« Affaires au 18ème siècle » : différence entre les versions

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Version du 31 octobre 2020 à 19:09

1706 - Nescambiouit, prince des Abenakis, scalpeur sanguinaire?

  • En 1706, un fait divers violent survient dans une petite ville du Nivernais et met en scène deux étrangers. Ces deux hommes sont sujets du roi de France. Ils ne sont donc pas étrangers au sens moderne du mot. Mais ils sont étrangers parce qu'ils viennent du Nouveau-Monde. L'un des deux hommes est un chef indien, aux mœurs et à la réputation étranges. Il se nomme Nescambiouit. Ce que nous pouvons savoir de la vie de cet Indien est un véritable puzzle composé de brèves mentions dans les courriers du Ministère de la Marine et dans les archives du gouverneur du Québec, de plus rares témoignages de ses contemporains, collectés par le Père Charlevoix, premier historien du Canada, et d'allusions imprécises du Père Le Sueur, curé des Abénakis de la mission Saint-François. Son entrevue avec le Roi-Soleil a suscité une polémique chez les érudits canadiens des deux siècles suivants.
    A propos de Nescambiouit, chef Abénaki fidèle à la France, diplomate habile et redoutable coupeur de scalps, se croise tout un faisceau de jugements de valeur, allant des louanges à la méfiance, de l'admiration à l'indignation et au mépris.
    Nescambiouit n'a évidemment laissé aucun témoignage écrit de sa vie ; les Indiens Abénakis du Québec et des Etats-Unis, qui ont récemment organisé plusieurs musées, des centres culturels et revendiquent fièrement leur passé, leurs mœurs et leur culture, ne disposent sur ce chef et sur ses contemporains que des renseignements que leur ont transmis les prêtres et les historiens blancs.
    C'est cet étrange allié de Louis XIV, ce redoutable scalpeur d'Anglais, que nous allons tenter de présenter dans un premier temps.
  • Deux générations après la disparition de Nescambiouit, le marquis de Saint-Lambert a fait d'un vieux chef indien le héros d'un conte intitulé précisément L'Abénaki. Conforme au mythe du bon sauvage, l'Indien est généreux, doux, patient ; il s'exprime en termes poétiques, il donne une leçon de grandeur d'âme aux Européens.
    Il existe peut-être un trait d'union entre le redoutable Nescambiouit et le bon vieillard du conte : c'est l'ambiguïté de leurs rapports avec les envahisseurs européens, ennemis, otages, alliés, protecteurs, frères de sang et voleurs de terres.

