Anne Charlotte Alixand griefs

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Elle était faite pour orner les pages de l'histoire romaine.

Le 4 Germinal an X (26 Mars 1802), Anne-Charlotte Alixand, épouse séparée de Jean-Baptiste-Charles Trutié Devarreux, et son avocat, maître Leblanc-Laborde, déposent au tribunal correctionnel de Nevers, pour servir d'introduction à un pourvoi en cassation, un mémoire imprimé de 34 pages, où ils retracent les torts et griefs reprochés aux frères Pierre et Alexandre Schmidt.

« Il est pénible pour une mère tendre et sensible de traduire au tribunal de l'opinion publique l'époux de sa propre fille ; de produire au grand jour les manoeuvres ourdies dans l'ombre du mystère, contre sa personne ; de révéler la scélératesse de son gendre, et la perfidie du frère de ce dernier ; de réclamer la protection des lois contre l'emparement injuste, fait à main armée, de son mobilier, et de provoquer, contre d'aussi graves attentats, toute la sévérité des tribunaux. Loin de nous le sentiment de la haine et le cruel plaisir de la vengeance. Une mère de cinq enfans leur doit tous les soins et ses affections ; sa conservation est attachée à leur sort ; et il est tems de mettre un terme à des entreprises que l'impunité rend audacieuses, et qu'une indulgence coupable pourrait rendre, pour l'avenir, plus condamnables. »

Après ce prologue, Anne-Charlotte expose sa situation : son mari l'a quittée en 1789 pour Saint-Domingue, et il n'a donné aucun signe de vie depuis cette époque ; « des circonstances impérieuses » l'ont forcée à divorcer ; elle a élevé difficilement ses cinq enfants. La beauté lui a été enlevée par une « maladie endémique qui résiste aux efforts de l'art et qui laisse après elle des traces désagréables » (la petite vérole). Mais c'est une femme de caractère : « Elle était faite pour orner les pages de l'histoire romaine ; elle sera sans doute le modèle des femmes fortes, et surtout de celles de la République française. »

Des avantages d'un amour aveugle à la déclaration incestueuse.

La vie était difficile ; elle devient un cauchemar à cause... d'un mariage.
Louise-Françoise-Aglaé, fille d'Anne-Charlotte, atteint ses quinze ans. Elle est demandée en mariage par un jeune homme supposé riche, Pierre Schmidt, dit Peterly (ou Peterlitz)[not 1] C'est le fils du maître-verrier Melchior Schmidt, qui a dirigé la Verrerie Sainte Catherine de Fours jusqu'à sa mort, en décembre 1793. Pierre Schmidt, ses frères Alexandre et Samuel, sa mère et son beau-père Claude-Louis Colombot dilapident les biens familiaux, et la Verrerie est menacée de faillite.

Pressée d'échapper à la surveillance de sa mère et de profiter de « tous les plaisirs, tous les joujoux et toutes les jouissances » de la vie, Louise-Françoise-Aglaé est « sourde et inflexible » aux avertissements d'Anne-Charlotte. Le mariage a lieu le 22 Vendémiaire an VI. Le jeune couple s'installe à Fours : un fils naît l'année suivante. Schmidt ne tarde pas de se rendre odieux à sa belle-mère. Comme ses affaires vont de mal en pis (la Verrerie est liquidée le 12 Messidor an VII), le jeune homme vient plus fréquemment à Decize. La fortune d'Anne-Charlotte l'intéresse. Mais il se heurte à François Richer, l'homme de confiance qui gère les terres de Villecourt et des fermes voisines[not 2]. Celui-ci a déjoué très vite les ambitions de Schmidt. Il réprouve les plaisirs bruyants, les dépenses et les beuveries auxquelles Schmidt et ses amis se livrent... aux frais d'Anne-Charlotte.

Pierre Schmidt veut que sa belle-mère se sépare de cet intendant trop soupçonneux. Il répand le bruit que Richer est l'amant d'Anne-Charlotte. Puis, changeant de tactique, il se montre assidu : « il joue auprès d'elle le rôle d'un amant, et il termine ce rôle éhonté par lui faire une déclaration de l'amour le plus passionné. O crime que la nature et la saine raison repoussent ! La dame Alixand ne voit plus dans cet énergumène qu'un monstre, un incestueux. »

Schmidt ne s'avoue pas vaincu. Profitant de l'absence de sa belle-mère, il se fait délivrer les clefs de la maison de Decize et dérobe des meubles, de l'argent, des bijoux, pour une valeur de 18000 livres. Il prétend que c'est la part de son épouse.

