot]], [[Marigny sur Yonne]] et [[Pazy]], et autres employés du roi pour les droits réunis et l'administration du pays. La paroisse est réunie pour le culte avec [[Chitry les Mines|Chitry la Mine]].
Cette ville n'est bien connue que depuis la fondation de son monastère qui fut célèbre autrefois. Varey ou Waré, seigneur de grande distinction dans la Bourgogne et fondateur de l'abbaye de Flavigny en Auxois, donna par son premier testament à Ménassès, premier titulaire de cette abbaye, le lieu de Corbigny, dont Corbon père de Varey, était seigneur. Ménassès, par l'entremise de Théodulfe, évêque d'Orléans, obtint de Charlemagne en 798, la permission d'y bâtir un monastère sous la condition expresse que les moines seraient surveillés par ceux de Flavigny, que cet abbé les appellerait de temps en temps auprès de lui pour leur donner le même esprit de ferveur et de régularité. La lettre de Charlemagne nous apprend que ce prince envoya à Ménassès une châsse d'argent contenant des reliques du Saint-Sépulcre de Jésus-Christ et de l'apôtre saint Jacques, parent de notre Sauveur.
L'abbé de Flavigny, traversé dans ses projets, ne put faire bâtir le monastère de Corbigny. Il ne le fut que plus tard sous le règne de Charles le Chauve et durant le pontificat de Nicolas Ier par saint Egil, successeur de Ménassès dans l'abbaye de Flavigny. En 864, à la fin du carême, il vint à Corbigny avec un nombre d'ouvriers suffisant pour consommer ce projet. Il choisit un endroit appelé ''Mons Abbonis'', fit aussitôt jeter les fondements d'une petite église, qui, depuis, fut consacrée à saint Pierre, et y ajouta les bâtiments convenables pour une communauté de religieux. Il n'y en eut d'abord que douze, en mémoire des douze apôtres, et saint Egil leur donna Wilfride, homme d'une grande piété, pour supérieur, avec la qualité de doyen. Il dota cette maison des fonds situés dans le voisinage et que le vénérable Varey avait, par son testament, donnés à l'abbaye de Flavigny, aux conditions néanmoins imposées par Charlemagne, qui étaient telles :
#que les religieux de Corbigny devaient se présenter une fois l'année à l'abbaye de Flavigny pour s'y exercer dans leurs fonctions pendant une semaine, et ne pourraient s'en retourner qu'après un examen de leur conduite. Afin de leur faciliter ce voyage annuel, on leur accorda un lieu nommé Meures, où ils pourraient loger tant en allant qu'en revenant.
#en indemnité, le doyen de Corbigny était obligé, envers les religieux de Flavigny, de leur donner deux repas, l'un le 8 des calendes de février ou 25 janvier, l'autre le 7 des ides de septembre, jour de la fête de sainte Reine et enfin de leur fournir, le 30 novembre, jour de saint André, des étoffes de laine pour cent sous.
#saint Egil défendit, sous des peines rigoureuses, qu'on ne détachât jamais Corbigny de l'abbaye de Flavigny et cette communauté fut soumise à l'église et à l'évêque d'Autun par une charte de Charles le Chauve de l'an 877.
Louis le Bègue et Adélaïde, sa seconde femme, participèrent à la dotation du monastère de Corbigny parce que Wilfride, qui en fut le premier doyen, était frère de cette reine. Le troisième doyen de cette maison, malgré la défense du fondateur saint Egil, osa la détacher de la dépendance de Flavigny en 987, et prit la qualité d'abbé. Ce ne fut pas néanmoins sans opposition. La contestation soumise à l'évêque d'Autun, resta longtemps sans décision, mais cet évêque prononça, en 1030, en faveur du doyen de Corbigny, et sa décision fut confirmée par le concile d'Issoudun, en l'an 1107.
En 1161, Guillaume IV, comte de Nevers, confirma les fondations de l'abbaye de Corbigny. En 1171, Guy 1er, fils de Guillaume, affranchit cette abbaye et, en 1261, une bulle du pape Urbain IV en confirma tous les privilèges.
Dans les trois premiers siècles qui suivirent la fondation de l'abbaye, la ville de Corbigny ne prit pas des accroissements considérables. Quelques maisons seulement s'élevèrent aux environs du couvent. Cependant l'abbé Séguin permit d’en bâtir sur le bord de la petite rivière d’[[Anguison]], à l'opposite de l'abbaye, et obtint, en 1173 du comte de Nevers, pour lui et les habitants, la faculté de clore le bourg de murailles, à la condition que l'abbaye et le bourg demeureront comme auparavant sous la garde du comte, et qu'ils jureraient de remettre l'un et l'autre à lui ou à ses successeurs quand ils en seraient requis. Par une charte de l'an 1228, les habitants obtinrent le droit de bourgeoisie.
