Affaires au 19ème siècle 2

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche

1834 - Assassinat à La Nocle

Le 16 de ce mois, un cadavre a été retiré d'un étang situé près de la commune de La Nocle, canton de Fours, arrondissement de Nevers. M. le juge de paix et la gendarmerie de ce canton, accompagnés d'un médecin, se sont transportés sur les lieux pour procéder à la levée de ce cadavre, qui a été reconnu pour être celui du sieur Sartarin, propriétaire à Chatay, commune de Savigny Poil Fol, canton de Luzy, qui depuis le 6 du courant était disparu de son domicile.

D'après l'autopsie qui en a été faite, il a été suffisamment établi que la mort dudit Sartarin est l'effet d'un crime, qu'elle a été occasionnée par une commotion au cerveau, suite de deux fortes contusions sur la tête, par la strangulation et une fracture d'os à la poitrine ; l'opinion de l'officier de santé est que cet homme était sans vie lorsqu'il a été jeté dans cet étang.

Jusqu'à ce jour, les auteurs de cet assassinat sont inconnus ; mais de graves soupçons planent sur la femme Gros de Roche, avec laquelle le sieur Sartarin vivait en concubinage depuis nombre d'années, dont il eut plusieurs enfants, en faveur desquels il avait disposé de sa fortune par testament.

Peu de temps avant cet événement, qui a été dénoncé à M. Le procureur du Roi de Nevers, il existait une très-grande mésintelligence entre cet homme et cette femme qui, dans la crainte que le sieur Sartarin fasse casser son testament, par suite des menaces qu'il faisait journellement, aurait prémédité l'infâme projet de commettre ce crime ; et l'on pense que pour en assurer l'exécution, elle se serait servie du sieur Fontenet, fermier de la victime, avec qui il était brouillé, aidé par les nommés Gaudard François père, et Gaudard François fils, ses domestiques.

  • Le Journal de la Nièvre, n°7 27 avril 1834

L'affaire est jugée en cours d’assises le 18 décembre. La victime a été assommée par Jean Godard, Fontenette et Deline avec un coup de joug ; Fontenette condamné aux travaux forcés à perpétuité, Deline et Godard à 5 ans de travaux forcés, Godard père acquitté.

Note : Variations dans l'orthographe des patronymes et les prénoms, vérifier et compléter avec dossiers d'assises.

  • Texte communiqué par Pierre Volut

1844 - Tué pour des griottes

Le 12 juillet dernier, Joseph Garnier, honnête villageois de Montsauche, jeune homme irréprochable et de mœurs paisibles jusque là, s'il faut en croire tous les témoignages, s'en était allé dans son héritage, où il s'amusait à cueillir des griottes sur un arbre implanté, à ce qu'il paraît, sur le terrain de son voisin Lépée, mais que Garnier considérait comme mitoyen.

Survint Lépée, qui trouva fort mauvais que le voisin cueillît ses griottes, et lui intima l'ordre de descendre de l'arbre. Comme Garnier ne paraissait pas tenir grand compte de l'injonction, Lépée se mit à lui jeter des pierres pour l'activer ; Garnier descendit de l'arbre, s'approcha de Lépée et lui dit : « Si je ne respectais pas votre âge, je vous donnerais des siufflets. » Mais il ne frappa point.

Lépée, qui avait 55 ans et qui trouvait sans doute la lutte inégale avec un homme de 32 ans, se retira sans pousser la chose plus loin, et Garnier remonta sur son arbre.

Mais Lépée ne tarda pas à revenir, accompagné de sa femme, armée d'une pioche. Lui-même était porteur d'un goyard et d'un fourchet en bois, qu'il avait apportés la première fois dans l'intention de s'en servir pour garnir d'épines ce même arbre, objet de la querelle.

La femme Lépée, en arrivant, commença par injurier Garnier, des injures passa aux voies de fait et, comme son mari, se mit à jeter des pierres à Garnier. Celui-ci, irrité, descendit encore une fois de l'arbre et saisit Lépée au collet. Lépée se voyant maîtrisé cria à sa femme : « Puisqu'il touche, touche donc !... » et malheureusement la femme, trop docile, toucha, et porta deux coups de pioche sur la tête de Garnier. Se sentant frappé, voyant son sang couler, Garnier lui arracha la pioche, en porta à son tour un coup à Lépée et s'enfuit.

Poursuivi par les époux et leur fils qui était survenu à leurs cris, Garnier fut atteint et renversé d'un coup de pierre dans sa fuite. Il se releva, parvint à sa maison, et fut obligé de s'armer d'une hache et d'en menacer ses antagonistes pour les contraindre à s'éloigner.

Les blessures qu'il avait reçues étaient sans gravité ; elles ne l'empêchèrent point de se livrer à ses occupations habituelles. Mais il n'en fut pas de même de Lépée. Forcé dès le premier jour de se mettre au lit, il ne devait plus s'en relever : huit jours après il expirait.

L'autopsie du cadavre démontra que la blessure faite et avouée par Garnier était indubitablement la cause de la mort. Cependant le médecin qui avait visité le malade, sur la réquisition du juge de paix, émit cette opinion que, peut-être, si le malheureux Lépée eût reçu des soins assidus, s'il se fût soumis à un régime convenable, si, comme cela se pratique presque tous les jours à la campagne, le médecin n'eût pas été appelé seulement alors que les secours de l'art ne pouvaient plus rien pour lui, peut-être il eût échappé à la mort.

[...] Les jurés ont déclaré Garnier non coupable.

Ajoutons qu'il est déplorable de penser qu'un homme a été tué pour avoir voulu conserver la possession de quelques cerises sauvages !

  • Cour d'assises de la Nièvre, L'Echo de la Nièvre, jeudi 29 août 1844
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1855 - Infanticide à Oisy

La cour d'assises de la Nièvre juge une mère infanticide. Anne Garceau, domestique à Oisy, a caché sa grossesse, puis dans la nuit du premier au 2 février, elle a accouché secrètement, tenté de décapiter le bébé et l'a jeté dans un puits. C'est sa logeuse, la veuve Badin, qui a découvert une abondante flaque de sang dans un pré et l'empreinte de deux genoux. Anne Garceau a reconnu son forfait. Le cadavre de l'enfant a été retiré du puits et examiné par médecin qui a constaté qu'il était né viable et qu'il avait eu le cou entaillé. Anne Garceau est condamné aux travaux forcés à perpétuité.

