Nevers quai des Mariniers

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QUAI DES MARINIERS à NEVERS (Anciennement Quai Amiral Jacquinot)

  • En 1748 on disait le grand chemin de Billereux aux Saulaies, puis on dit le quai Billereux. C'est pour honorer la mémoire de Charles-Hector Jacquinot, né à Nevers, le 14 ventôse an IV (4 mars 1796), vice-amiral le 1er décembre 1855, mort à Toulon, le 18 novembre 1879, que le Conseil municipal, par sa délibération du 31 mai 1899, a opéré ce changement de nom.
    Au mois d'octobre 1837, le premier bateau à vapeur, venant d'Orléans, arriva sur ce quai où fut installé un service de navigation qui rendit de grands services au pays.
    Dans la fatale journée du 19 octobre 1846, tout spécialement, les bateaux à vapeur conduits par des hommes bravant les plus graves dangers, sauvèrent la vie à plus de huit cents personnes.
    La marine de Nevers qui succomba définitivement après l'établissement du chemin de fer et admira tout de même les bateaux à vapeur a laissé bien des jurons sur ce quai encore un peu animé par les laveuses de lessive et les immobiles bateaux-lavoirs. Les langues ne sont plus aussi spirituelles tout en étant peut-être aussi vertes.
    De ce quai on a une jolie vue sur le Viaduc du chemin de fer.
    Au n° 4, la vieille Tour Goguin, jadis Tour Nynchat, puis Tour Mazois, date, dans sa partie inférieure, de 1194, époque à laquelle Pierre de Courtenay fit entourer Nevers de murailles flanquées de tours rondes ; mais elle ne fut véritablement construite qu'en 1419. En 1488, on répare les murailles de la ville tombées le samedi 2 août « estant lesdites murailles en droit de Nynchat entre la tour de Saint-Révérien et la tour aux Chèvres ». Pendant les craintes des visites protestantes, spécialement les 29 mars 1562, 12 novembre 1567 et 2 février 1568, le Conseil des échevins décida de « faire abattre le moulin Nynchat, assis près les murailles de cette ville, appartenant au couvent de Notre-Dame, et autres édifices nuisant à la défense de la ville, sauf à donner récompense après les troubles passés ».
    D'après les comptes de la ville de 1601 à 1611, il fut défendu, à cause de la peste, de laisser entrer personne à Nevers qui n'ait un certificat « comme elle vient de lieu non suspect ; sera établi un pont à bateaux au-dessous de la Tour de Ninchat pour passer gratis ceux qui auront certificat ». C'était sur le port du petit guychet de Loire ou de Ninchat qu'arrivaient par eau les barils de soude nécessaires à noble Horace Ponte, maître de la verrerie de Nevers.
    La Tour Ninchat prit, peu à peu, le nom de Tour Mazois après qu'il en fut fait concession à la veuve Mazois, le 7 décembre 1733. Dès 1680, Pierre-Antoine Mazois, marchant fayencier à Paris, entretenait des relations commerciales avec nos fabriques. Son fils, Etienne Mazois, mourut à Nevers le 31 juillet 1742. En 1755, François Mazois, conseiller du roi en ses conseils, président-trésorier général des finances, demeurant à Paris, reconnaît tenir des terrains « en la paroisse de Saint-Laurent joignant la motte dudit Saint-Laurent et les murs de la ville ; plus la tour du guichet de Loire avec son terrain et plateforme, tenant du midi au port du guichet de la rivière de Loire, d'occident aux murs de la ville, de septentrion à la grange de Mlle Custode et à la rue du Singe ; ladite tour avec son terrain et plateforme contenant 180 toises de superficie... ».
    Dans l'état des propriétés du Séminaire des pères jésuites de Nevers, dressé en 1727, on trouve ces indications : Une maison appelée la Gabarre avec une terre en vigne et jardin, assise au territoire de Ninchat, paroisse de Saint-Genest proche la tour sur laquelle on a construit un moulin à vent , tenant de soleil levant aux murs de la ville, le fossé entre deux, dans lequel le sieur Seigne a fait un étang et une allée d'arbres fruitiers ; de septentrion à la rue par laquelle on va de la rivière de Loire et de la porte du Croux au moulin dudit sieur Seigne ; du midi à la rivière de Loire, le chemin entre deux.
    Le 20 thermidor an II (7 août 1794), Claude Chevalier vend à Louis Frebault divers immeubles sis à Nevers, parmi lesquels une manufacture de fayence et un moulin appelé Ninchat.
    Le 5 janvier 1809, la manufacture fut vendue à Nicolas et Pierre Dubois qui furent obligés de la revendre le 12 juillet 1810 à M. Loriot-Dupaty.
    Au n° 12 se trouvent les bâtiments récemment incendiés d'une ancienne verrerie à bouteilles installée en 1785 par le sieur Aimé Guynet, maître de la verrerie d'Apremont, établissement qui ne dura que quelques années et dut fermer ses portes en 1791.
    Les bâtiments furent achetés en 1816 par M. Pierre Neppel qui y fonda une manufacture de porcelaine. En 1832, la manufacture passa à son fils qui l'exploita avec M. Victor Bonnot sous la raison sociale Louis Neppel fils et Cie. En 1845, elle employait 125 ouvriers dans ses ateliers et 90 au dehors. Elle appartint en dernier lieu à la Société de Gaechter et Cie, dont faisait partie M. Pillivuyt, de Mehun-sur-Yèvre : ce fut sa perte. En effet, elle fut fermée en 1909 et son matériel transporté à Mehun.
    Au n° 8, maison de Mme Gallois où se trouve un escalier en pierres au haut duquel est incrusté, dans le mur de face, en montant, un beau morceau de sculpture représentant saint Aré couché dans une barque, en costume épiscopal.

    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais -1923/T25