Jacquinet, un homme de main bien maladroit...

Pierre Schmidt, désœuvré après la liquidation de la verrerie, s'adonne à la chasse avec Jacquinet, un ancien garde-chasse qu'Anne-Charlotte a renvoyé « pour cause de vols et de concussions ». Il n'a pas de mal à persuader ce pauvre bougre de tuer son ancienne maîtresse, mais Jacquinet n'est pas discret : un ouvrier agricole, qui a surpris des conversations entre Jacquinet et Schmidt, prévient Anne-Charlotte.

L'attentat a lieu un soir de Messidor an VIII : « La dame Alixand revenait de Decize, accompagnée de Charles Dewarreux, le plus jeune de ses fils ; elle suivait à pied cet enfant monté sur une bête asine ; il fut le premier qui aperçut Jacquinet armé d'un fusil double, qui se tenait en embuscade à la hauteur d'un champ, vis-à-vis la maison de Villecourt. La nuit était déjà fermée, mais le ciel était pur et serein, et à ce moment il était impossible de voir le gibier pour l'atteindre : on apercevait néanmoins les mouvemens de Jacquinet. Cet homme descend avec précipitation à la hauteur du champ ; Charles pâlit et s'écrie, accablé de frayeur : « Maman, maman, prends garde à toi ! Jacquinet vient sur toi pour te tuer ! Avançons le pas.

Ce ne serait pas le moyen de s'en garantir.
Maman, j'ai bien peur ; il va te tuer ! Que deviendrons-nous ?
Ne crains rien. »

[...] Jacquinet tenait son fusil dans un état prêt à partir ; il arrive à demi-portée : la dame Alixand se retourne vers lui et lui demande, d'un ton ferme, ce qu'il veut. « Ma-ma-madame » ; il s'interrompt, laisse tomber involontairement son fusil sur la crosse, prend son chapeau d'une main tremblante, et répète : « Ma-ma-madame, c'est pour avoir l'honneur de vous saluer et savoir de vos nouvelles... Je n'ai pas besoin de votre bonsoir ni de l'intérêt que vous prenez à ma santé ; suivez votre chemin; celui que je parcours n'est pas le vôtre. »

Jacquinet remet son chapeau, reprend son fusil, coupe à travers champ, revient vers le chemin, et fait mine de tirer sur Anne-Charlotte, puis il désarme son fusil et s'enfuit... L'alerte a été chaude. L'ancien garde-chasse est dangereux, il a déjà tenté d'assassiner le citoyen Blondat-Delevanges[not 3]. Et les domestiques de Villecourt, qui le connaissent bien, disent : « Ils l'ont manquée aujourd'hui, ils ne la manqueront pas une autre fois... »

Pierre Schmidt laisse éclater son dépit, lorsqu'il rencontre Jacquinet le lendemain matin : « Eh bien, tu n'as donc pas fait ce que tu sais bien ? Et la g... vit encore ! Sa contenance ferme m'en a imposé ; elle n'a pas eu peur ; elle est trop intrépide pour moi. »

Le complot fait une victime innocente : une vieille femme indigente, qui a surpris les deux conjurés. Jacquinet et son épouse la pourchassent et lui assènent une volée de coups de bâtons. C'est un fermier qui lui sauve la vie : il la recueille chez lui et s'apprête à porter plainte auprès du juge de paix de Decize. Redoutant un scandale, Pierre Schmidt verse une modique somme : « Cette femme se tait, et le crime reste impuni. »

Ô faiblesse du cœur ! ô pusillanimité d'une femme crédule et trop confiante !

Anne-Charlotte est fatiguée. Elle avait dû soigner Richer et sa femme, gravement malades, quelques mois plus tôt. Maintenant, les fatigues, les soucis, les difficultés financières viennent à bout de sa résistance : elle est frappée par la variole. Pierre Schmidt revient à des sentiments plus humains (il espère peut-être que la maladie le débarrassera de sa belle-mère).
Mais Anne-Charlotte guérit. C'est alors que survient le frère de Pierre Schmidt, Alexandre. Il habite à Rosières, entre Saint-Léger et Sougy ; il est marié avec Louise Cognet, mais il aime secrètement Anne-Charlotte.