  • 8 mars 1855
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1861 - Un crime mystérieux à Decize

On s'entretient beaucoup en ce moment dans le canton de Decize d'un crime qui aurait été commis le 2 février courant, dans les environs du village de Saint-Maurice. Ce jour-là, en effet, on trouvait vers neuf heures et demie du matin, le nommé Mathieu (Étienne), charretier chez M. Ehrard, à Decize, étendu dans un des fossés de la route de Gannay à Decize, près de la borne kilométrique n°34. Cet individu, qui poussait des cris déchirants, avait les vêtements couverts du sang qui s'échappait abondamment de son oreille gauche.

On essaya le lui prodiguer des secours, mais il repoussa les personnes qui s'approchèrent de lui, et il se remit en route en refusant de faire connaître quelle était la cause de ses blessures. Il avait trop présumé de ses forces, car arrivé à un kilomètre de Saint-Maurice, se sentant défaillir, il entra dans la maison d'un nommé Sourd. À peine en avait-il ouvert la porte qu'il s'affaissa sur lui-même en s'écriant : « C'est le Diou qui m'a battu. » Ce furent les seules paroles qu'on put lui faire prononcer. À trois heures et demie il rendait le dernier soupir.

M. le commissaire de police de Decize, prévenu, se rendit sur les lieux, accompagné des docteurs Roy et Desautières qui, après avoir fait l'autopsie du cadavre, déclarèrent que la mort de Mathieu avait été déterminée par un coup asséné sur la tempe gauche à l'aide d'un instrument contondant.

Les quelques paroles prononcées par Mathieu avant de mourir prouvent qu'il a été victime d'une agression ; mais le nommé Diou, qu'il désigne comme l'ayant battu, n'est pas connu dans le pays. Qui peut alors être l'agresseur ? Espérons qu'il n'échappera pas à la police. Mathieu, né à Saint Germain Chassenay, n'était âgé que de trente ans.

  • Le Journal de la Nièvre, 7 février 1861
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1861 - Assassinat à Saint Brisson

On nous écrit de Château Chinon :

« Dans la soirée du 7 courant, un nommé Claude Jeannin se présenta au domicile d'un sieur Lazare Râteau, cultivateur à Brassy, et lui annonça que son gendre, demeurant à l'Hâte-au-Sergent, commune de Saint Brisson, arrondissement de Château-Chinon, était dangereusement malade et désirait le voir le plus promptement possible. Râteau, sans plus réfléchir, se hâta d'emprunter la voiture et le mulet de l'un de ses voisins, prit probablement quelque argent et partit avec Jeannin. Vers huit heures et demie du soir, on les vit passer dans le bourg de Saint Brisson, assis côte à côte sur le siège de la voiture empruntée, et s'engageant dans le chemin difficile de l'Hâte-au-Sergent.

Que se passa-t-il, à quelque temps de là, entre ces deux hommes, voyageant ainsi dans une contrée déserte et au milieu des ténèbres que rendaient encore plus épaisses les bois du haut Morvand et ses profondes vallées ? C'est malheureusement ce que, trois jours après, on ne comprit que trop, en découvrant, à deux kilomètres de Saint Brisson, et près du chemin de ce bourg à l'Hâte-au-Sergent, le cadavre mutilé de Râteau. La tête de ce malheureux était littéralement hachée ; la carotide, profondément ouverte, semblait l'avoir été d'une main reposée et comme pour bien assurer le trépas. Près du corps, un assez fort couteau, l'un des instruments du crime, avait été abandonné. Déjà les animaux commençaient à s'approcher du cadavre, et leur dent avait même entamé la figure, sans que pourtant, dans leurs lugubres visites, ils aient déplacé le corps ni dérangé les vêtements ; la blouse de Râteau, relevée sur le côté droit, laissait encore voir la poche détournée de son habit ; on ne trouva plus sur lui qu'un chapelet, dédaigné par l'assassin, et qui témoignait, sans doute, des soins pieux que le malheureux Râteau, sous l'impression des tristes pressentiments que Jeannin lui avait perfidement suggérés, croyait avoir à rendre au prétendu mourant, auprès duquel il mettait un empressement si louable, mais si imprudent à se rendre.

C'était, en effet, une grande imprudence que d'entreprendre, à pareille heure, de voyager avec un compagnon de route trop justement redouté de tout le pays et à travers une contrée si favorable à l'exécution des mauvais desseins. Il fallait que le pauvre Râteau connût bien mal Jeannin ou que sa douleur ne lui permît plus de réfléchir.

Cet individu, du reste, a déjà commis une longue série de crimes dont la gravité va toujours en augmentant. Poursuivi, en effet, par plusieurs parquets sous l'inculpation de nombreux vols qualifiés, il a été, en outre, signalé récemment par le parquet de Soissons comme ayant commis, dans cet arrondissement, un incendie volontaire suivi de vol.

Jeannin est brun, fort, assez grand et paraît avoir au moins trente ans, quoiqu'il n'en ait que vingt-six. Il parle vite et avec l'accent très-prononcé du Morvand. La nuit même du crime, il couchait à Saulieu, et en partait le lendemain matin, par la route de Dijon, voyageant avec la voiture et le mulet empruntés par Râteau. »

  • Le Journal de la Nièvre, 16 novembre 1861
  • Relevé par Pierre Volut janvier 2022

1871 - Le drame de l'hôtel Lavy à Nevers

Hier, dans la soirée, le sieur Autier, âgé de quarante ans, employé des contributions indirectes dans le département de l'Aisne, arrivait à Nevers par le chemin de fer avec sa femme et ses deux enfants, âgés, l'un de trois ans et demi, l'autre de treize mois. Il venait de Clairvaux (Jura), où il s'était retiré chez son père, propriétaire aisé, au moment de l'invasion de Braisne, où il avait sa résidence. Il retournait à son poste et était descendu à l'hôtel Lavy, près de la gare, pour y passer la nuit, et reprendre ce matin le chemin de fer.

