Révolution-Doléances de Lucenay

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Cahiers de doléances de la paroisse de Lucenay Saint Genest (1789)

Les habitants de la paroisse de Lucenay les St Genest assemblés aujourd'huy hui mars mil sept cent quatre vingt neuf en exécution du règlement de sa majesté du vingt quatre janvier dernier, concernant la convocation des Etats généraux, observent qu'ils chargent les députés par eux cy après choisis, de représenter à MM. de l'assemblée préliminiare de faire attention que le canton du nivernois qu'ils habitent, situé à l'extrémité de la Province et joignant immédiatement à celle du Bourbonnois, est de la plus mauvaise nature, puisqu'il est rempli de bruyères qui ne produisent que du seigle, encore à force de fumier ; que d'ailleurs il n'y a aucun bon paturage et aucun de propre à l'engrais ; ainsy n'y nourrit-on que de fort mauvaise bestiaux : et que cependant leur paroisse est comprise dans les impositions, de l'élection de nevers dont elle dépend également et sans aucune distinction des autres paroisse de cette même élection qui sont de plus fertiles en toutes sortes de productions et d'une qualité bien supérieure à celles de lucenay ; d'après cela il est aisé de s'appercevoir combien cette répartition est injuste.

Que ces maux particuliers à leur paroisse, ne la mettent pas à l'abri des autres charges publiques et exorbitantes qui vexent la majeure partie du royaume, que ce n'est pas assez d'être oberré par de fortes impositions, des suppots des gabelles et des aides, les tirranisent encore continuellement desquelles précautions ne doivent pas user les particuliers, pour échaper aux recherches et à la rapacité de ces employés et commis, dont l'unique et vive occupation est de troubler leurs concitoyens dans la jouissances des danrées les plus nécessaires à la vie ; que d'abus à réformer que de vexations à arrêter ! Quels objets plus capables d'exciter l'indignation du souverain, dont le désir le plus cher à son coeur, est de rendre son peuple heureux ; il suffira donc de dévoiler directement aux yeux de sa majesté (puisqu'elle daigne le permettre) combien de sujets sont obérés et sur tout le Tiers état ; que lorsqu'il s'agit de contribution, les noms de tous ceux qui composent le tiers ordre, sont rappelés avec la plus scrupuleuse exactitude, que quand il est question de privilèges et d'exemption, cet ordre est entièrement oubliée ? cependant c'est la portion des sujets de sa majesté la plus nombreuse la plus laborieuse et la plus indigente, et qui parconséquent devroit avoir le plus de part aux bontés de son roi, elle ne lui est pas moins attachée que les autres ordres.

Voici le moment favorable de porter au pied du trône nos justes réclamations : le souverain si jaloux du titre de père de son peuple, les écoutera avec sa bonté ordinaire, Laissant à sa sagesse ainsy qu'à la prudance du ministre qu'il honore de sa confiance et qui en est si digne, d'aviser aux moyens surs et durables, de pourvoir à la réforme de tant d'abus et d'injustice dont le tiers état est la victime depuis si longtemps.

Signatures :
Charlet greffier - Dubois lieutenant - Guerriat - lalion - naty - chaselle - Denozier

  • Source : Archives Départementales de la Nièvre - Cote 1 L 161-162 - Cahiers de doléances (1789)
  • Document déchiffré et reproduit tel quel par Sylvie Drure (GenNièvre)