Classe 1914

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La classe 1914.

  • L'étude des fiches matricules permet de connaître tous les jeunes hommes, classe par classe.
  • Le recensement de la classe 1914 a eu lieu en décembre 1913 et le conseil de révision au printemps 2014, avant la déclaration de guerre.
177 jeunes gens, nés en 1894, ont été recensés pour le canton de Decize ; tous n'y sont pas nés, mais c'était leur lieu de résidence, ou celui de leurs parents, au moment où la liste a été établie.
24 étaient nés à Paris ou dans la banlieue parisienne ; pour la plupart c'étaient des pupilles de l'assistance publique du département de la Seine et ils avaient été placés dans des fermes du canton de Decize, où leurs familles d'accueil les employaient comme domestiques agricoles.
34 étaient nés hors du canton : soit dans des communes nivernaises proches (Cossaye, Charrin, Toury-Lurcy, Lamenay, Cercy-la-Tour, Chevenon...) ; soit venus travailler à La Machine depuis d'autres villes minières (Montchanin, Le Creusot, Couches-les-Mines, Ecuisses) ; soit, pour quelques autres, venus d'horizons plus lointains (Saint-Brieuc, Fumay) et même de l'étranger (Raoul Labat né à Beyrouth et Jules Bertin né à Tabarka, Tunisie).
  • Les métiers déclarés au moment du recensement :
Métiers de l'agriculture : 54, dont 10 cultivateurs, 42 domestiques et ouvriers agricoles, 2 jardiniers.
Mineurs à La Machine : 21.
Verriers de l'usine de Saint-Léger : 2
Artisans, ouvriers de métaux : 14, dont 6 forgerons, 2 ferblantiers, 2 chaudronniers, 1 plombier, 1 tourneur et 2 ajusteurs.
Autres métiers artisanaux ou petites entreprises : 15, dont 4 maçons, 1 tailleur de pierres, 2 tuiliers, 1 sellier, 1 découpeur de tiges à chaussures, 2 monteurs électriciens, 1 tonnelier, 1 dessinateur industriel, 1 fabricant de pièges, 1 rempailleur de chaises.
Commerce, nourriture : 15, dont 1 coiffeur, 3 employés de commerce, 1 cuisinier, 2 meuniers, 2 boulangers, 4 bouchers ou garçons-bouchers, 1 épicier et 1 garçon de café.
Transport : 6, dont 1 marinier, 1 mécanicien automobile, 1 conducteur d'automobile, 1 chauffeur de locomotive, 1 conducteur d'autobus et 1 payeur (receveur) des Omnibus de Paris.
Administration : 5, dont 1 agent-voyer, 2 instituteurs et 2 employés des postes.
Services : 8, valets de chambre et domestiques, presque tous placés à Paris.
Autres emplois : 8, 1 préparateur en pharmacie, 2 clercs de notaire et 1 clerc d'huissier, 4 étudiants (2 aux Arts et Métiers à Cluny, 1 en agronomie et 1 élève architecte).
  • Les décisions du conseil de révision :
9 jeunes gens sont exemptés : 1 pour épilepsie, 3 pour tuberculose pulmonaire, 1 pour vision presque nulle, 1 pour déformation des mains (syndactylie), 1 pour malformation cardiaque (il décède chez lui peu après), 1 pour nanisme (environ 1,40 m) et 1 autre pour infantilisme (il sera néanmoins « récupéré » en 1916).
Une vingtaine sont ajournés d'un an pour faiblesse ; mais presque tous sont incorporés en décembre 1914 ou en septembre 1915.
Les autres sont appelés sous les drapeaux entre le 1er septembre et le 15 décembre 1914.
  • Les premières affectations : presque tous les soldats changeront une ou plusieurs fois d'unités ; voici les régiments dans lesquels ils sont incorporés au début de leur période de guerre.
95 hommes, la grande majorité des recrues de la classe 1914 sont incorporés dans l'infanterie. Ce sont les régiments du 8e Corps d'Armée, en garnison dans les départements du Cher, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or, qui reçoivent le plus grand nombre de fantassins :18 au 29e R.I. d'Autun ; 12 au 95e R.I. de Bourges ; 11 au 13e R.I. de Nevers et Decize ; 9 au 10e R.I. d'Auxonne ; 8 au 56e R.I. de Chalon-sur-Saône ; 8 au 85e R.I. de Cosne-sur-Loire et 4 au 134e R.I. de Mâcon.