L'hôtel Lavy n'est fermé qu'à une heure avancée de la nuit et s'ouvre plus tard dans la matinée. Autier, voulant sortir le matin, s'était fait monter une bouteille de vin. Vers six heures, ce matin, il en but un verre et alla se promener. À son retour, il trouva la porte fermée et, ayant attendu quelque temps pour se la faire ouvrir, il entra dans une violente colère.

Que se passa-t-il entre sa femme et lui ? Toujours est-il qu'on entendit bientôt les détonations successives d'une arme à feu. Quand on pénétra dans la chambre, un spectacle affreux frappa les regards. Autier avait tiré deux coups de revolver sur sa femme, qui respirait encore ; il avait tué de cinq coups de la même arme ses deux enfants, et enfin il s'était brûlé la cervelle en s'appliquant son arme sur l'oreille droite.

On assure que les blessures de Mme Autier ne sont pas mortelles ; mais quelle horrible douleur pour la malheureuse épouse, pour la pauvre mère !

On dit qu'Autier était d'un caractère violent. Dans le wagon il aurait eu de fréquentes altercations avec sa femme. Des voyageurs qui se trouvaient dans le même compartiment supposaient qu'il répugnait à Autier de retourner à son poste, tandis que sa femme s'efforçait de l'encourager à se remettre au travail.

P.S. Nous recevons de nouveaux détails sur cet horrible assassinat. Autier avait beaucoup bu hier soir. Après dîner, il était sorti, et, en rentrant à l'hôtel, il s'était assis dans l'une des salles et n'avait pas tardé à s'assoupir sur sa chaise. En remontant dans sa chambre, il avait emporté une bouteille de vin.

Pendant la nuit, à de fréquentes reprises, on l'aurait entendu se disputer avec sa femme. […] Mme Autier a été transportée à l'hospice.

  • Le Journal de la Nièvre, 16 mars 1871
  • Relevé par Pierre Volut avril 2022

1871 - La passion bestiale de Gabriel Vaché

Le 8 juin 1871, c'est la fête patronale à Anlezy. Les femmes Pasquet sont venues de Nevers avec leur petit âne. Elles vendent des gâteaux, des confiseries et tiennent une loterie. Le 9 juin, vers deux ou trois heures du matin, elles reprennent la route de Nevers. C'est alors qu'elles croisent Gabriel Vaché, un jeune ouvrier agricole de 23 ans, qui se rend chez ses parents à Ville les Anlezy.

Les femmes Pasquet l'auraient traité de mandrin et l'insulte a rendu fou ce garçon que son entourage décrit comme dur, brutal, peu intelligent. Il rejoint le domicile familial, refuse de manger la soupe que lui propose sa mère, saisit le fusil accroché à un clou et part sans répondre aux questions de son père. Ce dernier lui emboîte le pas mais il est très vite distancé. Quelque temps plus tard, il entend un coup de feu du côté d'Anlezy ; il pense d'abord que son fils braconne, puis il presse la marche, craignant un suicide de son fils.

Quand le père Vaché arrive sur les lieux du drame, il s'écrie : « Nous sommes déshonorés ! Mon fils a tué une femme ! » En fait, il y a deux cadavres. La femme Pasquet gît étendue au milieu de la route, la face contre terre, le crâne fracassé. Quelques mètres plus loin, dans le fossé, sa fille est couchée, la tête relevée sur le talus, le corps replié et dénudé des pieds à la ceinture. Non loin de là, le fusil est démonté : la crosse a servi à tuer la jeune fille et, sans doute, à achever la mère. Le meurtrier s'est enfui dans les bois.

Gabriel Vaché n'est pas loin. Pendant cinq jours, il erre, se nourrit de fruits sauvages et rôde autour de la maison familiale. Les gendarmes le retrouvent et le conduisent en prison. Le procès a lieu le dix août. Vaché adopte un système de défense incohérent. Il prétend d'abord qu'il se rendait à Imphy pour se faire embaucher et qu'il a dû se battre contre un agresseur inconnu ; l'agresseur n'existant pas, il reconnaît qu'il a été insulté à plusieurs reprises par deux femmes, qui se seraient jetées sur lui. La cour d'assises le condamne aux travaux forcés à perpétuité. Dans les conclusions du tribunal, le motif reconnu du double assassinat est le viol, « le désir effréné d'assouvir une passion sauvage et bestiale. »

  • Pierre Volut, Decize et son canton au XIXe siècle.

1871 - Féminicide

A Saint-Laurent, près de Cosne, un mari a tué sa femme, dans les circonstances suivantes :

Cet homme rentrant chez lui, après son travail, s'arrêta dans un cabaret qui se trouvait sur sa route. Sa femme vint le chercher pour déjeuner, et elle n'obtint qu'à grand peine qu'il quittât le cabaret. Rentré chez lui, il engagea une violente dispute envers sa femme, à la suite de laquelle il saisit un couteau et la frappa dans l'aine. L'artère ayant été coupée, la mort a été instantanée.

Le meurtrier est allé se constituer prisonnier.

  • Le Petit Journal du 31/08/1871

1873 - Macabre découverte à Devay

Le matin du 15 août 1873, les voisins de la femme Caron découvrent son cadavre gisant au milieu d'une chambre. Elle était seule chez elle. Son mari l'avait quittée la veille pour se rendre à Decize où il avait des affaires importantes à conclure. Le docteur Gros et les gendarmes de Decize examinent la malheureuse qui porte quatre blessures à la tête, dont trois ont fracturé le crâne. Ces coups ont été donnés par un objet contondant, que les enquêteurs ne peuvent encore déterminer.

Près du cadavre, une armoire est ouverte. Du linge est éparpillé sur le sol. Lorsque le mari revient, il constate qu'une somme de 650 francs a été dérobée ; les billets étaient cachés entre deux piles de draps. Seul un familier de la maison a pu commettre ce vol et cet assassinat.

1874 - Le conseil de guerre ne badine pas avec les incendiaires

Un soldat de 2ème classe au 67ème de ligne, le nommé Edme Thévenard, vient de comparaître devant le conseil de guerre de la 19ème division à Bourges, pour répondre d'un crime qui remontait à juin dernier.