L'église de l'abbaye de Corbigny conserva le nom de saint Pierre jusqu'à l'an 1230, époque à laquelle, malgré une descente des Anglais en France, saint Louis fit de rapides conquêtes en Bretagne. Ce prince s'était emparé dès l'année précédente de Bélesme, au diocèse du Mans, où était déposé le corps de saint Léonard, abbé de Vandeuvre. Pour le mettre en sûreté, ce corps fut transféré dans l'abbaye de Corbigny, dont l'église prit alors le nom de Saint-Léonard Dans le même temps, les reliques de saint Valérien y furent apportées. La dévotion que ces pieux dépôts inspirèrent, attira beaucoup de pelerins, et comme l'abbaye possédait de vastes terrains autour du monastère, des particuliers s'y établirent aux conditions d'être serfs de l'abbé qui était leur seigneur, et qui , dans la suite, les affranchit. C'est ainsi que Corbigny, jusqu'alors peu considérable, augmenta sa population et son importance.
Un incendie la détruisit ainsi que l'abhaye; mais le pays offrant des ressources dans ses bois et la fertilité de son sol, les religieux firent rétablir leur couvent, et les habitans leurs maisons; ensuite, du consentement de l'abbé, et par la permission du roi, ils la firent enclorre à leurs frais de murailles en 1435.
Les comtes de Nevers ont toujours été les protecteurs de cette abbaye , dont ils avaient accepté la garde, qui leur fut confirmée par une charte de Philippe le Long, au mois de septembre 1317, et par une autre de Philippe de Valois, de l'an 1331. Néanmoins, la garde et les appels des sentences rendues par les juges des paroisses, furent renvoyés à Clamecy par une charte de 1335, portant aussi établissement d'un sergent pour veiller sur les religieux, sur leurs biens et sur leurs vassaux. Cependant les comtes de Nevers connaissaient par eux-mêmes des injures personnelles faites aux religieux, et les punissaient sévèrement. Louis de Loaise, seigneur de Crux, ayant attaqué et battu un religieux de Saint-Léonard, Louis II, comte de Flandre et de Nevers, le condamna, le samedi avant la Madaleine 1329, en deux bassins d'argent entretenus de deux cierges qui seraient suspendus par des chaînes de même métal devant le grand autel de l'église Saint-Léonard. Ces bassins et leur chaîne devaient peser quatre marcs. Ces mêmes comtes avaient la haute justice sur cette abbaye, et à ce sujet il y eut, 1.0 transaction en octobre 1240, entre l'abbé, les religieux et la comtesse Mahaut; 2.° arrêt du parlement du mois d'octobre 1314; 3.° des lettres de Louis I.er de Flandre , comte de Nevers, qui en attribue le ressort au bailli de Nivernais ou à ses lieutenans, à Clamecy,
ou à Montenaison , et d'autres actes qu'il devient inutile de rapporter.
Jeanne de Sully était dame de Corbigny, et fut mariée, en 1336, à Jean I.er, du nom vicomte de Rochechouart. ( Moréry, tom. 9, pag. 639, col. ire.)
Le premier abbé de Corbigny, qu'on peut appeler commendataire séculier, est François de Clèves, en 1526; depuis cette année trois abbés réguliers, confirmés par bulles du pape, lui succédèrent ; Guy et Jacques de Baudreuil, de l'ordre de Saint-Augustin, et Charles de Senneterre, de l'ordre de Saint-Benoît , grand sacristain de l'abbaye de la Chaise-Dieu. En 1602, Nicolas de Choiseul, calviniste, s'empara de l'abbaye de Saint-Léonard , après la mort de Charles de Senneterre, et fut obligé d'en déguerpir. En 1604, Martin de Couvet, religieux de l'abbaye de SaintDenis en France, fut nommé par le Roi abbé de Corbigny, et il eut, en 1626, pour successeur Erard de Rochefort, doyen de l'église d'Autun. Il fit rétablir l'église et le couvent dont on le regarde comme le premier abbé commendataire. Après lui parut Arnauld de Bourbon, prince de Conti, second abbé commendataire, lequel introduisit, en 1648, dans cette abbaye, la réforme de la congrégation de saint Maur. Depuis et y compris le prince de Conti, le Roi a toujours nommé à cette abbaye. L'abbé Pucelle, mort en 1745, à go ans, doyen des conseillers au parlement de Paris, était abbé de Saint-Léonard de Corbigny.