1. Une rixe dans une auberge.

  • Le 14 mai 1706, une bagarre éclate à l'auberge du Lion d'Or, faubourg de Moulins, à Saint-Pierre-le-Moûtier. C'est une affaire bien banale dans cette auberge qui reçoit régulièrement des voyageurs du carrosse de Paris ; et l'hôte, Jean Rat, semble être coutumier des violences d'après les dossiers des affaires criminelles du bailliage.
    Ce jour-là, il y a deux étrangers, venus d'outre-mer : un chef indien abénaki et son guide, « Jacques Testard, écuyer, seigneur de Montigny, natif de Montréal au Canada, âgé de 44 ans, capitaine de la Compagnie du Détachement de la Plaine dans ledit pays du Canada. »
    Que font-ils dans l'auberge de Jean Rat ?
  • Jacques Testard est en France depuis plusieurs mois. Sa mission consiste à escorter le chef abénaki. Après avoir été reçus à la Cour, les deux hommes visitent le pays. Ils ont pris les eaux à Bourbon-Lancy et bu du lait d'ânesse. « Ils prirent en la ville de Moulins la voiture de carrosse de Paris pour se rendre à la cour et y recevoir de nouveaux ordres pour se rendre à la diligence de La Rochelle afin de retourner en Canada(1). » Le postillon Claude Bourgeois, habitué de la ligne Moulins-Paris, les a fait descendre au Lion d'Or, l'étape de ce jour. Jean Rat leur a réservé sa meilleure chambre.
    Testard a commandé des repas à l'hôtesse et il lui a demandé s'il devait payer « par tête ou par pièce ». La femme Rat leur a préparé des soupers à vingt-cinq sols chacun. Au moment de payer, Testard conteste les comptes de l'hôtesse : le chef des Abénakis, Testard et un jeune homme rencontré dans la diligence ont bu plus que de raison « quatre bouteilles d'extraordinaire », ce qui augmente la facture. Mais Testard s'en tient aux vingt-cinq sols par repas...
    Le chef indien doit rester imperturbable et ignorer ces obscurs calculs. A moins qu'il n'ait été endormi par l'excès de vin. Testard, lui, est furibond. Il "descend fort en colère", insulte la femme Rat et s'en prend à l'hôte. Il le traite de gueux et jean-foutre, le saisit à la chemise, dont il déchire une manche, le renverse par terre, le traîne jusqu'à la cheminée, il lui assène un coup de poing et deux coups de bâton. Et, sans doute pour montrer qu'il connaît bien les mœurs indiennes, Jacques Testard arrache une pleine touffe de cheveux du crâne du malheureux aubergiste.
    Au bruit, tous les voisins accourent. Le curé Antoine Dessouches calme l'officier. Le couvreur Pierre Durin et le postillon soignent Jean Rat qui est « défiguré » selon leur témoignage. M. Gilbert Meuré, capitaine de bourgeoisie, arrête Testard et le conduit en prison. Le chef abénaki suit son mentor sans réagir. Heureusement pour les habitants de la petite ville...
  • Le capitaine Testard et son ami ne restent qu'une seule nuit à Saint-Pierre-le-Moûtier. Le lieutenant criminel a fait immédiatement prévenir M. d'Ableiges, l'intendant en résidence à Moulins. La réponse est la suivante : « J'ai receu, Messieurs, les informations que vous avez faites contre Monsieur de Monsigny [sic] et l'interrogatoire par lui rendu. La querelle m'a paru estre provenue d'une très légère cause. Il est à propos, pour le service du roy, que vous élargissiez incessamment cet officier, parce qu'il est nécessaire auprès du chef des Abénaquys françois qui doit se rendre à Paris pour, de là, aller s'embarquer à La Rochelle. Je suis, Messieurs, vostre très humble et obéissant serviteur. D'Ableiges. Je luy mande de donner 20 L à cet hoste(2). »

2. Nos fidèles alliés abénakis et leurs chefs.

  • Les deux hommes reprennent leur périple. A Versailles, Louis XIV reçoit le Prince des Abénaquys. Celui-ci représente une peuplade lointaine, peu connue, mais fort utile pour aider les troupes françaises en Nouvelle-France. En effet, face aux Anglais de Nouvelle-Angleterre, les colons canadiens français et les rares régiments qui les défendent sont dans une situation d'infériorité alarmante. Les combats déclenchés depuis 1693, et relancés par la Guerre de Succession d'Espagne, ont montré aux gouverneurs du Canada (Frontenac puis Vaudreuil) que les supplétifs indiens sont indispensables.

    Pour accéder à la suite du texte cliquer sur ce lien « pages et dérapages »

Pierre VOLUT mai 2001.

(1) Interrogatoire de Jacques Testard. Procédures criminelles du Présidial de Saint-Pierre-le-Moûtier, cote 1 B 91, Archives Départementales de la Nièvre. Autres renseignements fournis par le Dictionnaire biographique du Canada, Les Presses de l'Université Laval et University of Toronto, 1969, volume II, p. 653.
(2) Lettre de l'Intendant M. d'Ableiges, ibidem.

1748 - Assassinat à Château Chinon

Le 28 dudit mois [août 1748] a été trouvé assassiné sur le grand chemin proche les Chaumes-Cottin Lazare BOUCHOUX laboureur au village des Bouchoux, paroisse d'Arleuf âgé d'environ quarante cinq ans, époux de Jeanne ROLLOT et le vingt neuf a été inhumé dans l'église, les formalités de justice faite, en présence de Jeanne ROLLOT, Claude GIÉ beau frère du déffunt qui ne signent.

