Arleuf château

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La Tournelle

Près des forêts, au sud ouest du bourg, on remarque le château de La Tournelle, castellum de Tornellâ, si connu à cause de l'illustre famille, aujourd'hui éteinte, dont il fut le berceau. Au 15e siècle, son aspect était formidable : tours crénelées, donjon hérissé de mâchicoulis, murailles épaisses, fossés profonds, lourd pont levis, chapelle castrale, tout annonçait la demeure d'un haut et puissant seigneur. Ses fortifications semblaient défier l'ennemi le plus résolu.

Néanmoins, l'armée de Louis XI, en guerre avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et comte de Château-Chinon, se présenta, au mois de juillet 1474, devant cette place et en forma le siège. Malgré les efforts d'une petite garnison, le château tomba au pouvoir de l'ennemi, qui le rasa. Arleuf fut brûlé et les habitants perdirent leurs biens en partie. On pense que ce château se trouvait alors dans le pré de La Mothe, où il existe des restes de fossés. Près de là est la fontaine de La Dame.
Reconstruit l'année suivante, le manoir ne présenta plus la même magnificence. Il est formé actuellement d'un grand corps de logis, flanqué de deux pavillons, et n'est que l'ombre de lui même. La longue avenue de tilleuls, par laquelle il communiquait avec Arleuf, fut abattue, en 1793, par l'acquéreur, Jean Marie Duvernoy, qui vendit aussi la belle grille de fer qu'on y voyait.
La terre de La Tournelle, seigneurie avec justice haute, moyenne et basse, était un ancien démembrement du comté de Château-Chinon, dont elle mouvait en plein fief. En cas d'aliénation, le suzerain percevait le quint denier en montant, c'est à dire, le quart du prix de la vente, « si mieulx il n'aimoit retenir ladicte terre en payant les loyaulx coûts ». Elle se composait de 14 domaines, d'une masse de forêts de plus de 8000 arpents et de 10 étangs servant au flottage.
Charles de La Tournelle la fit ériger en marquisat, au mois de juin 1680. Arleuf, Corancy, Chaumard et les chapelles de Beauregard et de Faubouloin formèrent les 5 clochers alors nécessaires pour une semblable érection. Sa haute justice prit le titre de bailliage et gruerie ; néanmoins elle continua de ressortir, par appel, à celui de Château-Chinon, et, de là, à l'exception de quelques familles, affranchies à titre particulier (Vincent Amyot et ses hoirs furent affranchis en 1506 - Jean Bonnot et les siens en 1547 - Jean Rollot en 1557 - Léonard et Montlevrain et se frères en 1555 - Guy de Fosse en 1577 - Philippe Baudeau, de la Vallée de Cours en 1578), étaient « mainmortables, serfs et de serve condition, corvéables et taillables à merci, une fois chacun an » ; ils n'échappèrent à cette triste condition qu'en 1789.
La seigneurie de La Tournelle appartenait, au 11e siècle, à la puissante maison de Château-Chinon, et formait ordinairement l'apanage du puîné de la famille. Seguin, le premier seigneur connu, qui en ait porté le nom, était un chevalier aussi distingué par sa piété que par sa noblesse. Il donna, en 1105, pour le remède de l'âme de Hugues, son père, et de celles de ses ancêtres, du consentement de Magnance, sa mère, de Guillaume le Fort, son beau père... à dieu et à St Martin de Nevers, les églises de Guipy, de St Germain et de St Didier sur Yonne, avec leurs dépendances. Pour reconnaître cette pieuse générosité, l'abbé de St Martin et les religieux du prieuré de Guipy l'admirent, lui et ses descendants et ascendants, en participation de leurs prières.
Seguin fut présent, en 1143, à la rédaction de la charte par laquelle Guillaume II, comte de Nevers, approuvait les dernières acquisitions du prieur de La Charité. L'année suivante, le premier jeudi de carême, in capite jejunii, il assista, au château d'Auxerre, à la donation que le comte fit aux religieux de St Marien. Il signa aussi une transaction, arrêtée par St Bernard, entre ce prince et l'évêque Humbault.
Au sortir de l'assemblée de Vézelay, en 1146, il se rendit dans sa terre de Biches, où il confirma, en présence de Geoffroy, évêque de Nevers, et d'un grand nombre de seigneurs, la donation qu'il avait faite aux moine de St Martin. Il y ajouta encore le 10e du droit de paisson des porcs dans ses bois de Guipy, d'Héry...

Poissons
Poissons, villa de Piscibus, dans une vallée, au nord d'Arleuf, était le siège d'une autre seigneurie en toute justice, qui reconnaissait la même mouvance. Elle appartenait aussi à la maison de La Tournelle, dont une branche prit ce nom. Etienne de La Tournelle, seigneur de Poissons, transigea, vers 1310, avec les enfants de Hugues de Diennat pour les droits prétendus par eux dans la maison de ce fief. Jean et Robert de Poissons en firent aveu au duc d'Athènes en 1351. Jean II, fils du premier, Hugues et Guillaume renouvelèrent ce devoir en 1396. Gillette, fille de ce dernier, porta cette seigneurie à Jean de Coussay, qui en prit le nom. Cette dame fit hommage, en 1444, pour Champfeur et Raunon.

Informations tirées de Le Morvand par Jean François Baudiau en 1867