Les armes des habitans étaient autrefois trois Corbeilles. Celles de l'abbaye sont les anciennes armes de France, un champ de fleurs de lys : cependant on trouve un ancien scel qui servait pour les actes et contrats de la prévôté; celui-ci est une clef accostée de deux chaînes avec leur barre, à cause des patrons de cette abbaye, Saint-Pierre et Saint-Léonard qui avaient délivré des prisonniers.
Dans le siècle où les protestans causèrent tant de troubles et firent naître tant de guerres civiles en France, ils se procurèrent quelques partisans à Corbigny, mais les catholiques y étant plus nombreux , surent les contenir, et même on peut dire qu'ils exercèrent contre eux des persécutions et des actes de violence jusqu'au moment où René de Monceaux, sieur de Blanay, près Vezelay , vieux et intrépide soldat, revenant chez lui avec un gentilhomme, nommé Laborde Petot , après la bataille de Dreux, où les protestans avaient été vaincus, entreprit avec son compagnon d'entrer par escalade dans Corbigny, et exécuta ce projet avec tant de prudence, le 29 janvier 1563, qu'on ne s'en aperçut qu'à l'aube du jour. Les catholiques en furent effrayés, le gouverneur se sauva nu en chemise, de maison en maison, d'autres sautèrent par dessus les murailles. Par cette terreur panique, les autres protestans ayant pu se réunir aux deux premiers assaillans , pillèrent les églises , détruisirent les images , démolirent les autels, brulèrent le monastère, son église et les reliques de saint Léonard. Ce coup de main épouvanta quelques catholiques, en irrita beaucoup d'autres; mais protégés par les circonstances extraordinaires, et surtout par la faiblesse du gouvernement sous Henri III, Corbigny resta a u pouvoir des protestans , qui y exercèrent librement leur religion. Ils furent même maintenus dans ce droit par l'édit de pacification du 19 mars 1563 , et n'en furent ensuite dépossédés que par la révocation de l'édit de Nantes , sous le règne de Louis XIV.
Corbigny avait dans son enceinte une maison de capucins, fondée en 1629 par Erard de Rochefort, et un monastère d'ursulines, établi dans la même année par les dames ursulines d'Auxerre : toutes deux ont été ruinées ou vendues depuis la révolution de 1789.
Depuis l'an 1807, il a été établi à Corbigny, dans les bâtimens de l'abbaye de Saint-Léonard, un dépôt d'étalons des plus belles races, dont le nombre s'élève de trente à quarante. Il est destiné au service de la monte dans les trois départemens de la Nièvre, du Cher et de l'Allier. L'administration est composée d'un chef, d'un agent comptable et d'un artiste vétérinaire. Cet établissement paraît être bien placé, dans un pays abondant en fourrages, et peut contribuer à la régénération des belles espèces. Il deviendra précieux aux propriétaires qui sont curieux d'élever de beaux chevaux qui leur procurent des produits plus avantageux.
Le territoire de Corbigny est gras et l'un des plus fertiles du département, soit en froment, soit en orge et en au'res grains, soit en excellens pâturages où l'on engraisse des bæufs et de bons chevaux de trait. Les habitans sont presque tous des propriétaires économes, laborieux et dans l'aisance. Ils s'adonnent au commerce de bois pour le chauffage de Paris, en raison de leur position sur la petite rivière flottable d’Anguisson, à une demi-lieue E. de l'Yonne et de leur proximité du Morvan. Le commerce de ce pays serait plus considérable si les chemins n'en étaient pas si mauvais, et si les routes dont il a besoin jusqu'à Nevers et à Clamecy , étaient faites. Il se tient à Corbigny plusieurs foires par an ; savoir : les 10 janvier, 1. er février; en mars, le lundi avant la mi-carême; en avril, le mercredi après Pâques, 2 mai, 30 juin , 20 juillet, 20 août ; en septembre, la veille de saint Seine, et si la fête est un lundi, elle se tiendra le samedi précédent; le 15 octobre pour la saint Léonard, le 19 novembre et le quatorze décembre.
Sous l'ancien régime, la ville, les faubourgs et la prévôté de Saint-Léonard de Corbigny étaient exempts de la forclusion.


