Métallurgie du Nivernais

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Le commerce des fers est sous l'ancien régime le plus important de la région nivernaise. Mais la ville de Nevers n'est qu'un entrepôt : ce n'est pas un centre de fabrication. A cette époque la crainte des incendies éloigne les usines des villes et d'ailleurs les forges trouvent dans les campagnes des conditions plus favorables.

  • Cette métallurgie d'autrefois comprend deux séries d'établissements : fourneaux et forges. Dans les fourneaux, le minerai de fer, que l'on appelle couramment la 'mine', est entassé avec du charbon de bois et une sorte de pierre, qui sert de fondant et que l'on appelle 'castine'. Ce sont d'ordinaire des massifs de maçonnerie carrés, en pierre ou en brique, hauts d'une vingtaine de pieds, avec une large ouverture au sommet, où se fait le chargement, et un couloir à la base, où se fait la coulée. Des soufflets activent la combustion, qui reste d'ailleurs toujours incomplète, si bien que des montagnes de laitier s'élèvent rapidement autour des usines. Ces fourneaux évoquent l'aspect des fours à chaux. Ils sont presque toujours flanqués de balles à charbon.
  • La fonte en gueuses que produisent les fourneaux est travaillée dans les forges. On distingue les grosses et les petites forges. Les premières donnent un fer assez grossier appelé fer forgé. Les autres donnent des fers d'échantillon et de l'acier. Si dans ces forges les méthodes de travail sont un peu différentes, l'installation est à peu près identique. Les gueuses sont fondues dans des creusets garnis de grosses plaques de métal appelées laques. Des soufflets placés latéralement accélèrent la fusion. Le fer et l'acier sont ensuite martelés à l'aide de gros marteaux appelés martinets. Deux séries d'ouvriers dirigent ces opérations, les affineurs aux creusets, et les marteleurs aux martinets.
  • Fourneaux et forges se tiennent à proximité des forêts, afin d'avoir le combustible sur place. Mais le voisinage de l'eau n'est pas moins nécessaire. Il ne suffit pas de tirer la mine, il faut encore la débarrasser de son enveloppe terreuse. Le lavage ou 'avatage' des mines se fait soit en 'riot', c'est-à-dire dans des ruisseaux, soit 'à l'eau morte', c'est-à-dire dans des mares ou crots, dans des bassins ou lavoirs spécialement aménagés. Des patouillets agitent la mine, et des bocards l'écrasent. L'eau n'est pas moins nécessaire pour actionner les soufflets et les martinets. Le principe est le suivant : un barrage sur un ruisseau détermine un bief avec une quantité d'eau suffisante pour parer aux périodes de sécheresse. Des chutes d'eau actionnent des roues de moulin. Mais au lieu de faire tourner les meules, ces roues mettent en mouvement des arbres avec des cames, qui appuient sur le manche des soufflets et des martinets. Forges et fourneaux s'échelonnent ainsi dans les vallées sur le bord des ruisseaux, précédés par de vastes étangs environnés de prairies et de bois.
  • Cette installation est simple et réduit les frais au minimum. Ces anciennes industries métallurgiques n'ont rien de commun avec la grande industrie d'aujourd'hui. Les méthodes sont rudimentaires et souvent arriérées. Quant au chiffre des ouvriers, il est des plus restreints. Un clerc tient les livres : les équipes d'ouvriers de métier se limitent à quelques chauffeurs, affineurs et marteleurs. Les équipes de manœuvres sont il est vrai plus nombreuses, mineurs et 'avaleurs' de mine, charbonniers et surtout charretiers, qui amènent au fourneau la mine, la castine et le charbon, transportent les gueuses à la forge et expédient les produits de la fabrication. La plupart des manœuvres sont des paysans qui habitent les villages voisins, car l'alliance est étroite entre ces industries et l'agriculture. Les ouvriers de métier sont logés dans de petites cités ouvrières de chétive apparence à proximité des usines. Les clercs occupent des pavillons séparés. Des écuries abritent les chevaux. Les alentours sont couverts de jardins, de cultures et de prés, dont les produits s'entassent dans des granges.
  • Une véritable basse-cour entoure les forges et fourneaux, car les industries vivent autant que possible sur leur propre fonds, comme des exploitations agricoles.
  • Aux 17 et 18e siècles, la métallurgie accapare toutes les campagnes des environs de Nevers. La carte de Cassini signale un nombre inouï de forges et fourneaux dans toutes les vallées situées non seulement au nord et à l'est de Nevers, mais dans les régions de La Guerche et de Sancoins. Ce qu'on peut appeler le rayon de Nevers s'étend alors sur les massifs forestiers qui couvrent les deux rives de la Loire et de l'Allier.
  • En dehors des usines actuelles de Guérigny, Imphy, Fourchambault, il reste peu de chose de cette métallurgie. Près de Nevers, un moulin s'est logé dans l'ancienne forge d'Harlot, un atelier a repris la chute d'eau de Cholet. Ailleurs on ne retrouve que des ruines ou des montagnes de laitier comme Azy, Montigny aux Amognes, Valotte, Cigogne, Charbonnière...