Alexandre vient de plus en plus souvent à Villecourt ou à Decize : il se montre prévenant, il promet d'apaiser le caractère impétueux de son frère, il est galant. Un jour, il se jette aux genoux d'Anne-Charlotte : « La dame Alixand plaisanta de cette déclaration chevaleresque » et elle défend à sa fille de recevoir le séducteur... Alexandre est astucieux et perfide. Il revient sous prétexte de chasse dans les bois de Villecourt; il ne demande rien qu'une petite collation. Puis il demande à coucher, car il est trop loin de son logis... Après quelques visites impromptues, « Alexandre est admis, il est aux petits soins ». La dame Alixand révise son jugement : ce jeune homme n'est pas aussi mauvais que son frère, il parle bien, il est cultivé... « Il crut être vainqueur... Ici la dame Alixand ne craindrait pas d'avouer sa faiblesse, si elle avait été réelle, pour faire rougir Alexandre... »

L'amoureux déçu oublie vite les bonnes manières ; il se comporte en goujat : il se vante d'avoir ajoutée Anne-Charlotte « au tableau des femmes attachées à son char » (variante de la liste de Don Giovanni). Il colporte partout les bruits les plus infamants, il distribue des lettres qu'il a volées à Anne-Charlotte. Celle-ci regrette la « faiblesse du coeur » et sa crédulité, mais il est trop tard. Les deux frères se moquent publiquement d'elle, et ils engagent des voisins à lancer des pierres sur ses fenêtres, croyant révéler à tout Decize l'infamie de sa conduite.

Pierre Schmidt se déchaîne : il tue les animaux domestiques et les oiseaux qu'Anne-Charlotte et ses enfants élèvent ; il saccage les plantations récentes, il accourt « avec une meute de chiens courans » et des spadassins « pour faire beaucoup de bruit, déranger l'ordre de la maison et marteler la tête de quatre convalescens

Un essaim de frelons malfaisans.

Anne-Charlotte n'en peut plus : elle libère les chiens de chasse qui « tracent à leurs maîtres le chemin de Rosières ». Elle croit expulser cet « essaim de frelons malfaisans ». Elle ne fait qu'exacerber leur haine. Pierre et Alexandre Schmidt organisent un second attentat. Prétextant des préparatifs de chasse, Pierre Schmidt inspecte tous les fusils de la famille ; il saisit l'arme personnelle de sa belle-mère, s'isole dans une chambre, et « fait entrer de vive force une cheville dans le canon, qu'il recouvre d'une bourre et d'une charge de plomb ». Ainsi, lorsque la dame Alixand voudra tirer, le canon explosera et elle sera tuée...

Encore une fois, c'est l'imprudence de Pierre Schmidt qui fait déjouer le piège : il n'hésite pas à montrer le canon à Alix, la plus jeune fille d'Anne-Charlotte, et il lui dit par vantardise : « Si elle tire comme cela, il lui crèvera le ventre, et nous en serons débarrassés. » L'enfant prévient son frère Charles, qui alerte sa mère. Anne-Charlotte dépose le fusil chez un armurier de Nevers, qui le démonte et trouve la cheville dans le canon. Cette fois, tout porte à prouver que Pierre Schmidt a voulu tuer sa belle-mère.

Anne-Charlotte Alixand convoque les deux frères, qui viennent accompagnés de leurs épouses et de la dame Cognet (belle-mère d'Alexandre) ; elle leur expose longuement la conduite ignoble des deux jeunes gens, les attentats contre sa vie. Alexandre semble surpris : « Je n'osais croire mon frère aussi scélérat ».

Pendant quelques semaines, les frères Schmidt cessent d'importuner Anne-Charlotte. Louise-Françoise-Aglaé est à nouveau enceinte ; elle vient accoucher d'un second enfant chez sa mère[not 4]. « Peterlitz parut tranquille pendant quelques jours ; mais bientôt des idées noires réveillèrent sa frénésie ».

La soirée du 29 brumaire An X.