==Monastère==
==Monastère==

Version du 16 mai 2021 à 10:40

Relevé dans la presse

  • Vol :
    Mme Anne Marie Mare, sage-femme, demeurant 89, rue de Sèvres, à Paris, ayant habité Corbigny, a porté plainte pour vol d'une somme de 2.275 fr, vol commis à son préjudice et au préjudice de sa domestique.
    Ce vol avait été commis à Corbigny dans le courant de septembre.
(Le Courrier de la Nièvre du 01/11/1903)
  • Suicide :
    Mardi matin, M. Auguste Bertin, âgé de soixante-cinq ans, propriétaire et représentant de commerce à La Chapelle-de-Sarre, commune de Corbigny, s'est pendu dans son grenier.
    M. Bertin était veuf, sans enfants, et vivait seul ; on ignore les causes de ce suicide.
(Le Courrier de la Nièvre du 22/11/1903)
  • Vente publique de chevaux et mulets de l'Armée américaine :
    A Corbigny, mercredi dernier 26 mars, a eu lieu à 9 h du matin, sur le champ de foire, la vente aux enchères publiques de 70 chevaux disponibles provenant des armées. Tous les animaux présentés ont trouvé acquéreurs à des prix variant de 500 F à 1500 F, et la plus grande partie a été adjugée aux personnes bénéficiaires d'un droit de priorité.
(Paris-Centre, samedi 29 mars 1919)


Histoire

Prend le nom de Carboniacum grâce au comte de Corbon qui y établit une villa au 7e siècle. Petite ville située au milieu des montagnes, sur la rivière d'Anguison, et auprès de l'abbaye de Saint-Léonard, ordre de Saint-Benoît, qui dépendait, comme la ville, du diocèse d'Autun.

Sous l'Ancien Régime, Corbigny appartenait à l'élection de Vézelay. Elle se trouve placée à une distance égale de cette ville et de celle de Clamecy. Pendant la Révolution de 1789, Corbigny devint le chef-lieu d'un district de six cantons. Depuis, elle est restée le point central d'un seul canton composé de quinze communes, qui offrent ensemble une population d'environ 10.854 habitants, dont Corbigny en retient pour sa part 2.086. Il y avait une justice de paix, quatre notaires, un bureau d'enregistrement, un receveur des impositions qui percevait aussi celles de Chitry, Chaumot, Marigny sur Yonne et Pazy, et autres employés du roi pour les droits réunis et l'administration du pays. La paroisse est réunie pour le culte avec Chitry la Mine.

Cette ville n'est bien connue que depuis la fondation de son monastère qui fut célèbre autrefois. Varey ou Waré, seigneur de grande distinction dans la Bourgogne et fondateur de l'abbaye de Flavigny en Auxois, donna par son premier testament à Ménassès, premier titulaire de cette abbaye, le lieu de Corbigny, dont Corbon père de Varey, était seigneur. Ménassès, par l'entremise de Théodulfe, évêque d'Orléans, obtint de Charlemagne en 798, la permission d'y bâtir un monastère sous la condition expresse que les moines seraient surveillés par ceux de Flavigny, que cet abbé les appellerait de temps en temps auprès de lui pour leur donner le même esprit de ferveur et de régularité. La lettre de Charlemagne nous apprend que ce prince envoya à Ménassès une châsse d'argent contenant des reliques du Saint-Sépulcre de Jésus-Christ et de l'apôtre saint Jacques, parent de notre Sauveur.