Extrait du registre des sépultures de Chateau-Chinon - Année 1748

1775 - Tournelle Criminel - Monceau le Comte

Vu par la cour, les grosses des procédures criminelles instruites en la justice de Chassy Caroble et dépendances à la requête du procureur fiscal en ladite justice contre Pierre ROUSSEAU, Sébastien PICARD, accusés d'assassinat et contumace et contre Gabriel PERREVE, Jean DROIN, Jean Pierre DEVILIERS, Jean DIARD dit le fermier, tous accusés de contumax excepté Jean DIARD et Jean Pierre DEVILIERS qui étaient prisonniers en la conciergerie du palais, Claude GABEREAU décrété d'ajournement personnel et Jeanne CRAPOTE femme de Pierre CAFFARD aussi accusé et absent , tous lesdits jugés par arrêt du 8 août 1769 et contre Aubin COINTE meunier demeurant à Monceaux le Comte, natif de la paroisse de Moraches aussi accusé lequel était contumax et actuellement prisonnier en la conciergerie du palais sur lesquelles procédures, sentence définitive est intervenue en ladite justice le 31 octobre 1768 par laquelle en ce concerne Aubin COINTE la contumax a été déclarée bien instruite contre lui et en adjugeant le procès il a été déclaré dûment atteint et convaincu d'avoir la nuit du 18 au 19 mars 1765 forcé les prisons de la châtellenie de Monceaux le Comte et les deux cadenas qui fermaient les portes de la chambre basse desdites prisons ainsi que le verrou qui était à la seconde porte pour en faire sortir ledit Sébastien DIARD et l'avoir fait évader d'icelle, d'avoir reçu de Jean DIARD dit le fermier récompense en argent et blé. Il a pareillement été déclaré atteint et convaincu d'avoir le 26 mars 1766 brisé les fers dont il était emmenotté dans les prisons dudit Monceaux et cassé la clavette des fers qu'il avait aux pieds, d'avoir percé les murs desdites prisons ... et s'être évadé des prisons de Clamecy le 10 septembre 1766 après avoir limé les fers et renfermé le geôlier dans un des cachots et d'avoir arraché la clé des portes d'entrée desdites prisons en faisant violence à la servante du geôlier,

pour réparation de quoi ledit Cointe a été condamné à servir comme forçat dans les galères du roi à perpétuité, préalablement flétri d'un fer chaud et marqué des lettres G.A.L., ses biens confisqués ... et 100 livres qui seront prélevées sur ses biens . Il est dit que la sentence sera exécutée par effigie en un tableau qui serait attaché en un poteau qui serait dressé dans la place publique dudit Chassy Caroble et l'Allemende par l'exécuteur de la haute justice... "

sont citées les pièces de la procédure : Le procès verbal d'interrogatoires et réponses dudit Aubin COINTE ... du 15 février dernier, l'extrait , l'exploit transmis ... au baillage d'Avallon les 9, 11 et 13 mars , contrôlé le 12 à Clamecy... Le certificat délivré par Pierre Nicolas JOUANIN chirurgien juré à Clamecy par lequel il a certifié que Jeanne MORLET témoin assigné ne pouvait se rendre à Dijon étant malade... ... conclusions du procureur général du royaume ...

et après que Aubin COINTE ait été mandé en la chambre de conseil et être assis sur la sellette il a répondu aux interrogations qui lui ont été faites d'office, ensuite réintégré les prisons de la conciergerie, ouï le rapport de Maître Antoine RAVIOT conseiller commissaire...

La Cour ... dit qu'il a été mal jugé par ladite sentence, réformant icelle et par nouveau jugement ... a condamné et condamne ledit Aubin COINTE à cinq livres d'amende envers la seigneurie de Chassy et Caroble. Enjoint aux officiers de la justice de Chassy et Caroble de veiller à la sûreté des prisons de ladite justice.

Fait en la Tournelle de Dijon le 21 juin 1775 ."

En résumé:

  • Il y a eu un assassinat dans les environs de Monceaux le Comte début 1765. Une dizaine de personnes sont concernées par cette affaire. Ils ont tous été jugés par contumax sauf deux qui étaient en prison à Monceaux le Comte.
  • Aubin COINTE meunier à Monceaux a organisé l'évasion d'un des deux emprisonnés, et pour cela il a été jugé le 31 octobre 1768 pour avoir "la nuit du 18 au 19 mars 1765 forcé les prisons de la châtellenie de Monceaux le Comte".
  • Il est condamné aux galères à perpétuité par la justice locale. :Mais comme il est en fuite il est condamné par contumax. C'est à dire que l'on fait un simulacre de la sentence : un tableau qui représente la peine infligée est peint et exposé sur la place publique. Bien sûr si le fugitif est pris il subira la sentence en vrai.