A cette époque, il se trouvait en congé dans son village natal, à Lurcy le Bourg. Il est assez ordinaire que les soldats sollicitent des vacances ; ce qui est fort rare, heureusement, ce sont les motifs analogues à celui qui avait dicté la demande de congé d'Edme Thévenard.

Thévenard, en effet, n'était parti en permission que dans le but bien arrêté d'incendier quelques-unes des granges de Lurcy le Bourg. Si jamais je retourne au pays, l'avait-on plusieurs fois entendu dire au régiment, je ferai un grand coup pour devenir riche ou bien aller au grand pré (au bagne). Il se trompait dans ses prévisions.

Le crime d'incendie a été établi par des preuves irrécusables ; en outre, le jeune soldat avait dénoncé comme coupable un honnête cultivateur du voisinage qu'il avait vu s'enfuir, assurait-il. Ce brave homme n'a pas eu de peine à établir son alibi.

Edme Thevenard a été condamné à mort.

  • Le Petit Journal du 11/03/1874

1882 - Le drame de Château Chinon

Le même jour [lundi 20 mars], une rixe a eu lieu à Château Chinon, entre les nommés Jean-Marie MOREAU et Pierre SADORGE, âgé de 33 ans, couvreur. Au cours de la lutte, ce dernier reçut de son adversaire un coup de couteau qui lui trancha une artère de la cuisse.

Transporté à son domicile, il rendait le dernier soupir 6 heures après. MOREAU a été immédiatement arrêté.

  • Le Journal de la Nièvre - 22/03/1882

Nous sommes en mesure, aujourd'hui, de compléter les renseignements que nous avions reçus mardi sur le meurtre commis à Château Chinon sur la personne du sieur Pierre SADORGE.

Dans la nuit de dimanche à lundi, une rixe avait lieu entre les sieurs MOREAU, cultivateur aux Gargouillas, et Pierre BERNIER, garde-champêtre de la commune de Chateau-Chinon-Campagne. Plusieurs personnes qui passaient à quelque distance des combattants, entre autres les nommés SADORGE, DIOTDOLENSKI et NAVETTE, voulurent s'interposer pour mettre fin à la lutte. MOREAU, armé d'un couteau, tourna alors sa colère contre eux.

SADORGE, on le sait, blessé mortellement à l'aine, s'affaissait, perdant tout son sang. Pendant ce temps, ses camarades cherchaient à maintenir MOREAU, mais à leur tour, ils furent frappés, l'un au bras droit, l'autre dans les reins et au bras.

Néanmoins, leurs blessures, quoique graves, ne mettent pas leurs jours en danger. Le malheureux SADORGE laisse une veuve et 4 enfants à bas âge.

  • Le Journal de la Nièvre – 24/03/1882

1882 - L'assassinat du Mont-Chenu

Dans la nuit de samedi à dimanche, une malheureuse femme de 78 ans, Mme Madeleine DESCHEAUX, veuve SIMON, rentière, a été assassinée dans sa maison où elle vivait seule, au village du Mont-Chenu, commune de Saint Saulge. Les meurtriers, après avoir tenté d'abord de l'étrangler avec un drap trouvé dans la maison, l'ont achevée en l'étouffant sous un coussin de canapé.

C'est dans cet état qu'elle a été trouvée le matin par une femme qui faisait ordinairement son ménage. Une armoire ouverte et tout son contenu en désordre indiquaient suffisamment le mobile de l'assassinat. Une somme considérable, 20 ou 30,000 francs, renfermée, dit-on, dans ce meuble, aurait été emportée par les assassins.

A la première nouvelle du crime, le parquet de Nevers, accompagné de M. le docteur SUBERT et de la gendarmerie, s'est transporté à Mont-Chenu et a commencé une enquête, à la suite de laquelle deux individus ont été arrêtés.

  • Le Journal de la Nièvre - 01/02/1882

Nous complétons aujourd'hui les renseignements que nous avons publiés dans notre dernier numéro, sur l'assassinat du Mont-Chenu.

Les assassins, pour pénétrer dans la maison de la veuve SIMON, ont brisé, à l'aide d'un marteau et d'une pince de carrier - trouvée près d'une haie, à peu de distance de l'habitation - la pierre de taille inférieure de la fenêtre d'un bûcher, puis ils ont descellé les deux barreaux en fer qui s'opposaient à leur passage. Une fois introduits dans cette pièce, ils ont forcé la serrure de la porte donnant accès à la chambre à coucher de la veuve; ils l'ont surprise au lit et l'ont étranglée, puis, comme nous l'avons expliqué, ils ont eu recours à un autre et plus expéditif procédé, et ont étouffé leur victime. La malheureuse femme a été enlevée de son lit et traînée au milieu de la chambre. Le linge ayant servi à perpétrer le crime était resté autour du cou de la victime; son visage portait de nombreuses traces de violence.

Le contenu de l'armoire, dans laquelle était enfermé le trésor convoité par les assassins, avait été bouleversé; plusieurs sacs d'écus et de louis avaient été vidés et jetés pêle-mêle avec le linge. Les malfaiteurs, craignant sans doute d'être surpris, avaient négligé de s'emparer de 4 rouleaux d'or de 1,000 fr. chacun et de plusieurs billets de 500 fr., retrouvés par els magistrats; ils ont opéré leur fuite par la fenêtre d'un cabinet attenant à la chambre à coucher.

Deux proches voisins de la veuve SIMON, gendres de la femme de ménage de cette dernière, ont été arrêtés. Un autre individu, un vagabond qui avait passé la nuit aux environs de Saint Saulge, a été arrêté à Clamecy par ordre du parquet de cette ville; il a été transféré ce matin à Nevers.

La veuve SIMON, nous affirme un de nos correspondants, était âgée de 84 ans et non 78 ; elle possédait de la fortune et n'avait jamais vécu en bonne harmonie avec son mari, décédé depuis quelque temps, pas plus qu'avec ses enfants.