L'abbé de Flavigny, traversé dans ses projets, ne put faire bâtir le monastère de Corbigny. Il ne le fut que plus tard sous le règne de Charles le Chauve et durant le pontificat de Nicolas Ier par saint Egil, successeur de Ménassès dans l'abbaye de Flavigny. En 864, à la fin du carême, il vint à Corbigny avec un nombre d'ouvriers suffisant pour consommer ce projet. Il choisit un endroit appelé Mons Abbonis, fit aussitôt jeter les fondements d'une petite église, qui, depuis, fut consacrée à saint Pierre, et y ajouta les bâtiments convenables pour une communauté de religieux. Il n'y en eut d'abord que douze, en mémoire des douze apôtres, et saint Egil leur donna Wilfride, homme d'une grande piété, pour supérieur, avec la qualité de doyen. Il dota cette maison des fonds situés dans le voisinage et que le vénérable Varey avait, par son testament, donnés à l'abbaye de Flavigny, aux conditions néanmoins imposées par Charlemagne, qui étaient telles :

  1. que les religieux de Corbigny devaient se présenter une fois l'année à l'abbaye de Flavigny pour s'y exercer dans leurs fonctions pendant une semaine, et ne pourraient s'en retourner qu'après un examen de leur conduite. Afin de leur faciliter ce voyage annuel, on leur accorda un lieu nommé Meures, où ils pourraient loger tant en allant qu'en revenant.
  2. en indemnité, le doyen de Corbigny était obligé, envers les religieux de Flavigny, de leur donner deux repas, l'un le 8 des calendes de février ou 25 janvier, l'autre le 7 des ides de septembre, jour de la fête de sainte Reine et enfin de leur fournir, le 30 novembre, jour de saint André, des étoffes de laine pour cent sous.
  3. saint Egil défendit, sous des peines rigoureuses, qu'on ne détachât jamais Corbigny de l'abbaye de Flavigny et cette communauté fut soumise à l'église et à l'évêque d'Autun par une charte de Charles le Chauve de l'an 877.

Louis le Bègue et Adélaïde, sa seconde femme, participèrent à la dotation du monastère de Corbigny parce que Wilfride, qui en fut le premier doyen, était frère de cette reine. Le troisième doyen de cette maison, malgré la défense du fondateur saint Egil, osa la détacher de la dépendance de Flavigny en 987, et prit la qualité d'abbé. Ce ne fut pas néanmoins sans opposition. La contestation soumise à l'évêque d'Autun, resta longtemps sans décision, mais cet évêque prononça, en 1030, en faveur du doyen de Corbigny, et sa décision fut confirmée par le concile d'Issoudun, en l'an 1107.

En 1161, Guillaume IV, comte de Nevers, confirma les fondations de l'abbaye de Corbigny. En 1171, Guy 1er, fils de Guillaume, affranchit cette abbaye et, en 1261, une bulle du pape Urbain IV en confirma tous les privilèges.

Dans les trois premiers siècles qui suivirent la fondation de l'abbaye, la ville de Corbigny ne prit pas des accroissements considérables. Quelques maisons seulement s'élevèrent aux environs du couvent. Cependant l'abbé Séguin permit d’en bâtir sur le bord de la petite rivière d’Anguison, à l'opposite de l'abbaye, et obtint, en 1173 du comte de Nevers, pour lui et les habitants, la faculté de clore le bourg de murailles, à la condition que l'abbaye et le bourg demeureront comme auparavant sous la garde du comte, et qu'ils jureraient de remettre l'un et l'autre à lui ou à ses successeurs quand ils en seraient requis. Par une charte de l'an 1228, les habitants obtinrent le droit de bourgeoisie.

L'église de l'abbaye de Corbigny conserva le nom de saint Pierre jusqu'à l'an 1230, époque à laquelle, malgré une descente des Anglais en France, saint Louis fit de rapides conquêtes en Bretagne. Ce prince s'était emparé dès l'année précédente de Bélesme, au diocèse du Mans, où était déposé le corps de saint Léonard, abbé de Vandeuvre. Pour le mettre en sûreté, ce corps fut transféré dans l'abbaye de Corbigny, dont l'église prit alors le nom de Saint-Léonard Dans le même temps, les reliques de saint Valérien y furent apportées. La dévotion que ces pieux dépôts inspirèrent, attira beaucoup de pelerins, et comme l'abbaye possédait de vastes terrains autour du monastère, des particuliers s'y établirent aux conditions d'être serfs de l'abbé qui était leur seigneur, et qui , dans la suite, les affranchit. C'est ainsi que Corbigny, jusqu'alors peu considérable, augmenta sa population et son importance.

Un incendie la détruisit ainsi que l'abhaye; mais le pays offrant des ressources dans ses bois et la fertilité de son sol, les religieux firent rétablir leur couvent, et les habitans leurs maisons; ensuite, du consentement de l'abbé, et par la permission du roi, ils la firent enclorre à leurs frais de murailles en 1435.