Quelques remarques :

  • Aubin COINTE qui s'était évadé des prisons de Clamecy a du se faire prendre quelques temps après. Il a fait appel de la sentence de la justice de la seigneurie où il a commis les faits.
  • Ce qui est curieux c'est que l'appel est examiné à Dijon alors que les appels des sentences des justices seigneuriales du Nivernais étaient traités à St Pierre le Moutiers. Sans doute a-t-il été repris dans le territoire du baillage d'Avallon ce qui expliquerait le jugement à Dijon et les pièces signalées.
  • Il existe bien les hameaux : Chassy, l'Allemande cités dans ce texte, ils se trouvent à quelques kilomètres de Monceaux le Comte, quant à Caroble ça pourrait être une mauvaise réécriture de Combre car toutes ces pièces judiciaires ont été recopiées à chaque endroit où elles ont cheminé (Clamecy, Avallon et Dijon) et dans les derniers recopiages personne ne connaissait les endroits évoqués pour en vérifier l'exacte écriture.
  • Un Aubin COINTE qui correspond bien au héros de l'histoire est né à Moraches le 15/02/1734, il s'est marié le 15/11/1757 à Montceaux le Comte avec PERREVE Marie Jeanne. Ils ont eu 2 enfants nés dans cette paroisse en 1761 et 1764, un troisième en 1768 à Germenay ; ce Aubin COINTE s'est remarié le 16/06/1794 à Germenay avec CHERIEUX Antoinette ; à cette date il est déclaré marchand forain.

Source : Message à la liste GenNièvre par Jack BARBIER - --m mirault 24 avril 2009 à 17:20 (UTC)

1779 - Meurtre à Saint Léger de Fougeret

Cejourdhuy 9 daoust 1779 a été + inhumé Jean Papon fils de Claude Papon et de Françoise Michot ses pere et mere qui a été assigné (lire assassiné) dans le bois de la Vernée Bourdon duquel cadavre on na trouvé que la teste un bra une cuisse en presence de Huge Bazot de Guilliaume Michot de Jacque Giéz de Lazare Pregermain qui ne signe(nt). Guillier curé de St Leger. + apres les formalitées de justice.

Notes:

  1. Jean Papon a été baptisé le 20 may 1773, il a donc un peu plus de six ans; ah les garçons, toujours intrépides ! Claude Papon, le père de l’enfant, est manœuvre au village des Michots.
  2. Je n’ai pas trouvé “la Vernée Bourdon” sur la carte au 25.000e, ni sur la carte de Cassini, mais il existe aux Michots un bois dit “les Vernes”, je le sais parce qu’il appartenait à ma grand-mère paternelle, originaire des Michots, et que j’en ai hérité.
  3. Jerosme Guillier, le curé, qui commence à se faire vieux, a confondu “assigné” et “assassiné”. On peut le comprendre si l’on se réfère à cette note de Littré à la suite de sa définition d’assigner. Étymologie : Berry, assiner ; wallon, asèner, faire signe ; provenç. assignar ; espagn. asignar ; ital. assegnare ; de adsignare, de ad, et signare, faire signe (voy. SIGNER). On voit que assigner et assener se confondent. Le g ne se prononçait pas au XVIIe siècle : assiner, d'après CHIFFLET, Gramm. p. 227. L'auberge enfin de l'hyménée Lui fut pour maison assinée, LA FONT. Fabl. VI, 20.
  4. Toujours à propos de la lettre g, le curé Guillier ne semble connaître que le g dur, comme ici Huge pour Hugue, et ailleurs dans les BMS, Nuge pour Nugue, à se demander s’il prononçait Guirard pour Girard.
  5. On ne sait ce qui permet au curé d’être aussi affirmatif lorsqu’il parle d’assassinat. Ailleurs, dans des cas semblables, on parle de loups, il est vrai qu’on est au mois d’août, et je ne sais s’ils sévissaient en toute saison. Il serait intéressant de jeter un coup d’œil aux archives judiciaires de St Pierre Le Moûtier pour voir si l’enquête n’a été qu’une “formalité”, comme il le dit assez maladroitement, ou si elle a débouché sur la découverte d’un coupable.

