« Conscription » : différence entre les versions

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche
(Page créée avec « En 1806, au début du Premier Empire ===Appel au patriotisme=== Les guerres incessantes depuis plus de douze ans ne sont pas acceptées par toute la population, surtout... »)
 
Ligne 2 : Ligne 2 :


===Appel au patriotisme===
===Appel au patriotisme===
Les guerres incessantes depuis plus de douze ans ne sont pas acceptées par toute la population, surtout à la campagne, où l'absence d'un ou deux garçons pendant plusieurs années consécutives pénalise les famille et nuit au travail agricole, sans compter es risques de décès et de blessures. Des jeunes gens essaient de se soustraire à la conscription en disparaissant dans les bois, en partant dans d'autres régions, en espérant rester inconnus des autorités. Le préfet de la Nièvre exhorte les membres du [[Conseil Général de la Nièvre]], 1er juin 1806 :
Les guerres incessantes depuis plus de douze ans ne sont pas acceptées par toute la population, surtout à la campagne, où l'absence d'un ou deux garçons pendant plusieurs années consécutives pénalise les famille et nuit au travail agricole, sans compter les risques de décès et de blessures. Des jeunes gens essaient de se soustraire à la conscription en disparaissant dans les bois, en partant dans d'autres régions, en espérant rester inconnus des autorités. Le préfet de la Nièvre exhorte les membres du [[Conseil Général de la Nièvre]], 1er juin 1806 :
 
« Messieurs, c'est pour vous engager à détruire une erreur qui nuit à l'exécution d'une loi si utile et si nécessaire à l'Empire ; c'est pour vous engager à prémunir vos concitoyens contre la désertion dont les effets sont d'augmenter la dette que le département doit payer à l'Etat, et souvent de faire porter par des familles qui auraient dû en être exemptes, une charge que le sort avait réservé à d'autres. Au nom du bien public, de l'amour que vous avez pour notre Empereur et notre commune patrie, je vous en conjure, Messieurs, servez-vous de l'influence que vous donne la considération dont vous êtes justement entourés, pour dissiper cet esprit de vertige qui égare les jeunes habitants de nos campagnes, qui les empêche d'obéir à la voix de l'honneur et du devoir, et ne laisse d'autre alternative que d'errer dans leur propre pays comme des criminels échappés aux fers, sans parents, sans asile, ou de subir l'humiliante punition qu'ils n'ont que trop justement méritée. Faites leur sentir, Messieurs, que l'intérêt commun les appelle sous les drapeaux qui doivent les guider à la victoire ; que la paix et le bonheur de leur famille dépendent d'un dévouement qui ne doit pas être pénible pour un Français. Si la fatale habitude que les jeunes citoyens de ce département ont contractée, avait été le partage de la nation, aurions-nous vu, Messieurs, ces aigles menaçantes, qui se disposaient à déchirer le sein de notre patrie, chassées aussi promptement au milieu des glaces du nord ? La journée d'Austerlitz, comme une autre Pharsale, aurait dû décider de l'empire du monde, et le héros qui nous gouverne, en s'élevant au-dessus des grands hommes de tous les siècles passés, aurait-il pu mettre la nation française à la place qu'elle doit occuper parmi les peuples, qui ont brillé ou qui sont appelés à briller sur la terre ? »