Les comtes de Nevers ont toujours été les protecteurs de cette abbaye , dont ils avaient accepté la garde, qui leur fut confirmée par une charte de Philippe le Long, au mois de septembre 1317, et par une autre de Philippe de Valois, de l'an 1331. Néanmoins, la garde et les appels des sentences rendues par les juges des paroisses, furent renvoyés à Clamecy par une charte de 1335, portant aussi établissement d'un sergent pour veiller sur les religieux, sur leurs biens et sur leurs vassaux. Cependant les comtes de Nevers connaissaient par eux-mêmes des injures personnelles faites aux religieux, et les punissaient sévèrement. Louis de Loaise, seigneur de Crux, ayant attaqué et battu un religieux de Saint-Léonard, Louis II, comte de Flandre et de Nevers, le condamna, le samedi avant la Madaleine 1329, en deux bassins d'argent entretenus de deux cierges qui seraient suspendus par des chaînes de même métal devant le grand autel de l'église Saint-Léonard. Ces bassins et leur chaîne devaient peser quatre marcs. Ces mêmes comtes avaient la haute justice sur cette abbaye, et à ce sujet il y eut, 1.0 transaction en octobre 1240, entre l'abbé, les religieux et la comtesse Mahaut; 2.° arrêt du parlement du mois d'octobre 1314; 3.° des lettres de Louis I.er de Flandre , comte de Nevers, qui en attribue le ressort au bailli de Nivernais ou à ses lieutenans, à Clamecy,

ou à Montenaison , et d'autres actes qu'il devient inutile de rapporter.

Jeanne de Sully était dame de Corbigny, et fut mariée, en 1336, à Jean I.er, du nom vicomte de Rochechouart. ( Moréry, tom. 9, pag. 639, col. ire.)

Le premier abbé de Corbigny, qu'on peut appeler commendataire séculier, est François de Clèves, en 1526; depuis cette année trois abbés réguliers, confirmés par bulles du pape, lui succédèrent ; Guy et Jacques de Baudreuil, de l'ordre de Saint-Augustin, et Charles de Senneterre, de l'ordre de Saint-Benoît , grand sacristain de l'abbaye de la Chaise-Dieu. En 1602, Nicolas de Choiseul, calviniste, s'empara de l'abbaye de Saint-Léonard , après la mort de Charles de Senneterre, et fut obligé d'en déguerpir. En 1604, Martin de Couvet, religieux de l'abbaye de SaintDenis en France, fut nommé par le Roi abbé de Corbigny, et il eut, en 1626, pour successeur Erard de Rochefort, doyen de l'église d'Autun. Il fit rétablir l'église et le couvent dont on le regarde comme le premier abbé commendataire. Après lui parut Arnauld de Bourbon, prince de Conti, second abbé commendataire, lequel introduisit, en 1648, dans cette abbaye, la réforme de la congrégation de saint Maur. Depuis et y compris le prince de Conti, le Roi a toujours nommé à cette abbaye. L'abbé Pucelle, mort en 1745, à go ans, doyen des conseillers au parlement de Paris, était abbé de Saint-Léonard de Corbigny.

Les armes des habitans étaient autrefois trois Corbeilles. Celles de l'abbaye sont les anciennes armes de France, un champ de fleurs de lys : cependant on trouve un ancien scel qui servait pour les actes et contrats de la prévôté; celui-ci est une clef accostée de deux chaînes avec leur barre, à cause des patrons de cette abbaye, Saint-Pierre et Saint-Léonard qui avaient délivré des prisonniers.

