Que se passe-t-il chez nous ?

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche
Guerre 1914-1918 57.jpg

Que se passe-t-il chez nous ? Le départ de nos soldats.

  • Dès l'annonce de la mobilisation, les jeunes hommes rejoignent les casernes où ils ont reçu leur affectation. Pour la plupart des mobilisés du canton de Decize, il s'agit des deux casernes du 13e R.I., et de son doublon le 213e, la caserne Pittié de Nevers et la caserne Charbonnier de Decize ; les autres doivent prendre le train et gagner d'autres villes de garnison.

Guerre 1914-1918 01.jpg
  • Voici trois témoignages à propos du départ des soldats :
Courrier de Jean Petitjean à sa tante Alice Breton

Une lettre de Mlle Marguerite Breton adressée à Mlle Marie Defoulenay,

« Decize, le 5 août 1914,
Ma chère Marie,
Et voilà tous les garçons partis !! Combien en reviendra-t-il ? En tout cas, les pauvres petits gars, ils partent bien courageusement, les trains se succèdent en gare de Decize et tous chantent et crient « A Berlin ! » Il y a certainement beaucoup de courage dans ceux qui partent et beaucoup de résignation dans ceux qui restent, et très calmes et très peu de larmes.
Nous sommes en grande activité ; on installe à Decize un hôpital Croix-Rouge à 200 lits et plus si nécessaire. Tout le monde fournit sa literie et depuis ce matin nous transformons nos lits de plume en oreillers.
Ayons bon espoir en nos succès et l’écrasement complet de l’Allemagne. Courage et espoir. Mes bons baisers à vous deux. Guite. Ecris-nous de temps en temps(1). »

Le curé de Decize Etienne Girard évoque dans son registre les premiers départs.

« Dans les derniers jours de juillet, l'orage si longtemps suspendu à l'horizon de la France et de l'Europe, fondit tout à coup.[...]
Le samedi 1er août, au milieu de la stupeur générale, le décret de mobilisation de toutes les armées de terre et de mer arriva vers les 4 heures du soir. Le lendemain, dimanche, l'émotion était à son comble. En l'absence du Curé, qu'une cérémonie religieuse avait appelé en Anjou, le vicaire annonça pour le lundi, à 5 heures, une Messe du Départ. L'église paroissiale se remplit à cette occasion, comme aux jours des fêtes. Les communions furent nombreuses ; et interminable la distribution des médailles pour les partants.
A dater de ce jour, les prières pour les soldats se suivirent sans interruption, à l'église. Tous les soirs, de 7 heures et demie à 8 heures, le Salut précédé du chapelet et des oraisons appropriées. Le jeudi, à 2 heures, la Messe à l'intention spéciale des soldats de la paroisse attire une assistance qui remplit la grande nef et déborde dans les bas-côtés et les chapelles(2). »

Douze ans plus tard, un Decizois se souvient :

« C'était au matin d'un des premiers jours du mois d'août 1914. Quand le dernier des hommes, en tenue de campagne, eut franchi le seuil de la grande porte, les grilles se refermèrent avec un bruit sourd. Lentement, religieusement, le drapeau du 13e fut amené et prit sa place en tête de la colonne, caressant de ses plis le front de nos petits troupiers.
Puis, dans cet horizon familier, les clairons et les tambours éveillèrent leurs échos accoutumés, tandis que le drapeau descendait la courbe du vieux faubourg, frôlant les seuils connus qui lui envoyaient des signes et emportant dans ses plis un peu de l'âme de ce peuple. A l'orée du grand pont, les trois couleurs s'éteignirent dans la verdure des platanes et - comme dit le langage populaire - le drapeau du 13e partit pour la gloire...(3) » 

La vie quotidienne va progressivement être bouleversée.

  • La fête de gymnastique prévue à La Machine le 9 août est annulée, de même que la foire de Decize des 17 et 18 août et la fête patronale de Saint-Léger ; l'assemblée générale de la Société d'Électricité de Decize est repoussée à une date ultérieure ; l'Assemblée des Agriculteurs du canton de Decize se dissout et son président remet 823,55 F aux médecins de la Nièvre pour organiser les soins aux blessés. Le 14 août, une souscription publique est lancée à Decize pour secourir les infortunes causées par l'état de guerre ; la semaine suivante, c'est la Croix-Rouge de La Machine qui organise sa souscription. Les quêtes, les dons de vêtements, la confection de colis commencent...
  • Les conseils municipaux doivent faire face au départ de plusieurs élus. Le maire de Decize, le docteur Régnier, part pour le front en tant que médecin-aide-major ; il sera remplacé par son premier adjoint, M. Archambault.

  • Les récits les plus intéressants sont ceux qui nous sont restés des soldats qui ont participé à la Grande Guerre. Le siècle qui nous sépare de ces événements a fait disparaître les survivants et disperser la plupart des témoignages écrits. Néanmoins, il reste des cartes postales, des lettres, des carnets, parfois des correspondances complètes ; ces documents ont été pieusement conservés par les descendants des combattants.


(1) Document confié par M. Xavier Masson. Les deux correspondantes viennent de voir partir un fils et un frère.
(2) Registre tenu par le curé de Decize, document transmis par M. l'abbé François Montagnon.
(3) Bulletin de l'Union Catholique du canton de Decize, n° 7, décembre 1926.


Textes de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm mis en page par --Mnoel 13 août 2014 à 12:47 (CEST)