11 soldats sont incorporés dans des Bataillons de Chasseurs à Pied.
18 sont incorporés dans des Régiments d'Artillerie, dont 15 dans les deux régiments de Bourges (1er et 37e R.A.)
3 soldats vont combattre dans des Régiments de Zouaves.
10 hommes sont versés dans des Régiments du Génie.
18 cavaliers, dont la moitié au 26e Régiment de Dragons de Dijon. Mais, très rapidement, après plusieurs combats désastreux, la cavalerie est considérée comme obsolète et la plupart des dragons, des hussards et autres cavaliers sont versés dans l'infanterie ou le train des équipages.
8 passeront la guerre dans la Marine Nationale, ils sont envoyés aux 3e et 5e dépôts des équipages de la flotte ; selon les périodes, ils seront en formation à Brest, Toulon, Saint-Raphaël, ou embarqués sur des patrouilleurs, des croiseurs, des cuirassés ; ils participeront aux opérations de l'Armée d'Orient, aux Dardanelles, à Salonique, en Albanie.
1 soldat est envoyé dans une unité d'aviation. En 1914, cette arme est encore exclusivement dédiée à l'observation, en lien avec l'artillerie.
3 hommes sont affectés à des unités non combattantes : 1 préparateur en pharmacie devient naturellement infirmier dans un hôpital militaire, 2 employés de bureau sont mobilisés dans la 8e Section des Commis et Ouvriers Militaires. Après avoir subi des blessures invalidantes, plusieurs soldats d'active passeront dans ces unités.
  • Anticipons, puisque les fiches matricules présentent toute la carrière de ces hommes de la classe 1914.
14 seront prisonniers en Allemagne, certains dès les premiers combats, d'autres dans les derniers mois de la guerre.
31 vont mourir, soit être tués à l'ennemi, soit décéder de leurs blessures de guerre.
Environ 75 ont reçu une à plusieurs blessures de guerre, homologuées par la suite par les services des pensions militaires. 12 ont été intoxiqués par des gaz de combat. Parmi les blessures, on relève des plaies multiples par éclats d'obus, des jambes, cuisses, genoux, bras, mains mutilés par des balles ; plusieurs soldats de la classe 1914 ont été amputés d'une jambe ou d'un bras, d'autres ont perdu partiellement la vue ou l'ouïe. Les troubles psychologiques sont plus difficiles à connaître ; cependant, en lisant certaines fiches on constate que plusieurs soldats ont été soignés dans des services psychiatriques.
Des cas particuliers : des insoumis et un prétendu déserteur. Au moment où ils sont appelés sous les drapeaux, plusieurs jeunes soldats tardent à se présenter dans leurs régiments, surtout si ceux-ci sont en garnison loin de leur domicile ; manquant à l'appel, ils sont considérés comme insoumis, menacés de conseil de guerre et de prison ; la plupart du temps, ils arrivent en retard et leur situation est régularisée par leurs chefs. Le cas de Charles Émile Lafaille, mineur à La Machine, mobilisé au 21e R.I. le 5 septembre 1914, est plus confus : le 18 octobre, il manque à l'appel et il est considéré comme déserteur ; en fait, il a été fait prisonnier par les Allemands, peut-être lors d'un déplacement ; il est rapatrié le 22 janvier 1919 et son dossier se conclut par un certificat de bonne conduite. Joseph Guillon, du 269e R.I., est accusé de désertion ; déféré à la prévôté, menacé de mort, il est jugé et finalement acquitté.

Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr mis en page par --Mnoel 11 décembre 2014 à 17:26 (CET)