  • Le Journal de la Nièvre - 03/02/1882

1882 - Une sinistre découverte à Château Chinon

L'Echo du Morvand rapporte que des maçons, en construisant un mur dans un jardin à Château Chinon, eurent à fouiller une fosse d'aisances abandonnée depuis longtemps. Quelle ne fut pas leur stupéfaction lorsqu'ils trouvèrent enfouis dans cette fosse deux squelettes humains, dont un que l'on put reconnaître pour celui d'une femme aux longs cheveux encore fixés après le crâne ? A côté se trouvait un bâton après lequel adhéraient encore, dit-on, quelques cheveux.

On se perd en conjectures sur cette trouvaille, et il est difficile de fixer un âge à ces squelettes. On sait que la matière fécale conserve les cadavres, et c'est ce qui expliquerait l'adhérence des cheveux au crâne de la femme. Il est visible toutefois que ces deux squelettes datent d'une époque déjà très reculée.

Il résulte de nos renseignements particuliers que la maison dans laquelle la découverte a été faite appartient depuis 1874 seulement à Mgr CORTET, évêque de Troyes. Depuis 1811, cette maison avait été occupée successivement par de nombreux locataires.

M. le docteur BOGROS, qui a assisté la justice dans son information, a déclaré que les ossements recueillis étaient enfouis depuis plus de 50 ans et qu'ils étaient ceux d'un vieillard et d'une jeune femme. On ne se rappelle pas à Château Chinon avoir jamais entendu parler de disparition de personnes.

  • Le Journal de la Nièvre – 07/05/1882

Nous recevons communication de la note suivante avec prière de l'insérer :

"Le 2 mai1882, à Château Chinon, des ouvriers occupés à vider une fosse d'aisances de la rue de l'École, ont découvert à environ 50 centimètres de profondeur des ossements humains consistant en :

  1. Un crâne presqu'entier d'un diamètre antéro-postérieur de 16 à 17 centimètres et d'une circonférence de 48. Alvéoles de 32 dents, dont 3 molaires encore adhérentes. Ce crâne a dû être celui d'une femme peu âgée, mais ayant cependant plus de 35 ans.
  2. Des fragments de jambes et d'avant-bras paraissant avoir appartenu au squelette dont faisait partie le crâne précédent, et permettant de fixer à 1m45 ou 1m50 la taille de la femme.
  3. Des cheveux longs, de femme, de couleur rousse, et d'autres cheveux plus foncés, courts et crêpés comme des fragments de chignons.
  4. Des parties d'ossements et de 2 autres crânes, dont l'un paraissant avoir appartenu à un vieillard, au front extrêmement fuyant, et l'autre à une personne sur l'âge de laquelle il est impossible de se prononcer.

L'endroit de cette découverte, la probabilité que les cadavres ont dû être disséqués pour être introduits dans cette fosse, l'existence d'un gros bâton auquel adhèrent encore des cheveux courts, etc.., font présumer un crime dont il est impossible de préciser la date, mais qui remonterait au moins à 4 ou 5 ans, et peut-être à une époque plus reculée.

MM. les officiers de police judiciaire sont priés de rechercher et de faire connaître, le plus tôt possible, au juge d'instruction soussigné, si des personnes de leur localité, se dirigeant sur l'arrondissement de Château-Chinon, n'auraient pas disparu subitement dans des circonstances inexplicables et sans qu'on ait pu savoir jusqu'à présent ce qu'elles étaient devenues, notamment depuis 1872 environ.


Le juge d'instruction BAUCHERON de BOISSOUDY - Château Chinon, le 9 mai 1882.

  • Le Journal de la Nièvre - 14/05/1882

1886 - Une mère infanticide

Cour d'assises de la Nièvre, audience du 17 mai.

La nommée Martin (Léontine-Louise), âgée de vingt-huit ans, élève des hospices de Paris, comparait devant la cour d'assises sous l'accusation d'assassinat. Dans la soirée du 29 janvier dernier, l'accusée, dont la réputation, sous le rapport de la conduite, est très-mauvaise, accoucha dans un hôtel garni de Nevers d'un enfant du sexe masculin.

Le lendemain, elle fut transportée à l'hospice ainsi que le nouveau-né. Son rétablissement fut rapide.

Le 16 février, vers trois heures et demie du soir, elle quitta l'hospice en emportant l'enfant qu'elle laissa, peu couvert, exposé à la rigueur de la température, et se dirigea vers la La Loire au lieu-dit les Saulaies, où vers six heures, elle le précipita, au milieu de l'obscurité, dans le fleuve.

L'accusée a fait des aveux complets.

M. le procureur de la République Lemol a soutenu l'accusation. Me Alexis Debourges a présenté la défense de la fille Martin.

Après une courte délibération, le jury a rapporté un verdict affirmatif sur la question de meurtre et négatif sur les circonstances aggravantes.

La fille Martin a été condamnée aux travaux forcés à perpétuité.

Aussitôt après l'audience, un recours en grâce a été signé par les jurés.

  • Le Journal de la Nièvre, 19 mai 1886

Les femmes condamnées aux travaux forcés n'étaient pas envoyées dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie ou de Guyane, mais incarcérées dans des maisons centrales, où elles étaient soumises à un travail obligatoire. Pour le cas précis de Léontine-Louise Martin, le recours en grâce a sans doute été examiné favorablement, c'est-à-dire qu'elle a pu obtenir une réduction ou une remise de peine.

1888 - Mort mystérieuse à Billy sur Oisy

La veuve Cerceau, propriétaire, a été trouvée morte le 4 septembre dernier dans le grenier du logement qu'elle occupe avec ses neveux et nièces, les époux Colas.

Elle avait une corde faisant trois tours autour du cou, sans nœud coulant et peu serrée.

On ne sait s'il y a eu strangulation ou mort violente.

Le parquet de Clamecy s'est transporté sur les lieux et de l'autopsie il résulte que la femme Cerceau a succombé à un congestion pulmonaire.

  • La Tribune Républicaine, 9 septembre 1888. Texte communiqué par Pierre Volut
  • Transcripteur Martine NOËL (discussion) 5 novembre 2022 à 16:48 (CET)

La Cupidité

Nous avions rendu compte dans notre dernier numéro du simulacre de suicide qui a été découvert dans le grenier de madame Barillat, veuve Cerceau.