Récit proposé par Alain Trinquet d'après le registre des BMS pour l’année 1779 --Patrick Raynal 22 avril 2009 à 19:04 (UTC)

1797 - On recherche l’instituteur de Charrin

Un meurtre inexpliqué.

  • Le 20 Ventôse An V (11 février 1797), à huit heures du matin, Jean Nicolas Reignier, propriétaire à La Faige, commune de Saint-Pierre de Laval (Allier), est assis dans sa cuisine, auprès du feu. Dans la même pièce se trouvent son épouse et deux servantes. Soudain, la porte s’ouvre ; son neveu Honoré Reignier, 33 ans, entre avec un fusil à deux coups à la main.
  • Sans avoir proféré aucune parole, Honoré Reignier tire sur son oncle ; il l’atteint au côté droit. Le coup est mortel : le vieil homme s’effondre par terre. Le meurtrier vient vérifier et sort calmement. Devant la maison, il rencontre Basile Cheminski, serviteur de son oncle et il lui annonce : « Entre ! Ton monsieur est mort. » Cheminski se lance à sa poursuite. Honoré Reignier le met en joue en lui rappelant qu’il lui reste une balle, et il s’enfuit.

On recherche l’assassin.

  • Le juge Pierre Simon, de Lapalisse, lance un mandat d’arrêt contre le meurtrier, mais nul ne sait où il se cache. Son dernier domicile connu est le village de Charrin, près de Decize, où il exerce la fonction d’instituteur. Il n’y est pas… Il est condamné à mort par contumace.
  • Le 21 Floréal An V (11 avril 1797), son signalement est diffusé dans les départements de l’Allier, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et du Rhône-et-Loire(1).

Honoré Reignier est arrêté.

  • Le 14 Vendémiaire An V (6 septembre 1797), le maire de Pierrefitte-sur-Loire est prévenu que la veille au soir un homme a été arrêté par les gendarmes sur les bords de la Loire. Il n’a pas de passeport en règle ; celui qu’il exhibe, délivré à Milly (Seine-et-Oise), date de deux ans. Interrogé, cet homme prétend qu’il s’appelle Honoré Reignier. Il nie absolument sa culpabilité dans un crime qu’il dit ne pas connaître.
  • Reignier est conduit à Lapalisse et il tente d’expliquer qu’il se rendait à pied chez une tante demeurant à Saint-Gérand. Il est confronté à une autre tante, la veuve de Jean Nicolas, puis aux domestiques Marie Tachon, Françoise Gascon, François Dessert, Pierre Beurier et Basile Cheminski.
  • On apprend au fil des témoignages le passé de cet assassin. C’est un homme instable qui a raté sa jeunesse. « Après avoir fait des dépenses considérables pour lui procurer un état, sans avoir pu l’y déterminer, son oncle le gardait chez lui depuis plusieurs années et fournissait à tous ses besoins comme à ses propres enfants… »
  • N’ayant pas de situation, le jeune homme est parti au début de la Révolution ; il a étudié la médecine pendant 4 à 5 ans ; il demeurait alors chez sa soeur et son beau-frère à Saint-Germain-en-Laye. Il s’est brouillé avec eux. Nommé officier de santé (il a sur lui une carte de l’Ecole de Santé de Paris, dont il a fréquenté la 3e classe), il est venu exercer son talent à La Nocle. Puis il a abandonné la médecine pour devenir instituteur à Charrin, près de son père, six mois environ avant le meurtre.

    Pierre Volut, La Justice d'Autrefois, articles parus dans l'hebdomadaire Sud-Nivernais, 1991.

    (1) Le département du Rhône-et-Loire sera scindé en deux : le Rhône (chef-lieu Lyon) et la Loire (chef-lieu Montbrison, puis à partir de 1855 Saint-Etienne).