Quittons l'Exposé pour lire le procès-verbal du juge de paix. Le 30 brumaire An X, la querelle entre Anne-Charlotte Alixand et son gendre devient une affaire judiciaire. Le juge Donjan, assisté de son greffier, se rend chez Anne-Charlotte, qu'il trouve « gisante dans un lit ». Le citoyen Terreux, officier de santé à Decize, et le pharmacien Martinat la soignent ; ils ont constaté les blessures suivantes : « une plaie située sur la partie moyenne du nez, de 5 lignes de longueur sur 2 de largeur[not 5], une excoriation sur l'aile gauche du nez, de 8 lignes de longueur sur 3 de largeur, une contusion de deux pouces de circonférence avec plaie de 8 lignes sur 6 lignes, à l'arcade sourcilière, trois contusions sur la région de la suture sagittale près de la réunion avec la coronale, sur l'omoplate droit, sur la région lombaire[not 6]». C'est Pierre Schmidt qui a causé toutes ces blessures. Anne-Charlotte raconte les faits qui se sont déroulés dans sa maison de Decize.

« Le 29 Brumaire environ les huit heures du soir, étant réunie avec ses enfants et s'amusant à jouer du violon, le citoyen Pierre Schmidt dit Peterly, son gendre, sans aucune provocation, lâcha les propos les plus infâmes à la dame Louise-Françoise-Aglaé Devarreux son épouse. La plaignante [Anne-Charlotte] fit pendant très longtemps la sourde oreille, espérant toujours voir cesser les propos injurieux lâchés par ledit Schmidt à son épouse. Voyant qu'il ne finissait pas, elle lui dit qu'il était temps que cela cessât. Le citoyen Schmidt répondit qu'il ne voulait finir, qu'il continuerait tant que cela lui ferait plaisir, qu'il était chez lui et qu'il se moquait d'elle. La dame Devarreux voulut le faire sortir, ledit Schmidt lui donna un coup de poing, la renversa par terre, ainsi qu'un de ses enfants. A l'instant même, Schmidt se saisit d'une bouteille d'une pinte en verre noir à peu près pleine,[not 7]la lança et la cassa sur la tête de ladite dame Devarreux, en disant qu'il y avait longtemps qu'il lui gardait ce coup-là. La dame Devarreux se trouva baignant dans son sang ; elle s'est cependant trouvé assez de force pour vouloir le mettre à la porte. Schmidt se saisit alors d'un flambeau en cuivre doré et se disposait à le lancer à la tête de la dame Devarreux, sans l'opposition qu'y apportèrent le femme dudit Schmidt et les autres enfants de ladite dame Devarreux. Ledit Schmidt menaça de mettre le feu. Ayant entendu crier à l'assassin, les voisins se sont rendus chez la dame Devarreux. Schmidt s'esquiva et se sauva[1]»

Le juge de paix transmet le dossier au Tribunal civil de Nevers.

Lors de l'audience du 24 Frimaire suivant, huit témoins confirment que la dame Devarreux a été agressée par son gendre. Pierre Schmidt est absent ; son avocat, maître Louis Archambault-Ducarroy, plaide la trop grande vivacité d'un client qui aurait été provoqué ; madame Devarreux aurait voulu lui porter des coups de couteau ! S'il n'est pas venu à Nevers, c'est parce qu'il a une grande plaie à la main !

Le commissaire du gouvernement est révolté par le scandale. Schmidt a tous les torts. Aucune circonstance atténuante ne saurait être invoquée, car le premier devoir des enfants est de respecter leurs père et mère (et belle-mère). Le tribunal condamne Pierre Schmidt à dix francs d'amende envers la République et à dix jours d'emprisonnement, lui fait défense de récidiver à l'avenir et le condamne aux dépens taxés à 125,90 F.

La nuit du 2 au 3 frimaire.

Condamné pour coups et blessures, Pierre Schmidt a aggravé son cas en cambriolant la maison de sa belle-mère. Celle-ci était à Decize « dans un état d'angoisses et de souffrances. » Pierre Schmidt avait rejoint son frère Alexandre à Rosières. Pendant la nuit du 2 au 3 frimaire, quelques jours seulement après l'agression, ils avaient fait venir deux charrettes à Villecourt « pour enlever le meilleur et le plus beau mobilier ». Les cambrioleurs repartaient tranquillement quand un salarié agricole les vit. L'homme se précipita à Decize, raconta tout à Anne-Charlotte. Malgré l'opposition des enfants Devarreux, les charretiers ont pris la route de Rosières.