À la suite d'une enquête faite par la gendarmerie de Clamecy, le juge d'instruction près le parquet de cette ville, a lancé un mandat d'arrestation contre la femme Barillat, épouse Colas et nièce de la victime, qui a été arrêtée le 6 septembre et est actuellement à la prison de Clamecy.

La veuve Cerceau, qui habitait avec son neveu et sa nièce à Billy sur Oisy, avait, il y a quelques années, donné tous ses biens aux époux Colas, moyennant une pension annuelle de six cents francs, garantie sur la maison habitée par la famille.

La femme Colas, trouvant que la vieille vivait trop longtemps, avait résolu de s'en débarrasser il y a quelques mois, et c'est le 4 septembre dernier qu'elle a mis son dessein à exécution.

M. le docteur Beaufils, médecin-légiste, qui a pratiqué l'autopsie du cadavre, rapporte en effet que la mort a été déterminée par étouffement, et que c'est sans doute pendant que la victime sommeillait que le crime a eu lieu.

Ce crime ne s'est pas fait sans résistance ; les membres et la face sont couverts d'égratignures.

Le coup fait, le cadavre a été traîné au grenier, et c'est là qu'on a trouvé la veuve Cerceau le cou très peu serré par une corde entourée trois fois et les deux extrémités libres, même pas attachées à un clou.

Malgré les charges accablantes qui pèsent sur elle, la femme Colas nie énergiquement tout ce qui lui est reproché.

  • La Tribune Républicaine, 10 septembre 1888. Texte communiqué par Pierre Volut
  • Transcripteur Martine NOËL (discussion) 5 novembre 2022 à 16:48 (CET)

1889 – Infanticide à Decize

« Vendredi dernier [5 avril 1889], le fossoyeur du cimetière de Decize vint prévenir la gendarmerie qu'il avait trouvé près des murs, enveloppé dans un journal, le cadavre d'un jeune enfant. Après constatations, M. le docteur Gros déclara que cet enfant, âgé de sept mois, avait été étouffé. L'enquête continue - Le Moniteur de la Nièvre', jeudi 11 avril 1889.

À Saint Léger des Vignes, dans la nuit du 6 au 7 mars 1890, la nommée Marie Daniel, 17 ans, journalière, a donné la mort à son enfant nouveau-né. Elle a été conduite par les gendarmes de Decize à la maison d'arrêt de Nevers.

  • La Tribune Républicaine, lundi 10 mars 1890.

1890 - Caché dans un four à plâtre

Les carrières à plâtre de Saint Léger des Vignes servent de refuges aux roulants, les clochards du XIXe siècle. L'hiver, ils s'installent dans de vieux fours à plâtre désaffectés où ils empilent vieilles couvertures, ferrailles et débris de toutes sortes. Les gendarmes de Decize viennent les déloger le 6 janvier 1890. Mais, un roulant récalcitrant s'est barricadé au fond d'un four. Il faut toute la patience et la force du brigadier pour extraire le vagabond ; au fond de son sac, sous un entassement d'épluchures et d'effets volés, les gendarmes trouvent des papiers au nom de Navarre.

Justement, le tribunal de Moulins-sur-Allier vient de diffuser le signalement d'un nommé Charles Navarre, âgé de 29 ans, couvreur de son état, né à Corbigny. On reproche à cet individu un crime commis dans les premiers jours de l'année au hameau de la Vente, à Saint-Aubin (Allier) ; une vieille dame de 82 ans, la veuve Méténier, a été étranglée dans son lit et 1200 francs - ses économies - ont été dérobés à son domicile.

Le roulant est déshabillé : il porte sur le flanc droit de longues éraflures, comme des traces d'ongles. Après quelques minutes de confusion, il admet bien avoir participé au meurtre, mais il n'aurait été que le complice, chargé du guet. Malheureusement pour lui, ses explications semblent bien embrouillées ; il ne connaît pas l'identité du principal meurtrier ; il est incapable de fournir le moindre signalement. Les gendarmes de Decize le conduisent à la prison de Moulins.

  • Le Journal de la Nièvre', 8 janvier 1890 et jours suivants.

1899 - Le crime de Millay

Luzy, 8 juillet, 9h. 58 matin : Un double assassinat a été commis hier 7 juillet dans un des hameaux de la commune de Millay. La femme BOUHERET et sa fille ont été tuées.

Les détails manquent. L'assassin a été arrêté. On attend l'arrivée du parquet de Château Chinon.

[[Château Chinon, samedi, 1h. 50 soir.

Le double crime à l'occasion duquel le parquet de Château Chinon s'est transporté à Millay a été découvert hier à midi. Les victimes sont la femme BOUHERET et sa fille, mariée à M. DORIDOT; lorsqu'on les a trouvées, elles avaient cessé de vivre. L'assassin les avait tuées à coups de hache sur le sommet de la tête.

Les soupçons, en raison de certaines circonstances, s'étant portés sur le sieur Annet BIJON, journalier au Bois-de-Velle, même commune, on le mit en état d'arrestation. BIJON reconnut qu'il vivait en mauvaise intelligence avec les familles BOUHERET et DORIDOT, puis il fit l'aveu de son double crime.

  • Le Journal de la Nièvre - 9 juillet 1899

Voici de nouveaux détails sur le crime de Millay, tels qu'ils résultent de l'enquête :

Le crime a été découvert vendredi vers 1 heure du soir par M. Jean MARRONNAT, fermier à Magny, commune de Millay, qui se rendait à Ternant. Sur le chemin de Magny à Comme-Naudin, il trouva la femme DORIDOT étendue sur le dos et baignant dans une mare de sang. Il retourna aussitôt sur ses pas et prévint les plus proches voisins.

Mmes veuve DUDRAGNE et Léonie LAINÉ, ménagères au Bois-de-Velle, accoururent sur le lieu du crime et découvrirent dans la maison le cadavre de Mme BOUHERET, dont la tête était engagée sous le lit. Une grande quantité de sang était répandue.

M. PAILLAS, adjoint au maire de Millay, prévenu, se rendit à Comme-Naudin et, après avoir constaté le meurtre, prévint télégraphiquement la gendarmerie de Luzy et M. le procureur de la République de Château Chinon.