Dans le siècle où les protestans causèrent tant de troubles et firent naître tant de guerres civiles en France, ils se procurèrent quelques partisans à Corbigny, mais les catholiques y étant plus nombreux , surent les contenir, et même on peut dire qu'ils exercèrent contre eux des persécutions et des actes de violence jusqu'au moment où René de Monceaux, sieur de Blanay, près Vezelay , vieux et intrépide soldat, revenant chez lui avec un gentilhomme, nommé Laborde Petot , après la bataille de Dreux, où les protestans avaient été vaincus, entreprit avec son compagnon d'entrer par escalade dans Corbigny, et exécuta ce projet avec tant de prudence, le 29 janvier 1563, qu'on ne s'en aperçut qu'à l'aube du jour. Les catholiques en furent effrayés, le gouverneur se sauva nu en chemise, de maison en maison, d'autres sautèrent par dessus les murailles. Par cette terreur panique, les autres protestans ayant pu se réunir aux deux premiers assaillans , pillèrent les églises , détruisirent les images , démolirent les autels, brulèrent le monastère, son église et les reliques de saint Léonard. Ce coup de main épouvanta quelques catholiques, en irrita beaucoup d'autres; mais protégés par les circonstances extraordinaires, et surtout par la faiblesse du gouvernement sous Henri III, Corbigny resta a u pouvoir des protestans , qui y exercèrent librement leur religion. Ils furent même maintenus dans ce droit par l'édit de pacification du 19 mars 1563 , et n'en furent ensuite dépossédés que par la révocation de l'édit de Nantes , sous le règne de Louis XIV.

Corbigny avait dans son enceinte une maison de capucins, fondée en 1629 par Erard de Rochefort, et un monastère d'ursulines, établi dans la même année par les dames ursulines d'Auxerre : toutes deux ont été ruinées ou vendues depuis la révolution de 1789.

Depuis l'an 1807, il a été établi à Corbigny, dans les bâtimens de l'abbaye de Saint-Léonard, un dépôt d'étalons des plus belles races, dont le nombre s'élève de trente à quarante. Il est destiné au service de la monte dans les trois départemens de la Nièvre, du Cher et de l'Allier. L'administration est composée d'un chef, d'un agent comptable et d'un artiste vétérinaire. Cet établissement paraît être bien placé, dans un pays abondant en fourrages, et peut contribuer à la régénération des belles espèces. Il deviendra précieux aux propriétaires qui sont curieux d'élever de beaux chevaux qui leur procurent des produits plus avantageux.

Le territoire de Corbigny est gras et l'un des plus fertiles du département, soit en froment, soit en orge et en au'res grains, soit en excellens pâturages où l'on engraisse des bæufs et de bons chevaux de trait. Les habitans sont presque tous des propriétaires économes, laborieux et dans l'aisance. Ils s'adonnent au commerce de bois pour le chauffage de Paris, en raison de leur position sur la petite rivière flottable d’Anguisson, à une demi-lieue E. de l'Yonne et de leur proximité du Morvan. Le commerce de ce pays serait plus considérable si les chemins n'en étaient pas si mauvais, et si les routes dont il a besoin jusqu'à Nevers et à Clamecy , étaient faites. Il se tient à Corbigny plusieurs foires par an ; savoir : les 10 janvier, 1. er février; en mars, le lundi avant la mi-carême; en avril, le mercredi après Pâques, 2 mai, 30 juin , 20 juillet, 20 août ; en septembre, la veille de saint Seine, et si la fête est un lundi, elle se tiendra le samedi précédent; le 15 octobre pour la saint Léonard, le 19 novembre et le quatorze décembre.

Sous l'ancien régime, la ville, les faubourgs et la prévôté de Saint-Léonard de Corbigny étaient exempts de la forclusion.

Monastère

Ce monastère, dépendant de l'abbaye de Flavigny, y fut fondé en 865 par saint Egyle. Il reçut plus tard les reliques de Saint Léonard et devint un but de pèlerinage très fréquenté.

Au 12ème siècle, le comte de Nevers permit aux habitants de fortifier la ville. En 1190, Philippe Auguste venant de Vézelay, s'arrêta à Corbigny en partant pour la troisième Croisade. En 1420, les Armagnacs et les Bourguignons luttèrent pendant trois mois sous les remparts de la ville dont ils s'emparèrent pour la détruire et outrager les habitants. Le Protestantisme s'y établit dès son origine comme dans l'ensemble du Morvan. Les Calvinistes, défaits à la bataille de Dreux, lancèrent une petite armée dans la direction du Morvan, afin de porter secours à leurs coréligionnaires. Ils s'emparèrent de Corbigny et tirent la place pendant longtemps. En 1562, la ville passa plusieurs fois des mains catholiques à celles de protestants.

En 1754, fut commencée la reconstruction de l'abbaye qui sert maintenant d'école supérieure et primaire.

Source

  • Texte communiqué par Pierre Volut
  • Le Morvan coeur de la France - J. Bruley - Tome III, page 195
  • Transcripteur : Mabalivet (discussion) 10 avril 2020 à 12:22 (CEST)

Notes et références

Notes


References