Une procédure qui s'enlise.

Le conflit se prolonge pendant plusieurs mois : le juge Donjan ne vient constater le délit que quinze jours plus tard. Les fermiers d'Anne-Charlotte, encouragés en sous-main par les frères Schmidt, contestent les fermages : Simonnet, fermier de Saisy, Jean et Denis Rogue, fermiers du domaine Villecourt sont plusieurs fois cités en justice. Si l'huissier Gaudry parvient à faire entendre raison au citoyen Simonnet, les Rogue réussissent à détourner une partie du cheptel, avec la complicité des experts et des juges et Anne-Charlotte est condamnée aux dépens de ce nouveau procès.

Le procès contre Pierre Schmidt est rejugé au tribunal criminel le 5 Ventôse. Le ministère public requiert un emprisonnement de dix mois et une amende beaucoup plus élevée que les dix francs de la première condamnation. Mais le tribunal refuse les dommages et intérêts que réclame Anne-Charlotte. C'est alors qu'elle envisage de se pourvoir en cassation, et qu'elle rédige son Exposé.

La dispersion et les lacunes des dossiers judiciaires nous empêchent de connaître le dénouement de cette affaire. Louise-Françoise-Aglaé, qui recherchait le bonheur, les amusements et le luxe, a obtenu le divorce, et Pierre Schmidt s'est remarié le 15 février 1813 à Ternant, avec Jacqueline-Sophie Guillemain. Alexandre Schmidt, résidant à Sougy, a géré ses fermes et ses bois pendant l'Empire et la Restauration, sans oublier d'aller régulièrement se plaindre aux juges de ses voisins, mitoyens et envahissants[2].

Anne-Charlotte n'a peut-être jamais été dédommagée, mais la conclusion de son Exposé situe la véritable justice à un autre niveau : « De quel œil le Tribunal Suprême verra-t-il la conduite des frères Schmidt ? D'un côté l'ingratitude personnifiée, de l'autre la déception la plus perfide... » Jusqu'à la fin de sa vie, elle a connu bien d'autres déceptions, d'autres procès avec ses voisins[not 8], elle a eu la douleur de perdre deux de ses trois fils dans les guerres napoléoniennes, elle a eu la surprise d'apprendre en 1818 que son ex-mari était vivant et remarié à Londres.

Anne-Charlotte Alixand, « modèle des femmes fortes », n'a cessé de se battre pour diriger elle-même son destin, pour gérer ses biens, pour assurer à ses garçons une carrière, à ses filles un avenir heureux (mais Louise-Françoise-Aglaé ne l'avait pas écoutée !) Elle s'est éteinte à Decize le 23 juillet 1843 ; elle avait 85 ans[3].

Sources


Notes et références

Notes

  1. Pierre Schmidt est né le 28 janvier 1776. Il s'est marié une première fois le 14 Prairial an II avec Anne-Eléonore Ducrest, fille d'Emiland Ducrest et de Louise-Geneviève de Palierne. En l'an VI, il est veuf.
  2. François Richer, originaire de Rouen, demeure à Villecourt ; il a 40 ans, il est marié avec Marie-Victoire Thibault.
  3. Guillaume Blondat de Levanges, homme de loi, qui sera maire de Decize pendant le Premier Empire.
  4. Pierre-Julien, né le 6 Brumaire an X à Decize.
  5. Une ligne = 2,25 mm (un douzième de pouce) ; un pouce = environ trois centimètres.
  6. Sommet du crâne, la suture sagittale réunit les pariétaux, la suture coronale fait le tour de la calotte crânienne.
  7. Une pinte = environ un demi-litre.
  8. Par exemple, l'affaire Peny-Dewarreux, une sordide affaire de mitoyenneté, entre 1823 et 1825. Cf. Minutes du notaire Alexis Charpin, A.D.N, cote 3 E 39-245-249.

References

  1. Tribunal civil de Nevers, procès-verbal de l'audience du 24 Frimaire An X, Devarreux contre Schmidt, A.D. Nièvre, cote 3 U 5-1423.
  2. Plusieurs affaires relevées autour de 1832. Registres de la Justice de Paix de Decize, A.D. Nièvre.
  3. Texte publié dans les Mémoires de la Société Académique du Nivernais, tome XXVII, 2002, p. 57-80.