Au reçu de la dépêche, les gendarmes DONON et BIERRE se rendirent à Millay. Ils constatèrent que rien dans la maison n'avait été dérangé et que le vol n'était donc pas le mobile du crime.

Ils entendirent MM. Jean BOUHERET et Pierre DORIDOT, avertis du crime, vendredi, à deux heures, par leur fils et beau frère, René BOUHERET, domestique à Magny : ils avaient quitté leur domicile le 5 juillet, à 6 heures du matin, pour aller travailler l'un à Luzy l'autre à Saint Didier (71).

L'adjoint et les maris des victimes s'accordèrent à dire que l'auteur de l'assassinat pouvait bien être le nommé Annet BIJON, âgé de 32 ans, journalier au Bois-de-Velle, qui avait proféré, à diverses reprises, des menaces de mort contre la famille de BOUHERET.

A la suite des déclarations des personnes entendues, les gendarmes se rendirent au domicile de BIJON et l'interrogèrent sur l'emploi de son temps pendant les journées des 5 et 6 juillet; il déclara :

« Le 5 courant, je suis parti de chez moi vers 7 heures du matin pour aller piocher des pommes de terre dans un champ situé près de Magny, et suis rentré le soir vers six heures ; le lendemain 6, j'y suis retourné vers 6 heures, en passant sur le chemin de Magny à Bellevue. Le 5, je n'ai rencontré personne, mais, hier, j'ai trouvé des enfants de Montbignon et de Bellevue. Je n'ai pas passé vers la maison BOUHERET et n'ai jamais adressé des menaces de mort contre cet homme ni contre sa famille. Je reconnais être en mauvais termes avec BOUHERET, mais je nie avoir tué sa femme et sa fille.

Les gendarmes, malgré cette déclaration, conduisirent BIJON à la mairie et le gardèrent à vue.Vers 4 heures du matin, interrogé de nouveau et pressé de questions, BIJON fit la déclaration suivante :

« Le 6 juillet, vers 6 heures du soir, revenant de piocher mes pommes de terre à Magny, et passant devant chez BOUHERET, la femme de ce dernier et sa fille, la femme DORIDOT, qui étaient sur le chemin, près de la barrière de la cour, m'ont traité de brigand et autres gros mots; je leur ai répondu par des propos semblables et elles m'ont porté plusieurs coups de bâton puis elles sont rentrées dans leur cour. Les y ayant suivies, j'ai pris une hachette qui était sur un billot placé dans ladite cour et au moment où la mère est rentrée à la maison je l'ai frappée de plusieurs coups sur la tête. A ce moment sa fille est arrivée et m'a porté un coup de bâton sur l'épaule puis elle s'est sauvée. Je l'ai poursuivie et rejointe à environ 50 mètres de chez elle. Je lui ai porté 2 coups de hachette sur la tête, ce qui l'a fait tomber. Je suis ensuite revenu dans la cour et ai jeté la hachette dans la maison, puis je suis parti en faisant un détour pour rentrer chez moi. Je regrette sincèrement ce que j'ai fait et c'est ma femme qui m'a monté la tête à ce sujet ».

A 4 heures et demie, MM. Le procureur de la République et le juge d'instruction de Château Chinon, étant arrivés à Millay, ont fait conduire BIJON sur les lieux du crime, où il a fait encore une nouvelle déclaration :

« Pour rentrer chez moi, a t-il dit, j'ai suivi un sentier qui conduit à Comme-Naudin, lieu de mon ancien domicile près de celui des époux BOUHERET. La femme BOUHERET gardait ses porcs dans la cour que j'habitais et était assise sur l'escalier de la maison. Je me suis approché d'elle et lui a dit : « Est ce vrai que vous avez dit aux gendarmes, au mois de mars, que je voulais vous tuer avec mon couteau ? ». Sur sa réponse affirmative, je lui ai porté un coup de pioche sur la tête, elle a poussé un cri et est tombée à la renverse. Sa fille, la femme DORIDOT qui était dans leur maison, est arrivée au cri poussé par sa mère, en me disant qu'elle allait me faire arrêter. Je me suis retourné contre elle en brandissant ma pioche, mais elle s'est sauvée. Je l'ai poursuivie et rejointe après un parcours de 100 mètres environ, dans un chemin qui longe le bois devant leur maison, et là je l'ai frappée d'un coup de pioche sur la tête. Elle est tombée et je lui ai encore donné un ou 2 coups pour l'achever, puis je suis retourné auprès de sa mère pour voir si elle était morte, mais en arrivant à l'endroit où je l'avais frappée, je l'ai vue debout, se dirigeant sur le chemin du côté de sa maison. Je me suis mis à sa poursuite et lui ai encore porté un coup de pioche au moment où elle rentrait chez elle. Abandonnant ma pioche, j'ai pris une hachette dans la cour, sur un billot, et l'ai achevée avec cet instrument. Après m'être assuré que les 2 femmes étaient bien mortes, je suis redescendu par le sentier par lequel j'étais venu et ai contourné la montagne pour rentrer chez moi, vers 7 heures et demie du soir.

M. le docteur MUGUET, qui a examiné les cadavres, a déclaré que chacun d'eux portait au moins 5 ou 6 coups d'un instrument tranchant et que la mort avait été presque instantanée.

Annet BIJON, enfant des hospices de Nevers, est né le 11/12/1866; il est marié et père de 3 enfants.

  • Le Journal de la Nièvre – 12 juillet 1899

1900 - Le drame de Bazoches

Lormes, dimanche,

Ce matin, à la première heure, le bruit se répandait à Lormes qu'un assassinat avait été commis à Bazoches. Dès 5 heures, en effet, le juge de paix et la gendarmerie, mandés par une dépêche, se rendaient sur les lieux pour y faire une enquête.

Dans la soirée et avant le retour de la justice, on savait que les victimes, appartenant à la famille BAIN, étaient au nombre de trois : un mort et deux blessés; tous autres détails précis manquaient.

Lundi matin

Le crime a été commis par un nommé DESPOULINS, actuellement en instance de divorce contre sa femme, et qui depuis un certain temps avait quitté le pays.

Cet individu a pénétré, vers 3 heures du matin, dans l'habitation de son beau père, M. BAIN, et a tiré des coups de revolver sur les gens de la maison qu'il avait surpris dans leur sommeil.