« Messieurs, c'est pour vous engager à détruire une erreur qui nuit à l'exécution d'une loi si utile et si nécessaire à l'Empire ; c'est pour vous engager à prémunir vos concitoyens contre la désertion dont les effets sont d'augmenter la dette que le département doit payer à l'Etat, et souvent de faire porter par des familles qui auraient dû en être exemptes, une charge que le sort avait réservé à d'autres. Au nom du bien public, de l'amour que vous avez pour notre Empereur et notre commune patrie, je vous en conjure, Messieurs, servez-vous de l'influence que vous donne la considération dont vous êtes justement entourés, pour dissiper cet esprit de vertige qui égare les jeunes habitans de nos campagnes, qui les empêche d'obéir à la voix de l'honneur et du devoir, et ne laisse d'autre alternative que d'errer dans leur propre pays comme des criminels échappés aux fers, sans parens, sans asile, ou de subir l'humiante punition qu'ils n'ont que trop justement méritée. Faites leur sentir, Messieurs, que l'intérêt commun les appelle sous les drapeaux qui doivent les guider à la victoire ; que la paix et le bonheur de leur famille dépendent d'un dévouement qui ne doit pas être pénible pour un Français. Si la fatale habitude que les jeunes citoyens de ce département ont contractée, avait été le partage de la nation, aurions-nous vu, Messieurs, ces aigles menaçantes, qui se disposaient à déchirer le sein de notre patrie, chassées aussi promptement au milieu des glaces du nord ? La journée d'Austerlitz, comme une autre Pharsale, aurait dû décider de l'empire du monde, et le héros qui nous gouverne, en s'élevant au-dessus des grands hommes de tous les siècles passés, aurait-il pu mettre la nation française à la place qu'elle doit occuper parmi les peuples, qui ont brillé ou qui sont appelés à briller sur la terre ? »


*Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, 1807, p. 97
*Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, 1807, p. 97

Version du 11 mars 2021 à 15:21

En 1806, au début du Premier Empire

Appel au patriotisme

Les guerres incessantes depuis plus de douze ans ne sont pas acceptées par toute la population, surtout à la campagne, où l'absence d'un ou deux garçons pendant plusieurs années consécutives pénalise les famille et nuit au travail agricole, sans compter les risques de décès et de blessures. Des jeunes gens essaient de se soustraire à la conscription en disparaissant dans les bois, en partant dans d'autres régions, en espérant rester inconnus des autorités. Le préfet de la Nièvre exhorte les membres du Conseil Général de la Nièvre, 1er juin 1806 :

« Messieurs, c'est pour vous engager à détruire une erreur qui nuit à l'exécution d'une loi si utile et si nécessaire à l'Empire ; c'est pour vous engager à prémunir vos concitoyens contre la désertion dont les effets sont d'augmenter la dette que le département doit payer à l'Etat, et souvent de faire porter par des familles qui auraient dû en être exemptes, une charge que le sort avait réservé à d'autres. Au nom du bien public, de l'amour que vous avez pour notre Empereur et notre commune patrie, je vous en conjure, Messieurs, servez-vous de l'influence que vous donne la considération dont vous êtes justement entourés, pour dissiper cet esprit de vertige qui égare les jeunes habitants de nos campagnes, qui les empêche d'obéir à la voix de l'honneur et du devoir, et ne laisse d'autre alternative que d'errer dans leur propre pays comme des criminels échappés aux fers, sans parents, sans asile, ou de subir l'humiliante punition qu'ils n'ont que trop justement méritée. Faites leur sentir, Messieurs, que l'intérêt commun les appelle sous les drapeaux qui doivent les guider à la victoire ; que la paix et le bonheur de leur famille dépendent d'un dévouement qui ne doit pas être pénible pour un Français. Si la fatale habitude que les jeunes citoyens de ce département ont contractée, avait été le partage de la nation, aurions-nous vu, Messieurs, ces aigles menaçantes, qui se disposaient à déchirer le sein de notre patrie, chassées aussi promptement au milieu des glaces du nord ? La journée d'Austerlitz, comme une autre Pharsale, aurait dû décider de l'empire du monde, et le héros qui nous gouverne, en s'élevant au-dessus des grands hommes de tous les siècles passés, aurait-il pu mettre la nation française à la place qu'elle doit occuper parmi les peuples, qui ont brillé ou qui sont appelés à briller sur la terre ? »


  • Relevé par Pierre Volut dans L'Annuaire de la Nièvre, 1807, p. 97