L'enfant de l'assassin, Pierre-Marie DESPOULINS, un petit garçon de 2 ans, atteint par 2 balles, a succombé presque aussitôt. La belle mère, Mme BAIN, a reçu une balle qui a pénétré dans la gorge, causant une blessure grave.

Enfin le fils BAIN, qui, armé d'un pistolet et d'une paire de pincettes, cherchait à tenir son beau-frère à distance, a reçu 2 balles dans l'épaule droite. En se défendant, il a cassé un bras au meurtrier avec ses pincettes et l'a blessé à la tête d'un coup de pistolet.

Mme BAIN est à toute extrémité. L'assassin a été arrêté.

Cet individu, depuis sa séparation d'avec sa femme, n'avait qu'une idée : se venger de ses beaux-parents, et à plusieurs reprises il était revenu à Bazoches dans l'espoir de donner suite à ses projets. On voit qu'il n'a que trop bien réussi.

  • Le Journal de la Nièvre – 27/02/1900

Lormes, lundi soir,

Le drame dont je vous ai télégraphié hier les péripéties sanglantes a eu pour auteur le nommé Pierre-Marie DESPOULINS, âgé de 43 ans, natif de Bretagne. Comme je vous le disais, DESPOULINS s'est marié à une demoiselle BAIN, de Bazoches, qui l'a quitté en raison de son inconduite et s'est vue dans la nécessité de demander le divorce. A plusieurs reprises, DESPOULINS était revenu chez sa belle-mère et chaque fois proférait des menaces de mort; la jeune femme, redoutant ces menaces était partie il y a environ 8 jours pour se placer, circonstance ignorée de son mari.

DESPOULINS arriva samedi soir de Paris où il habite et, à la nuit, il escalada le mur de clôture de la maison BAIN, élevé d'au moins 2 mètres, et se cacha dans une remise où il attendit le moment favorable pour pénétrer chez sa belle-mère.

Vers 4 heures, Mme veuve BAIN, née Claudine RENAULT, âgée de 62 ans, alluma sa lampe. Sans s'en douter, la brave femme donnait le signal du massacre ! En effet, dès qu'il aperçut la lumière, DESPOULINS pénétra dans la maison de revolver au poing. La première personne qu'il trouva fut son beau-frère, M. Baptiste BAIN, âgé de 40 ans : froidement, il le visa à la tête, mais BAIN fit un demi-tour, de sorte que les deux coups de feu que DESPOULINS lui tira à une seconde d'intervalle ne l'atteignirent qu'au bras droit.

M. BAIN, malgré sa douleur, put néanmoins prendre une paire de lourdes pincettes, il en frappa l'assassin sur la tête et au bras avec une force telle que DESPOULINS étourdi, le bras cassé, s'abattit sur le carreau. M. BAIN sortit pour appeler au secours.

Mais pendant ce temps, l'assassin – qui avait déjà recouvré ses sens et dont les désirs de vengeance s'étaient exaltés – ne faisait qu'un bond et allait directement au berceau de son jeune garçon, âgé de 2 ans 3 mois, et logeait une balle dans la joue de l'enfant. Le pauvre petit, ouvrant les yeux, reconnut son père et lui cria : « Papa, bobo ! » Aussitôt, le forcené lui mettait le canon de son revolver sur la temps et, d'une seconde balle, l'achevait.

Mme BAIN, accourant au bruit des détonations, DESPOULINS se rua sur elle et lui tira une balle qui alla se loger dans la gorge de la malheureuse, qui tombait baignant dans son sang.

La fille de M. BAIN, âgée de 7 ans, qui, couchée, avait assisté, plus morte que vive, à cette scène, eut la présence d'esprit de se laisser glisser sous le lit, il était temps. L'assassin se dirigeait de son côté, mais, ne la trouvant pas, il ne chercha pas à se rendre compte de l'endroit où elle pouvait être, sans cela elle aurait eu le sort de son petit cousin. C'est elle qui a pu donner tous les détails de cette lugubre scène.

Enfin, on arrêtait DESPOULINS. Le parquet de Clamecy, le juge de paix et la gendarmerie de Lormes, mandés par dépêche, arrivèrent à Bazoches, et le prisonnier fut remis entre les mains des gendarmes. Les magistrats ne sont revenus à Lormes qu'à 9 heures du soir; ils sont repartis ce matin à 11 heures, sur les lieux du crime, pour la confrontation.

Mme DESPOULINS a été mandée d'urgence dès dimanche, elle a dû arriver à temps, à Bazoches, pour assister à la reconstitution du drame. Mme BAIN n'est pas encore morte, mais, comme je vous le disais, le médecin a déclaré qu'elle ne pourrait survivre à ses blessures.

Mardi, 1H45

Suicide de l'assassin

A midi, une voiture était amenée dans la cour de la caserne de gendarmerie de Lormes pour effectuer le transfert de Pierre DESPOULINS à Clamecy.

Mais, comme les diverses pièces que le brigadier avait à rédiger ou à transcrire n'étaient pas tout à fait prêtes, le départ se trouva un peu retardé.

D'ailleurs, DESPOULINS était encore couché sur un lit, -les pieds attachés, un bras en écharpe, la tête bandée, - feignant de dormir. Le gendarme S..., à la garde duquel était confié l'assassin, en profita pour sortir doucement de la chambre afin de se rendre compte de l'état d'avancement des pièces.

Sans perdre de temps, et à peine la porte était-elle fermée derrière le gendarme que le prisonnier se levait, arrachait son pansement, fixait les bandelettes autour de son cou puis à la tête du lit, et se laissait retomber dans le vide en tirant violemment à lui pour s'étrangler !

Cinq minutes ne s'étaient pas écoulées que le gendarme rentrait pour réveiller DESPOULINS. Mais déjà l'assassin râlait !

Le gendarme S... coupa le plus rapidement possible les bandes de toile, et, à son appel, on accourut. Il était trop tard. L'asphyxie avait accompli son œuvre : le meurtrier rendit le dernier soupir.

  • Le Journal de la Nièvre - 28/02/1900

Notes et références

Notes


References